En Eté 1964 au château de "Beauregard" (Indre) : Nos petits colons encadrés par Georges en haut à droite sur la photo et mezigue, en bas.
Le jeu c'est aussi de la création... à l'école cet espace-temps c'est la récréation (Re-création)
Le séjour de Pâques 1965.
Je n'ai pas manqué ce rendez-vous avec l'enfance, la jeunesse et les jeux de plein air. Retour à Beauregard pour deux semaines d'animation aussi joyeuses que mouvementées.
Depuis le mois de Septembre précédent, j'avais entamé une carrière de représentant de commerce sous la férule paternelle en prospectant en campagne pour vendre aux agriculteurs éleveurs, des produits vétérinaires dont la vente, à cette époque, n'était pas réglementée au seul profit des professions vouées à la santé animale. Nombreux étaient les laboratoires indépendants qui fournissaient des médicaments, des compléments alimentaires et des produits phytosanitaires pour le bétail à des agents commerciaux en faisant librement la vente. auprès d'une clientèle à constituer aux cours de tournées régulières dans des secteurs, par eux, définis.
J'avais commencé cette activité en prospectant en mobylette, avec quelques échantillons dans les sacoches... jusqu'à ce que j'obtienne le permis de conduire en novembre 1964. C'est donc en Dyna Panhard achetée d'occase que je poursuivis mes tournées de ferme en ferme, dans un secteur de 30 à 50 km autour de Mirebeau.
C'est donc en voiture que je retournais à Mezière-en-Brenne pour, au cours des deux semaines de vacances scolaires, animer des pioupious en colo. Entre jeux dans le parc et activités de loisirs en intérieur, suivant les caprices de la météo, le séjour passa très vite. Avec Marc, un collègue de notre équipe des "11 - 12 ans", nous avions, à la va-vite, créé un sketch à faire interpréter par nos colons à la fin du séjour.
"La machine infernale"... était à la fois le titre, et l'objet au service de l'intrigue du sketch.... Il a donc fallu imaginer puis construire la dite machine infernale Mais, avant cela, il a fallu déterminer en quoi cette machine serait infernale, c'est à dire, manifestement hors contrôle, dès sa mise en route. Un truc farfelu jusque dans la désignation des éléments composant la machine et la définition de ses fonctionnalités. Là commença le délire et avec nos jeunes garçons et filles, on s'en est donné à cœur joie, passant l'essentiel de notre temps à l'élaboration du scénario et à la construction de la machine. Le soir, après le coucher des pioupious, nous, les monos, poursuivions jusqu'à plus de minuit nos préparatifs autour de la diabolique machine, nous amusant et riant de bon cœur de nos trouvailles et inventions de mots techniques abracadabrantesques, à la Pierre Dac.
En réalité, ce fut surtout beaucoup d’occupation autour du montage de la machine plutôt qu'une mise en œuvre de saynète dont nous n'avions pas conservé assez de temps de répétition pour, ensuite la produire, cela se solda par une présentation de la machine dont, tour à tour les colons et nous-mêmes, se voulant doctes et savants, énumérions ses constituants techniques aux noms loufoques et fonctions catastrophistes totalement incontrôlables. Une prestation qui, finalement, fit bien plus rire ses auteurs acteurs que le jeune public ayant assisté à ce bide.
Plan de la Machine infernale et sa terminologie technique délirante
Reniflard rumex – Fouinozof vadrouilleur à moelle fibreuse – Batteur à mayonnaise vertical – Spound Bougnazé à capsule rétractable – Loubarde pyre-amygdale – Phare à Hon – Besou-Besa flagada – Dynamo pétouillarde – Distributeur à crasse hétérogène – Fils conducteurs sans permis – Viromêtre du type Pilou-pilou, antivirus à puces – Sonde à cornichonneries en bocal – Cure-sœur Hulli-Gully du gouloscope pour huile vinasseuse non miscible – Cathode octogénaire à Os molaçon – Vase d’expansion à blabla producteur d’huile de tournesol pour rez-de-chaussée annexe – Pigeomêtre Euréka à virole variable – Trouillomêtre glaglateur – Turbine à nous gars – Distributeur de balourdises chroniques – Mistoufle à pas de vice – Deconnomêtre rechargeable – Pipeau cafouilleur – Levier du potentiomètre perturbant
C'est 7 ans plus tard, que je repris le thème de ce sketch en en récrivant le scenario pour le présenter à la fête de Noël, aux jeunes résidents du Centre médico-social de la Croix-rouge à Recoubeau (Drôme). Cette fois interprété par les éducateurs dont l'un d'eux, accroupi dans le corps de la machine, manipulait tous les accessoires débiteurs d'eau, de farine, de mousse à raser et autres gadgets aux sons aussi improbables qu'incongrus, ce fut une cascade de gags burlesques dont étaient victimes les autres acteurs s'activant autour de cette effarante machine. Cette clownerie avait fait rire jusqu'aux larmes notre jeune public et aussi le directeur de l'établissement qui, la veille, était venu chez moi, pour récupérer la machine que j'avais construite dans mon séjour-cuisine avec un ensemble hétéroclite d'objets récupérés ça et là au cours de mes virées dans quelques décharges des environs. Nous avions dû la démonter en partie pour la loger dans le break 504 du dirlo.
