Un magnifique Dessin de AL Chevrier met en évidence le dynamisme de l'Aronde // La berline Aronde initiale présentée dans le premier catalogue édité en 1951.
Joli nom pour une auto qui accomplit 9 ans de carrière et qui connut un succès notoire dès sa sortie en 1951... Ce modèle prenant la relève de son aînée la Simca 8 lancée en 1937, adopte un style dans l'air du temps avec une carrosserie ponton. Ayant conservé de douces et esthétiques rondeurs, avec le temps, au gré des évolutions les lignes s'étireront...
L'année de son lancement, nous venions d'arriver à Lesparre en Gironde. Mes parents tenaient un garage au 45 Cours Général De Gaulle. C'est à partir de l'année 1952 que l'on a commencé à en voir. J'avais 8 ans à cette époque et je sais que la première fois que j'ai vu une Aronde, j'ai baillé d'admiration devant. Pensez, elle se différenciait très distinctement des voitures que l'on rencontrait à cette époque où il roulait encore beaucoup de modèles d'avant-guerre et, parmi ceux-ci, beaucoup à caisses carrées.
Sur cette planche, à gauche la perspective cavalièe et le rofil gauche de l'Aronde illustrent parfaitement ce qu'est une carrosserie "ponton" // à droite, l'Aronde de Dinky Toys vue de face.
Alors, cette Aronde aux lignes quelque peu influencées par ce qui se fabriquait à la même époque outre-Atlantique, suscitait l'étonnement, de même que la Frégate de Renault présentée la même année. Tandis que la 203 de Peugeot et la Ford Vedette s'inspiraient du style "fast-back" (ligne de toit en courbe plongeante jusqu'à la base arrière du véhicule), elles étaient les deux seules voitures françaises de série, à avoir adopté la carrosserie type ponton. (Dessin de caisse réunissant le compartiment moteur, l'habitacle et le coffre dans un même bloc où les ailes avant et arrière ont été intégrées de même que les découpes de portière, sans faire saillie)
Elle fut, après la 402 taxi, ma seconde Dinky-Toys. De couleur grise j'ai beaucoup joué avec, créant même des routes dans la poussière des allées du jardin et plantant des aiguilles à tricoter dans la terre que je reliais avec du fil pour imiter les lignes électriques qui, le plus souvent, longeaient les routes à cette époque...
Des gènes turinois, une charme latin une élégance à la Française...
Première voiture entièrement conçue à l'usine de Nanterre, l'Aronde va rapidement devenir une redoutable concurrente dans la catégorie des moyennes cylindrées.
Avec l'Aronde, Henri-Théodore Pigozzi aborde un grand tournant de sa vie d'industriel car c'est "sa" première voiture. Jusque là toutes les automobiles produites dans ses usines de Nanterre dérivaient en droite ligne des Fiat fabriquées à Turin.
Né à Turin le 26 juin 1898, H.-T. Pigozzi passa sa jeunesse dans le Piémont et ce n'est qu'à l'âge de 25 ans qu'il prit la décision de venir faire sa carrière dans notre pays. En 1924, le jeune Italien fonde donc en France une société de récupération de métaux qui a pour vocation principale d'exporter des ferrailles vers l'Italie, notamment pour alimenter les complexes sidérurgiques travaillant pour Fiat. Deux ans plus tard, H.-T. Pigozzi devient le distributeur général des Automobiles Fiat en France mais son entreprise ne tarde pas à être écrasée par les droits de douane excessifs appliqués aux voitures venant d'Italie. Dès 1928, il transforme donc son affaire en atelier d'assemblage, la législation se montrant plus tolérante pour les véhicules importés en pièces détachées. En 1932, Pigozzi remplace sa Société de vente en France des Fiat par la Société anonyme française pour la fabrication en France des Automobiles Fiat qui produit la 6 CV Fiat française. Enfin, le 2 novembre 1934, le dynamique Piémontais se lance dans la grande aventure de son existence en fondant la SIMCA (Société Industrielle de Mécanique et Carrosserie Automobile) qu'il installe quelques semaines plus tard dans des usines modernes de Nanterre rachetées à l'ancien constructeur Donnet. Devenu à 37 ans le patron d'une des premières fabriques françaises d'automobiles, il produit jusqu'à l'après-guerre des Simca 5, 6 et 8 qui sont des copies conformes des Fiat Topolino 500 ou 500 C, et Balilla 1100. Au début des années cinquante, H.-T. Pigozzi ne veut plus se limiter à la construction sous licence de modèles créés à Turin. Il souhaite s'affranchir davantage de la tutelle de Fiat et il le confirme en lançant l'Aronde, une 7 CV entièrement nouvelle dont la carrosserie n'a plus rien de commun avec celles de ses cousines italiennes.
