Mon père sa chienne et son Hotchkiss type 411 - une vue de 3/4 du même modèle baptisé "Cabourg" disposant du pare-choc à double lames.
C'est à partir d'une vieille photo en partie coupée, retrouvée dans une boîte en carton parmi d'autres clichés, que je peux reconstituer l'histoire de cette auto dont mon père me racontait les péripéties remontant aux années 30, époque à laquelle je n'étais pas encore né.
Deux anecdotes avec cette voiture. Dans mon enfance, au milieu des années 50, les petits déjeuners familiaux du dimanche matin avaient de particulièrement savoureux le fait qu'ils s'accompagnaient des récits pittoresques de mon père nous contant dans le détail et avec beaucoup d'humour ses aventures de jeunesse et les nombreuses péripéties émaillant la vie vie bohème qu'il a menée tout au cours des années 30
- la chienne Bobbie qui, à cette époque, accompagnait mon père lors de tous ses déplacements et voyages, en certaines occasions, aimait être juchée* sur le capot moteur pour profiter de l'air à la première place. Cet animal aussi affectueux que facétieux avait tout de la bête de cirque et a joué plus d'un tour à mon père. Il arriva qu'un jour, la truffe au vent, un oiseau lui passa à ras les babines, elle sauta sur le côté et disparut soudainement. Mon père stoppa aussitôt, inquiet de ne pas la voir... En fait, la chienne avait glissé entre l'aile et la partie latérale amovible du capot moteur... Mon père s'était fait une grosse frayeur... jamais plus la Bobbie ne remonta sur le capot.
- Mon père, à cette époque VRP était souvent en déplacement, sillonnant la France du Nord au Sud et d'Est en Ouest. A ce début des années 30, il s'était acheté une caravane qu'il a d'abord tractée avec une Renault Vivastella 16 CV puis avec une Hotchkisss. de 13 CV. Avec cet attelage, il se trouvait alors au pied de la célèbre côte de Mur-de-Bretagne dans les Côtes d'Armor. Une montée de 2,1 km avec des pentes à 12-14% au niveau du premier palier. Entamant cette ascension en 1ère, le moteur de l'Hotchkiss s’essouffla vite, manquant nettement de puissance. Mon père pensant logiquement que la marche arrière (MA) est bien plus démultipliée que la 1ère, attela la caravane sur l'ensemble pare-choc avant et traverse de longeron de châssis la plus avancée de l'Hotchkiss pour, finalement, franchir la côte en marche arrière.
Hotchkiss - Historique et évolutions des modèles.
Les origines américaines de la grande firme française Hotchkiss se confondent avec la guerre de Sécession, durant laquelle l'industriel Benjamin Berkeley Hotchkiss fit fortune dans la fourniture d'armes, avant d'installer en France une usine d'armement à Saint- Denis, peu après la guerre de 1870/71. La firme, réputée pour ses armes automatiques, aborda la construction automobile dès 1904, en suivant deux orientations: la création de très grosses voitures de course et la production d'une voiture de luxe moyenne. Les racers de course ne connurent pas de grandes victoires, mais la première 20 CV eut un succès immédiat qui instaura la réputation de la marque.
Au cours des années suivantes, Hotchkiss diversifia ses fabrications ; d'abord vers le haut, avec des 6 cylindres à grande puissance, puis vers le bas, avec des 16, puis 12 CV qui consolidèrent l'image de la marque. En particulier le type Z de 1910/14 (4 cylindres 80 x 120, 2412 cm3) fut le prototype de toutes les célèbres 12/13 CV d'après 1920. Précisons que les grosses 4 cylindres (18/22 et 20/30 CV) et les 6 cylindres (28/30 CV) étaient également d'excellentes voitures, mais produites en faibles quantités.
Après 1918, Hotchkiss modernisa le châssis 18/22 CV, qui devint le type AF, puis AL lorsqu'il reçut des soupapes en tête.
Mais la situation financière favorable de la firme incita sa direction à lancer une rivale de la 32 CV Hispano-Suiza; l'ingénieur M. Sainturat dessina ainsi un superbe châssis 30 CV, à moteur 6 cylindres 100 x 140 (cotes de l'Hispano) et soupapes en tête commandées par excentriques. Ce type AK ne fut pas produit, mais on lui emprunta maintes solutions pour les châssis qui suivirent.
L'histoire moderne commença avec le lancement, pour l'année-modèle 1923, d'un châssis 12 CV très équilibré, bien équipé et rapide: le type AM, descendant direct de l'excellente Z, mais ayant bénéficié de la collaboration permanente de talentueux ingénieurs anglais. Très appréciée en tourisme comme en sport, l'AM devint vraiment elle-même en 1926, avec l'adoption des soupapes en tête : ce fut le type AM2, celui qui assura seul la haute réputation de la marque de 1926 à fin 1928, appuyé par le slogan : Le juste milieu »>.
Une 17 CV 3 litres 4 cylindres, dite AM2 bis, remporta de beaux succès en sport, mais l'entrée d'Hotchkiss dans cette classe coïncida avec le retour au 6 cylindres en octobre 1928. C'est l'ingénieur italien Bertarione qui fut chargé de créer un moteur << 3 litres Six », et il réussit si bien ce bel ensemble dénommé AM80 (80 x 100) que celui-ci demeura fondamentalement le même jusqu'à l'extinction de la production des voitures particulières en 1954, soit un quart de siècle plus tard.
