Renault – Citroën... éternels concurrents... la rivalité d'avant guerre se poursuit encore longtemps après...
Quand dans les années « 50 » il fallut doter les français d'un moyen de transport particulier, c'est bien sûr à l'auto que l'on pensait, une auto de faible coût à l’achat et à l'entretien, et pour remplir ce contrat c'est Citroën qui, en dépit de l'apparition de la 4CV Renault en 1947, frappa en premier avec un véhicule aussi insolite que rudimentaire : la 2CV présenté en 1948.
Rivales les 4CV et 2CV le furent immanquablement, tout en ne jouant pas dans la même cour en matière d'image : la petite et pétulante Renault bénéficiant d'un esthétisme bien plus abouti et d'une connotation sportive, comparée à la très rudimentaire et rurale « Deudeuche ».
Chacune aura sa clientèle fidèle, ses fans inconditionnels souvent détracteurs de l'autre. Par ailleurs, au-delà de leurs apparences très différentes, style, allure et philosophie à l'usage, ces deux petites voitures populaires ne recourent pas aux mêmes solutions techniques. Quand la Citroën adopte la motricité aux roues avant, Renault opte pour le tout à l'arrière, et si le constructeur du Quai de Javel a choisi un bi-cylindres refroidi par air comme groupe moto-propulseur, le constructeur de Billancourt lui, préfère un traditionnel 4 cylindres refroidi par eau. Les plate-formes techniques sont également très différentes et l’élasticité des suspensions de la 2CV face à la sécheresse optimisée de la 4CV, impliqueront des comportements très différenciés sur route.
Disons-le maintenant ce sont des concurrentes qui ne se ressemblent pas du tout et, finalement, s'adressent à des profils de clientèle très différents.
C'est 10 ans plus tard que la 2CV aura à se confronter à une rivale qui la cible directement, quand Renault sort sa R4 en 1961. Avec ce modèle qui reprend quelques solutions techniques chères à Citroën telles que : traction avant, suspension à fort débattement, levier de vitesse coulissant au tableau de bord et surtout apparence utilitaire, on peut parler d'une véritable « anti-2CV ». Chacune aura ses partisans et détracteurs invétérés, chacune fera des heureux et laissera à leurs propriétaires un infini parfum de liberté. Entre ces deux clans d'automobilistes lambdas et de tous âges il n'y aura en fait pas de guéguerre. On se respecte avant tout pour cette image du rouler tranquille et pratique sur tous types de routes sans avoir à débourser beaucoup de sous …
Genèse de la R4 appelé communément 4L
Les premières études remontent en 1951 sous le nom de « projet 112 », ceci montrant que c'était déjà la 2CV, alors dans sa troisième année de production, que l'on visait...
Si la populaire 4CV avait, elle, été en partie élaborée avant guerre, la Renault 4, censée lui succéder, était bien un modèle d'après-guerre.
Mais cette relève semble-il précoce puis, étendue dans le temps, fut en réalité bien plus complexe que cela. D'abord, la 4CV tenait bien son rôle de voiture populaire face à sa rivale de la marque aux chevrons, puis il fallait aussi répondre aux attentes d'une clientèle dans d'autres secteurs de vente où des modèles plus cossus, plus importants, plus familiaux et bourgeois intéressaient de plus en plus d'usagers. Voitures pour tous types de déplacements permettant de voyager loin ou de faire du porte à porte. Il y a des besoins variés entre travail et loisir. Il faut des routières aux uns, des commerciales aux autres, au moment où, dans cette décennie des années 50 à 60, l'auto se démocratise.
Au cours de ces années Renault lance la Frégate une berline de taille imposante se voulant être l'anti-Traction par excellence, puis la Colorale une grosse familiale-commerciale. A côté, la Juva 4 break 3 portes poursuit sa carrière, elle deviendra « Dauphinoise » en 1957...
C'est la Dauphine qui, en 1956 prendra le relais de la 4CV, un peu plus spacieuse, plus puissante elle est bien dans la lignée de sa devancière dont elle reprend l'ensemble des solutions techniques et le moteur "Ventoux" gonflé de 747 à 845 cm3.
Renault, s'étend en gamme et décline ses petits modèles en cabriolet (Floride) ou en petit van avec l’Estafette sortie en 1959 qui sera le tout premier véhicule Renault à adopter la traction avant …
Tel est l'ensemble de données qui, en réalité, va déterminer la place que doit prendre la Renault 4 au sein de la gamme quand elle sera lancée sur les chaînes de production en Août 1961. Cette nouvelle petite auto prend définitivement la relève de la 4CV dont la production est arrêtée cette même année. Berline à allure de break, la 4L prend aussi la place de la Dauphinoise et, dans la foulée sortira une déclinaison fourgonnette très pratique. Mais, avec l’avènement d'un tel modèle chez le constructeur au losange, on détient enfin la rivale directe à opposer à la 2CV.
Ne lui reste plus qu'une honorable réputation à se faire. Avec le temps, et une carrière de plus de 30 ans, la 4L produite à plus de 8 millions d'exemplaires l'aura définitivement établie...