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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Les clins d'oeil du Farfadet

Effectivement, à la suite des livres I et II, le sous-intitulé  correspond à ce qui est raconté dans ce troisième opus du roman fleuve d'Elena Ferrante, bien que l'on se demande parfois au défilé des pages et des étapes du récit, suivant les anecdotes, laquelle fuit, Laquelle reste ?... Cela peut s'inverser en fonction du ressenti du lecteur.

La narratrice nous livre ici, beaucoup de passages intimistes mais aussi les flots de pensées fulgurantes dans la tête de Lenù qui nous partage, au défilé des pages, moult soliloques traduisant ses impressions du moment, ses doutes, ses hésitations, ses revirements, ses pensées folles et déraisonnables, etc.

Cette partie est riche en événements… à l'aube de l'année 1968, les jeunes femmes se retrouvent avec mari et enfants, installées dans une vie de foyer familial avec ce que cela comporte de répétitif et de lassitude au défilé des jours, des mois et des années... Toutefois, pour chacune d'elles, le milieu n'est pas du tout le même mais aux antipodes, socialement. On ne mène pas le même type d'existence à Naples et à Florence... le fossé est immense entre les habitants de ces deux cités pour les uns prolétaires, vivant à la petite semaine, pour les autres bourgeois, ultra mondains dépensant sans compter. Lila au quartier, à Naples, aura à subir les outrances puis les violences de Stefano qu'elle a trompé avec Nino pour, ensuite, fuir son foyer et là, connaître la déchéance dans un quotidien de bas fond. Lenù à Florence, diplômée de l'école normale supérieure, mariée à Pietro Airota professeur en université, mène une vie de salons, de débats et discussions de haute volée mais aussi d'échanges superficiels et en certaines occasions de marivaudages...

Lassitude, ennuis, besoins de plus en plus d’échappatoires, de transgression et finalement de reconnaissance, l'écueil n'est jamais loin mais pas forcément repérable.

Pour des raisons différentes Lila et Lenù ont succombé aux affres de l'interdit, faisant voler en éclat ce qu'elles avaient édifié en ayant emprunté des chemins, eux aussi, différents.

 

Entre elles, il y a Nino Sarratore, l'intellectuel surdoué, opportuniste, beau, attirant, séducteur, profiteur qui sait s'incruster dans tous les milieux et même dans l'intimité de ses relations amicales, professionnelles, politiques...

 

L'avoir dans la peau… Le diable, le vice, l'amant ?...

Quand le corps, les instincts, les pulsions imposent leur insatiable et débordante vitalité surpassant toutes saines raisons, comment résister, comment ne pas jouir de l'interdit et du digressif ? D'abord amoureux de Lila, Nino devient son amant fougueux... au moment où elle tombe enceinte, il la quitte pour retrouver quelques mois plus tard Lenù qu'il n'aura aucune peine à séduire en s'infiltrant chez elle, devenant l'ami de Pietro, son mari, tant elle lui a gardé, depuis l'adolescence, un amour passionné, inconditionnel. Dès lors, on peut dire qu'elle l'a vraiment dans la peau.

La question sexuelle revient comme un leitmotiv obsédant non pour ce qu'il représente en tant qu'actes mais pour l'aspect émotionnel qu'il contient jamais distant du discours intellectuel dépendant de la raison, elle aussi souvent insatisfaite... comment accepter, subir, puis ensuite échapper à cette obnubilation, cette outrecuidance, cette persistance du plaisir charnel et du besoin de l'autre ? Lenû voudrait savoir ce que Lila éprouvait dans les bras de Nino... était-ce différent de ce qu'elle vit elle et lui dans leurs ébats ? Le jeu des confidence à ce sujet est, lui aussi, jamais assouvi jamais révélé...

Mais dans ces pages il y a bien d'autres tourments que ceux liés au sexe...

