Réédition d'un article initialement publié le 19/08/2011 à 12:11
Bigre ! Il ne manquait plus que ça... une méga panne… car c'est bien la grosse panne, le moteur ayant été sollicité par plusieurs coups de démarreur ne « tousse » plus, sa mécanique semble serrée … Sur le combiné, le voyant d'alerte reste au rouge. Ayant levé le capot, je ne détecte rien de suspect en apparence sinon une odeur de chaud, l'eau du vase d'expansion ne bouillonne même pas.. par contre, la teinte marron foncé du liquide de refroidissement me paraît suspecte... il se pourrait bien qu'il y ait de l'huile dans l'eau … rien de bien rassurant en tous cas …
Déjà à cette époque, les autoroutes allemandes sont équipées de bornes d'appel d'urgence... J'en trouve une à quelques centaines de mètres du lieu où est immobilisée la 4L... C'est le moment de rassembler les rudiments de connaissances de la langue allemande qui me restent en mémoire car je me dis que ça va pas être simple de se faire comprendre ...
"Allo, bonjour, je suis en panne sur l'autoroute A8... - Attendez… Oui, je suis Français … le N° de la borne téléphonique ??? - Hmmm je ne vois rien … Où je suis ?... (C'est une bonne question ça !...) - Je suis, sur l'autoroute, c'est sûr... venant de Stuttgart, je suis en direction de Munich et je n'ai pas passé Ulm… - C'est bon, on va pouvoir vous localiser ; pouvez-vous nous indiquer La marque, la couleur et le numéro d'immatriculation de votre voiture. - C'est une Renault 4 verte immatriculée : 9032 QA 27 en caractères noirs sur plaque jaune. - Ok, retournez près de votre véhicule, on va vous retirer de l'autoroute dans peu de temps... - Merci ! "
Vingt minutes plus tard, arrive une grosse dépanneuse bleue et blanche ; en deux temps trois mouvements la 4L est enlevée. A la première sortie d'autoroute, quelques virages en contrebas et nous nous retrouvons, la dépanneuse son chauffeur et moi, sur le parking d'un grand garage Volkswagen… Il est 13H... Je dois attendre l'ouverture des ateliers car c'est la pause déjeuner. A 14 H. je suis mis en présence de la patronne du garage laquelle parle quelques mots de français . On parvient à se comprendre. Au bout de quelques instants, elle donne l'ordre à deux de ses ouvriers de rentrer la voiture.... Un des mécanos ouvre le capot, puis il essaie de démarrer mais n'a pas plus de succès que moi, le moteur se tait inexorablement. Le mécano, un gros gars brun aux cheveux graisseux (Il n'y a pas que des blonds Outre-Rhin...) place la 4L sur un pont élévateur avant de farfouiller ses dessous…) Un moment passe puis : Kolben ! S'exclame tout à coup le mécanicien en salopette grise… Je le regarde d'un air ahuri … Kolben ??? Was ?... Il se tourne vers sa patronne. Celle-ci a du mal à traduire... c'est alors que, fermant le poing, du bras, elle me mime un mouvement qui va de bas en haut et de haut en bas à continuer… Piston ! M'exclame-je . Ja Piisstonn ist Kaputt… - Tous??? ...Alles ?... Vier ?... Le mécano fait la moue il ne m'en faut pas plus pour comprendre que la casse moteur est sévère. De toute façon, il n'est pas question de rester en plan, il faut réparer et puis je suis encore dans les délais des 6 mois de garantie OR très en vogue chez Renault .... Donc, je me dis que de toute manière, je serai remboursé. Heureusement que je suis parti avec une belle somme d'argent car cette réparation va coûter assez cher. En fait, après discussion avec la patronne, j'ai saisi que la solution qui va être adoptée se désigne comme opération « coup de fouet » consistant à changer les pièces mobiles et en friction du moteur soit la réalisation d'un re-chemisage complet accompagné de quatre pistons neuf. La tuile quoi !...
Reste le problème assez scabreux qu'en ces lieux c'est un garage Volkswagen dont le panonceau ne correspondant pas à la marque de ma petite Renault. On m'explique tant bien que mal qu'il n'y a pas d'agent Renault à moins de 40 kilomètres de là. M'y conduire avec la dépanneuse, ça ils ne peuvent le faire étant affecté en permanence à l’assistance autoroutière. Quant à L'agent Renault en question, il risque de me facturer cher le remorquage à effectuer sur une aussi longue distance… Par contre eux, ici, peuvent aller chercher ou bien faire venir dans un laps de temps assez court, les pièces nécessaires à la remise en état de ma voiture. Entendant cela, je n'ai plus trop le choix sinon de leur faire confiance.
