Hier la ville de Bourges faisait la une de l'actualité, grâce à la venue de quelques milliers de Gilets Jaunes ayant choisi ce lieu de rassemblement à cause de la place centrale qu'il occupe dans l'hexagone.
Pour qu'ils ne se trompent pas comme cela a été mentionné sur les réseaux sociaux par certains d'entre eux, qu'ils sachent que les habitants de cette cité berrichonne ne sont pas appelés Bourgeois mais Berruyers.
Venus pour manifester dans cette ville au passé historique conséquent, on peut regretter qu'ils n'aient profité de leur passage pour visiter l'une des plus belles cathédrales de France : Saint Étienne de Bourges, une merveille architecturale que je vous invite à découvrir dans une série d'articles à suivre de liens en liens .
Réédition d'un article publié le 27.04/2012.
Ce qui frappe quand on découvre la cathédrale de Bourges, c’est son ampleur, elle est vaste et occupe une grande surface au sol… Son volume est aussi important, en dépit de son déploiement en largeur, et bien que de taille moyenne dans le plan d’élévation, elle ne fait pas vraiment ramassée.
Vue du Nord, le profil est imposant ceci, en raison de ses deux tours peu élevées à l’Ouest. Dans l’alignement, ce bâtiment cossu qui domine le paysage Berrichon, c’est la répétition régulièrement rythmée des pans de construction entre les piles de contreforts qui étonne par l’uniformité du style… Dans son prolongement, vers l’Est, le dégradé en cascades des arcs-boutants du chevet allège sa silhouette trapue et confère à l’ensemble une élégance sobre en harmonie avec ces lieux mystiques…
Quand, à l’orée des ruelles débouchant sur l’esplanade où elle est construite, surgit dans toute son ampleur, sa large façade Ouest, on reste coi devant tant de majesté. Cinq portails à l’ornementation riche et vivante saisissent nos regards ébahis avant le franchissement de ce seuil transcendé par un programme iconographique éblouissant …
Par cette magistrale béance dans le pur style gothique nous sommes comme happés au-dedans de l’édifice… A l’intérieur l’impression de grandeur et de profondeur est aussi saisissante… Ce que nous découvrons alors, c’est la cathédrale espace, la cathédrale lumière et c’est avec le même grandiose ravissement du Chérubin se tenant devant Dieu que solennellement, nous restons droits, tirés vers les hauteurs dans le narthex !...
A la différence de bien d’autres édifices gothiques, la cathédrale de Bourges, construite à la même époque que Notre Dame de Paris, est, dans le plan longitudinal selon l’axe Est-Ouest, semble-t-il construite d’un seul jet, sans interruption… Cette impression est d’autant plus forte que l’on note l’absence totale de transepts. Le plan croix ne figure pas ici en dépit des porches au Nord et au Sud s’ouvrant dans la masse, à mi parcours des travées ponctuant la nef et ses doubles collatéraux…
Ce que cette cathédrale n’a pas en hauteur, elle le développe dans le plan long… c’est remarquable au dehors et c’est vaste au dedans … La profondeur alliée à la l’amplitude en largeur de l’ensemble des 5 vaisseaux, rythmés par tous ces jours grandioses entre les piles soutenant leurs berceaux respectifs, au lieu de nous attirer dans une obscurité interne, au contraire, nous baigne de la lumière provenant de grandes verrières latérales et de celle, magnifiquement irisée, distillée par les innombrables vitraux du chœur …
Le principe architectural de Bourges innove avec cette recherche d’espace à remplir de lumière. Le dedans devient le dehors, lequel nous place alors au-dedans… Tout autour Dieu est présent si bien que dans ce sanctuaire, on se sent présent en Dieu …
Le vaisseau central de 15 mètres de large, se fond avec le chœur, celui-ci étant son prolongement logique dans cette uniformité de style. L’hémicycle à double déambulatoire le caractérisant est bâti sur un plan à 5 pans servant de base aux 5 chapelles rayonnantes. Pour éviter un désagréable effet de resserrement dû à la perspective, les piles d’où jaillissent les faisceaux des arcatures (ou nervures) soutenant la voute sexpartite, en se rapprochant du chœur sont, au fur et à mesure, légèrement espacées l’une de l’autre. Les doubles collatéraux, bordant chaque côté de la grande nef, ont comme, cela vient d’être décrit, leur prolongement naturel en chevet, et ne constituent, alors, en périphérie, qu’un seul et même double chemin en forme de long fer à cheval…
L’élévation intérieure du vaisseau principal se découpe en 3 étages :
- Les grandes arcades posées sur des hautes piles rondes cantonnées de minces colonnettes.
- Le triforium ouvert à 4 ou 6 arcatures d’une grande finesse d’exécution.
- L’étage supérieur des fenêtres hautes au nombre de trois par travée, elles mêmes surmontées d’oculus à 6 lobes.
Une autre originalité de cette cathédrale tient à l’élancement vertical des grandes arcades qui découvre toute l’élévation du premier collatéral jouxtant la nef centrale, lui même ouvert et comportant également 3 étages constitués, eux aussi, d’arcades hautes, de triforiums et de fenêtres.
De ce fait, depuis l’axe médian de la grande nef, on constate que c’est sur un ensemble de 5 niveaux de construction que s’établit l’étagement de l’édifice où, suivant ce plan vertical, alternent galeries aveugles et baies aux couleurs vives …
A remarquer :
- La voute sexpartite du vaisseau central dont la clef culmine à 37m.
- La voute du collatéral intérieur dont la clef plafonne à 21m.
- La voute du collatéral extérieur dont la clef se situe à 9m au-dessus du sol…
- Dans le déambulatoire de la crypte la hauteur sous clefs de voutes est de 7,40m.
- La hauteur total de l’édifice depuis le sol intérieur jusqu’au faîtage atteint 47,60m.
Autres dimensions de cette cathédrale (Plan d’occupation au sol)
- Longueur hors œuvre : 125m.
- Longueur dans œuvre : 118m.
- Largeur hors œuvre : 50m.
- Largeur dans œuvre : 41m.
- Largeur totale de la façade avec tours et contrefort d’icelle au Sud : 73,50m
Nombre de travées de la nef centrale sous voutes sexpartites : 5 + 2 demis travées au niveau du narthex et du porche occidental…
Le Chœur, point de départ de la construction, dans son plan long axé Ouest-Est, correspond à l’espace rempli par deux travées.
Les piles immenses hautes de 17m qui supportent les grandes arcades présentent une alternance de leurs diamètres : aux retombées principales de la voute sexpartite, correspondent des supports de calibre plus important, aux retombées secondaires, des supports de moindre calibre.
La Crypte : L’église basse supportant le chevet sous le chœur, est forte de 6 puissants piliers de 2,20m de diamètre. Un énorme mur de 3m d’épaisseur sert de soutènement aux colonnes du hautes du déambulatoire, juste au-dessus… A remarquer le jeu subtil des voutes et de leurs arceaux dans le style purement gothique de cette crypte au centre de laquelle repose le tombeau du Duc Jean de Berry.
à suivre : Bourges... fabuleux vaisseau de pierres -1 -