2018... que d'anniversaires d'événements avons-nous à célébrer Cette année !...
Le plus solennel et émouvant ce sera en novembre, avec le centenaire de l'armistice qui mit fin au terrible premier conflit armé mondial qui fit tant de morts et endeuilla des centaines de milliers de familles... puis, en Mai, le cinquantenaire de la "révolution" de 1968... tandis qu'aujourd'hui s'ouvrent Les JO d'hiver à Pyongchang en Corée du Sud, on fête du même coup les 50 ans de ceux de Grenoble ; enfin, évoqué sur le stand Citroën de l'actuel salon Rétromobile, on célèbre les 70 ans de la 2CV...
Ma deuxième voiture... une auto truculente …
TRUC : Oui, c’est bien un machin… une machine automobile….
CUL : Certainement, car l’assise dans les sièges élastiques alliée au tangage caractéristique du véhicule, vous place le fessier à raz le plancher ce qui est en parfait accord avec la façon de mener la voiture : « pied au plancher et cul dedans » donc…
LENTE : Absolument, cette 2CV n’est surtout pas un foudre de guerre accélération et vitesse sont juste suffisantes pour dépasser, piétons, troupeaux de vaches, cyclistes, cyclomotoristes, tracteurs agricoles et, c’est tout…
Le tour du propriétaire… La vie à bord c’est si simple !... -
Ce devait être un dimanche du début du mois de mai 1965 ; la voiture achetée la veille au garage « W. » de Mirebeau, n’était pas une jeunesse … Sur la carte grise sa date de première mise en circulation remontait à Octobre 1955… Cette « vénérable auto » avait presque ses dix ans et son kilométrage au compteur ( de mobylette..) allait lui permettre d’afficher sous peu un retour à une alignée de Cinq « 0 »… Avantage par rapport à ses aînées la « belle » n’est pas gris souris mais bleu ardoise, c’est plus gai il est vrai et son petit moteur affiche une cylindrée de 50cm3 supplémentaire par rapport à ses devancières affublées d’un 375 Cm3 développant seulement 9 Ch. Là, on atteint les 12 Ch. tout de même !…
A cette époque, réaliser une auto plus spartiate était quasi impossible et on eut tout de suite ajouter que cela le demeurera à jamais … Se mettre à son volant métallique à branche diamétrale est, en ce sens, instructif : Le tableau de bord c’est une platine tôlée nantie d’un unique ampèremètre encadré par les boutons tirettes du starter et du démarreur ; à la base une tablette transversale sert de vide poche, au dessus des évents commandés par une molette autorisent, via une grille qui court sous le pare-brise, l’entrée de l’air lequel passe également par bien d’autres issus … Et « top » de la technologie, juché au coin inférieur du montant gauche de pare-brise, le fameux compteur de mobylette, ici, gradué jusqu’à « 90 » équipé, à sa base, d’une molette de mise en action des essuie-glaces. Molette que vous tirez pour mettre en marche ces balais nettoyeurs de vitre. Ceux-ci, entraînés par les roues sont autonomes quand la voiture avance, leur cadencement dépendant directement de la vitesse de l’auto. Mais, à l’arrêt, c’est le conducteur qui, en tournant cette molette, actionne les essuie-glaces… par temps de pluie, bien sûr … Avantage de ce.système : pas de panne moteur d’essuie-glace... C’est un levier coulissant fiché au milieu du tableau de bord, à droite et au niveau du moyeu du volant qui permet de passer aisément les vitesses. Les sièges tubulaires bardés d’elasto-machin-chose et garnis d’un tissu écossais assez indéfini sont d’une souplesse remarquable et vous donne l’impression de piloter une balançoire à roulettes. Certes il faut prévoir des coussins car la « fatigue » prématurée de ceux-ci vous permet d’avoir un contact direct entre soubassements ; j’entends par là, comme il est dit plus haut, le nôtre, en propre … ( certainement … !) et celui de la voiture … Le constructeur qui a poussé à l’extrême son souci d’économie à la fabrication et à l’usage a fait fi des lève-glaces ; celles de l’arrière sont fixes, celles à l’avant, en deux parties, ont l’extraordinaire possibilité d’être, pour la moitié inférieure, relevable et maintenue, ainsi relevée, par un ensemble de téton et matrice caoutchouteux sur le bord haut du montant de portière. Le plus souvent, les balancements de la voiture ont raison de ce positionnement et, l’été, il convient de rouler coude à la portière si vous voulez profiter de l’air extérieur et si, bien sûr, vous ne craignez pas les « bleus » car les déplacements d’air font que, la dite moitié de vitre, se balance… tout comme la voiture d’ailleurs !….
