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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #D'Hier - d'Ici et d'Ailleurs ...
Cela faisait un moment que mon père désirait acheter une caravane. Il y avait déjà pas mal de temps qu’il avait expérimenté ce mode de vie puisque, avant guerre, VRP, se déplaçant sur tout le territoire français, il vivait le plus souvent en caravane …
En cet été 1961 il s’agissait de s’équiper, non plus pour le travail, mais pour le loisir et pour ça déjà convaincre ma mère qui, bien que moderne en son temps, n’était pas très aventureuse s’agissant de faire du camping …
Nous avions le fourgon Citroën que mon père avait transformé en camping-car rudimentaire mais qui ne facilitait pas les déplacements sur place, quand le auvent adjacent était installé (moi je dormais sous la toile …) De ce fait, un véhicule pour rayonner sur place, faisait donc défaut. La caravane tractée par la voiture familiale, s’avérait être la solution idéale …

 
File0829.jpg
Le campement avec le fourgon Citroën  en 1957 à Airvault, au bord du Thouet

En 1959 mon père avait trouvé d’occase, une Mercedes 170D pour remplacer notre vénérable 2CV …  Ainsi, nous possédions déjà la tractrice idéale …
Mes parents se décidèrent au début de l’année 1961 : l’été suivant, ils projetaient bien de partir en vacances en caravane …
Ils parcoururent d’abord les annonces de l’occasion, puis s’intéressèrent à plusieurs marques standards, épluchèrent des prospectus, visitèrent des concessionnaires pour finalement se rabattre sur le constructeur local ayant la réputation de produire des caravanes de bonne facture, moderne, et à la qualité de finition irréprochable …     

 
L'usine Tesserault à Poitiers (Vienne) route de Gençais

Rendez-vous fut pris au domicile de l’entreprise Tesserault route de Gençais à la sortie sud de Poitiers … Ce sont les patrons eux-mêmes qui les reçurent, leur firent visiter leurs ateliers de fabrication et leur présentèrent leurs modèles…
Mis en confiance, mes parents firent leur choix pour une « remorque de camping type A2 » Le bon de commande signé, il fallait compter environ trois mois pour « toucher » le véhicule …  Cette procédure, offrait l’avantage de pouvoir choisir la disposition du mobilier et surtout les tissus (motifs et coloris) harmonisant la décoration intérieure de la caravane : rideaux, et  housses de coussins…

Le 3 Juin mes parents  allèrent chercher leur caravane. La semaine d’avant mon père avait conduit sa voiture pour y faire monter le système d’attelage adéquat. Le 8 juin, ils réceptionnaient les documents de conformité de la caravane permettant d’établir la carte grise … Immatriculation faite, mes parents pouvaient préparer notre première escapade estivale …

Vacances en Bretagne
C’est à la mi-juillet que nous avions prévu de partir en vacances pour une durée  de 3 semaines … Depuis l’avant-veille, du jour « J », nous avions occupé nos après-midi à affréter la caravane, avec le lot de batterie de cuisine, la vaisselle, le linge et les vêtements pour le séjour. Mon père fit l’appoint des réserves d’eau potable puis a installé la bouteille de gaz, ainsi qu’une batterie supplémentaire pour l’éclairage, vérifiant ensuite tous les dispositifs et équipements, dans le détail pour que tout soit opérationnel au cours de notre escapade … 
Les coffres sous les banquettes de la dînette furent remplis avec la toile et les piquets du auvent ainsi que par le matériel de pèche du père …
La veille du départ, nous avions effectué le lavage de la voiture et son chargement avec les pliants, transats et table de camping pliante … Ensuite on passa à la composition de l’attelage, vérifiant les sécurités et le bon  fonctionnement de tous les éclairages route …  tout étant paré  et vérifié il ne restait plus qu’à passer une bonne nuit avant de prendre la route le lendemain aux aurores …

Destination la Bretagne des côtes du Nord (depuis appelées Côtes d’Armor - 22)  Quand nous quittons Mirebeau (Vienne) il est un peu plus de 6H30 du matin … Le père au volant, ma mère à son côté et moi, derrière le père, sur la partie de banquette arrière non occupée par le chargement effectué la veille, tous les trois nous voilà en route pour un trajet d’une bonne journée …

Quelque part entre Angers et Rennes ....


