Réédition d'un article initialement publié le 05/03/2017 à 00:05
Bonne Fête à Toutes les Grands-Mères !
De mes deux grands-mères, je n'en n'ai connue qu'une, ma grand-mère paternelle : Marie-Louise Lucquiaud, née Chevalier. Celle du côté maternelle, Amandine Moreau née Bonoron, je ne l'ai hélas jamais connue. Voir l'article sur ma mère.
Arbre généalogique et acte de naissance de ma Grand-mère Marie-Louise Chevalier. Cliquer sur chaque image pour les voir dans une taille plus lisible.
Née à la fin de la guerre de 1870/71 aux conséquences désastreuses pour notre nation, elle en a connu deux autres : celle de 1914 à 1918 et de 1939 à 1945 et donc, de la chute du deuxième Empire, passant par la Commune, elle a connue 3 Républiques : la IIIe, la IVe et la Ve.
Mais ce qui est stupéfiant de son parcours de vie c'est qu'elle a vu apparaître, l'électricité, l'eau courante au robinet, le téléphone, l'automobile, l'avion, la radio, la télévision toutes ces solutions techniques apportant plus de confort et ces moyens de transports permettant de voyager plus vite et plus loin. Née au moment où l'ère industrielle prend son essor et métamorphose villes et paysages, on peut dire qu'elle a connu une véritable révolution dans la façon de vivre le quotidien tandis que, nous, deux générations plus tard, n'avons connu qu'une évolution de ces moyens et solutions techniques avec, aujourd'hui, l'apogée de l'ère numérique qui, depuis une trentaine d'années, a bouleversé les canaux de la communication sur toute la surface de notre planète.
Marie Louise, la mère de mon père Marcel est née à Sauzé-Vaussais dans le département des Deux Sèvres, le 12 Février 1871. Elle s'est mariée en cette même localité avec Samuel Lucquiaud, mon grand-père, le 21 Avril 1894. Ensemble, ils ont eu deux enfants, l’aînée, ma tante Suzanne née en 1898 et mon père Marcel né en1902.
Samuel est décédé encore jeune, dans sa 47ème année, en 1913 et ma grand mère est restée veuve jusqu'à la fin de sa vie.
Marie-Louise, à gauche, avait une sœur : Aimée-Thérèse, à droite, née le 26 Décembre 1873 à Sauzé-Vaussais.
Aimée Chevalier (au premier plan à gauche) à côté de sa mère Madeleine Robineau - Derrière, Samuel Lucquiaud à côté de son Beau-Père Charles Chevalier
Je me souviens d'elle du temps où elle demeurait à Charroux (Vienne). Elle a passé les 10 dernières années de sa vie chez sa fille, Suzanne mariée à Henri Degout.
C'était toujours un bonheur pour moi que de la retrouver au moment des vacances. Ma Grand-mère sans être rigoriste était une personne déterminée et qui savait transmettre les bons usages. Elle adorait me raconter des histoires qu'elle inventait.
Je me souviens lui avoir régulièrement donné de mes nouvelles par lettre quand j'étais potache, la renseignant sur mes activités et résultats scolaires. Elle me répondait avec des mots d'encouragement lorsque je venais à avoir de moins bonnes notes.
Je lui dois d'avoir pu profiter d'une abondante lecture grâce aux livres de la bibliothèque verte que je recevais à chaque visite ou qu'elle m'envoyait pour les fêtes et anniversaires. C'est ainsi que j'ai pu accéder aux romans d’Alexandre Dumas, de Jules Vernes et d'Hector Malo.
Ma Bonne Grand-Mère était érudite, aimant la lecture et la musique classique. Une érudition qu'elle a transmis à ses enfants , ma tante peignant avec délice et jouant du violon, mon père étant lui aussi violoneux et bon dessinateur.
Jusqu'à son dernier souffle de vie le 15 janvier 1959, à l'aube de ses 88 ans, elle ne manquait pas de faire régulièrement des mots-croisés.
Entre ma mère et ma grand-mère - Charroux 1945
Je lui dédie cette joyeuse évocation circonstanciée, ce samedi 6 Mars étant le jour d'ouverture de la pêche.
Dis Mémé, tu m’la racontes cette histoire …
Du pêcheur qui attrapait n’importe quoi,
Comme ces sortes de vieilles écumoires,
De ces boîtes rouillées sans leurs petits pois,
Drôles de trophées qui ornent son armoire !…
« Oui, Petit Pat, mais pour ça tu dois rester sage,
Assois-toi, et cesses de "virouner"* dans la cuisine
Tu me donnes le tournis et puis tu es en nage...
- Oui Mémé, je m’assois sur la chaise voisine … »
Ma grand’mère reprenait son récit truculent,
Me racontant ces parties de pêches mémorables,
Du rigolo bonhomme, ce pêcheur nonchalant
Qui jamais ne rentrait, bredouille, à sa table …
Elle prenait le temps, n’omettant aucun détail
De la canne, de la ligne, de son curieux hameçon,
Qui, souvent accrochait le pelage du bétail,
Paissant dans les prés, au bord du Merdançon*
Je partais dans d’interminables éclats de rire
Surtout Quand le Taureau du père Mathurin,
Accroché par la queue, furieux, se mettait à courir,
Forçant le pêcheur maladroit, à prendre son bain…
Ou, suite à une lutte contre le fort du courant,
La lente remontée, à grands coups de moulinettes
D’un monstre qui n’était ni saure, ni hareng,
Mais, enduite de vase, la roue d’une motocyclette !...
Jamais n’avait de fin, ces pêches miraculeuses ;
Cette rivière recélait tant de trésors surprenants !…
Ma Grand-mère souriait, elle était si heureuse
De distraire, à la volée, son petit garnement ...
Farfadet