Entrons dans l'image ...
Été 1948... trois ans après la fin de la guerre, la vie a repris ses droits... on circule librement sur les petites et grandes routes de France loin d'être toutes en bon état. L'auto n'est pas vraiment à la fête, ne faisant pas partie des priorités des pouvoirs politiques du moment. Il y a encore des restrictions, la reconstruction en est à de timides ébauches et des grèves à répétitions ralentissent la remise en route industrielle du pays socialement et économiquement affaibli.
Pourtant, nous sommes à l'aube d'un renouveau comme le présage cette scène rare, à un carrefour de routes secondaires du centre de la France où trois véhicules, simultanément, viennent à se croiser. Voilà qui éveille la curiosité de cette femme à la fenêtre, sans doute en train de faire son ménage matinal, encore pas coutumière des bruits et autres nuisances de la circulation. Un peu plus loin, l'homme à la faux, au milieu de la chaussée, est lui aussi, visiblement étonné de cette animation soudaine. Quant au chat, en bas à droite de l'illustration, serait-il contrarié par ces monstres mécaniques dont les bruits de moteurs et grincements divers viennent inopportunément interrompre sa chasse aux mulots et musaraignes ?
*Croisement dangereux* le panneau sur le mur de la maison l'annonce, mais cela semble court pour prévenir du danger finalement proche. Par contre, sur ce même pan de mur, peinte au-dessus, l'affiche publicitaire d'une célèbre marque de petits gâteaux sec, les automobilistes de passage, la verront de loin et la décrypteront en priorité, vu la taille des lettres !...
Se présentant au carrefour, sur la partie droite de la chaussée, on reconnaît la poupe typique d'une 4CV Renault, immatriculée dans la Seine en septembre 1947, un modèle récent et donc peu répandu à cette époque. Cette silhouette encore peu familière, le passager de la camionnette roulant en sens inverse, l'a lui, bien remarquée, d'autant qu'il est en bonne place, la conduite de cette Salmson S4D transformée en utilitaire ayant le volant à droite. A l'arrière plan, ce camion à plateau bâché Citroën type 45, s’apprête à franchir la voie et, en vertu du code de la route, il devrait laisser le passage à la 4CV qui arrive à sa droite, .
On le constate bien ici : à la fin de ces années 40, dans l'immédiat après guerre, l'automobile, avant d'être véhicule de tourisme et de loisir se doit d'être surtout utilitaire pour convoyer en priorité marchandises et denrées indispensables à une reprise économique et aux besoins vitaux de la nation et de ses citoyens. A cette même époque, j'avais 4 ans et avec mes parents nous roulions en Matford V8 type 66 de 1936....
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ID 19 ... l'autre idée de la DS...
Au milieu des années 50, les constructeurs français proposent des gammes encore restreintes de véhicules particuliers. Chez Citroën, on en est toujours à la diffusion de deux modèles aux antipodes question prestige : La 2CV très populaire et la DS 19 plutôt bourgeoise qui succède à la très renommée Traction Avant, totalisant déjà plus de 20 années de carrière. Entre ces deux modèles, c'est le gouffre, il n'existe pas d'intermédiaire.
Si, au cours de sa longue carrière La 2CV a connu, par paliers, des évolutions en matière d'équipements et de prestations qui ne changèrent rien à sa philosophie de minimum et essentiel automobile, s'agissant des Traction Avant, il n'existait que des variantes de tailles de carrosserie et des déclinaisons de types : berline, familiale, commerciale, coupé et cabriolet que pouvaient équiper, au gré des évolutions et des besoins de la clientèle, des moteurs de 7, 9, 11, et 15 CV.
Avec l'arrivée de la DS, le constructeur du Quai de Javel va tenter de remédier à cela en créant L'ID... un modèle proche de son haut de gamme
En bas de Gamme, c'est l'AMI 6, une 3CV qui, en 1961, complétera la gamme à parti de la 2CV. Il faudra attendre les années 70 pour voir apparaître un modèle de moyenne gamme, ce véritable chaînon manquant, avec la GS de 6 et 7CV.
