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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Auto Saga
File0910ajpg.jpgA force de fouiller dans les tiroirs du passé, on tombe soudain sur des vieilles photos jaunies par le temps, passées, elles aussi…
Ainsi dans une vieille boîte en carton où sont entassées pêle-mêle des photos en noir et blanc ou bien sépia qui remontent jusqu’à parfois 8 à 10 décennies en arrière, photos qui ne sont pas classées dans les albums de famille, j’en ai découvert quelques unes qui remontent à 60 ans  et me présentent tout gamin avec mon père et ma mère devant la voiture familiale du moment… Grâce à ma curiosité concernant les autos et la bibliographie à disposition sur le sujet, j’ai identifié cette auto comme étant une Matford V8 type 66 de 1936… Sur l’une de ces photos figure notre chienne Poppie, cette présence, associée à un souvenir indélébile me permettent de dater l’événement … Ce devait être en 1948 … et ça fait bien 60 ans …
D’ailleurs, dans l’article précédent je fais mention de cette voiture lors de notre arrivée à Charroux …

 
File0896.jpg
Avec  ma mère  devant  la Matford - look barboteuse et casquette...
 
Le souvenir que j’ai gardé de cette auto est lié à un seul événement, celui  de notre chienne Poppie que nous avions récupéré au Chenil de Gennevilliers et le soir même de cette adoption, j’étais resté dans la voiture avec la chienne qui haletait à mes côtés, tandis que mes parents devaient faire des courses dans un quartier de Paris … le temps me paraissait interminable … Je me souviens des lumières de la ville, des magasins illuminés que j’apercevais depuis la voiture garée près d’un trottoir et de la chienne qui mouiquait* sans cesse, augmentant mon angoisse si bien qu’à leur retour, mes parents m’ont retrouvé en pleurs …
Quand nous l’emmenions en voiture, notre chienne a conservé pas mal de temps, ce comportement lié à l’angoisse. Nous en avions déduit qu’elle avait dû être emmenée au chenil en auto … et supposions que montant en voiture, elle redoutait qu’on l’y ramène…

 
File0897-copie-1.jpg
Avec mon père et devant nous, la chienne Poppie...

Mais revenons à l’auto, si vous voulez bien …
Matford une marque aujourd’hui disparue, résultait de l’association de deux autres marques de grands constructeurs d’automobiles ayant fusionné : Mathis et Ford … La première, bien Française est née de l’entreprenant et créatif constructeur strasbourgeois Emile Mathis, la seconde, de renommée mondiale, est produite par Henry Ford dont les méthodes de construction ont révolutionné l’industrie automobile à l’échelon de la planète entière.
En 1934, Les usines Mathis connaissent une retentissante chute de production liée autant à la crise économique mondiale qui sévissait à cette époque qu’à la profusion de modèles dans une gamme trop complexe où la clientèle jusqu’alors fidélisée commençait à se perdre … Depuis le début des années « 30 », les marges bénéficiaires de l’entreprise Mathis se réduisaient sensiblement si bien que c’est avec plus de 4 millions de francs de déficit que se soldait l’exercice de l’année 1934.
L’entreprise étant dans le rouge, il fallait réagir vite. C’est alors qu’Emile Mathis a l’opportunité de rencontrer le géant Américain qui a déjà implanté certaines usines sur le sol européen, en Angleterre, en Allemagne, puis en France à Asnières. L’usine d’Asnières n’étant pas assez importante pour augmenter le chiffre des productions de sa marque, Henri Ford se montre intéressé par un rapprochement avec le constructeur Strasbourgeois dont les infrastructures sont, elles, bien plus étendues …  Le 1er octobre 1934, l’accord est scellé et une nouvelle marque française fait son apparition sous le label Matford … Elle subsistera pendant 7 années. En  1941 suite à des bombardements, les usines de Strasbourg sont en grande partie détruites et mettent fin à l’entreprise …  Mais avant, Emile Mathis déplorant d’être contraint à sacrifier les modèles de sa marque au profit des modèles d’origine Ford avait intenté une série de procès contre le grand généraliste Américain, procès, qu’il finit par gagner en 1939… Hélas la guerre  survenue cette même année avec les conséquences qui en résultent, mettront fin à tous espoirs de reconquête du marché ainsi qu’à la survit de la marque…

