Aux champs... à l'étable... au lavoir... et mère Au foyer...
Le mardi 27 février dernier, alors que le salon de l'agriculture battait son plein, après une première journée d'ouverture tumultueuse, France.2 diffusait, en prime-time, un documentaire édifiant, suivi d'un débat, sur le passé et le présent des Femmes de la terre.
Elles sont, jusqu'à récemment, les grandes oubliées de la vie de nos campagnes, de ce monde paysan qui, depuis des lustres, occulte la part considérable des tâches et le labeur accomplis par ses paysannes...
Gros plan, au cours d'un siècle et demi de temps, sur leur double engagement dans la vie domestique d'une part, et la vie à la terre, d'autre part, cela au rythme des journées interminables, des mois précipités, des saisons, contraignantes, et des aléas de la météo qui ordonnent ou contrarient les travaux aux champs entre ensemencements et récoltes. Les femmes de la terre participent à toutes ces besognes harassantes autant qu'à celles ménagères si répétitives, et, en sus, elles élèvent leurs enfants, tout cela sans jamais se plaindre, infailliblement au service de la famille régie par le patriarcat.
Trois générations posent pour la photo - Rassemblement entre voisins pour les battages - Labourage défrichage - Au poulailler...
Elles sont partout présentes et, à la fois, invisibles... elles tiennent le second rôle derrière les hommes qui, eux, font le rude travail... A la maison, tandis que les hommes et les enfants prennent leurs repas, la mère de famille reste debout près de l'âtre ou au fourneau pour entretenir le feu, maintenir la cuisson, puis servir les attablés... Dans cette attitude, sans doute séculaire, tout est signifié du statut des femmes à la ferme : maîtresses de maison mais aussi corvéables... Quand longtemps, nombre de ces épouses trouvent dans ce rôle une certaine part de dignité, d'autres, sans être "effrontées", y perçoivent un maintien en soumission dont, un jour, il faudra bien se démettre...
Témoignage de Marie-Louise née en 1925 dans le Périgord :
On vivait sous le même toit avec mes beau-parents, mais aussi avec le pépé et la mémé, les grands-parents de mon mari. On produisait tout. Ma belle-mère menait tout le monde à la baguette, jamais de repos, jamais de dimanche sauf pour aller à la messe... Mon mari était aide familial et moi, je n'existais pas. Ma belle-mère ne m'a jamais bien aidée. Elle disait que ce n'était pas un travail bien fatiguant de garder des dindes. Pour elle le travail c'était physique... quand elle se reposait, elle raccommodait, elle cirait les meubles, elle brodait des napperons ou elle tricotait. Mais je ne l'ai jamais vu flâner ou ne rien faire. Ce n'était pas elle...
Il n'est pas de travaux agricoles auxquels les femmes ne participent pas et s'y trouvent physiquement autant engagées que les hommes... cela sans revenu et parfois sans la moindre considération...
Suite du témoignage de Marie-Louise - "Quand femme sait agir" - Page 139 :
En 1950, je n'avais aucune autonomie, je dépendais de mon mari pour un peu d'argent. Chaque fois que je voulais acheter un vêtement aux enfants ou me faire un petit plaisir, je n'avais rien. Alors, j'ai décidé de faire évoluer la propriété et de diversifier les activités pour que la femme ait un petit revenu. [...] J'ai donc lancé un petit élevage de canard gras et de dindes. Mes élevages m'ont permis d'avoir de l'argent pour élever mes enfants, pour moderniser un peu la maison et pour aller faire quelques voyages.
C'était là, un premier pas manifeste d'indépendance...
Dans cet excellent documentaire, c'est tout le chemin de cette âpre conquête de liberté et de reconnaissance des droits - s’ajoutant aux devoirs qu'elles accomplissaient depuis "la nuit des temps" - des femmes d'agriculteurs qui est raconté, avec chaque étape importante de cette quête qui les a conduites à l'indépendance, puis à l'autonomie, puisque, aujourd'hui, la nouvelle génération de jeunes femmes intéressées aux métiers de la terre, choisit librement d'être Agricultrice-Éleveuse, et devient Cheffe de sa propre entreprise agricole.
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