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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Auto Saga

Réédition d'un article initialement publié le 28/07/2011 à 10:03

Toute Histoire vécue s'inscrit dans un contexte particulier... à travers ses épisodes, celle qui suit, n'échappe pas à cette règle ...

 

 1971, l'année des imprévus... des bévues aussi...

Comme vous l'avez peut-être lu dans ces pages, l'année d'avant, les grandes vacances s'étaient déroulées en Grèce, une expédition qui tenait de l'aventure avec les conséquences que l'on sait... certes, ce fut un voyage inoubliable mais à l'issu duquel je m'étais retrouvé sans voiture … Il m'a fallu économiser sévèrement pour en acquérir une nouvelle ce qui fut fait à la fin du mois de Mai 1971 tel que raconté ici...

L’Été n'avait pas bien commencé il faut dire que l'année de travail avait été rude et en Juin, étant responsable du pavillon Saint François en l'absence de la famille B. partie en vacances, je n'étais pas à la fête avec un nouveau pensionnaire, Georges B. placé pour la première fois en institution à l'âge de 32 ans, qui donc ne s'y plaisait guère et avait pris la fâcheuse habitude de fuguer chaque jour aux aurores. Il n'allait jamais très loin se contentant de faire un tour du parc. A chaque fois, me levant dans l'urgence je le retrouvais se promenant sur la charmille, l'air hagard … « Vous savez Monsieur Lucquiaud, je m'ennuie, je voudrai revoir mon frère et retourner chez mes parents ». Ses parents habitaient à Ille sur Tet dans les Pyrénées Orientales à quelques 950 kilomètres du Centre Saint Martin sis, lui, en Normandie...

Ainsi chaque jour de ce mois de juin là, étais-je condamné à me lever tôt pour quérir notre promeneur très matinal et le ramener au pavillon ... Ce petit jeu ne m’amusait guère car notre brave ami se levait le plus souvent sur le coup des 4 heures du matin quand la plus-part des résidents et moi aussi étions engoncés dans notre sommeil le plus douillet et profitable… De ses compagnons de chambre, il y en avait toujours un qui se, réveillant, s'apercevait de son absence et venait m'avertir de sa disparition. Je partais aussitôt à sa recherche… Le pli était pris... dès le lever du jour, Georges partait en promenade dans le parc. J'étais rassuré par le fait qu'il s'en tenait aux limites de notre propriété qu'il ne franchissait pas… Contre cela, rien y faisait, malgré mes semonces et autres recommandations, Georges réitérait ses escapades dès les premières lueurs du jour… Mis en confiance par le fait qu’il s’en tenait à ces promenades internes, je ne m’affolais plus et pris le parti de le laisser vagabonder à sa guise, d'autant que le dénommé Georges était toujours de retour à l'heure du petit déjeuner ; ventre affamé se manifestant fort opportunément …

 

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Mais un matin il a franchi le seuil… Il était 5 heure quand le grand Patrick est venu me réveiller... 

  • Georges est encore parti Monsieur Lucquiaud ! 

  • C'est bon, laissez-le donc tranquille, il fait sa promenade matinale comme d'habitude il reviendra à l'heure du petit déjeuner …

  • Oui mais hier soir il nous a dit qu'il allait retourner chez ses parents …

  • Il dit cela tous les jours… Bien, laissez-moi maintenant, j’irai au devant de lui tout à l’heure…

Sans plus m'en soucier, je replonge un temps dans les bras de Morphée jusqu'à 6H30, heure à laquelle je me lève habituellement afin d'être prêt pour effectuer, à 7 heures, le lever des résidents... Ce faisant, je m'aperçois que Georges a laissé son survêtement qu'il ne manque jamais de porter sur lui à chacune de ses sorties matinales. Il a du prendre une tenue plus classique. Au vestiaire du sous-sol, je me rends compte qu'il a pris son blouson de velours beige, sa casquette à carreaux ainsi que ses chaussures de ville en daim... cela m'inquiète un peu...

A 8 heures, au moment du petit déjeuner, notre gaillard ne s'est toujours pas présenté … à cet instant, je me dis que l'affaire devient plus sérieuse. Une heure plus tard, au départ pour les ateliers, Georges n'est encore pas de retour. Je vais aussitôt signaler son absence à la direction, expliquant que comme d'habitude Georges s'est levé tôt pour faire son tour de parc mais que cette fois il n'est pas revenu prendre son petit déjeuner et que je regrette de ne pas lui avoir emboîté le pas bien que je fus averti par Patrick du départ de Georges à 5 heure du matin… Georges D. le directeur du Centre, sourit et me dit qu'il n'y a pas lieu de s’affoler que notre fugueur intempestif ne doit pas être bien loin et qu'il va certainement réapparaître d'une minute à l'autre.

A midi, Georges était toujours absent. Suivant la procédure la gendarmerie fut avisée de sa fugue en début d'après-midi …On donna son signalement. Il devait être habillé d'un jean, d'une chemisette bleu clair, d'un blouson de velours beige, d'une casquette écossaise et de chaussures en daim.

Pendant le temps de sieste de 13H45 à 14H45, j'effectuais un tour de parc, inspectant le plus grand nombre de fourrés, mais n'y trouvais pas notre ami Georges...

Comme il n'était toujours pas rentré à l'heure du dîner, le soir après mon service, avec un collègue nous avons commencé à sillonner en voiture la campagne à l'entour, questionnant aussi quelques voisins… Personne n'avait vu notre résident fugueur et nous ne le rencontrâmes sur aucun des chemins et routes que nous avions parcourus ce soir là.