Incroyable à cette époque on pouvait régler le site des projecteurs depuis l’intérieur de l’habitacle grâce à une molette de réglage sous le tableau de bord… Ce dispositif, certes était le bien venu sur une voiture au roulement plutôt chaloupé…
Ce modèle de 1955 non révolutionnaire dans la série, bénéficiait, comme tous ses semblables, d’une capote toilée se prolongeant jusqu’à la plaque minéralogique, ici, parée d’une lunette arrière plus large que sur les modèles précédents … progrès oblige… Oui Mesdames Mesdemoiselles Messieurs, cette auto était décapotable !… Nous reviendrons plus loin sur cette particularité… Pour l’instant j’invite à visiter le compartiment moteur … Eh bien quoi ?.... Cette 2CV a un moteur, une boîte de vitesses, une timonerie, des freins, des suspensions et tout et tout… qu’est-ce que vous croyez ?... C’est bien une auto, non mais !... Bon c’est de la mécanique simple arrimée à de la tôle emboutie certes, mais… ça tient et ça fonctionne et puis, c’est accessible sous le capot lorsque vous avez bien pris soin de le maintenir levé en en fixant bien la tringle si vous ne voulez pas vous le prendre sur le cou en regardant à l’intérieur … Ah oui il y a aussi une batterie … Vous n’étiez pas au courant ? Allons ne faîtes pas cette bobine … Elle est sympa cette 2CV tout de même !...
Caractéristique technique du modèle 1955 : 2CV type AZ
Châssis plateforme en tôle embouti auquel se rapporte les panneaux amovibles de la caisse en acier léger et les éléments à bras flexibles de suspension ultra souple .
Moteur 4 temps Bicylindre refroidi par air de 425 Cm3 développant 12 Ch. à 3500 tr/mn. Soupapes en tête – Carburateur Inversé ( Alésage-course : 66 x 62mm).
Transmission aux roues avant - Boîte 4 vitesses toutes synchronisées et embrayage centrifuge.
Batterie 6 volts 50 A/h. et bobine d’allumage
Freins à tambours AV et AR à commande hydraulique
Suspension à 4 roues indépendantes à interaction entre les roues avant et arrière avec batteur à inertie sur chaque roue. Amortissement par frotteur sur chaque roue.
Direction à crémaillère.
Dimensions : L : 378cm – l :148 cm. – H : 160 cm. – Empattement : 240 cm – Voie Avant et voie arrière : 126 cm – Poids 495 kg.
Vitesse maxi : 80 km/h.
Prix en 1955 : 366 000 Francs.
Genèse d’une populaire surdouée…
Déjà en 1922, les frères Édouard et André Michelin pensent à la production d’une petite voiture produite en 20 fois plus d’exemplaires que ce qui sort ordinairement des usines de fabrication automobile. … Leur « rêve » en reste là jusqu’au jour ou la maison Michelin, devient propriétaire des usines Citroën suite à la faillite de l’entreprise puis au décès de son fondateur en 1934…
Pierre le second fils d’Édouard Michelin devient le président de Citroën. Assisté de Pierre Boulanger comme vice président, ils vont mettre en œuvre le projet TPV (Tout Petit Véhicule) qui ne coûterait pas plus de 5000 F. , quand, à la même époque, la Traction Avant la moins chère se vend 18000 F. Ce véhicule pourrait transporter quatre personnes, en roulant à 70/80 km/h tout en ne consommant pas plus de 5l d’essence au 100 km. Il est encore stipulé que ce TPV devra être équipé de suspension souple, procurant un confort comparable à celui d’une américaine (décidément… la 2CV, même à sa procréation, ne peut se départir d’une image faisant référence au production du pays de l’Oncle Sam !…) C’est ainsi qu’est établi le cahier des charges, à partir duquel doivent plancher les ingénieurs du centre d’étude de Levallois, dont le réputé André Lebfèvre à qui, Citroën doit la révolutionnaire Traction Avant…
