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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Auto Saga

Réédition d'un article initialement publié le 08/08/2011 à 10:14

En 1971, l'autoroute de l'Est n'éxistait pas...  j'étais donc passé au nord de Paris ralliant Reims puis Vitry-Le-François où j'ai emprunté la N4 jusqu'à Strasbourg.

En 1971, l'autoroute de l'Est n'éxistait pas... j'étais donc passé au nord de Paris ralliant Reims puis Vitry-Le-François où j'ai emprunté la N4 jusqu'à Strasbourg.

J'ai toujours aimé conduire de nuit, et je conviens que pour ce premier jour de voyage j'ai amplement profité de l'occasion roulant tout mon soûl au clair de lune… Enfin, pour le clair de lune, c'est sûrement exagéré car le ciel était déjà couvert au départ d'Etrépagny et, si mes souvenirs sont exacts, il semble bien, qu'il le soit resté les trois jours suivant... mais, au volant, ce n'est pas le ciel que l'on regarde, c'est la route qui défile éclairée par nos projecteurs… Cela est même fascinant, cette ambiance des paysages aux abords qui surgissent dans le halo de vos phares... Il y a bien sûr les usagers qui, en sens inverse, peuvent vous éblouir... un bon conducteur sait où il faut porter son regard à chaque fois que l'on croise une voiture de nuit... il doit toujours le porter à au moins à 50 mètres et orienté vers le bas côté droit de la route. Reste effectivement le trou noir, au delà de la zone éclairée d'environ 30 mètres qu'éclairent vos feux de croisement quand ils sont réglés correctement … En tous cas, il ne faut jamais fixer directement les phares de l'auto qui vient à votre rencontre.

Il en demeure que rouler de nuit a ses avantages avec beaucoup moins de circulation qu'en journée et la sérénité propre à la nuit. Ayant à bord la radio les émissions sont, elles, adaptées a la circonstance avec plus de musique variée et des interviews du style détente pour têtes reposées. Déjà à cette époque, « Route de Nuit » animée par Roland Dhordain sur France Inter, est un excellent modèle du genre ; une émission complétée, l'année suivante par celle, incontournable, diffusée sur RTL et animée par Max Ménier : « les Routiers sont sympa » Ainsi pour les rouleurs nocturnes sont diffusés en permanence : bulletins de route, assistance entre camionneurs, chansons et airs en vogue  constituant un savoureux panachage d'informations, de conversations entre usagers et de variétés musicales, le tout distillé dans une ambiance chaleureuse quasi familiale ...

La 4L en Autriche : Nocturne sans clair de lune ...

Encore à cette époque, le long de nos nationales nombreux sont les relais, restaurants routiers et stations services qui restent ouverts toute la nuit ; ça a un côté très rassurant qui fait que l'on ne se sent pas seul sur la route...

Alors, on va son train en s'arrêtant dès que la fatigue se fait sentir, sachant qu'il y a toujours un bon endroit pour savourer un café bien chaud, manger un morceau, soulager sa vessie, faire un brin de toilette, somnoler quelques instant sur une banquette, se détendre en conversant avec un de ces routiers sympa ou le patron de l'établissement tout en grillant une cigarette accoudé au zinc. Puis, après la pause, faire encore quelques pas au dehors pour prendre quelques bonnes bouffées d'air frais avant de se remettre au volant… J'adorais cette ambiance propre aux voyages de nuit que tous bons road-movies, dignes de ce nom, devraient savoir restituer en images... Aujourd'hui, ils tiennent du légendaire !...

Et, en apothéose de ces instants à « brûler le pavé » vient celui permettant d'assister au lever du jour qui graduellement empourpre les paysages, les nimbant de cette somptueuse lumière dorée aux premiers rayons du soleil levant. Surgissant de l'horizon, juste dans votre champ de vision, il nécessite (surtout circulant en direction de l'Est) que vous rabattiez d'urgence le pare-soleil, car ce feu du ciel a un rayonnement bien plus puissant que ceux des phares des autos croisées au cours de la nuit …

Mais ce matin du 29 juin 1971 je n’avais pas eu à le rabattre ce fichu pare-soleil, car beaucoup de brume s'était formée dès le lever du jour. S'étant dissipée une heure plus tard, c'est sous un ciel bien nuageux et maussade que j’eus à rouler.