Le lendemain de son départ, Georges n'a pas réapparu ni les jours qui suivirent. Le premier jour de sa disparition, sa famille fut prévenue de sa fuite. Le troisième jour son père s'est présenté au Centre. Bien sûr, je fus mis immédiatement en contact avec lui, tenu de lui narrer dans le détail les comportements de son fils, ses escapades matinales, tous les faits y compris ceux engageant ma responsabilité lui avouant mon relâchement de vigilance au cours des derniers jours qui ont précédé la fugue... Le père de Georges, grand personnage par la taille mais aussi par le grade, étant, dans sa région Midi-Pyrénées, un haut fonctionnaire de l’État, ne me fit aucun reproche mais, exigea, en accord avec G.D. Directeur de notre institution, que je sois mis à sa disposition pour, avec lui, effectuer des recherches dans le voisinage et sur toutes voies que son fils aurait pu emprunter...

 

C'est à bord de ma 4L achetée d'occasion un mois plus tôt que nous sillonnons toutes les routes et chemins de la région environnante ne manquant pas de demander à chaque personne se trouvant sur notre passage si elle n'a pas aperçu Georges dont on décrit l’accoutrement, montrant également une photo de notre fugueur. Après une journée de recherche, nous ne sommes pas plus avancé car toutes les personnes interrogées n'ont pas vu Georges …

Le temps passe et l'inquiétude se fait de plus en plus oppressante . Un avis de disparition a même été émis sur les ondes passant en boucle sur France Inter et RTL … Le papa de Georges a le bras long car le 4ième jour de sa disparition il a obtenu l’assistance d'un escadron de gendarmes et le regroupement des hommes des casernes de pompiers des environs. Arrivés dès 9 heures du matin sur place, une bonne centaine d'hommes en tenue de combat assistés de 2 maîtres chiens et de leurs compagnons à quatre pattes, vont ainsi ratisser toute la région à l'entour du Centre : Champs, ruisseaux, bois, bosquets, brandes, dans un périmètre de plusieurs kilomètres sont parcourus en tous sens et inspectés dans le moindre recoin.

Il y a bien eu quelques alertes résultant d'odeurs de corps en décomposition mais à chaque fois il s’agissait de charognes provenant des cadavres de petits animaux...

Un tel déploiement de force avait bien sûr, fortement impressionné les résidents du Centre et au cours de cette journée, ce ne fut pas facile de gérer l'excitation et le stress résultant de cette intervention en nombre de la gente soldatesque …

Personnellement, comme on dit, j'étais dans mes petits sabots... pas question de parader... j'étais loin d'être fier et surtout très angoissé par le sort du résident qui nous avait faussé compagnie...

Chaque soir, je parcourais la campagne à l'entour, espérant l'apercevoir à une sortie de virage …

Une semaine s'écoula, le père de Georges regagna sa province, espérant que le cauchemar allait cesser sous peu, qu'avec toutes les démarches faites et avis passés, on aurait bientôt des bonnes nouvelles de Georges... Tous, nous nous accrochions à cet espoir...

G.D. Le directeur du Centre, me voyant morfondu, le moral dans les chaussettes, me rappela qu'avec la fin du mois toute proche, c'était le moment de prendre mes vacances et de réaliser mon projet de voyage en Autriche lequel était programmé depuis plusieurs mois. En effet, j'avais prévu d’assister au festival de Salzbourg et pour ça, m'était fixé de séjourner dans les Tauern où nous étions passés l'année précédente au départ de notre aventure Grecque …

  • Il n'est pas question que je parte, avais-je rétorqué à mon patron, tant que Georges n'est pas rentré, je reste ici.

  • Ah, Non Lucquiaud , vous devez absolument partir, il ne sert à rien que vous restiez là à tourner en rond ! Allez faire votre expédition, donnez moi vos coordonnées et on vous avertira dès que l'on aura retrouvé Georges, parce que immanquablement il va réapparaître et ça sous peu ayez confiance ! Et puis il faut que vous soyez reposé et en forme pour la rentrée, n'oubliez pas que l'on compte sur vous pour assurer la permanence d'Août auprès des résidents pupilles dont vous devez, avec Alain B. animer le temps de vacances...

Les collègues s'y mirent aussi m'encourageant à lever l'ancre et surtout m'aérer l'esprit…

 

C'est ainsi que le lundi 28 Juin à 21H, m'étant reposé tout l'après-midi avant de charger tout mon barda dans la 4L, je prenais la route en direction de l'Est …

 

à suivre  ICI

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F
Passionnant, mais là, tu fais preuve de sadisme. Qu'en est-il de Georges? A t-on retrouvé sa trace?
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F
Francis Dreyfus, Merci de ton passage et de ta lecture attentive. Pour le sort de Georges, tu le découvriras dans un des épisodes à suivre... la suite demain... ????
D
quelle aventure, suspense !
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E
C'est pire que l'histoire de mon poisson rouge. T'as du te faire des frayeurs ! C'est là qu'on voit que la petite 4 L rendait bien des services ; pour crapahuter, elle valait les 4X4 d'aujourd'hui !
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O
<br /> <br /> mon père avait acheté une 4 l et je lui piquais pour partir en vacances avec mes deux enfants, quest ce qu'on a pu se marrer en montagne avec, elle avait une pêche du tonnerre<br /> <br /> <br /> lorsqu'il est revenu vivre a coté de chez nous il y a  10 ans, elle a fini a la casse, mais elle etait encore bien je trouvais<br /> <br /> <br /> bisous les Farfadets<br /> <br /> <br /> <br />
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FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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