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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Les clins d'oeil du Farfadet, #La pensée du jour

Dans le téléfilm "Tu ne tueras point" diffusé su F.2, ce mercredi 3 avril 2024, la plaidoirie finale de Me Marchand, avocat pénaliste, ex ténor du barreau (Samuel Le Bihan), pour soutenir la cause, à priori non défendable, d'Elsa Sainthier (Natacha Régnier) une mère infanticide, est un exposé oral d'anthologie. Cette scène de 15 minutes portée par un texte à la forte résonance, empreint d'humanité, met en exergue cet autre rôle de la justice qui, au-delà du jugement et de la sentence, est de tenter de comprendre* et de faire comprendre* aux jurés, à l'auditoire mais aussi à la société accusatrice et aux médias vent debout, quels tenants et aboutissants conduisent les prévenus cités à la barre, à commettre l'irréparable.

Quant aux paroles en conclusion, elles mettent, elles, en avant la compassion énoncée avec force par l'avocat. Il est mentionné que lors du tournage de cette scène, à l'issue de cette plaidoirie époustouflante, c'est toute la salle, les magistrats consultants invités en coulisse, ainsi que les réalisateurs et tous les opérateurs autour, qui se sont levés comme un seul homme pour applaudir à tout rompre...

Note : * comprendre : en prélude au procès il y a l'instruction... n'est-il pas concevable qu'elle se retrouve aussi lors du procès, cette fois, destinée au public, en tant qu'enseignement... La justice à côté de ce qu'elle relève et condamne, a aussi une mission pédagogique devant toucher les consciences.

La plaidoirie de Me Marchand face à la prévenue Elsa Sainthier.

La plaidoirie de Me Marchand face à la prévenue Elsa Sainthier.

La compassion pour le partage...

Elsa Sainthier a commis l'irréparable en poussant à l'eau pour qu'elle s'y noie, sa fille de 12 ans, Clara, polyhandicapée, affectée en outre du spectre autistique le plus grave. Elle n'a pas fait cela par dépit, désespérance ou renoncement après des années de soins, d'accompagnement dans chaque acte du quotidien, de tentatives d'éducation et de rééducation. Non ! C'est par amour nous dit-elle, parce que sa fille était lasse de cette gangue opaque qui l'emprisonnait et l'empêchait de communiquer avec tout son entourage. Une souffrance insoutenable qu'elles partageaient toutes les deux : la mère et la fille confrontées quotidiennement aux crises imprévisibles, aux accès de violence répétitifs, aux rebellions incompréhensibles...  Un mur d'enceinte d'une forteresse imprenable  que cette mère aimante a voulu franchir puis abattre sans jamais y parvenir parce qu'en plus, face à cette désolation elle s'est retrouvée seule sans aide y compris sans celles des structures d'accueil qui, l'une après l'autre, ont renoncé tant le cas dépassait leurs compétences et leurs capacités à faire progresser.

Me Marchand sollicité par la mère de la prévenue pour défendre sa fille commence par refuser l'affaire puis vient à rencontrer Elsa en prison. Face à lui ce sont une montagne de mutisme et un ferme repli sur soi qui le décident finalement à assister cette "cliente" abattue qui ne nie absolument pas sa culpabilité et a définitivement capitulé, renonçant à toute défense légale. La souffrance est à son comble. son avocat va s'en saisir et la prendre, lui aussi, à son compte.

Comprenez là, qu'il ne s'agit aucunement d'excuser et de légitimer cet infanticide, cela reste un acte criminel tombant sous le coup de la loi, un meurtre innaceptable que la Justice doit impérativement sanctionner et pénaliser en condamnant son auteur à de la prison ferme.

On en arrive à ce stade qui, de l'empathie mène à la compassion...

La compassion et le sentier octuple

Si la pitié tient de l’émotionnel ponctuel et se manifeste momentanément, pouvant aussi s'accompagner de condescendance, la compassion implique le partage des souffrances d'autrui pouvant s'ensuivre d'une assistance morale  et (ou) physique qui  se prolonge dans le temps. Compatir va jusqu'à souffrir avec l'autre, ressentir ce qu'il éprouve d’insupportable et douloureux puis de l'accompagner sur le chemin de la rémission.  

Le noble sentier octuple qui, selon la religion bouddhiste conduit l'adepte vers l'illumination, comporte ces 8 étapes :

 

  1. la compréhension juste.
  2. la pensée juste.
  3. la parole juste.
  4. l'action juste.
  5. les moyens d'existence justes.
  6. l'effort juste.
  7. l'attention juste.
  8. la concentration juste.

