Réédition d'un article initialement publié le 16/10/2007 à 00:31.
A l'occasion du Salon Rétromobile se tenant du 6 au 10 février 2019, Porte de Versailles à Paris, ne voulant pas manquer d'illustrer l'événement, à partir de mes souvenirs narrés sur ce blog, j'ai fait remonter ce billet vous présentant la R4 ou 4L Renault...
Et, aujourd'hui, à l'occasion de ses 60 ans
J'en ai possédé une avec laquelle, au cours des années 70, j'ai parcouru des milliers de kilomètres et ai connu moult aventures...
Avant elle, je possédais une Ford Anglia dont, au cours du mois d'aout dernier, je vous ai conté les péripéties rocambolesques vécues au cours du voyage en Grèce effectué en Août 1970...
Et, avec la 4L, les péripéties sont toujours au rendez-vous...
Cette fois, les chiffres ne sont pas en concordance puisque ce ne fut pas ma quatrième mais ma cinquième voiture …
Les 4 L du Losange …
Nous sommes à la fin du mois de Mai 1971 et je commence à trouver longuet la période sans auto. Le Solex Flash est sympa pour les petites ballades en campagne mais pour entamer un long voyage ce n’est quand même pas l’idéal …J’avais bien établi un bon de commande chez mon agent Peugeot pour une 204 break diesel neuve qui coûtait quelques 12000F à l’époque ayant versé 1000F d’arrhes mais, je n’avais pas envie de me mettre un crédit sur le dos … Je cherchais donc une petite voiture d’occase… C’est aux Andelys à la concession Renault où j’avais revendu ma Dauphine 4 ans plus tôt, que j’allais trouver la perle rare. Il s’agit du Garage « B » lequel n’existe plus aujourd’hui …
Parmi leurs offres à l’occasion, je remarquais une Renault 4 (version II) de 1967 en parfait état (apparemment elle était comme neuve) proposée à 4300F avec la « Garantie Or » de la marque au losange. L’affaire était alléchante et donc, après essais, conclue le jour même… Fier comme Artaban, je repartais au volant de cette 4L modèle Export à la carrosserie vert sombre et à l’habitacle marron crème les sièges étant garnis de skaï beige…
Petit détail je ne sais quel kilométrage a effectué cette voiture puisque le compteur a été remis à zéro … En tous cas, elle tourne bien, est douce à conduire, est vraiment « nickel » question état et dispose de pneus neufs…
Son immatriculation lors de l’achat 401 MX 60 en lettres blanches sur plaques noires change quinze jours plus tard lorsque je reçois la nouvelle carte grise à mon nom et fais donc apposer ses plaques : 9032 QA 27. C’est le début des plaques jaunes et dans le département de l’Eure on vient d’adopter le numéro d’ordre à quatre chiffres au lieu de trois, à partir de la série de lettres QA.
La R4 est avant tout une voiture pratique et agréable à vivre au quotidien. Véritable petit break avec sa cinquième porte et sa banquette arrière repliable dégageant un bon volume de chargement. De gabarit, la voiture est peu encombrante et se faufile bien dans la circulation grâce aux bonnes performances de son petit moteur peu gourmand en essence. Economique à la pompe et à l’entretien, c’est exactement le type de véhicule qui me convient.
Pour les voyages, cette petite auto offre une bonne habitabilité qu’agrémente le confort des suspensions relayées par le bon maintien des sièges, des performances honnêtes et une grande facilité de conduite soutenue par une excellente tenue de route. Sur le plan de la sécurité, le freinage, bien que non assisté, est suffisant ayant toutefois une tendance à l’échauffement lors des longues descentes en lacets sur les routes de montagne …
C’est l’anti 2CV par excellence … Concurrente directe de la petite et très populaire Citroën, la R4 qui, en 1961, a pris le relais de la non moins populaire 4CV, reprend les solutions techniques du concurrent du Quai de Javel en adoptant la traction avant et un type de suspension à grand débattement (bien plus modéré sur la R4). La philosophie des deux modèles n’a, en commun, que les points liés à leur aspect extérieur spartiate, leur côté berline utilitaire, leur prix de bas de gamme et l’économie à l’usage.