 

Pages 360 - 361 conditions sociales et outrages - "Crachons sur Hegel" écrits de Carla Lonzi dans opuscules prêté par Adèle Airota -

Pages 360 - 361 conditions sociales et outrages - "Crachons sur Hegel" écrits de Carla Lonzi dans opuscules prêté par Adèle Airota -

"L'université ne libère pas les femmes mais ne fait que perfectionner leur répression" - Elena (Lenù) est sidérée par une telle hardiesse dans la façon de penser aussi librement, hors les grands principes qui maintiennent la femme soumise aux lois du patriarcat aussi intransigeant qu'irréductible.

"La femme est l'autre face de la terre" - et celle là semble proche de celle que la narratrice Elena Greco admire et rejette à la fois : Lila (Raphaëlla Cerullo) intraitable, directe, de celles qui ne se laissent pas dicter ce qu'elles doivent penser, choisir et faire par qui que ce soit, homme ou femme.

Il s'agit ici, bien au-delà du féminisme latent, d'une volonté manifeste d'indépendance des femmes. Elena, en faisant ce constat pour elle même, comprend que les femmes doivent réapprendre à penser bien au-delà des codes . L'érudition ne suffit pas pour s'imposer, il faut aussi la manière, la pugnacité ce que Lila possède sans avoir fait d'études secondaires et universitaires.  

Pages 428 à 432 Panégyrique de la mère de Marcello et Michele versant dans l'outrance digne de "parrains" mafieux.

Pages 428 à 432 Panégyrique de la mère de Marcello et Michele versant dans l'outrance digne de "parrains" mafieux.

Ces hommes dans leur plus exécrable machisme, adulent leurs mères et méprisent les femmes qui se soumettent à eux et qui vivent dans leur sillage. Elle sont leur chose dont ils disposent à leur gré  tantôt enjôleurs, tantôt brutaux...

Aux antipodes de ces hommes là, il y a Enzo, amoureux de Lila qui ne l'aime pas mais accepte sa compagnie  rassurante. Il est son protecteur dévoué jusqu'à l'abnégation et pour cela rentrera progressivement dans la vie de Lila, aimant et fidèle hors toute passion. Enzo est la contre-image parfaite de Nino. 

L'écriture tantôt fluide, tantôt concentrée, tantôt haletante, nous entraine dans ce chassé-croisé incessant entre les personnages de cette saga elle aussi prodigieuse, chamboulant nos émotions, bousculant nos attentes, renversant nos supputations... rien est définitif, tout est, à chaque instant, possible : le meilleur, le pire, l’inconcevable, l'apaisant, le douloureux.

Cette Saga est jubilatoire sans jamais être loin des réalités existentielles... Le livre IV prometteur, nous conduira-t-il à une apothéose tenant elle aussi du prodige ?

Lecture à suivre bien évidemment...         

