Rien …
Se représenter ce que ce mot évoque dans l’absolu est une vraie gageure … Rien !...
Qu’est-ce que c’est « Rien » si ce n’est rien, alors, ce ne peut être… Bingo !... Là, on touche le pompon…
Alors pourquoi rien, existe en tant que terme, hein ? Mot inclus dans le champ de notre conscience, lorsque l’on veut conceptualiser, c’est le super vertige garanti… Car rien n’étant rien, ne peut correspondre à du manifesté ou à quelconque chose puisque ce n’est rien …
Disons le maintenant, c’est à devenir fou…
Nous en tenant au langage courant, quand nous employons ce terme, il évoque l’absence de chose, d’être et de toute manifestation. C’est acceptable par opposition à des choses, des êtres et des manifestations existant par ailleurs et nous incluant …
Mais se représenter « rien » dans l’absolu, entendant que rien n’existe ou ne se manifeste alors là, on est proprement effrayé et dans une contradiction notoire puisque évoquant rien à partir de ma conscience, si rien n’existe le fait d’en avoir conscience prouve que déjà moi je suis là pour le penser et donc rien perd de son sens et de sa raison à ne pas être… Oui, à ce stade la folie nous guette … le précipice est immense …
Il en va de même avec le concept « néant » qui est la négation de l’existant. Néant : pas de vie, pas d’espace, pas de temps, bref le rien magistral, cette fois envisagé à en avoir la nausée …
En définitive « rien » ou « néant » est déjà quelque chose, déjà en tant que concept mais ne justifie pas une quelconque réalité puisque le monde ou l’univers est déjà dans ma conscience et, par expériences consécutives à ma relation avec l’environnement et les êtres de cet environnement, dans de nombreuses autres consciences…
Alors que cherchent les hommes en subdivisant la matière jusqu’à « éclater » sa plus infime particule ?
Une explication des origines de notre monde illustrée par ce fameux « big bang » d’où, nous dit-on, tout provient …
Mais pourquoi faudrait-il que ce soit la matière qui soit à l’origine du monde, ne fût-ce, sa plus infinitésimale particule présente au tout début de la vie ou, plus exactement, de l’évolution ?
Parce que son « explosion » provoquant un champ énorme d’énergie et d’activité et de nouvelles infimes particules, le un devient deux, trois, quatre et se multiplie ainsi à l’infini …
Mais jusqu’à présent, nous n’avons que de la matière et de l’énergie dispensée par cette matière, soumise à dissection… Dans tous les cas, la matière, au sens physique, ne produira ou ne se réduira qu’à de la matière …
Et là j’y vais de ma double question vicieuse :
Qui alors, déclenche cette explosion et dans quelle intention ?…
Nous ne voulons pas croire à Dieu mais nous croyons à génération spontanée, une contradiction de notre temps où, il faut bien le souligner, nous ne sommes pas loin de l’absurde …
Les choses et les êtres sourdent comme ça d’eux mêmes apparaissant, disparaissant avec, justifiant leur présence éphémère, tout un descriptif de circonstances dont aucune ne peut être prise comme cause véritable de l’être ou de la chose en soi, sinon que comme agents favorisant, tour à tour, son apparition, sa manifestation puis sa disparition …
Ainsi donc, parce que l’on va disséquer la matière jusqu’à sa parcelle la plus infiniment petite on doit trouver l’origine de notre univers … c’est fou ça !... A force de la subdiviser, ne risquerait-on pas d’un seul coup de ne plus rien trouver (C’est une hypothèse) … Tiens, le néant qui nous arrive là d’un seul coup !…
Et, toujours hypothétiquement, si la boucle vient à être bouclée, l’infiniment petit, proche de l’infiniment grand, au stade suivant, se retrouvera être, cet infiniment grand …
Autrement dit, si d’un « tout » on parvient au « rien », du « rien » on doit pouvoir, réciproquement, parvenir au « tout »… Oui, je sais, la tête vous fait mal …
J’en conviens, nous sommes ici en pleine spéculation intellectuelle …
En fait l’homme, sous couvert de son incessante quête de connaissances du point de vue scientifique, rêve sans doute de tomber, un jour ou l’autre, sur une preuve de l’existence ou de la non-existence de Dieu…
L’erreur est qu’il veut une preuve physique de l’existence de Dieu, or Dieu, par définition, n’est pas un être physique mais un être spirituel …
Vouloir chercher l’esprit dans la matière et dans la partie indivisible de cette matière est une invraisemblance. La matière ne recèle nullement la moindre part d’esprit … Ce dernier, il faut certainement le chercher ailleurs … L’esprit ne fait que traverser la matière, il l’entoure aussi, il est plus certainement dans les espaces de non matière mais jamais prisonnier de celle-ci …
Ce que nous sommes, en tant qu’organisme vivant, nous le sommes de par notre nature spirituelle, dont les « éthers » traversent, étant en perpétuels mouvements, notre matière corporelle. Quand ces mouvements cessent, notre organisme dépérit aussitôt … Ces courants ou influx de nature spirituelle qui nous parcourent, ont cette particularité de constituer puis reconstituer petit à petit notre organisme… Ces présentes considérations ne tiennent qu’à l’aspect Vie organique de notre nature corporelle humaine, nous n’en sommes qu’au premier degré de la « Vie spirituelle » en nous.
