Sur la route autrefois -24 -

*Printemps 1959, sur un tronçon de ce qui était alors la Nationale 5 (aujourd'hui reclassée N.6 sur cette portion), juste avant le célèbre carrefour de l’Obélisque, en direction de  Lyon. Une DS premier modèle, immatriculée dans la Seine en septembre 1956, double aisément une Aronde Simca ligne Océane, mise en circulation en Juin 1958 dans la Nièvre. La route vient d'être mise à 3 voies et contourne Moret-sur-Loing depuis deux ans. La traversée de ce bourg, dont l'étroitesse des rues rendaient les croisements impossibles, n'est maintenant plus qu'un mauvais souvenir, en attendant l'Autoroute du Sud  dont les travaux viennent seulement de commencer. Roulant dans le sens province-Paris, un Renault Galion Type R2168, immatriculé en 1956 dans la Seine-et-Marne, croise nos deux voitures.*

J'adore le graphisme de ces dessins de Thierry Dubois. Il y a  en même temps qu'une rigueur dans le détail, une légèreté dynamique du trait qui rend l'ensemble à la fois expressif et vivant. Le rendu des paysages et des véhicules en circulation est typique de ce qui constituait l'environnement routier de ces années là. On se retrouve tout à fait dans l'ambiance des déplacements et voyages en voiture que l'on effectuait à ce tournant des années 50-60. Nous sommes bien sur la route !... 

Dans ce N° 24 d'Automobilia, l'article phare est constitué par cette monographie d'une autre star de la route... une Reine encore dans ces années là...

Ambiance ambiance... ça déménage sur le macadam, place de la Concorde à Paris au milieu des années 50... les pneus crissent, soulevant des gerbes d'eau, le 6 cylindres vrombit sans à-coup avec brio, sous les coups d'accélérateurs ; que ce soit en virages ou dans les lignes droite, et sur chaussée mouillée, cette 15, maintient parfaitement son cap et distance allègrement ses poursuivants à deux ou quatre roues...

Ce n'est pas un automobiliste lambda, qu'ici, nous voyons prendre la fuite, pourchassé par un motard de la police nationale chevauchant une de ces fameuses BMW 69-S mais, au volant de cette Traction 15 Six, un gangster sûr des hautes performances routières de sa véloce Citroën...  

Et ce type là qu’attend-t’il adossé à sa 15, face à cet estaminet parisien évoquant l’île de Beauté ? Règlements  de comptes entre truands, Cette image s’inscrit bien dans le registre des films policiers des années 50. 

Basta! Fort heureusement, il n'y avait pas que des truands comme possesseurs de T.A.15 six, des usagers bien plus respectables appréciaient, eux aussi, cette reine de la route dont le prix était moins prohibitif que celui des modèles du niveau similaire de la concurrence, parmi les marques de renom pour clientèle huppée, encore productives à cette époque.

La 15-Six est née en 1938 comme alternative à la 22 CV présentée au salon d'octobre 1934 et  restée au stade de prototype suite à la mise en liquidation judiciaire de la société Citroën et l'éviction de son fondateur. Jugée trop dispendieuse, la 22CV ne correspondait plus aux critères de production et de commercialisation. Pour épauler la 11CV en haut de gamme, sous l'égide des Michelin et de Pierre Boulanger, on mit au point un moteur six cylindres 2.9l  pour l'adjoindre à la coque de la 11 Normale. Cette fois, pour éviter toutes les ratées du début de carrière des 7 et 11, on prit le temps d'effectuer toutes les mises aux points nécessaires sur les prototypes fabriqués en 1936 et 1937. Dès sa sortie, le 24 juin 1938, la Traction 15-Six bénéficiait en conséquence d'un bilan technique positif, garantissant sa fiabilité.

Cette excellente routière labellisé 15 G - 15D - 15H accomplira une carrière de 18 ans, évoluant d'année en année au niveau des carrosseries plus amples, puis des groupes motopropulseurs depuis le "Tourne à Gauche" jusqu'à la 15H de 1954 équipée de divers éléments hydrauliques préfaçant l'arrivée de la stupéfiante DS.

Au total, ce sont 50602 Traction 15-Six qui seront produites au cours de ces 18 années.

Également au sommaire de ce N° 24 d'Autmobilia (Avril 1998) :

 Un panel d'articles, de documents, de photos, de dessins et de planches techniques ou répertoires détaillées, tous intéressants pour les passionnés d’histoires automobile qui ne peuvent que regretter qu'une telle revue ne paraisse plus dans les kiosques depuis sa disparition en Mai 2011.