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F
J'ai vu pas mal de ces émissions et j'avoue que j'aime assez. Ces grandes familles italiennes, plus ou moins tumultueuses et nombreuses, on a avec elles quelque mal à s'y retrouver tant il y a de noms et de personnages, mais je ne louperai pas le prochain épisode, s'il y en a encore
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C
le combat des femmes est encore loin d'être terminé dans nos sociétés dirigées par et pour les hommes, et pourtant de tous temps il y eut des femmes libres, insoumises ayant su tirer profit de leur genre ...<br /> mais au fond, certains hommes aussi deviennent des proies sociales ... dans ce monde ou la compétition fait loi !<br /> on attend la suite <br /> amitié .
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F
Bonjour Marie-Claude,<br /> Combat des femmes, certes ce sont hélas les termes qui conviennent puisque depuis des temps quasi immémoriaux c'est la société patriarcale qui a prévalu dans moult endroits de ce monde.<br /> Bien sûr les femmes sont toujours en lutte pour obtenir une juste égalité de tous les droits et devoirs accordés aux être humains des deux sexes. Égalité des salaires à fonctions égales, c'est hélas encore loin d'être obtenu ...<br /> Toutefois les acquis sont de plus en plus proches de cette quête d'égalité et les femmes sont de plus en plus indépendantes, reconnues aussi pour leurs talents et finesse de l'intelligence de t^te et du cœur. <br /> Dans ces avancées il faut aussi veiller à ce que les mouvements féministes les plus ultra ne viennent pas entraver l'entente et l'harmonie devant être maintenues entre les femmes et les hommes. L’écueil ce peut être le séparatisme, alors, absolument néfaste.<br /> J'ai aussi lu le quatrième tome dont je ferait le compte rendu de lecture prochainement.<br /> Amitiés.
M
Bonjour j'ai lu toute la série et le dernier livre n'est pas celui que je préfère. <br /> D'autre part, je ne trouve pas attachant le personnage de Lila. Elle m'apparait comme souvent fausse, caractérielle et émotionnellement très instable. Mais bon, je veux bien reconnaitre que c'est un phénomène.
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F
Bonjour Mo,<br /> Tout ceci n'est que question d'affinité, Lila Raphaëlla Cerullo, est bien sûr un personnage peu avenant tant son caractère semble acide. Elle-m^me se reconnait comme méchante, piquante agressive, autoritaire et peut-être aussi manipulatrice pour parvenir à ses fins... Mais elle est franche, pas sournoise sinon provocatrice. C'est la seule femme à faire front aux hommes, caïds du quartier qu'elle peut même effrayer. Elle fait montre d'un formidable esprit d'indépendance... Elle, on ne la dupe jamais... <br /> Face à elle, Elena Greco ne manque pas d'être aussi désagréable quand cela se doit mais curieusement elle ne peut ignorer ce que son amie devient , fait mais aussi pense d'elle. Elle a besoin de ce miroir pour se connaitre, se révéler et au fil de l'histoire se distinguer... c'est toute une quête de soi et d la compréhension des autres qu'a entamé la narratrice elle aussi éblouissante. <br /> Perso, comme disent les d'jeunes de notre temps :" je kiffe" ces deux personnages héros de la saga ... ils nous en disent long sur les étendue psychiques de la nature humaine entre vices et vertus.<br /> Merci pour ton intérêt et témoignage.<br /> Amitiés.
É
C'est toujours enrichissant de se passionner pour un roman, un texte. Lire est agréable, suivre avec passion le fil d'une histoire, fictive ou réelle, permet au cerveau de vagabonder tout en apprenant des choses.<br /> Continue, Farfadet à t'enchanter et à nous le faire partager.
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F
Bonjour Éliane,<br /> La lecture est une saine activité, c'est indéniable.<br /> Je ne lis pas en journée, mais le soir avant de m'endormir de une demi-heure à une heure, voire plus selon ma fatigue visuelle.et mon degré d'attention.<br /> Oui création intérieur de l'environnement , reconstitution des visages et aspect physique des personnages, engagement dans l'intrique, imagination et mémoire sont à la manœuvre c'est bon pour le cerveau mais aussi pour son psychisme, son éveil spirituel aussi, dirai-je...<br /> L’après-midi après un temps de sieste dans nos fauteuil, auprès d'Annie, je fais régulièrement mots croisés et mots fléchés du journal , ce pour entretenir son vocabulaire et la maitrise de la langue française.<br /> Amitiés des Farfadets du Poitou.
D
Quel article bien détaillé, je vois que tu es passionné par le sujet, amitiés
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F
Cette saga est en tous points intéressantes, sur ce qu'elle nous présente de l’Italie d'après guerre puis de son évolution sociale, politique et économique mais surtout culturelle, Les personnages au-delà de leurs traits de caractères parfois exécrable sont néanmoins très attachants, les deux amies nous entrainent dans leurs manigances et émotions grâce à la plume talentueuse de l'auteur... Nous sommes en droit de penser qu'au delà du roman, nous ne sommes pas trop éloigné d'un récit auto biographique même si ce n'est jamais révélé comme probable par Elena Ferrante elle-même. C'est bien une Elena (Greco), la narratrice de ce parcours existentiel...<br /> Passionnant !<br /> Amitiés.

Profil


FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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