Dès lors, les productions d'Hotchkiss se centrèrent sur ce tandem de deux moteurs : le 4 cylindres 13 CV, remanié en 1933 en 11 et 13 CV (nouveau);
le 6 cylindres 17 CV, diversifié en 14 et 20 CV.
Le succès de ces modèles successifs des années 30 fut considérable, appuyé par une quadruple victoire au Rallye Monte-Carlo en 1932, avec une 4 cylindres suralésée; en 1933, 34 et 39, avec des 6 cylindres 20 CV. En marge de cette lignée de routières classiques, Hotchkiss assura également, à partir de la fin de 1937, la production de la voiture Amilcar Compound B38 de l'ingénieur J.A. Grégoire.
Après guerre, l'usine reprit la fabrication des modèles 6, puis aussi 4 cylindres, ainsi que celle des camions rapides de la marque. En 1951, ces séries classiques furent modernisées, notamment avec les roues avant indépendantes, Hotchkiss signant encore deux victoires au Rallye Monte-Carlo. A nouveau, l'usine produisit aussi une voiture de conception J.A. Grégoire : la révolutionnaire Hotchkiss-Grégoire, construite en petite série.
Contrôlée par Peugeot, et ayant fusionné avec Delahaye, la firme fit partie du groupe Brandt, produisant encore après 1954 des « Jeep » sous licence Willys et des engins militaires, tel le Crotale.
Le châssis d'une 11CV 1934 exposé dans le magasin Hotchkiss des Champs Elysées - Une 411 1933 qui ne dispose pas encore du pare-choc avant à doubles lames.
Caractéristiques techniques des 411.
TYPE 411 - Moteur 11 CV, 4 cylindres en ligne à soupapes en tête, 2 000 cm3 (80 x 99,5 mm), 50 ch à 3 800 tr/mn. Transmission classique, boîte 4 vitesses. Freins mécaniques. Direction à vis et écrou, volant à droite. Suspensions AV et AR à essieu rigide avec ressorts longitudinaux à lames. Pneus: 5,50 x 18 Dunlop. Empattement : 292 cm. Voie : 143 cm. Poids: 1 300 kg. Vitesse: 105 km/h. Prix au Salon 1933: châssis nu 29 000 F; berline Cabourg 38 600 F; berline allongée Monaco 38 600 F; coach Côte d'Azur 35 900 F; faux-cabriolet Riviera 35 900 F; cabriolet Biarritz 35 900 F; roadster Hossegor 35 900 F; coupé Basque 35 900 F; familiale Vichy 39 600 F.
TYPE 411 S-Mêmes caractéristiques que le Type 411, sauf : moteur 13 CV, 2 300 cm3 (86 x 99,5 mm), 58 ch à 3 800 tr/mn. Vitesse: 110 km/h. Prix : châssis nu 30 000 F; berline Cabourg 39 900 F; supplément de 1 300 F unifié sur toutes les autres carrosseries du Type 411.
Pour la troisième fois consécutive, une Hotchkiss gagne le Rallye de Monte-Carlo en janvier 1934. Pilotée par Gas et Trévoux, la 20 CV N°4 partie d'Athènes est arrivée première. - La Carrosserie spéciale de la voiture des recors Hotchkiss se raccrde directement au châssis sans aucun bssage.
Les records
Lorsque le Grand-Palais ouvre ses portes le jeudi 5 octobre 1933, il y a exactement trente ans que la firme Hotchkiss participait à son premier Salon de l'Automobile.
D'ABORD spécialisée dans la fabrication des armes depuis le dernier tiers du XIX siècle, l'entreprise Hotchkiss créa une branche automobiles en 1903 et présenta ses premiers modèles la même année au 6o Salon de Paris inauguré par le président Emile Loubet. Aujourd'hui, trente ans plus tard, les automobiles Hotchkiss ont acquis une renommée certaine dans la classe des voitures moyennes supérieures. La gamme 1934 se compose de quatre modèles: deux avec moteur quatre cylindres de 11 ou 13 CV et deux avec six cylindres de 15 ou 20 CV. Ces voitures sont apparues au début des années trente et, jusqu'à l'année-modèle 1933, elles ont toujours été équipées d'une imposante calandre plate et verticale. À partir de cette année, la calandre des Hotchkiss devient concave et s'incline légèrement tandis que toutes les carrosseries se modernisent. La gamme exposée au Salon de Paris 1933 bénéficie d'une excellente publicité grâce aux deux victoires consécutives remportées par Hotchkiss aux éditions 1932 et 1933 du Rallye de Monte-Carlo. L'image sportive de la marque va se renforcer trois mois plus tard lorsque la 20 CV de Gas et Trévoux gagnera la 13 Rallye de Monte-Carlo; la voiture n'est pas de l'année mais cela n'a aucune importance pour les dirigeants de la firme car il s'agit d'un détail qui n'apparaîtra pas dans les nombreuses publicités parues à la suite de cet exploit. Sur sa lancée, Hotchkiss s'attaque le 7 mars suivant au record du monde des 48 Heures qui va être battu à 153,470 km/h de moyenne. Pour cette performance, la voiture pilotée par les Anglais Eyston et Denly n'était pas la plus puissante de la gamme Hotchkiss mais au contraire une petite » 4 cylindres 2 litres sans compresseur : le précédent record (151,918 km/h de moyenne) appartenait depuis novembre 1931 à une Alfa Romeo 1750 avec compresseur.