Suite à la lecture de cet article en page 2 et 3 de La Nouvelle République du Mardi 13 février dernier, je me suis fait cette réflexion : 14 ans après le passage du tandem Père Noël et Noël Fadet, à Ménigoute, ces deux là auraient pu connaître une sacrée mésaventure qui, en transformant son traîneau en barge de Noé, qui, son vieux pick-up Ford, en OFNI (Objet Flottant Non Identifié) car la région a failli être pour longtemps recouverte par les eaux.
En 1989, au centre Est du département des Deux-Sèvres, dans la partie limitrophe avec le département de la Vienne, il était question de construire un barrage au lieu-dit La Grimaudière, qui allait transformer le bocage parthenaisien en super marécage, un lac de deux à trois centaines d'hectares où seraient engloutis champs cultivables, prairies fertiles, et des dizaines d'exploitations agricoles...
Illustration dans l'article en page 2 de la NR : plan de retenu d'eau dans le secteur de Ménigoute (79).
Page 2 de la NR ce titre en gras :
"Il y a 35 ans, les Deux-Sèvres voulaient faire de la Gâtine un château d'eau. Le barrage de la Grimaudière devait soutenir le Clain pour les irrigants de la Vienne et l'eau potable de Poitiers".
Je retiens cette phrase du préfet de la Vienne, mentionnée en début d'article, opportunément prononcé fin janvier, à l'adresse d'un syndicaliste, pour tenter d'apaiser la colère des agriculteurs, à propos des problèmes d'irrigation :
Si le barrage de La Grimaudière avait été réalisé, on ne parlerait même pas des problèmes d'eau ni de réserve !
Avoir de l'eau à volonté et, en réserve... peut-être... mais alors, au prix de quels sacrifices ?...
Tandis que Jacques Santrot, maire de la ville de Poitiers, était contre ce projet, on apprend que René Monory hésitait...
Suit, ci après, le témoignage de Guillaume Grasset agriculteur à la ferme de Breuillas.
Ils m'ont fait perdre 10 ans de ma vie ...
Je perdais toute ma ferme...
C'était mon expropriant la CAEDS (Compagnie d'Aménagement des Eaux des Deux Sèvres)... j'ai hérité cette ferme de mes grands parents installés en 1800...
Ils voulaient me faire disparaître, il n'y a pas d'autres mots...
Des dizaines de fermes étaient concernées partiellement ou totalement par la submersion résultant du barrage de La Grimaudière. Ce projet a jeté la discorde entre voisins.
Il y eut heureusement des opposants à ce projet mal né et surtout mal présenté. Ségolène Royal, alors ministre de l'environnement en 1992 a refusé de signer en faveur de ce barrage.
35 ans plus tard, Il en est qui, par contre, le regrette comme Claude Roulleau s'exprimant ainsi :
C'est une erreur de l'avoir arrêté, un manque de vision lié à un manque de courage...
Paysage de la Gâtine parthenaysienne, caractérisé par l'ordonance naturellement écologique de son bocage. Région au sous-sol de granit imperméable jouissant de précipitations abondantes.
A l'heure des bassines, que penser aujourd'hui de ce projet avorté ?...
Si certains disent qu'il aurait été judicieux et utile qu'un tel projet voit le jour en servant les irrigants du monde agricole, tout en assurant une abondante réserve d'eau pour les habitants de Poitiers, je pense avec d'autres, certainement nombreux, que la submersion d'une partie importante du bocage de la Gâtine parthenaysienne, entraînant la disparition de terres cultivables, de pâtures et de nombreux corps de ferme, aurait, en outre, provoqué une catastrophe environnementale et écologique de grande ampleur, en faisant disparaître le paysage typique de cette belle et fertile région qui avait échappé aux effets néfastes du remembrement en conservant ses haies.
L'eau bientôt objet de guerre, on le constate hélas avec les créations de bassines devant permettre aux agriculteurs et éleveurs d'avoir des réserves d'eau suffisantes pour leurs besoins en saison estivale, ceci au détriment d'autres besoins en eau à usage domestique et surtout au détriment du bon niveau des nappes phréatiques et du débit régulier des cours d'eaux.
L'eau en partage, face au partage des eaux, savoir en maintenir et pondérer le courant.. devient aujourd'hui, une source de profondes réflexions autant que de sagesse dans les mesures à prendre pour en user à bon escient à travers les multiples et très variés besoins.