Réédition d'un article initialement publié le 22/07/2019 00:40 - le 1000e à cette date.
Au cours de l'existence, j'ai, à plusieurs reprises, tenu un journal de bord où je consignais les faits marquants de chaque journée ainsi que mes impressions et sentiments du moment… rien d'original à cela, bon nombre de nos contemporains ont recours à ce type d'écriture pour, à la fois, pérenniser et exorciser ces instants de leur vécu avec ce qu'il comporte d'agréable, et de désagréable pouvant être banal, ou bien extraordinaire.
Cela sert alors d'exutoire pour se découvrir, mieux se connaître et tenter de saisir les raisons de nos comportements face aux aléas de l'existence. Mais cela peut aussi être un ensemble de témoignages découlant de nos activités personnelles ou professionnelles.
Ces écrits comportent, bien sûr, une part de tranches de vie plus intime, des états d'âme du moment, mais aussi de révélations et des assertions pouvant servir d'enseignements sur les confrontations au réel.
C'est au cours des 14 dernières années de mon temps de carrière que j'ai tenu le plus régulièrement un journal de bord.
En 1990 j'avais acquis un ordinateur "Amstrad 6128 +", assisté par quelques logiciels en disquettes tel que « Tasword », il m'a permis de m'initier au traitement de texte. Flanqué d'une imprimante à aiguille, j'ai pu remplir des classeurs entiers de mes notes quotidiennes. En 1997, je m'équipais d'un PC « packard bell » bien plus puissant, équipé des logiciels « microsoft » et aussi d'un modem 36K me permettant d’accéder à internet, j'entrais dans l'ère informatique connectée.
Retraité au début de l'année 2005, c'est sur un portable Dell, un bien beau et utile cadeau de la part des parents des résidents du Centre Saint-Martin, que j'ai poursuivais mes activités de rédaction. L'année suivante je créais mon blog « Le Mirebalais Indépendant »...
Revenant au début des années 90, en même temps que la tenue de mon journal personnel, motivé par cette envie d'écrire, je planche alors sur la réalisation d'un bulletin où les activités et impressions des résidents du Centre pourraient être publiées. Je commence cette activité avec mes "pioupious" de Saint-François lors de certaines veillées. On rédige, on dessine, on photographie développant nous-mêmes nos épreuves dans un petit labo-photos que j'ai constitué au sous-sol de pavillon... Cela se met doucement en route …
Demeure la question de l’intitulé de ce bulletin de communication à destination à la fois interne et externe pour les résidents eux-mêmes, leurs accompagnateurs, l'ensemble du personnel de l'institution mais aussi les parents de nos compagnons et nombre d'amis du Centre.
Me souvenant de la façon dont le Dr Berron neuropsychiatre attitré du Centre, nommait familièrement mais aussi respectueusement avec vénération, nos pensionnaires : Les Martinistes, c'est cette appellation que je retins comme titre de notre bulletin qui, dans un premier temps, sera trimestriel puis, annuel, à partir de l'édition de 1995.
Les premiers exemplaires étaient entièrement manuscrits, allant jusqu'à écrire en imitant les caractères d'imprimeries, puis tirés de 100 à 150 exemplaire à le ronéo... Les doigts dans l'encre, un vrai plaisir d'édition.
En 1994, un des parents de nos résident M. Norbert M. ayant une agence de production publicitaire proposa ses services. Son entreprise étant équipée d'un matériel d'édition performant, avec, entre autres, les procédés Offset, il pouvait nous imprimer en plus grand nombre mais surtout dans un format et une présentation bien plus soignée le Martiniste. Le premier fascicule parut en 1995, La présentation impeccable a immédiatement remporté un franc succès.
Au Centre, nous constituâmes un comité de rédaction dont je pris la responsabilité. De nouvelles rubriques furent créées et surtout, pour bien les illustrer, nos articles s'accompagnaient de nombreuses photos.
Pour les résidents, nombreux à contribuer dans chaque unité pavillonnaire, ce fut une source de joies sans égales : on s'intéressait à leur vie, à leur travail à leurs loisirs, ils pouvaient en parler, communiquer leurs impressions. Tout ceci donnait beaucoup de sens à leurs existences.
Pour leurs familles, cela constituait un compte rendu régulier parfois détaillé de toutes les activités auxquelles participaient leurs fils et filles, frères et sœurs.
Cet engouement dura 6 années, puis un conflit social éclatant au cours de l’Été 2000, entraîna, l'année suivante, un changement de direction et des méthodes de travail ainsi que la refonte de l'organisation des personnels travaillant sur les unités pavillonnaires d'accueil. Il y eu défection des engagements chez les parents préoccupés par le sort de l'institution où était accueillie leurs enfants et, chez les éducateurs, un bien moindre intérêt pour poursuivre des activités épistolaires.
« Le Martiniste » fit les frais de cette longue période de crise.
De mon côté, je poursuivais mon propre journal. En 2002, l'AVC de mon épouse Annie affecta notre moral et notre engagement. Nous étions à 2 années de la retraite. Pour Annie les séquelles furent lourdes, elle se retrouva, à 58 ans, invalide à 80% et donc en arrêt de travail définitif jusqu'à notre départ en retraite.
Aujourd'hui, j'ai dans mes archives les exemplaires de ces bulletins, le souvenir des étapes de leurs réalisations ayant suscité ce bonheur de créer et produire chez nos résidents, lesquels, dans nos cœurs, demeurent à jamais, les valeureux « Martinistes »