Je dédie à sa mémoire l'ensemble des réflexions qui suivent s'agissant des 3 facteurs fondamentaux de notre condition humaine ...
Croyance / Connaissance - Civilisation
Voici une « triade » qui englobe toute notre humanité …
Depuis la nuit des temps, aux origines de notre monde, l’évolution de celui-ci a toujours reposé sur l’ensemble de ces trois axes …
A chaque grande période de l’histoire de l’humanité, de la plus lointaine jusqu’à nos jours, la conscience des peuples s’est appropriée ces 3 principes pour progresser à travers les âges.
Ceci est vite dit … Comment comprendre cela ?
Prenons pour exemple notre Nature profonde dans le contexte de notre évolution en tant qu'humain du début à la fin de notre existence terrestre. Enfant, cette nature est identique à celle du croyant entretenant une relation de confiance avec tout ce qui constitue son environnement : d’abord dépendant de sa mère, de ses parents, de ses maîtres participant à son éducation, il ne peut en être autrement … Pour l’enfant dans cette situation, il ne peut que croire que ce que les adultes lui enseignent, en résulte l’immense responsabilité de ces adultes ... Mais quel est le but de toute éducation sinon de rendre l’enfant autonome et apte à juger par lui-même… Cette confiance qu’il avait pour les autres et pour son entourage, il la retourne alors sur lui-même, ceci va occasionner une première crise, celle de l’adolescence. C’est le temps du doute à travers cette dualité : le monde et moi – moi et le Monde … Au cours de son enfance, puis de son adolescence, l’être humain a déjà fait toutes sortes d’expériences, entraînant le raffermissement de sa personne, expériences qu’accompagnent toutes les connaissances acquises également au cours de cette même période ; ceci fait qu’à la maturité s’est forgée son individualité… Il peut, à son tour, entrer comme acteur et auteur dans le processus de civilisation en marche…
J’attire ici l’attention du lecteur en insistant sur le fait que toute cette évolution s’est faite à partir de ce sentiment de confiance dans ce qui existe avant soi, dans ce vaste environnement. Une croyance aveugle dans le Monde qui nous entoure… C’est bien le point de départ.
Croire d’abord ensuite connaître et comprendre …C’est dans cet ordre là que s’effectue toute évolution marquée par le progrès. A bien y réfléchir ces deux axes en polarité Croyance et Connaissance sont indissociables. Toutes les découvertes faites en ce monde et même en sciences ne sont pas que les fruits d’expériences mais avant tout l’aboutissement de cette confiance de cette croyance en l’issue des démarches et processus effectués, que l’auteur entreprenant, en avait. L’intuition direz-vous ? Pas seulement, il faut en plus, cette confiance, cette croyance dans ce qui va être commis pour parvenir au résultat. Bien sûr, ceci s’accomplit aussi en toute lucidité. Aucun véritable chercheur n’est inconscient des risques encourus …
Si l’on s’en réfère à la Genèse au sens biblique, dès que l’homme apparaît sur terre, il demeure en toute Confiance dépendant de son Créateur. C’est dans le même état d’esprit qu’il part à la découverte de la Création … La bible nous dit aussi que le Créateur a, lui aussi, placé sa confiance dans l’homme… La suite justement, nous la connaissons…
C’est bien du problème de la connaissance dont on doit parler maintenant …
En quête de connaissances, c’est déjà partir à l’aventure (confiant bien sûr). Comme Adam, en son Paradis, l’enfant, aussi confiant que son lointain parent, part donc à la découverte du monde et s’enhardit toujours plus à chaque nouveau pas en avant, explorant et goûtant à tout ce qui lui est permis (renouvelant moult expériences) suivant son bon vouloir, jusqu’au jour il tente » l’expérience interdite » …