Bienvenue à bord !....
Planche de bord La planche de bord des premières Aronde comporte à sa base une rangée de six boutons. Les principaux éléments de commande et de contrôle sont les suivants : 1. Inverseur phares-codes. 2. Jauge à essence. 3. Voyant de réserve. 4. Répétiteur des clignotants. 5. Compteur de vitesse. 6. Indicateurs de pression d'huile et de charge. 7. Levier de vitesses sous le volant. 8. Boites à gants. 9. Buse de dégivrage et aération. 10. Starter. 11. Démarreur. 12. Contact. 13. Appareil de chauffage. 14. Commande du chauffage. 15. Commande de l'éclairage. 16. Commande de l'essuie-glace. 17. Rhéostat d'éclairage. 18. Cerclo-avertisseur. 19. Poignée de frein à main. 20. Commande des clignotants.
Arguments publicitaires mettant en évidence ses spécifications techniques, son confort et son brio...
Véloces...
Grâce à sa ligne moderne, la distinguant de sa concurrence directe dont les modèles sont encore pourvus de carrosseries d'allures obsolètes, l'Aronde séduit une clientèle de plus en plus large. Il y a l'air, mais aussi la chanson... car, bien motorisée (groupes motopropulseurs Flash puis Rush), cette pimpante auto là, brille aussi par ses performances routières. Nerveuse en reprises et capable d'une vitesse de pointe frisant, puis dépassant les 130 km/h, tient d'excellente moyenne sur tous types de trajets.
En Août 1953, une Aronde strictement de série détient le record des 100 000 km parcourus en 40 jours & nuits. Conduite par une équipe de 10 pilotes, elle a effectué 39242 tours de piste à Montlhéry, à la moyenne de 104, 07 km/h, sous le contrôle de l'ACF.
En comptant la "P60", ultime évolution présentée au salon 1959, il fut produit, de 1952 à 1963, 1 274 819 exemplaires de l'Aronde. Au salon 1957 les prix, suivant les modèles, variaient de 595000 F pour une berline Deluxe, à 889000 F, pour le luxueux coupé "Rue de la Paix".
Que de conversations animées cette auto a alimenté, entre chauffeurs passionnés aimant la comparer à ses rivales les plus en vue du milieu des année cinquante : Peugeot 203 puis 403, Renault Frégate, Citroën Traction et Panhard Dyna 54...
Je me souviens d'une sortie du dimanche avec mes parents et leurs amis D. lui, boucher à Mirebeau. Une balade à bord de leur Aronde "Grand Large"de 1958, (bi-tons : crème et ciel) toute neuve. J'étais assis à l'arrière, entre mes parents, et profitais pleinement de l'instant découverte, admirant la planche de bord à la façade en métal brossé, aux joncs et boutons chromés rutilants. Sans doute en rodage, son conducteur ne dépassait pas le 80 indiqué par l'aiguille du gros bloc compteur rond. Le levier de vitesse au volant semblait facile à manier.
Le pharmacien du bourg avait, lui aussi, une Aronde berline "De Luxe" noire modèle 1957, (3e génération aux lignes plus tendues, style "Océane") Le plus souvent, elle était stationnée sur la place de la République, face à leur officine proche de la Mairie.
*Grand Large*... bienvenue bord...
Tout au cours de cette sixième décennie,
"L'Aronde" a joliment accompagné nos printemps"...