D’un point de vue esthétique ni l’une ni l’autre ne font rêver, la Citroën étant même plus originale que la petite Renault, celle-ci, plus proche encore de ce que l’on désigne, à l’époque, comme "caisse à savon"...
Par contre, à l’intérieur on a bien plus l’impression d’être à bord d’une automobile digne de ce nom que dans une 2CV. Sans être pléthorique au niveau équipement, l’habillage des contre-portes et des sièges avant séparés, la présentation du tableau de bord, sont nettement plus cossus, plus finis et aboutis que ceux de la sommaire 2CV … Seul, le levier de vitesse coulissant au tableau de bord est comparable à celui de la petite Citroën … Nous rappelant que nous sommes dans une voiture de bas de gamme, les vitres avant et arrière ne s’abaissent pas mais, par la moitié, coulissent d’arrière en avant.
Le tableau de bord, en plastique dur, qui longe la base du pare-brise plat, comporte un combiné rectangulaire regroupant le tachymètre, la jauge à carburant et les témoins de niveau de pression d’huile, de la température d’eau, du système de refroidissement, de position de l’éclairage et de répétiteurs de clignotants. Cette instrumentation est encastrée dans la planche de bord, juste en face du conducteur, derrière un assez grand volant à la jante plutôt fine. A gauche de ce combiné, des interrupteurs à bascules commandent les essuie-glaces, la ventilation, et l’allumage des feux de positions. Sur le bloc du volant, on trouve, à gauche, les manettes d’éclairage route et, à droite, celles actionnant les indicateurs de direction. Sur la planche, à droite du volant, se trouve la tirette du starter. Sous le tableau, une manette commande l’ouverture ou la fermeture du auvent et, un robinet, l’arrivée d’eau chaude pour le chauffage de cette entrée d’air, en hiver … Le passager avant dispose, face à lui, d’un compartiment fourre-tout découpé dans la partie extrème droite du tableau de bord et d’une grande tablette, juste en dessous, qui se prolonge côté conducteur …
Les sièges avant, sur glissières, sont réglables pouvant être avancés ou reculés. La banquette arrière, le dossier étant replié sur l’assise, peut se basculer juste derrière les sièges avant, pour dégager le compartiment arrière doté d’un plancher plat. Une tablette amovible masque les bagages.
Caractéristiques Type R1120 – 4CV fiscaux
Carrosserie de type berline 4 places, 4 portes et hayon arrière relevable, composée d’un cadre plancher formées de traverses en tôles embouties et d’une superstructure assemblée par vis et boulons donc aisément démontable …
Moteur essence à quatre temps 4 cylindres totalisant 747 cm3 et développant 27ch Din à 4700 tr/mn. Couple maxi 4,9 mkg à 2600 tr/mn – Taux de compression 8,5/1 – Bloc/culasse en fonte/aluminium . Vilebrequin à 3 paliers – arbre à cames latéral entraîné par chaîne – Refroidissement par liquide en circuit hermétique avec vase d’expansion – graissage sous pression par pompe à engrenages – Alimentation par carburateur Zénith 28IF ou Solex 26DIS
Allumage par Batterie 6 V 60/75 Aho, bobine allumeurs, et bougies 14mm AC 44F ou Marchal 36
Transmission aux roues avant par cardans
Embrayage monodisque à sec
Boite de vitesse en avant du moteur à commande manuelle à 3 rapports Av + M. ar.
Suspension : 4 roues indépendantes par barres de torsion longitudinales à l’avant et transversales à l’arrière avec amortisseurs télescopiques. Barre antiroulis à l’avant.