Nous savons que l’homme ne fut pas seul dans cette entreprise, que le doute lui vint de Eve, la femme et surtout, était induit par le « serpent tentateur ». Ajoutant encore que le fruit défendu avait été cueilli dans l’arbre de la connaissance, nous avons là une image saisissante de ce qu’augure ladite connaissance …
Nous ne connaissons que ce qu’en cours d’exploration ou d’apprentissage, nous découvrons… au premier stade de la connaissance il s’agit de la révélation. Puis notre curiosité aidant (encore un sentiment lié à la confiance…), nous poussons plus loin l’expérience pour en savoir plus. A ce stade s’établit un rapport entre son « moi » et l’objet de la découverte. Si l’on ne veut pas que ce rapport soit limité à cette confiance et cette curiosité, il faut s’engager plus, et cela se fait alors au niveau de notre conscience : « En tant que « sujet », Je mets de moi-même dans la chose observée et révélée « l’objet » et il faut que cette chose me « parle » à son tour ». Ainsi s’établi le rapport : Sujet – Objet … On ne peut donc pas parler de connaissance si ce contact ne se fait pas … Il faut que l’objet de notre découverte rentre dans le champ de notre conscience. Et cela ne peut se réaliser que, si à l’origine de notre démarche, s’exerce une intention qui induit notre volonté pour agir (explorer puis expérimenter). Cette intention est, elle, soutenue par la confiance ou la croyance dont il a été question plus haut … Ce qui montre, une fois encore, que Croyance et Connaissance ne peuvent être séparées …
Le stade suivant la révélation c’est, découlant de l’expérience faite dans le rapport sujet – objet, l’apparition de phénomènes liés à la manifestation de cet objet, lesquels se traduisent en lois et en règles. Celles-ci s’ajoutent alors dans notre conscience en tant que connaissances …
Ainsi, à partir de ce processus, le monde devient source inépuisable de connaissances suivant nos pérégrinations, lesquelles dépendent aussi, du bon vouloir de tout un chacun… Chaque connaissance révélée et établie devient un point d’appui pour en dégager des nouvelles qui graduellement, enrichissent toujours plus le patrimoine de l’humanité au niveau de la Connaissance avec un grand « C » …
Ainsi, depuis les origines les plus lointaines, en ce bas monde se sont accumulées moult connaissances au point qu’on se demande s’il est des limites à celles-ci (Cf. Kant et sa théorie de la connaissance).
Maintenant, en vertu de cette question, concernant les limites de la connaissance et du fait que de celle, précédente, dont découle la suivante, cette dernière, remet parfois en cause certaines des connaissances avérées antérieurement (C’est assez souvent le cas en Sciences), ne peut-on pas aller jusqu’à dire qu’il y a aussi une forme de croyance en sciences, croyance dans des connaissances et qui, à l’excès, tient de la foi aveugle…
Nous avons vu dans l’histoire de grands penseurs découvreurs dont les révélations étaient taxées d’hérésie … (Kepler, Copernic Galilée …)
Il ne s’agit pas là, de mettre en doute ce qui est scientifiquement admis mais de remettre en cause le fait que ce qui est ainsi « officiellement » reconnu serait vérité absolue et immuable, alors que les avancées faites pas à pas en sciences, peuvent, à posteriori, non seulement compléter mais aussi, dans certains cas, infirmer et, dès lors, rendre obsolète, ce qui auparavant, était une affirmation catégorique énoncé comme « vérité » …
Et au départ de cette avancée, il y a bien une confiance, une foi quasi aveugle dans l’assertion de base – on est bien là dans le domaine de la croyance – puisqu’à aucun moment on en vient à douter de la véracité de ce qu’il convient alors d’appeler maintenant un postulat …
Croyance et Connaissance sont, ici, encore difficilement séparable…
C’est dans l’évolution propre à ces deux concepts que se mettent à jours leur spécificité et donc leur différence mais aussi leur complémentarité.