Bien que mon père ait déjà testé le comportement de cet attelage, les premiers kilomètres de route se font à allure sénatoriale, histoire de percevoir comment réagit en charge, notre  ensemble routier…  Nous ne ressentons pas trop de ballant lors des accélérations et lors des freinages, même appuyés (le frein à inertie fonctionne parfaitement avec un temps de réaction quasi immédiat).  Dans les virages, en conduite coulée, le roulis est imperceptible …  Evidemment les performances de la voiture devant enlever une masse d’une tonne supplémentaire auquel s’ajoute la prise au vent de la caravane qui n’a rien d’aérodynamique, sont nettement inférieur qu’en conduite solo …  La Mercedes, 170D de 1952, n’est pas un foudre de guerre avec une vitesse de pointe de 108 km/H ( Données constructeur) mais son moteur diesel de 38 Ch. possède un couple plus élevé qu’un moteur essence de même cylindrée si bien qu’une fois lancé, nous maintenons aisément une vitesse de croisière de l’ordre de 75 km/H qui, surtout, ne faiblit pas sensiblement en côte… C’est là l’avantage incontestable du diesel, sa capacité de traction et son maintien des performances dans les montées…  Sur le thermomètre de température l’aiguille ne dépasse pas les 85° et ce, quel que soit le profil de la route … « Elle tourne comme une horloge se plait à dire mon père ».  Ma mère rassurée par ces cadences pépères  (elle n’aime pas la vitesse…) est aux anges … vive les vacances !  
Au fil des kilomètres, nous progressons régulièrement, maintenant une moyenne horaire de 55-60 km/H …  
 
En fin d’après-midi nous arrivions à Saint Brieux … C’est sur une grande place, en périphérie de ville, que nous nous arrêtions pour passer la soirée et la nuit …
Ce fut ma première nuit passé dans la dînette transformable en couchage et située côté timon. Mes parents ont rabattu le grand lit encastré dans la partie central de la caravane.

6 H du matin… quelques coups vigoureux sur la porte coté cuisine, ponctuent un retentissant : «  Holà vous autres, là dedans, faudrait se remuer ! … ça fait  un moment qu’on vous attend !… »  Réveillés en sursaut, c’est mon père qui va ouvrir à l’importun… Il tombe nez à nez avec un ouvrier en bleu de travail …
-    C’est pourquoi ? demande mon père...
-    Ben, faut y aller… le chantier reprend ce matin …
-    Hein !
-    Bah oui, vous allez nous retarder …
-    Vous retarder ?
-    Ben, vous n’êtes pas le gars du rouleau …
-    Du rouleau ???
-    Ben oui, l’engin pour damer la chaussée …
-   Ah non monsieur, je ne conduis pas de rouleau, vous voyez, je suis seulement de passage, et je n’ai rien à voir avec un quelconque  chantier…
-    Oups !… Pardon alors, j’avais cru que vous étiez la personne responsable du rouleau…
-    Mille regrets, mais il faut vous adresser ailleurs …
-    Au revoir. désolé pour le dérangement …
-    Pas de quoi !…

C’est ainsi que nous fûmes réveillés ce matin là, aux aurores … Effectivement, plus loin sur cette place, il y avait, parqués là, des gros engins de chantier …et les employés avaient dû nous prendre pour les manutentionnaires … Voilà ce que l’on risquait en s’arrêtant ainsi sur certaines places publiques. Mais à l’époque, cela était encore possible, si toutefois, on ne faisait pas un séjour prolongé car il y avait encore peu de terrains de camping aménagés dans chaque ville ou cité touristique.

Nous sommes repartis quelques heures plus tard …
Je me souviens que le temps était maussade en cette mi-juillet et le ciel bien gris comme la mer que nous découvrions à Trébeurden.
Nous nous sommes installés sur un terrain vague dominant la plage, en sortie de bourg … à une centaine de mètres d’un autre estivant caravanier (une caravane anglaise). Mon père a monté le auvent sous lequel j’ai dormi les nuits suivantes…Pendant les trois journées que nous avons passé dans ce coin, nous avons essuyé un fort vent et des embruns qui n’ont eu de cesse …

C’est hélas, sous un ciel bien chargé, que nous avons découvert les beaux sites des Côtes d’Armor… Magnifiques côtes rocheuses de granite rose : Ploumanac’h, Trégastel, Perros-Guirec, Lannion, Morlaix, Roscoff  … Les charmes de la Bretagne sous la pluie !…

Le mauvais temps nous a décidé à lever le camp … Mettant cap au sud, nous gagnions le Morbihan pour aller installer notre campement à La Trinité/Mer dans un terrain que mon père, après renseignement pris, a loué à son propriétaire,  juste sur le bords du bras de mer  en aval de ce charmant port de plaisance, récemment aménagé, patrie de Alain Barrière et de Eric Tabarly…
C’est là que nous passâmes une quinzaine de jours de vacances de rêve, le temps s’étant remis au beau …

 

Caravane-du-Pere.jpg
Pour les amateurs du caravaning  d'hier à aujourd'hui , un site à visiter :www.tesserault.com