A peine ai-je donné mon accord pour réparer ma voiture qu'un deuxième mécano rejoint celui ayant détecté la panne. Le nouveau venu est aussi blond que son collègue est brun mais aussi imposant par la carrure… A eux deux, ils ont tôt fait de déculasser puis, à mon grand effarement, le costaud brun, juché sur le pont, penché sur le compartiment moteur, armé d'un énorme marteau, frappe à grands coups sur un emporte-pièce pour extraire les chemises du bloc, tandis qu'en dessous, le carter étant enlevé, le costaud blond tente de les tirer vers lui... Quelque peu angoissé, Je me demande alors comment ma malheureuse 4L va ressortir de cette épreuve… C'est assurément un spectacle hallucinant que m'offrent ces rudes mécanos entrain de décortiquer à la massette le 747cc de ma petite Renault…
- Ach mist französisch Auto ! Der winzige Motor dieses Renault " Vier " ist sehr kräftig !
- Schlage an weniger starken Hans ! Die Hebebühne von Auto, geht in jedem Schlag hinunter !
***
- Ah saloperie de voiture française !... Le petit moteur de cette Renault « Quatre » résiste fermement !...
- Hans, frappe moins fort ! C'est le pont élévateur que tu fais descendre à chaque coup !
***
Comme ça fait un bon bout de temps que j'observe ce qui se passe autour de ma voiture, (C'était ainsi autrefois dans les garages, on pouvait, à distance, sans être dans les jambes des intervenants assister aux opérations de remise en état de son véhicule), je me dis que je ne vais pas rester là à faire le pied de grue car la réparation ne va pas s'effectuer dans l'après-midi. Ayant démonté , il faudra qu'ils aient reçu les pièces neuves pour remonter… Me renseignant auprès de la patronne, elle me dit que si tout va bien ma voiture sera prête à reprendre la route demain en début d'après-midi... J'en profite pour qu'elle m'indique une auberge où je pourrai dîner puis passer la nuit. Elle m'en indique une sise non non loin dans le bourg …
Au fait, où suis-je exactement car je n'en ai aucune idée sinon que ce garage est tout proche de l’autoroute A8. A Gosbach en Wurtemberg me renseigne aimablement cette femme qui pousse la gentillesse en me conduisant jusqu'au Gasthauf Restaurant Hirsch … L'endroit est plutôt sélect et je m'attends à ce qu'au sortir des lieux, la note soit, elle aussi, salée… de toute manière, au point où j'en suis, il est inutile d’ergoter. La fatigue se fait cruellement sentir car ça fait bientôt 18 heures que j'ai quitté Etrépagny, n'ai pas dormi de la nuit, et n'ai dans le ventre, qu'un petit déjeuner. A mon grand soulagement, j'ai toute satisfaction en prenant possession d'une coquette chambre avec salle d'eau et de me requinquer d'abord sous une bonne douche puis par deux heures et demi de sommeil dans un lit douillet avant d'aller m’attabler en salle de restaurant pour y savourer un copieux dîner...
Là en mangeant tranquillement, point par point, je fais le tour de la situation et ce n'est guère brillant :
-
Je suis parti d'Etrépagny avec ce poids sur la conscience de la fugue et de la disparition de Georges, un de nos pensionnaires... Va-t-on le retrouver ? Il est convenu que je n'appelle le Centre qu'à mon arrivée en Autriche …
-
En Autriche, faudrait-il encore que j'y parvienne car présentement je suis immobilisé par une panne catastrophique qui va me coûter cher et certainement grever mon budget vacances au point qu'il me faudra sûrement prendre la route retour à la maison, une fois la note du garage payée s'ajoutant à celle de l'hôtel cossu où je séjourne maintenant.
-
S'agissant de la 4L achetée un mois plus tôt qui, aujourd'hui, me « laisse en carafe » à l'étranger, à quelques 800 kilomètres de mon domicile, j'en ai gros sur la patate étant dans l’obligation de refaire le moteur à neuf… Quant aux mécanos qui s'en occupent, ils sont certainement habiles mais je doute quelque peu de leur compétence vu que, pour eux, c'est une auto de marque étrangère qui ne correspond aucunement à leur panonceau VW... De ce point de vue, Je crains que la prise en charge par la garantie Or de la Régie ne se fasse non sans contestation, déjà au niveau de la concession des Andelys ...
-
Autant de contrariétés et de tracasseries qui vous sapent le moral surtout au premier jour de vos vacances... Mais en contre-partie de ces petits malheurs, il y a le fait que j'ai été vite sorti de l'autoroute et qu'en dépit de cette casse moteur, on m'a assuré que dès demain, je pourrai repartir tranquille à bord de ma 4L alors dotée d'une mécanique refaite à neuf … Chapeau à vous Messieurs les Allemands pour votre rapidité d’exécution ! Dans le tableau que je viens de dresser reste un point d'ombre : cette efficacité, aurais-je à la payer au prix fort ?...
Bon, on verra tout cela demain au grand jour, il est temps d'aller dormir. Une fois au lit, je ne tarde pas à sombrer dans un sommeil profond, oubliant toute "Petite Musique d'ennuis" ...
à suivre ICI