 

On remarque ici, la répétition systématique du qualificatif *juste* et forcément on se demande que doit-on comprendre par juste ?... Qu'est-ce qui nous assure que ce "juste" correspond  véritablement et j'ajouterai sincèrement, à ce qu'il qualifie ainsi.  Envisageons les à partir de la compassion qui nous extrait de notre ego.

- La compréhension juste sera celle de l'observation méticuleuse et l'écoute attentive des faits et des agissements des personnes, nullement induites par mes émotions et mes codes de vie personnels

- La pensée juste sera celle de l'objectivité jamais impactée par un quelconque sentiment personnel mais uniquement "nourrie" par la quintessence de son contenu.

- La parole juste, issue du silence paisible, ne peut être porteuse que des contenus de la pensée juste et s'accorder à la vérité comme vibration sonore de la réalité.

- L'action juste ne peut être que la résultante des 3 étapes précédents : de l'aperçu, du penser et de la parole justes, où se cultive la paix intérieure.

- Les moyens d'existence justes sont ceux qui prennent en compte les intérêts d'autrui avant les miens, sachant que ce que j'entreprends sert en priorité les besoins de la communauté ou de la société qui me le rendra  puisque je m'y inclus.

- L'effort juste est celui qui m'implique le plus dans dans le présent où, l'agir dans l'intérêt de tous et de moi-même, n'est que la réponse pour parer à l'indispensable, et à l'essentiel, excluant le superficiel et la procrastination.

- L'attention juste me fait considérer la valeur de toutes choses, pensées, paroles et actions à la lumière du seul profit universel, devant m'enrichir à la fois d'objectivité et de vérité.

- La concentration juste est celle qui lie mon ego à la pensée universelle, me rassemblant à cet hyper-centre pour rejaillir à la périphérie métamorphosé en germe d'Amour.

Hors tout prosélytisme : Juste et Justice // Autisme et Amour. Du repli sur soi à la Compassion, le chemin est celui du retournement que l'on trouvera  dans la méditation *Point / Cercle*.   