La vie à bord de la caravane Descriptif – fonctionnalité :
On montait à bord de la caravane par la seule porte d’accès  disposée à l’extrême arrière droit  (dans le sens de la marche, à l’opposé du timon d’attelage) On accédait alors, directement dans le bloc cuisine dont le mobilier est disposé dans la largeur, sur la gauche en entrant. Juste en face, le cabinet de toilette avec WC chimique, occupe le coin arrière gauche de la caravane. Tous les robinets sur lavabo sont actionnés par pompes au pied. Le bloc cuisine comporte, réchaud double à gaz, jouxtant l’évier et sa paillasse, le tout au-dessus d’un ensemble mobilier de cuisine comprenant une partie glacière (Il n’existe encore pas de frigo sur ces modèles) Il y a aussi des placards hauts. Deux fenêtres dont une amovible éclairent cette petite kitchenette. Etant juste entré dans la cuisine, partant sur la droite, on découvre, dans la partie milieu, la chambre-salon  et, en bout, la dînette, surplombant l’attelage.  Sortant de la cuisine, tout de suite à droite, il y a un meuble commode éclairé par une baie et au-dessus de celle-ci d’autres rangements hauts. Ces éléments sont juxtaposés à une grande armoire à deux portes battantes avec glaces  en vis-à-vis d’une grande banquette sur coffre, elle aussi, éclairée par une baie. Dans la cloison de séparation avec la partie cuisine, un grand lit de 140, rabattable, s’encastre, libérant l’espace. La dînette (6 places comporte deux banquettes sur coffres avec grande table pliante servant de complément de sommier pour la nuit. Au-dessus des baies qui éclairent la dînette, il existe encore un mobilier constitué de rangements hauts. Voiles rideau et stores occultent l’habitacle de l’intérieur. Un grand rideau sur rail sépare la nuit le couchage dînette de la chambre centrale.
L’éclairage alimenté par une batterie d’appoint dans un des coffres de la chambre-salon est assuré par des plafonniers disposés au dessus de la cuisine, de la chambre et de la dînette.
Une bouteille de propane installée dans un coffre adapté, sur le timon, alimente les feux du réchaud en cuisine. 
Toutes les baies montées sur charnière supérieures, s’ouvrent par projection vers l’extérieur. ‘ Système à compas) Trois lanterneaux assurent la ventilation de l’habitacle.

 

 

 

Scan10202.jpg
Sur le terrain loué,  à La Trinité/mer en  Eté 1961


Ce fut la dernière année que je partais en vacances avec mes parents, l’année suivante  j’étais militaire. Mes parents sont retournés à la Trinité. Entre temps, mon père avait changé de voiture, il avait acquis une Mercedes 180D  de 1954  qui était un peu plus puissante …
L’ensemble attelage avait vraiment belle allure…

Août 1962 . la Mercedes 180D nouvelle tractrice de la caravane Tesserault...
Août 1962 sur le mêe terrain à la Trinité sur Mer.


Un an plus tard mon père a eu un accident avec sa voiture, dérapant sur le verglas dans les environs de Bressuire… La Mercedes fut bien endommagée et mon père dû en acquérir une autre. Une 180D un peu plus récente (1957) qu’il a gardé jusqu’à la fin de sa vie …

La caravane fit de nombreux périples. Chaque été, mes parents séjournaient, un temps à La Trinité/Mer et un autre temps, à Mimizan dans les Landes …

Leur plus grande escapade avec la caravane,  fut celle qu’ils effectuèrent au Portugal, au début des années « 70 »
En 1971, ils achetèrent un terrain à Peymeinade, près de Grasse dans les Alpes Maritimes et firent construire une villa …  Cela marqua la fin de leurs randonnées caravaning car, une fois à la retraite,  mon père et ma belle-mère passèrent tous leurs étés sur la côte d’Azur …

Durant plusieurs années, la caravane fut immobilisée sous le hangar de notre résidence à Mirebeau … C’est, sans doute, au début des années « 80 » que mon père, ayant trouvé acquéreur, s’est séparé de sa caravane. Aujourd’hui, je suis hélas, dans l’incapacité de savoir ce qu’elle est devenue …
 
Voir aussi :  "Vacances"  ICI

Commenter cet article
C
C'était la caravane a vitres en verre, très lourde..
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K
61 ! mazette ! j'étais même pas né !  je suis de 68... hé hé... mais les farfadets ont une longévité légendaire, c'est bien connu...
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A
Vive le camping et les bons souvenirs de vacs !!Bonne semaine 
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M
:0014:
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L
bisous !!!
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L
Nous avons acheté une caravane en 1983, elle était d'occasion, une superbe Adria 4 places datant de 1976 mais ne coûtant pas trop ... C'est toujours sous son toit que nous passons nos temps libres, nous ne la tractons plus, nous la remisons sur place pour l'hiver et bientôt, nous irons la réinstaller sur la plage de La Panne . Chouette perspective !
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A
j'ai juste oublié de te dire que lorsque vous avez quitté Lannion pour Morlaix, vous auriez du faire un détour par la pointe du Séhar où j'ai eu une maison de vacances pendant onze ans... De toute manière à l'époque de ton caravaning... elle ne m'appartenait pas encore... ;)Bonne soirée... t'embrasse
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A
Changement de look pour ton blog?... Toujours sous le charme de tes articles-documentaires... On y apprend toujours des tonnes de choses avec en plus le charme d'une narration personnelle et vivante... Gros bisous Patrice
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G
Super cet article,j'ai un bon souvenir de mon enfance où on faisait du camping sauvage et on dormait à la belle étoile, à cet époque on avait peur de rien et on partait à l'aventure sans destination précise en 2 cv ! c'était la belle vie et on faisait de belles rencontres avec les paysans.Bon vendredi :0010:
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Profil


FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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