Couverture du Automobilia N° 26 // ID Break // ID première au Rallye de Monte Carlo 1959 // planches de toutes les ID
Un an après le lancement de la DS-19 qui a constitué le grand événement du Salon de Paris d'octobre 1955, Citroën annonce la naissance de l'ID-19, moins sophistiquée que son aînée. Cette nouveauté en apparence semblable sur le plan stylistique très innovant du modèle phare, devrait rassurer les clients traditionnels de la marque au double chevron quelque peu déconcertés par les complications techniques et le prix de la DS. L'ID-19 reprend la carrosserie, la suspension hydropneumatique, les freins avant à disques, et l'architecture générale de sa sœur aînée, mais elle se distingue par ses équipements mécaniques plus classiques et ses équipements de confort revus à la baisse, avec une présentation moins luxueuse qui la rend plus abordable au niveau prix. Néanmoins, la différence est insuffisante pour la rendre plus accessible à la clientèle. En 1959, de 1 109 700 F (anciens) pour La DS luxe standard, on tombe à 894 700 F pour l'ID normale. A titre indicatif Une 2CV AZL de cette même année coûte 441 400 F.
Pourtant l'ID, en dépit de prix encore trop élevés pour s'adresser à une clientèle plus élargie, deviendra plus attractive en se déclinant en version Luxe et Confort, en Break spacieux et bien équipé, voire en motorisations toujours plus puissantes.
En 1959 arrivant à la première place du classement général du Rallye de Monte Carlo, son image de berline grand confort s’enrichit d'une connotation sportive mettant en exergue ses indéniables qualités routières.
Dans la rubrique *souvenirs, souvenirs* : des photos d'automobiles des années 30 à 50
Hotchkiss // Peugeot // Renault // Simca - (Cliquer sur chaque vue pour la voir dans son format initial).
- En haut, à gauche : Ce Magnifique cliché pris au mois d'avril 1936, le temps d'un arrêt dans la campagne auxerroise, nous présente cette splendide Hotchkiss AM 80 de 1931 en carrosserie berline dite "Monaco" animée par le moteur 6 cylindres en ligne de trois litres, qui, à cette époque, est le modèle le plus diffusé de la marque aux canons croisés. On remarquera l'usure impressionnante de la bande de roulement des pneumatiques si l'on en juge en faisant la comparaison de leur état respectif, entre la roue de secours sur l'aile et la roue avant droite que cette même aile abrite... Aujourd'hui, de tels pneus lisses feraient l'objet d'une forte amende....
- En haut à droite : une évolution de la 201 Peugeot sortie en 1930 désignée 201D, ce modèle de 1935 en carrosserie "coach", version d'attaque du bas de gamme sochalien, en dépit d'un dépouillement de quelques accessoires comme les lames de pare-chocs et le deuxième balai d’essuie-glace, est très prisée par la clientèle pour son prix, sa facilité d'entretien et sa fiabilité mécanique. Sa ligne avec sa poupe type "queue de castor" dans les standards de l’aérodynamisme qui se révèle à cette époque, ne manque pas d'élégance et ne reflète en tout cas aucun misérabilisme..
- En bas, à gauche : Une scène festive de communion solennelle se passant dans l'immédiat après guerre si l'on considère les tenus des différentes personnes adultes et enfants participant à cet événement comme cette Primaquatre Renault de 1935 dont bon nombre étaient encore en circulation jusqu'au début des année 50. Sa ligne est proche des célèbres Vivaquatre KZ11 constituant la flotte des Taxi G7...
- En bas à droite : Cette élégante personne accompagne avec chic cette récente Simca Aronde immatriculée au Maroc, sans doute un modèle de 1956 à la lame de calandre en acier inox, en forme de moustache étirée.