Le stade suivant est lié à « l’astralité » de notre nature où là, ce sont nos affects, notre vie du sentiment dont les courants d’une nature spirituelle encore plus subtile que les courants de vie, nous traversent également …
Enfin au niveau de notre humanité spécifique, c’est notre entité, ce Moi incarné, mais jamais retenu dans la matière corporelle, dont les courants, d’un haut degré de spiritualité, parcourent notre organisation physique… Cette présence d’Esprit en Nous « brûle » notre organisme Ce qui explique le vieillissement progressif de celui-ci… Il le fait avec une telle intensité que cette usure nécessite une régénération quotidienne dans le sommeil au cours duquel l'esprit se tient à distance du corps.
L’esprit et la matière sont véritablement en opposition et plus précisément en polarité, là où il y esprit, la matière s’écarte pour lui laisser passage mais, l’effleurant en permanence, l’esprit use un peu cette matière. Là où il n’y a que matière, l’esprit n’a d’emprise et ne peut y séjourner … Concernant notre nature physique humaine, il en résulte que la vie organique est altérée par cette manifestation de l’esprit, sans doute parce que la Vie de l’esprit est bien plus puissante que la vie organique …
J’attire maintenant l’attention sur le fait suivant : La vie au sens organique ajoute cellule à cellule échafaudant ainsi ses organismes, l’homme lui, dans ses expériences sépare et divise sans cesse, c’est une opération exactement inverse à celle de la vie, elle, constructrice, l’homme lui, en déconstruisant, progresse ainsi vers une situation où, de plus en plus, se manifeste une réalité de mort …
Et si, maintenant nous supposions ceci : qu’en fait, la matière n’est que le produit de résidus, de déchets spirituels, comme des « peaux mortes » de l’esprit, ou encore des parties mortes de l’esprit ainsi sacrifié… ce serait là une notion pouvant changer considérablement notre regard sur la matière au sens éthique et esthétique …
Ce n’est pas pour autant que l’on trouverait l’esprit dans la matière, puisqu’en fait, il ne s’agirait que de sa dépouille et non de l’esprit lui-même mais, dans ce cas, il nous aurait alors effectivement laissé une trace manifeste de son existence …
NB : la représentation de Dieu, en vénérable père barbu n’est qu’une image à portée de notre intellect, nous permettant de mettre de façon naïve un visage sur le concept même de Dieu… Ainsi ce concept circulant dans notre imaginaire a une portée symbolique. L’idée qu’il véhicule, essentiellement, tient à sa raison spirituelle. Par Dieu, il faut comprendre, ici, à travers ce qui vient d’être écrit, les légions hiérarchisées d’entités spirituelles dont les actions et les desseins ont en charge l’évolution et le devenir de l’Univers… Le véritable « croyant » sait qu’il appartient, en tant qu’humain, à cette évolution et y participe de manière également déterminante, impliquant son propre avenir et celui de l’Univers …
Par son travail, l’homme transforme sans cesse la matière, la mettant à son service mais c’est par l’Art qu’il la hisse à un degré supérieur en l’imprégnant de substance d’origine divine… La matière aspire à être élevée, emmenée vers les hauteurs… j’en prends pour exemple, nos grands arbres, comme images vivantes de cette quête de verticalité et, l’œuvre des bâtisseurs comme défi jeté à la face des cieux … Oui, la matière aspire à être baignée de lumière ! ...