Cela faisait quelques jours qu'il se traînait d'un coin à l'autre dans la maison pour dormir dans des endroits sombres à l'abri des regards. Bien qu'ayant encore de l'appétit, il avait considérablement maigri. Lundi je lui ai administré un vermifuge adapté mais rien n'y a fait ; depuis mardi après-midi, il est resté prostré dans son panier et ne s'était plus nourri depuis la veille. Quand j'ai voulu le mettre sur ses pattes, il n'avait plus de force et se laissait tomber sur le flanc. Un vrai crève-cœur de le voir dans cet état... à cet instant, je n'en doutais plus, notre brave chat Noé était en fin de vie.
Hier, tout au cours de la journée, je suis allé le voir, de demi-heure en demi-heure, mais il ne bougeait presque plus, seule, sa respiration gonflait son flanc... pas de râle, pas de gémissement, ni miaulement... apparemment, il ne souffrait pas et déjà, quasi comateux, il devait attendre sa fin... Le caressant doucement il ne réagissait plus... Quant à 22H30 je suis passé le voir, cette fois, la respiration avait cessé... C'était fini, Noé avait rendu le dernier souffle peu de temps auparavant...
Il avait 15 ans… Il nous avait été donné par une amie - Notre incroyable amie Béatrice - . C'était au printemps de l'an 2000, il avait trois ans. En fait, il appartenait à la maman de Béatrice qui avait deux magnifiques Persan : Noé et Neige (« sœur » de Noé) … Noé était un chat aventureux et lors d'une de ses escapades il était sorti de chez sa maîtresse puis avait disparu pendant plusieurs semaines. Elle en fut très attristé pensant l'avoir perdu à tout jamais. Finalement, il fut retrouvé. Hélas, ses journées passées loin de son domicile, livré à lui-même et devant défendre sa peau, Noé était devenu une vrai teigne avec ses congénères si bien qu'une fois de retour au domicile, il s'attaqua plusieurs fois à sa « sœur », la belle persane Neige, qu'il faillit bien étriper… C'était invivable pour cette dame âgée et elle du se résigner à confier Noé à d'autres maîtres... C'est ainsi que nous en héritâmes...
Ce magnifique chat, contrairement à ses comportements belliqueux vis à vis de ses congénères, était tout à fait adorable, gentil et affectueux avec les êtres humains. N'importe qui pouvait le prendre et le tripoter... il allait même au-devant de tout nouveau venu du genre bipède … une crème de chat !...
Nous eûmes tôt fait de nous habituer à lui et lui à nous. Nous en avons fait un chat d'appartement et cela lui convenait parfaitement lui, squattant tous les endroits de la maison et nos genoux à chaque fois que nous nous posions dans un fauteuil, avide de caresses et de mamours.
La première année de notre temps de retraite il allait avec moi dans le jardin. Il aimait bien ces moments de plein air...mais se faufilait vite d'un endroit à un autre. Je l'avais bien à l’œil jusqu'à ce jour de juin 2006 où il a fugué passant par dessus le mur du jardin... Il a disparu trois jours entiers... Nous l'avons retrouvé au milieu de la cour du vieux père « Pacaud » qui avait de nombreux chats. Noé avait fait le ménage ... véritable terreur de tous les « greffiers » du quartier, il avait fait place nette dans les lieux qu'il avait investi. Depuis cette escapade, Noé n'est jamais retourné dehors sans que je me mette entièrement disponible pour le surveiller de près...
Ce fut un adorable compagnon à quatre pattes, doux, ronronnant à souhait et aimant que l'on passe la main dans son magnifique pelage gris de patriarche, s'appelant, à juste titre, Noé... Il était plutôt propre bien qu'il lui arriva, surtout, ces derniers temps, de faire ses besoins dans le bac à a douche de notre salle de bain...
Il n'était pas voleur, se contentant de ses sempiternelles croquettes. On pouvait bien laisser des aliments sur la table de la cuisine, jamais, il n'est venu se servir...
Il y a quelques semaine de cela, alors que mon gendre découpait du chorizo pour l'apéritif du dimanche, il en fit tomber un bout. Noé était dans le coin et est venu flairer puis a goûté la tranche de chorizo tombée au sol. Eh bien, notre Noé, il a trouvé cela vraiment fameux, au point qu'il suivait partout Cédric en miaulant afin qu'il lui en redonne une nouvelle tranche…
Nous ne connaissions pas de fort penchant gustatif à notre chat et voilà que parvenu à ses quinze ans, il se découvre être un fou du chorizo !...
Ce matin, je l'ai mis en terre sous la haie d'hibiscus au fond de notre jardin... Le cœur serré, j'ai caressé une dernière fois son pelage encore soyeux…
Adieu, brave Noé !… Tu nous as comblé de joie grâce à ta douce présence ; maintenant, nous souhaitons qu'au paradis des chats, on te fera bon accueil... nous, jamais, nous ne t'oublierons...
Ton maître, le farfadet du coin ...