Le premier prototype est réalisé en 1936. Pierre Michelin ne le verra pas aboutir, se tuant dans un accident à Montargis à l’âge de 35 ans. Pierre jules Boulanger va donc prendre la relève du projet TPV dont il affine les exigences du cahier des charges en ces termes : « Elaborer une voiture pouvant accueillir à l’aise quatre personnes et 50 kilos de pommes de terre ou un tonnelet de vin, capable de se déplacer à une vitesse de 60 Km/h avec une consommation d’essence n’excédant pas 3 l au 100 … d’un faible coup d’entretien et dont le prix ne dépasse pas le tiers d’une 7CV Traction Avant … Le nouveau patron du quai de javel résume cette suite de données par l’expression fort imagée : « Quatre roues sous un parapluie… » et d’ajouter : en outre, cette TPV devra bénéficier d’une suspension tellement souple qu’il pourra transporter un panier d’œuf sans qu’aucun de ceux-ci ne soit cassé après avoir roulé dans un champ labouré … » Le très bonhomme PJB, demande encore à essayer toutes les maquettes grandeur nature dans lesquelles il compte pouvoir s’installer en ayant gardé son chapeau sur la tête …
Pour les essais, un centre privé avec piste, à l’abri des regards indiscret, est créé à La Ferté Vidame (28) où sont alors testés les différents prototypes produits entre 1936 et 1938… Peu après, PJB demande la mise en fabrication sur les chaînes de Levallois de 250 TPV futures 2CV, de pré série. Le 28 Août 1939, elle passe aux mines… l’agrément de fabrication accordé, la voiture doit être présentée au salon d’octobre 1939 qui, hélas, la guerre étant juste déclarée, n’aura pas lieu … Celle-ci va avoir des conséquences fâcheuses sur ce projet car les troupes d’occupation ne permettent pas aux usines de production automobiles françaises de lancer de nouveaux modèles. Pire, un bombardement, le 3 Juin 1940, détruit le bureau d’étude et les plans qui s’y trouvaient … Néanmoins, pendant l’occupation quelques spécimens du TPV ont été préservés à la Ferté Vidame. PJB et son équipe s’aperçoivent que le coût de revient de ce modèles dépasse de 40% le seuil de rentabilité. C’est en secret qu’ils revoient leur copie et corrigent certains aspects techniques et esthétiques de la TPV. Exit le système de refroidissement par eau du petit moteur bicylindre à plat de 375 cm3, remplacé par un système de refroidissement par air. De même, tout le mécanisme de suspension est revu et est adopté, un système AV - AR interactif à batteurs à inertie. La boîte de vitesse, elle aussi est révisée avec l’ajout d’une 4ième surmultiplié …
Caractéristiques techniques de la première série de 2CV ( 1949 – 1954)
Moteur :
Puissance fiscale : 2CV
Cylindrée : 375 cm3
Alésage/course : 62X62 mm
Puissance réelle : 9 ch. à 3500 tr/mn avec un taux de compression de 6,2.
Distribution par : par soupapes en tête avec culbuteurs et tiges de commande.
Alimentation : par carburateur Solex 22 ZAC1, avec buse de 16,5.
Réservoir d’essence de 20 litres
Graissage : Sous pression avec circuit comprenant un radiateur d’huile monté en dérivation.
Capacité du circuit : 2 litres.
Refroidissement par air avec ventilateur 8 pales .
Equipements électriques : batterie de 6 volts, 50 ampères.
Allumage à partir de la batterie par bobine à double sortie ; dynamo montée sur courroie en bout de vilebrequin, rupteur sans renvoi d’angle commandé par l’arbre à cames.
Transmission :
Traction avant, avec joints de cardans non homocinétiques .
Embrayage : monodisque à sec
Boîte : 4 vitesses toutes synchronisées avec 4ième surmultipliée + M.A. Levier de commande coulissant au centre de la planche de bord.
Freins :
Hydrauliques sur les 4 roues avec tambour avant accolés à la boîte .
Suspension :
A 4 roues indépendantes avec interactions entre les roues AV et celles de l’AR ; chaque bras de suspension est relié par levier et tirant à un ressort hélicoïdal placé dans un pot de suspension horizontal, disposé longitudinalement de chaque côté du châssis. Un batteur à inertie jouxte chaque roue et l’amortissement est assuré par 4 frotteurs, un par roue.
Direction :
A crémaillère avec volant à gauche. Diamètre de braquage : 10,5 m.
Dimensions :
Empattement : 240 cm.
Voie : 126 cm à l’AV comme à L’AR.
Longueur : 378 cm.
Largeur : 148 cm.
Hauteur à vide : 160 cm.
Pneumatiques : 125 x 400.
Poids à vide ne ordre de marche : 495 kg.
Vitesse maximale 65 / 70 km/h.