Freins à tambours sur les quatre roues. Frein à main sur les roues avant
Direction à crémaillère avec ressort de rappel en ligne droite
Pneumatiques : 135x330
Dimensions : L : 366,8 cm – l : 148,5 cm – H : 155 cm – Voie AV : 128 cm – Voie AR : 12,4 cm – Empattement : 240, 1 cm à gauche et 244,9 cm à droite - Garde au sol : 17,5 cm
Poids : 625 kg dont 365KG sur l’avant et 260 kg sur l’arrière
Charge maxi autorisée : 390 kg
Capacité en huile - carter moteur 2,5 l - boîte de vitesse et différentiel : 1,15l
Capacité liquide du circuit de refroidissement : 4,8 l
Capacité réservoir carburant 26 l
Volume du coffre à bagages : 285 l
Performances :
Vitesse maxi : 110 km/h
400m départ arrêté : 23’’3 - 1000 m départ arrêté : 45’’3
Consommation moyenne ( 5,5 l à 7l aux 100 )
Prix en 1967 : 7200 F
Sur la route : la prise en main de la R4 ne présente aucune difficulté, nanti d’une boite trois vitesses la conduite est simple. Les trois rapports sont bien étagés conférant à la mécanique une souplesse de fonctionnement sans réel trou dans les intermédiaires … Dans le contexte des années 60-70, cette petite auto s’inscrivait bien dans le trafic du moment et, en cela, était nettement plus véloce que sa concurrente directe la 2CV. Sur route, on pouvait allègrement rouler régulièrement à 90-100 même lorsque le profil était accidenté. En montagne, la seconde que l’on pouvait pousser jusqu’à 75km/h, permettait de gravir allègrement les fortes pentes ; ceci, allié à une bonne tenue de cap dans les trajectoires et un bon maintien lors des épingles, en faisait une grimpeuse efficace. Sur autoroute (A cette époque, l’hexagone n’en comptait que 1500 Kms), on pouvait rouler pied dedans, en maintenant un bon « 120 » compteur, ce qu’une 2CV de la même époque ne pouvait absolument pas réaliser …
Jusqu’à la vitesses de 90 Km/h, les bruits mécaniques et de roulement retentissant dans l’habitacle étaient relativement supportables, au-delà, le moteur, accrochant les hauts régimes, se faisait très présent, accompagnant les bruits aérodynamiques de cette petite voiture au Cx d’armoire normande …
La R4 était aussi une auto passe partout pouvant rouler sans gène sur des chemins de campagnes nantis d’ornières et de nids de poules grâce à son seuil élevé. Incontestablement, aux vues de toutes ces dispositions, complétant ses aptitudes aux voyages aux longs cours, la R4 plait aux jeunes, au moins jeunes et aux vieux également... Polyvalente, multi services, il n’est pas étonnant que cette auto ait accompli une carrière de plus de 30 ans ; plus de 8 500 000 exemplaires ayant été vendus dans le monde entier…
Pour mon compte, en dépit des grosses déconvenues connues au cours des tous premiers milliers de kilomètres parcourus à son bord (ça vaudra bien tout un article…) c’est presque 6 années que j’ai gardé cette pétulante petite voiture, parcourant plus de 150 000 kilomètres, effectuant d’innombrables randonnées en grande partie sur le territoire français qu’elle a sillonné en tous sens …
Et puis, un jour de Printemps 1975, elle m’a aussi permis de connaître Annie, celle qui est devenue ma tendre épouse …
Que dire de plus sinon que La R4 fut pour moi, un amour de voiture …
- La R4 sur une route de la Drôme en 1972 (1ière photo en haut à gauche)
- Dans une cour de ferme du Diois ( 2ième photo, en milieu de page )
- Sur une route du Diois , au fond la montagne du Glandasse (Dernière photo en bas de page)
Photos scannées sur revues
- Intérieur et planche de bord de la R4 ( Auto-Collection N° 73)
- Écorché technique (Auto-Collection N° 73)