Ainsi, dans un premier temps, au cours de l’année 1934-1935, sont produites, d’une part, des modèles Types TY-5  et Emy-4 de la gamme Mathis et d’autre part, des modèles  Type Y  puis des V8-40 et V8-48  de la gamme Ford. Le châssis Quadruflex type HO est mis au point communément et servira de base aux futurs Matford .
Pour le salon 1936 la gamme réorganisée sous la marque Matford s’articule autour de deux modèles à Moteur V8 :
-    La nouvelle V8-62 , de 13 CV  dont le moteur est entièrement construit dans les usines modernisées de Strasbourg. Ce modèle sera commercialisé sous l'appelation « Alsace »
-    La nouvelle V8-66 de 21 CV  dont le moteur est lui importé d’Amérique  ou d’Angleterre.
Les carrosseries nouvelles, équipant ces deux voitures, proviennent des usines Chausson.
Ces modèles évolueront jusqu’à la guerre, sur la base d’un même châssis, équipés de ces deux motorisations, la gamme se déclinant en berline, coupé, cabriolet et même en break à carrosserie canadienne…

 
Caractéristiques techniques des "Ford V8" modèles 1936  :

File0910.jpg
V8-62 :

File0910b.jpg
- Moteur 13 CV, 8 cylindres en V à soupapes latérales de 2225cm3 (66 x 81,3 mm) développant 60 Ch. à 3800 tr/mn.
- Transmission classique aux roues arrières – boîte 3 vitesses + MA.
- Direction à Vis et à galet avec volant à gauche.
- Freins mécaniques à tambours.
- Suspension AV et AR à essieu rigide avec ressort transversal à lames, celui de l’arrière est disposé après le pont.  
- Pneus : 150 x 40
- Empattement : 275 cm.
- Voie : 142 cm.
- Poids : 1140 kg
- Vitesse 120 km/h
- Prix de la berline en février 1936 : de 24 900 F. à 27 900 F. selon finitions.




File0911.jpg
 
 
V8-66
- Mêmes caractéristiques techniques que V8-62 sauf :
File0911a.jpg
 


- Moteur 21 CV , de 3621 cm3 (77,8 x 95,2 mm.) développant 90 Ch. à 3800 tr/mn.
- Pneus : 6.00 x 16.
- Empattement : 285 cm.
- Voie : 148 cm.
- Poids : 1320 kg
- Vitesse : 130 km/h
- Prix de la berline : 31 800 F. à 32 800 F. selon finitions.




 
Après la guerre, la production des V8 sous la seule marque Ford France ( Ford SAF) ont été produites jusqu’en 1948 avec l’unique modèle V8 F92-A de 13CV ayant le levier de changement de vitesse au volant. Ces voitures étaient montées sur les chaînes de la nouvelle usine de Poissy.

 

Matford V8-472F de 1947-48
La Matford V8-472C - version break - pour, en tête de la parade, annoncer le spectacle du cirque Pinder dans les années 50La Matford V8-472C - version break - pour, en tête de la parade, annoncer le spectacle du cirque Pinder dans les années 50La Matford V8-472C - version break - pour, en tête de la parade, annoncer le spectacle du cirque Pinder dans les années 50

La Matford V8-472C - version break - pour, en tête de la parade, annoncer le spectacle du cirque Pinder dans les années 50

En 1948 fut mis au point sa remplaçante qui prit le nom de « Vedette » de 13 CV animée par un nouveau moteur de 2158 cm3. C’était une "deux volumes" avec "fast-back"  qui évoluera en 1952 en "3 volumes" "ponton", avec coffre.  A la fin des années 50, Poissy est repris par Simca, sortiront alors les « Versailles », « Trianon » et « Beaulieu » à moteur Ford V8 qui seront les derniers modèles Ford fabriqués en France .

