Hier, au côté du café de l'Hôtel de ville - Aujourd'hui disparu, ne subsiste que son voisin, le Bar tabac PMU et son accueillante terrasse.
Nous l'appelions aussi le Café Dansac...
Que de souvenirs, pour moi, enfant puis ado au cours des années 50 et 60 où toute une activité de rencontres entre gens du pays se déroulait dans cet établissement, à cette époque tenu par l'épouse de Lucien Dansac le fondateur, puis par ses deux fils Louis et Claude.
Il y aura bientôt 50 ans...
L'Hôtel de France dans les années 10 et son omnibus - La place de la République dans les années 50, on y aperçoit au fond l'Hôtel de France jouxtant le magasin "l'Etoile" - La démolition au Printemps 1975...
** Mirebeau, 23 Mai 1975 : DISPARITION DE L’HÔTEL DE FRANCE - La place se ternit...
Non sans quelque amertume, les vieux Mirebalais ont vu depuis quelques jours fondre sous leurs yeux l'Hôtel de France. Du cadre de la place de la République, ce bâtiment était un des éléments les plus familiers. Depuis des générations, c'était l'un des centres principaux de l'activité mirebalaise. L'immeuble ayant subi diverses transformations comme la plupart de ceux qui entourent la place, apparaissait comme l'un des plus récents.
Autrefois ce n'était qu'un petit hôtel de chef-lieu de canton qui se doublait d'un café du commerce ». L'Hôtel de France pendant longtemps a possédé son omnibus avec deux chevaux pour aller chercher à la gare les voyageurs venant de Poitiers ou de Loudun. Les anciens de la commune se rappellent cette grande affluence à la gare lors de l'arrivée d'un train et sur la place cette foule joyeuse qui accueil lait parents et amis....
C'est en 1929 que l'hôtel fut reconstruit en pierre de taille par un entrepreneur de la ville, Ernest Roy, sur l'initiative du propriétaire, Lucien Dansac. A ce moment là son nom était régionalement connu et faisait autorité dans le domaine de la restauration. Lucien Dansac était l'homme qui avait créé une certaine activité économique et familiale dans le centre. Les jours de marché ou de foire, il y avait des centaines de couverts. Combien d'affaires se sont traitées sur les tables entre représentants de commerce et agriculteurs de la région ? Dans la partie arrière de l'immeuble, un service impeccable permettait de mettre à l'abri de nombreux chevaux et voitures.
Les commerçants de la ville très actifs y avaient constitué un groupement: C'était "Le Cercle du Commerce". Les réunions se tenaient dans la grande salle du premier étage. Au rez-de-chaussée, parfois certains soirs. on pouvait regarder un film en buvant un verre. Des bals masqués et costumés étaient organisés pour le Mardi gras. C'était la belle époque !
De plus, sous l'immeuble, il y avait une cave voûtée qui fut mise en valeur et tout le monde se rappelle du "Caveau de Cro-Magnon".
Hélas, le sort de cet établissement autrefois si célèbre, en est jeté, il se réduit en poussière malgré les efforts de ceux qui ont essayé de lui conserver sa vie. Ce cadre si familier du centre de Mirebeau va désormais faire place à une banque, le Crédit Agricole.
En conséquence, une nouvelle voie reliera bientôt la place de la République à la rue Jacquard. **
A cette même époque, j'habitais à 25 km de là, à Saint-Join-de-Marnes, dans les deux Sèvres et je venais juste de rencontrer celle qui est devenue mon épouse.
Souvenirs d'enfance ...
La place de la République années 60 - Depuis la rue de Turenne débouchant sur la place, l'alignement en bordure des 3 "débits de boissons" et autres commerces, depuis "La vieille auberge" jusqu'à la Mairie - L'Hôtel de France avant guerre - La Mairie de Mirebeau années 50.
J'en ai fait de ces tours de place en bicyclette avec tant d'autres garnements de mon âge !... Nous habitions à proximité, rue Hoche, laquelle débouchait sur la place, avec la devanture de l'établissement Pigneux, magasin de vêtements bien connu et fréquenté par les habitants de la région.
Le café hôtel "Dansac" mes parents y venaient régulièrement, chaque fin de semaine les samedi et dimanche soir à l'heure de l'apéritif pour y rencontrer de façon conviviale, les artisans et commerçants locaux et autres clients de l'établissement, venant s'y divertir et boire un ou plusieurs verres...
L'ambiance est chaleureuse, les discussions au comptoir et autour des tables sont joyeuses. On rit et parle fort avec l'accent et parfois avec le patois du cru. Beaucoup jouent aux cartes... Mes parents avec les "Deveine" qui tiennent la boucherie de la place, amis de longue date, eux jouent à la belote "Tout atout" ou "coinche" et c'est très animé, le Pastis et le Martini aidant.
A cette époque, l'apéro, c'est surtout le liquide alcoolisé contenu dans les verres qui prime, il n'est pas encore accompagné par toutes ces "mise-en-bouches" des moments apéros d'aujourd'hui. Toutefois je me souviens qu'il y avait un distributeur à cacahuètes en bout de comptoir où, en introduisant une pièce de 20 F. de l'époque (anciens francs) on recevait dans une coupelle la ration pour une tablée. On grignotait déjà en tapant le carton. A côté de ce distributeur, il y avait son concurrent, le distributeur à chewing-gum en boules de toutes les couleurs. Il suffisait d'y introduire une de ces grandes pièces de 5 F. en nickel, pour avoir une boule à mâchouiller. Tandis que les adultes jouaient aux cartes, nous les gamins nantis de quelques piécettes, jouions au baby-foot mais pas question de jouer au grand billard français (à trois boules), au fond de la salle, lui, il était accaparé par les grands, appliqués à bien toucher la boule rouge (la carambole) du bout de leur canne en visant l'une de leurs homologues blanches. Nous les minots, on les observait, intrigués par les règles de ce jeu de billard sans trou. On se rabattait alors sur le flipper pour une partie à 20 balles... En fait, me disais-je, dans un café tout est "rond" jusqu'à certains piliers de comptoirs qui, ayant sans doute trop bu, repartaient avec des souliers à bascule comme disaient, ironiquement, les fêtards du coin.