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F
Le film que tu évoques, je l'ai vu et je l'ai trouvé extrêmement émouvant et si superbement bien joué. Dans la réalité, l'acteur Le Bihan a effectivement un fils autiste. Tu nous expliques fort bien la différence entre la pitié et la compassion. Merci de tout ce que tu nous offres si souvent
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F
Bonjour Francis.<br /> Effectivement dans ce téléfilm les acteurs étaient au top du point de vue de l'interprétation et Samuel Le Bihan un avocat tout à fait crédible et totalement investi dans sa plaidoirie pour soutenir sa cliente.<br /> Ce n'est pas un garçon dont Samuel est le papa mais une fille âgée de 13 ans du nom de Angia , elle aussi affectée par l'autisme.<br /> Un article dans "Femme actuelle" :<br /> https://www.femmeactuelle.fr/actu/news-actu/avant-elle-sautomutilait-les-confidences-de-samuel-le-bihan-sur-sa-fille-autiste-2152720<br /> <br /> Amitiés.
M
Je n'ai pas regardé ce téléfilm qui je pense a du faire "pleurer dans les chaumières" comme te dirait mon mari. Oui j'éprouve beaucoup de compassion pour tous ces gens qui vivent avec un être en souffrance que ce soit à cause d'un handicap lourd ou d'une maladie fortement invalidante qui leur enlève tout espoir de guerir un jour et parfois l'envie de vivre. En France on est loin de pouvoir trancher car cet acte qui peut en effet être perpétrer par amour est aussi un acte désespéré...combien de familles ont été laissées à l'abandon par manque de moyen, d'aide ou d'accueil de qualité dans des institutions, d'écoute parfois aussi. Personne ne choisit d'avoir un enfant handicapé...et je peux comprendre en effet qu'on en vienne à penser à l'indicible mais autant je pense qu'en fin de vie, on devrait faire quelque chose pour les gens qui en plus souffrent ( et leut famille aussi) même si de grands progrès ont été fait côté soins palliatifs et que le personnel qui y travaille est remarquable à tout point de vue par sa patience avec les familles, son écoute des détresses multiples et les soins apportés aux malades, autant je trouve que tuer son enfant à la noyant et en la regardant se noyer, c'est criminel. Il faut trouver des solutions adaptées pour ces familles et la société a sa part de responsabilité dans cet acte maternel de désespoir...En tous les cas les débats à ce sujet sont loin d'être faciles car chacun réagit selon son ressenti d'où la nécessité d'une loi qui pourra encadrer les actes, les rendre plus humains si je puis dire, et éviter les dérives...Bonne fin de journée
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F
Bonjour Manou.<br /> <br /> Ton commentaire circonstancie parfaitement la problématique de l’euthanasie envisagée pour les cas de grande souffrance physique des personnes en fin de vie qui aspirent à mourir en faisant le distinguo avec les parents et familles en souffrance face à un handicap très lourd à gérer de leur enfant déficient ou grand malade mental... On est là en présence d'un immense cas de conscience car accorder la pratique de l’euthanasie revient à accorder un "permis de tuer".<br /> Une loi cadrant l'euthanasie, légitimant cet acte ultime ne peut être mise en place sans envisager tout ce que cela implique et comporte sur les plans éthique, humain et, j'ajouterai, spirituel... (ce qui d'une façon élargie prendrait en compte les préceptes spécifiques de chaque religion sur cette pratique, précipitant la fin de vie...) Il existe des d'études plus ou moins controversées sur les conséquences spirituelles de l’euthanasie pour qui en est l'objet et pour qui la pratique. <br /> Il y a en outre tout ceux et celles pour qui la vie est sacrée et donc "intouchable" en dépit des plus insoutenables conditions d'existence et maladies à la fois incurables et invalidantes.<br /> Par contre, on devrait créer une loi imposant systématiquement, une assistance adaptée aux parents dépassés par le handicap sévère de leur enfant et imposer la création de centres d'accueil spécialisés disposant de personnel dûment formé, unités de jour ou internat, pour prendre en charge tous ces cas difficiles que l'on pourrait faire progresser, pas à pas.<br /> Entrent en jeu les moyens à se donner et, une fois encore ce "nerf de la guerre" qu'on ne sait ni ne veut jamais contourner, lui : l'argent... cet intraitable moteur de l'économie ... une valeur si dérisoire face à celle d'une Existence humaine...<br /> <br /> Amitiés
C
qui peut juger ? quand les souffrances dues à la "vie" prennent autant d'inconfort qu'il devient raison de "mourir" , alors oui, en Belgique il a été voté cette loi sur la possibilité d'euthanasie qui aide réellement en pareil cas ... Qu'attend la France pour accepter que tout vie ne vaut que par ce qu'elle offre de qualité de vie ?<br /> amitié solidaire .
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F
Bonjour Marie-Claude,<br /> Cette fiction "Tu ne tueras point" s'inspirait de deux cas similaires de parents ayant mis fin à la vie de leur enfant lourdement handicapé. Jusqu'à présent en France la loi est formelle et l’euthanasie un délit grave lourdement pénalisé considéré comme "meurtre" . <br /> Notre président a cela en conscience et sans doute l'intention de revoir la loi pour les personnes en fin de vie, souffrant le martyre à cause de maladies très invalidantes et incurables. Bien sûr la souffrance est aussi inutile qu'inacceptable... pourquoi la prolonger en vain ?...<br /> La mesure à prendre n'est pas simple, elle a aussi ses adversaires où le "Tu ne tueras point" est brandi avec force... La vie se respecte et s'impose jusque dans le serment d’Hippocrate...<br /> C'est aussi un brûlant cas de conscience pour chaque famille confrontée à cette ultime échéance... En France, ce ne sera pas simple de faire bouger les lignes à ce sujet... en souffrance... assurément... de quoi vraiment compatir...<br /> Amitiés.
D
Voilà un sujet méritant réflexion
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F
Relevée cette appréciation de "Liobou" dans "Télé-Loisir" <br /> <br /> "Trés belle interprétation d’un acteur dont le talent ne fait que grandir. Sujet de ce telefilm poignant qu'il doit bien connaître et dont notre regard sur celui-ci ne peut être (comme il le démontre fort bien) que celui de la compassion..."<br /> <br /> Le mot "compassion" y prend tout son sens et a certainement touché comme une révélation, nombre de téléspectateurs, grâce à l'excellente interprétation de Samuel Le Bihan,doublement dans son rôle, d'acteur et de père d'une fille autiste de 13 ans, actuellement scolarisée, en classe de 5e.

Profil


FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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