 

File0913.jpg
En 1956, ma Mère devant la Ford Vedette d'un ami de la famille  ...


Le défaut majeur des Matford V8 , tenait à leur freinage peu endurant. Il fallait éviter  de faire trop chauffer les freins qui perdaient assez vite de leur efficacité ceci pouvant présenter un handicap sérieux, sur une voiture lourde et puissante…
Autre défaut, l’auto, surtout en version 21CV, n’était pas un modèle d’économie en carburant. Je suppose que c’est pour cette raison que mon père a du s’en séparer au cours de l’année 1949, ayant trouvé, cette même année, l’aussi atypique que curieuse Mercedes 130 H. qu’il n’a aucunement hésité à acheter … 

*Un peu de glossolalie : « mouiquer » dans le langage "farfandesque" vient de « mouic mouic » … sons qu’émet un chien inquiet ou dans l’attente de son maître, sorte de pleurs du chien …

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F
, voici justement une Matford de 1936...😁 mais un modèle 62, qui ne diffère extérieurement que par deux détails, non visibles ici.🤔😄<br /> https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10223638259680905&set=p.10223638259680905&type=3
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D
Très intéressant , merci beaucoup .
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P
Super ! Merci pour l'histoire. 👏 Par ailleurs, quel plaisir de lire un texte dans un français parfait et sans aucune faute d'orthographe. 👏👏👏
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G
Patrice Lucquiaud Je me souvient encore du bruit du moteur ,mon voisin Rte de TLse en avait une et lorsqu'il partait le vrooum du moteur me plaisait beaucoup
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J
Wooouuaa qu'elle histoire
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G
Magnifique commentaire sur la Matford et vous connaissez bien SIMCA
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M
Bonjour,<br /> je ne connais pas grand-chose aux voitures mais j'ai trouvé intéressante cette fusion d'un constructeur français et de Ford... Et la voiture obtenue n’était pas mal.<br /> Bonne journée à toi,<br /> Mo
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L
Bonjour, je trouve aujourd' hui votre site mon père avait une madfort avec la roue sur le coffre nos l' avons garder jusqu' en 1970 j' ai certainement des photos, je suis parti en vacances avec. Il était garagiste à Aulnay sous bois.
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D
<br /> Je m'intéresse à la marque Matford et c'est avec beaucoup d'émotion que j'ai découvert les photos de votre Alsace V8-66 familiale. Soyez-en remercié.<br /> Certains de vos lecteurs pouvant découvrir à cette occasion la marque Matford, il semble intéressant de préciser deux points à propos de cette étape décisive dans l'implantation de Ford en France.<br /> Les usines Mathis de Strasbourg sont effectivement en grande partie détruites au cours de la deuxième guerre mais à la date de 1941 que vous indiquez Matford a déjà disparu. La société a été dissoute en juin 1940 bien après le rachat des parts de Mathis par Ford en 1938 et l'évacuation à Poissy, à partir de septembre 1939, du matériel apporté par Ford.<br /> Vous rappelez très bien la situation de Mathis lors de la création de Matford et les ambitions de Ford en Europe. Ford détenait depuis l'origine la majorité du capital de Matford. Le constructeur alsacien n'avait dès lors aucun espoir sérieux de reconquête du marché ou de survie de sa marque. Les bons résultats de Matford vont détériorer les rapports entre les associés mais les dommages et intérêts, en réalité relativement faibles, obtenus par Mathis des juridictions françaises, en 1942, concernent la valeur de rachat de ses parts dans Matford, que Ford avaient évaluées au plus juste au regard des investissements comparés des deux associés dans l'affaire ...Denis VOLEhttp://membres.lycos.fr/ami_matford/<br />
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M
Coucou Farfadet, je ne m'y connais pas assez en belles mécaniques pour apprécier ton article à juste titre, mais ce sont quand même des voitures qui avaient de la classe ...Bonne soirée,
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B
Bises et amitié.
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L
Allez !
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G
Bel album de photos familial avec  toi en barboteuse ! Je n'ai jamais entendu parler de la Matford, Bonne soirée Patrice
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R