Il faut ajouter à cela le juke-box nouvellement arrivé et là on est ébahi par cette super boite à musique au mécanisme étonnant. Bien sûr lui aussi fonctionne en introduisant une pièce... Ah combien de fois l'a-t-on eu dans les esgourdes le "Si tu vas à Rio" de Dario Moreno !...
Si je me souviens bien, il y avait aussi, une fois par mois, le dimanche soir, une séance cinéma qui s'installait dans la grand salle du café. Dès 20H30, on rangeait les tables, disposaient les chaises en rangées face au grand écran dépliant sur pied. Le projectionniste se tenait à l'autre bout. On aérait la salle avant la projection du film pour évacuer toutes les volutes de fumées qui embrumaient l'atmosphère (On se souciait nullement des conséquences du tabagisme à cette époque, qu'on soit fumeur ou non fumeur) Je me souviens d'avoir vu un des premiers films tournés en "cinémascope" : *Tempête sous la mer* un film de Robert D Webb de 1953. Une histoire à "la Roméo et Juliette" chez des pêcheurs d'éponges grecs, en Floride.
Soirée carnaval du Mardi-gras 1956
"Au bal masqué Ohé! Ohé!"... Certes, mais à cette époque on ne connaissait pas La Compagnie Créole... il faudra attendre presque 30 ans pour qu'elle nous fasse danser la biguine... Par contre, le Cha-cha-cha est déjà très en vogue.
Dans notre salon, pendant une semaine, ils ont préparé et répété leur numéro, ces deux compères qu'étaient, mon père et le brave Monsieur Pierry, "tavernier en chef" de l'hôtel de France auprès de Mme Dansac qui, elle, tient la caisse. Jouer les clochards, ça se prépare avec méticulosité, surtout quand on doit, en plus jouer, qui du violon, qui, de l'harmonica, pour accompagner ses complaintes et autres chansons des rues. Le costume, lui, n'a surtout pas besoin d'être impeccable mais plutôt usé, miteux et râpé, les poches assez grandes pour y loger le kil de rouge et des restes de saucisson ou de camembert fait à point aux effluves persistantes... Ces deux là, vont faire grincer leurs musiques et le monde à l'entour !... Quand ils sont arrivés dans la grande salle du café, rejoignant tous les invités du bal masqué de ce Mardi-gras là, il y a eu bousculade, exclamations d'indignation et vive envie de foutre à la porte ces deux clodos là qui, en plus, vociféraient en allemand (langue peu appréciée à cette époque...) ! Mais ils se sont mis à jouer leurs morceaux favoris - la musique adoucit es mœurs - et les pitreries des deux compères ont finalement fait bien rire l'assemblée. Alors, nos deux importuns se sont joint aux autres convives déguisés pour danser toute la soirée. Je revois encore, dominant des danseurs en tenus exotiques, Claude Dansac qui s'était déguisé en pompe à essence !... Eh oui, à cette époque, les prémices de la crise du canal de Suez avaient pour conséquence d'augmenter le prix du carburant qui risquait de devenir de plus en plus rare à la pompe.
Pendant que les adultes, dont nos parents, s'encanaillaient dans des danses de plus en plus rythmées, nous les deux autres compères de 12 ans d'âge, Jean-Pierre B. et mézigue, étions sortis nous défouler sur la place de la République. Nous n'avions trouvé rien de mieux à faire que de lancer dans les rues en pente, à l'entour, le caisson triporteur à pousser (non vélo) de la boulangerie "Lecureuil" sise à l'angle de la place et de la rue Carnot. Tour à tour, l'un de nous le laissait prendre de la vitesse pour que l'autre, un peu plus bas, le rattrape et le stoppe à la volée... Bien sûr, il arriva que cet engin nous échappe et finisse sa course dans la vitrine de la charcuterie du coin, faisant grand bruit et réveilla les braves gens du voisinage, ça, à 11 heures du soir ! En voyant s’illuminer les fenêtres, comment on a détalé !... En bon garnements "scrupuleux", nous sommes revenus sur les lieux, une demi-heure plus tard, pour constater que l'objet de nos méfaits avait été remis en place et que la vitrine du charcutier n'avait pas été endommagée par le choc. Bon ! Il était temps de rejoindre les parents qui guinchaient encore avec entrain à plus de minuit...
Sur cette carte postale de 1934, on aperçoit qu'un kiosque à musique trônait au centre de la place de la République. On y remarque, au fond, le groupe d'immeubles rassemblant l'Hôtel de France et et le café de l'Hôtel de ville.
Eh oui, il faisait bon vivre à Mirebeau dans ces années là !... Mais, sachez-le, il fait toujours bon d'y vivre, 67 ans plus tard !... Foi de Farfadet !...
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Merci à Jean Pierre Jeannin. pour le crédit photos de cet article issues du blog "Photomagazine"
Fichier photos et cartes postales de Mirebeau constitué par Jean-Pierre Jeannin.