A 7H30 du matin, ayant passé Strasbourg je franchissais le pont de Kehl. Passage de frontière... j’arrivais en Allemagne sous une pluie battante …

J’entamais alors la traversée de la Forêt Noire … Ici, la nuit se prolongeait le jour car la route sinueuse plongeait sous de hautes et abondantes frondaisons dégoulinantes d'une pluie qui transformait l'asphalte en miroir cendré. Ambiance très sombre... cette forêt porte bien son nom ! … On est obligé de rouler phares allumés... en outre, il y a pas mal de circulation et nos voisins germains ayant depuis longtemps adopté la lumière blanche sur leurs berlines pour éclairer leur route, il me faut un certain temps pour m'habituer à ce florilège de scintillements qui m'aveuglent, à bord de ma petite 4L aux projecteurs jaunes... Je progresse donc à allure de sénateur ce qui ne manque pas d'exaspérer ceux qui me suivent et qui, au sortir d'une succession de virages, profitent de la moindre portion de ligne droite pour me dépasser dans un rugissement mécanique. Les Allemands ont toujours aimé les voitures, surtout celles cossues qui ont du brio... au pays des Mercedes, BMW, Audi et Volkswagen, même une humble Opel Kadett ne se doit pas de traîner sur la chaussée… moi, dans ma 4L je suis un véritable escargot en comparaison...

Au bout d'une heure de cet exercice, mon estomac grogne, ayant passé Freudenstadt, je m'arrête à l'un de ces typiques Gasthaus qui abondent sur ce parcours en Scharzwald. Dans l'univers douillet d'une salle à manger aux murs recouverts de boiserie, je m'offre un copieux petit déjeuner, très substantiel comme les apprécient les habitants de ce germain pays...

Ulm CathedralIl m'a fallu plus de trois heures pour parcourir les 150 kilomètres de cette route interminable me menant aux abords de Stuttgart. Il est presque 11H du matin lorsque j'arrive sur l'autoroute A8 (E 52) filant alors en direction de Munich...

La pluie a cessé mais le temps reste gris. Sur ce long ruban d'autobahn, je peux enfin rouler bon train, c'est à dire à du à 110 /120 compteur ce qui n'empêche pas que je sois en permanence dépassé par quantité de bolides de construction allemande. Un flot incessant de ces grosses cylindrées me remonte sur la voie de gauche. Il y a aussi des poids lourds qui circulent en nombre sur la voie de droite et parmi ceux-ci bien plus de camions avec remorques à deux essieux séparés que de tracteurs routiers avec semi comme on en voit fréquemment chez nous en France … Il me faut conduire l’œil rivé au rétroviseur pour, à mon tour, dépasser ces longs convois plus lents ...

Ayant prévu de faire étape à Ulm pour y visiter sa magnifique cathédrale gothique au très haut clocher, compte tenu de l'allure soutenue présentement, je pense y parvenir sur le coup de midi ...

Hélas, il en sera tout autrement, un claquement sinistre sous le capot moteur entraîne l'arrêt immédiat de la 4L. Dans un bruit épouvantable de casse-noisette, je me rabats aussitôt sur l'étroite bande d'arrêt d'urgence...

 

à suivre ICI

Commenter cet article
C
Patrice, après Strasbourg c’est le pont de kehl car Kiel est une ville du nord de l’Allemagne,c’est un port .<br /> Peu importe vous avez fait un super voyage ,le jour c’est aussi ????,mais oui il y a plus de monde …<br /> Merci pour ces excursions de nos jeunes années.
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C
Bonjour Christiane, Merci, vous avez raison, c'est le pont de Kehl, localité de l'autre côté du Rhin, face à Strasbourg. Je corrige l'erreur. Amitiés. ????
F
J'attendrai demain avec une impatience fébrile ce récit qui me passionne. Ce bruit de moteur ne serait-ce pas une bielle de coulée? Amitiés Patrice. . Bonne journée
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D
aïe ! mais cette route de nuit m'évoque des souvenirs, en un autre temps pour les autos...<br /> c'est pas faux ce que dit Eliane...
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E
Ecris des bouquins, tes aventures se lisent comme un livre !
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Profil


FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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