ces vieilles autos avaient quand meme une allure d'élégance je trouve bizz a toi farfad'maud
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P
Bonjour Farfadet.Merci de votre visite et de ce très long commentaire. Le mien sera plus court, car je n'ai guère de temps aujourd'hui.D'abord un grand bravo pour votre blog... Ensuite, je comprends parfaitement votre "appréciation" des "événements". Mais mon propos consiste à en parler sans "trop" le juger, simplement sur l'émotion qu'il a pu procurer en le vivant de l'intérieur. Je pense en parler sans complaisance, avec des personnages authentiques, dont certains n'adhèraient pas et en montrant des facettes sur lesquelles personne ne s'est vraiment très étendu.Ce livre n'a aucune prétention historique, ni analytique, mais il est vrai... Vrai aussi dans le fait qu'il pense sincèrement qu'en bien ou en mal, plus rien n'a été pareil après ces jours-là.Au plaisir d'en débattre encore... Amicalement.P B-R.PS : pour les voitures, j'ai aussi ma petite "contradiction"... 
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J
Les premiers modèles que tu montre, ressemblent un peu à la "traction avant" citroën 15 cv..quant au deuxième, la "vedette", j'en ai connu dans mon enfance..c'était même une voiture qui se vendait très bien..des amis de mes parents en avaient une..bisous et grosses bises à toi et à ton épouse :0010:
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Z
Pas de com cette fois.Je ne suis vraiment pas une passionaria des voitures.Bisous
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C
haaa! Nostalgie quand tu nous tiens!C'est émouvant de ragarder ces anciennes photos, et de te voir petit garçon. J'avoue également découvrir des tas de choses en mécanique grace à toi.. étant relativement inculte en ce domaine. 
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D
tendres images... à propos d'immobilisme... la vitesse... futuriste, industriellequelle vie que cette vie merveilleuse incompréhensible
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A
Si ton père avait gardé toutes ses voitures, tu pourrais aujourd'hui ouvrirun musée. J'avoue que je n'avais jamais entendu parler avant de la Matford...PS: Elégante madame Lucquiaud mère... ;)
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Q
J'ai adoré le look "barboteuse et casquette"... C'est vrai que ça date un peu...Mais bon, je ne dis rien, j'ai dû en porter aussi (pas la casquette, mais des barboteuses !)... merci pour ce très bel article et les moments d'émotion avec votre chienne.Bonne soirée à vous, les Farfadets !
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L
l'amour des voitures, c'est une histoire de famille chez les Farfadets d'hier comme d'aujourd'hui !
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S
quelle belle epoque où les gens reprenaient goût à vivre
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C
C'est extra vraiment je savoure ces photos :)  
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O
mdr!!! en lisant ton com, car lorsque nous randonnons, en redescendant, nous chantons a tue tete, on descend de la montagne a cheval!!!elle est superbe cette voiture, ton pere n'a jamais gardé de ces voitures exceptionnelles qu'il a possedé.ici aux USa, il y a des passionnés et lors de mon dernier sejour, j'avais fait des photos etonnantes.grosses bises et maintenant je vais descendre faire les courses, parce que ici cela monte et descend tout le temps
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G
Ces voitures n'étaient pas très écologiques mais qu'est-ce qu'elles étaient belles! Le medecin de notre village avait une CHENARD et WALKER on n'entendait pas son moteur tellement elle était bien réglée et nous même si quand il venait dans notre quartier on se demandait qui était malade,on rêvait devant cet engin.Autres temps....
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M
Bonjour Patrice  ;-)Quel plaisir (sans flagornerie aucune) que de lire ce passé (récent) et découvrir avec nostalgie ces images et descriptions.Un trésor à conserver précieusement l'ami, pour  le plaisir de tous.Merci à toâ, et que vive la farfadie.  :0070:Bisous à vous deux, et à bientôt.Amitiés... 
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B
Quel plaisir de découvrir ces tendres photos de famille.Bises et amitié.
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Profil


FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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