En 1948, une petite berline de présérie dont le dessin est du au talentueux styliste Flamino Bertoni lequel, avait déjà dessiné la TA et que PJB avait préalablement écarté de ce projet, est présenté à la presse.
Présentation officielle :
Le 7 octobre 1948, s’ouvre le 35ième salon de l’automobile au Grand Palais. La TPV maintenant définitivement baptisé 2CV puisqu’elle entre directement en concurrence avec la nouvelle petite de la Régie Renault, dénommée 4CV, est officiellement présentée au grand public. Toutefois son capot moteur demeure « plombé ». La petite nouvelle venue ne montre pas encore ses entrailles, sinon son habitacle et son coffre toilé d’un seul tenant.
Il y a foule autour de ce curieux véhicule que l’on peut agiter le faisant alors se dandiner joyeusement sur socle présentoir. Curieux, perplexe, le visiteur ne sait quoi penser d’une aussi étrange et aussi spartiate auto … Le prix annoncé de 185 000 F est encore une estimation Une première année se passe où La 2CV n’est pas encore commercialisée mais bénéficie d’ultimes mises au point.
Elle est de nouveau présente au salon 1949, toute semblable à celle présentée au salon précédent à l’exception des feux de positions. Cette fois, les visiteurs peuvent découvrir sa mécanique sous tous les angles puisque sur l’un des modèles présentés, tout le compartiment moteur est dépourvu de son capot.
Commercialisée à partir du mois de juillet 1949, la déjà célèbre 2CV, a séduit plus d’un particulier, commerçant, fonctionnaire en ville ou la campagne. Les carnets de commande s’emplissent à une vitesse inversement proportionne à celle de ce véhicule, au point qu’à partir de 1950, il faut attendre jusqu’à 6 ans pour avoir le plaisir de rouler dans cette étonnante petite voiture …
Il fallait oser créer une telle auto … Citroën l’a fait… dans l’immédiat après-guerre il a mis au point le prototype réalisé à la fin des années « 30 » et commercialisé avec brio, cette incomparable 2CV, la faisant évoluer pendant plus de 40 ans … Ce n’est ni une gageur technologique ni un pari commercial, mais, ni plus ni moins, que le génie industriel et le bon sens qui ont présidé à l’élaboration de cette aussi originale qu’extraordinaire machine à rouler dans l’espace et dans le temps …
Aujourd’hui, la 2CV est devenue rare sur nos routes et lorsque nous venons à en croiser une, on a tout de suite un regard de sympathie à l’égard de cette vénérable auto en même temps que nous adressons un grand sourire à ses occupants. Toutefois, il n’est pas si loin, encore, le temps où l’on en voyait à chaque coin de rue, car, sur notre territoire, cette petite Citroën fut produite jusqu’en 1988. Au cours de la décennie écoulée, elles étaient encore nombreuses à circuler sur nos routes …
La 2CV ne cessera d’évoluer ; les derniers modèles fabriqués en 1990, seront équipés du moteur de 602 cm3 ( 3CV fiscaux) développant 29 ch. permettant à la voiture d’atteindre une vitesse de pointe de 115 km/h… Les deux dernières années de sa carrière la 2CV fut fabriquée au Portugal.
Au total, c’est 5 114 951 exemplaires qui furent produit en 42 ans …
Un succès commercial qu’hélas Pierre Boulanger n’a pu connaître, étant décédé le 11 novembre 1950 suite à un accident, au volant d’une 15 Six de la marque au chevron, dans les environs de Gannat …
Ce véhicule au premier abord si ingrat, spartiate, a promené plusieurs générations et pour autant a rendu de multiple services étant un aussi fiable outil de travail, que prestataire de loisirs pour tous ceux dont la philosophie s’appuyait sur cet adage : « Qui veut voyager loin ménage sa monture » Il ne servait à rien de les cravacher, ces deux chevaux là, étaient aussi endurants qu’inusables, menant leur train paisiblement, vous faisant apprécier le paysage …
Merci à Vous Tous, MM Michelin, Lefèvre, Boulanger et à Toutes ces Valeureuses Mains qui ont façonné une aussi sympathique automobile …
Photos scannées à partir des revues "Automobilia" N° 30 et N° 46 ....
Merci Koulou
Première journée en 2CV - Le Mirebalais Indépendant
Prologue - Photo ci dessous la 2CV en question 674 DH 86 ... Ce fut ma deuxième voiture ... ( voir article : " Ma première voiture : http://www.mirebalais.net/article-2735471.html ") ... Avec la ...