Au Centre aéré du Comité d'Entreprise de la RATP à Gif-sur-Yvette en région parisienne...
Plan de la Ligne de Sceaux - RER B - Le Centre aéré de la RATP à Gif / Yvette, se trouvait au bas de la rue Jean Poulmarch, aujourd'hui remplacé par ces constructions : immeubles et unités pavillonnaires.
Deux mois plus tard, au cours de cette année 1965, ayant délaissé le travail de VRP, au grand dam de mon père, je me retrouvais à Paris escomptant trouver un poste de styliste dans l'industrie automobile. Au bout de deux semaines de démarches infructueuses, me retrouvant sans le sou, je contactais Pierrot F. à Antony qui était le directeur de colonie de vacances de Beauregard lors du séjour pascal. N'étant, hélas pas, en poste pour cette saison d'été, il ne pouvait m'engager comme mono. Il me mit aussitôt en contact avec Marcel P. mon premier directeur de colo, l'année précédente, lequel, devant ma détresse, n'hésita pas à contacter un de ses collègues ami, Raymond T. qui dirigeait le Centre aéré de Gif-sur-Yvette, où, dès le lendemain je fus embauché comme moniteur.
Raymond T. était vraiment un chic type, dévoué à la cause des enfants et de la jeunesse, un animateur hors pair pour son équipe et tous les petits vacanciers accueillis chaque jour au Centre aéré. Il m'a fait tout de suite confiance en me permettant de loger sur place à condition que chaque jour je sois présent dès 7H45 le matin, à la Porte des Lilas pour effectuer le ramassage des enfants en bus dans l'Est parisien et ramener tout ce petit monde déjà bien animé, au Centre aéré sis dans ce joli coin de la vallée de Chevreuse. Cela m'obligeait à me lever aux aurores pour rejoindre à pied, le long des voies de la Ligne de Sceaux (aujourd’hui RER B) Saint Remy-les-Chevreuses où je prenais le train jusqu'à la station Denfert-Rochereau puis le métro, destination Porte des Lilas. Une fois sur deux, j'effectuais le convoyage retour à 17H30. J'ai alors vite pris le rythme précipité du banlieusard...
Ce séjour de 9 semaines, en dépit de la fatigue, j'en garde un souvenir inaltérable, tant l'activité d'animation était enthousiasmante grâce au personnel avenant et entreprenant.
Après le passage à la cantine, où les repas se déroulaient dans la bonne humeur, Raymond T. avait instauré, pour une mise en route tonique des activités de l'après-midi, le moment Sirtaki où, pendant 10 minutes, toute notre joyeuse population entrait petit à petit, dans ce pas de danse grecque jusqu'à la frénésie digne de Zorba. Chouette instant réjouissant pour tous !
Pendant une semaine, avec Chantal B. nous avions organisé des jeux olympiques adaptés à la condition physique de nos pioupious. Quel bonheur de les faire participer à des épreuves de courses à pied, de sauts en tous genre (y compris saute-moutons), lancer de boule de pétanque en bois mais aussi de patates, tirs de fléchettes à ventouse,, tirs à la corde ! J'ai passé quelques soirées à dessiner sur de petits cartons en bristol des drapeaux d'au moins vingt nations (une bonne centaine au total) à agrafer aux polos, puis des médailles récompensant les meilleurs mais aussi les moins bons - Ce qui compte étant la participation et l'envie de se dépasser - Ces enfants et ados ont vivement apprécié ces Olympiades du "Val de Chevreuse", fiers également, de représenter un pays qui n'était pas seulement le-leur.
Raymond était aussi très manuel, particulièrement habile de ses mains, et créatif. Je lui dois de m'avoir appris les techniques pour concevoir des lanternes, abats-jours et vitraux en transparents, autant d'objets confectionnés avec du papier Canson noir à découper puis à assembler après y avoir collé du papier cristal de couleur, respectant formes et contours. Bel effet garanti aux fenêtres mais aussi par illumination d'une flamme de bougie ! Cela constituait avec les jeunes une excellente activité d'intérieur, lorsque le temps était à la pluie.
Le Centre aéré ferma la deuxième semaine de Septembre. Raymond T. avait contacté un de ses amis anciens collègues de la RATP, devenu éducateur dans un foyer d'accueil d'une quarantaine d'enfants en mal-être social, à Montfort-L'Amaury. Le 10 septembre 1965, j'intégrais l'équipe des deux éducateurs déjà en poste, en remplacement de celui qui venait de partir pour effectuer son service militaire.... Ce fut le point de départ d'une carrière que je n'avais nullement envisagé... de Moniteur-Éducateur.
Merci à Vous : Marcel Planche, Pierrot Favier, Raymond Thiebe pour m'avoir communiqué votre joie d'animer, votre enthousiasme à communiquer et créer.