Au niveau de leur positionnement dans le temps …
Du point de vue du contenu …
D’essence, la Croyance se maintenant au niveau du sentiment, touche les affects et devient facteur de déclenchement de toutes sortes de motivations…
D’essence, la Connaissance se situant au niveau de la conscience, mobilise l’intellect et engage l’ensemble des processus de progression…
Quoique lapidaires, ces définitions permettent de mieux cerner les composantes qui différencient, opposent et rendent complémentaires, ces deux notions en polarité…
Laissons momentanément de côté cet axe double : Croyance – Connaissance, pour envisager maintenant ce qui, constituant le trait d’union entre ces polarités, se définit alors en tant que Civilisation …
Celle-ci se situe bien à la jonction de l’inné et de l’acquis, de l’atavique et du pondéré, du spirituel et du temporel.
Là où, en groupe, des humains évoluent et progressent ensemble il y a forcément civilisation… A l’inverse les individus isolés ne peuvent qu’entamer une lutte pour survivre … L’adaptation au milieu demeure instinctuelle même si les moyens employés pour survivre démontrent une certaine « ingéniosité ».
Tant qu’il n’y a pas de communication et, ce qui en découle, comme échanges, on ne peut parler de civilisation …
L’être humain, parmi toutes les créatures qui peuplent notre monde, est bien celle, la plus apte et destinée à vivre en société.
Même un ermite qui vit à distance de la société des hommes, pratique une forme d’existence en corrélation avec cette société vouant sa forme de vie, sa façon d’être, au recueillement que sous-tend ce lien ténu, avec la civilisation et le sort de ses contemporains…
On le constate, la civilisation naît de l’assemblée des hommes qui mettent en commun et partagent leurs connaissances, leurs savoir faire, leurs compétences.
Sur ces bases s’échafaudent les sociétés qui recourent alors à des formes d’organisation : d’ordre vital (habitat, ressources en denrées, moyens de défense contre toutes formes d’agressions), d’ordre moral (codes religieux et codes civils), et d’ordre culturel (urbanisme, transmission et promotion du savoir), 3 pôles qui vont évoluer dans le temps…
A l’origine l’homme était chasseur et donc vivait en nomade migrant en fonction des déplacements des proies qu’il traquait, puis il devint agriculteur, alors il se sédentarisa… De là, sont nées les cités … En surgit le pouvoir, car, s’organisant, la société va avoir besoin de guide, de meneur du « troupeau »
Dans l’histoire de l’humanité trois formes de pouvoir vont se succéder
- Théocratique (Egypto Chaldéenne Antiquité) - Monarchique (depuis la chute de Rome jusqu’au 18ième siècle) - Démocratique depuis le 19ième siècle et période contemporaine…
Il est évident que ce sont là de très grandes lignes, car la succession des différentes civilisations réparties dans le temps et à la surface de tous les continents, regroupe de nombreuses phases d’évolution de nature bien plus complexe justifiant une étude spécifique…
Ce qui distingue l’être humain de tous les autres êtres vivant sur terre, c’est la soi conscience. Il est le seul apte à avoir conscience de ce qu’il est, de ce qu’il fait et de ce qu’il provoque. Il est cet être « réfléchi » dont l’action peut être préméditée, orientée, conséquente, pouvant répondre à des intentions, à des projets et à des aspirations…
Seulement pour être, à ce point, conscient de sa personne, il a besoin des autres humains pour l’élever, l’instruire et le rendre autonome.
La contrepartie de cette situation bien particulière, c’est que, de tous les êtres vivants, c’est celui qui devra attendre le plus longtemps pour acquérir autonomie et indépendance… le temps de se construire comme être humain adulte exige 21 ans ou 3 septaines …
Autrement dit l’humain a besoin d’être inscrit dans une civilisation quelque qu’elle soit, car ce n’est qu’au sein d’un groupe civilisé qu’il peut être élevé et instruit …
Ceci a une grande importance … Il conviendrait, ici, de développer le contenu de cette assertion en rapport avec les thèmes de cette triade : hérédité – milieu – destiné … mais ça nous entraînerait trop loin, cette triade méritant une étude approfondie à elle toute seule …
Ceci veut dire que chaque civilisation est porteuse de son avenir à travers tous les individus qui la composent et la font perdurer … Là encore, il serait intéressant d’évoquer les situations particulières, comme les rencontres de civilisations… aujourd’hui on parle de choc des cultures. En fait, ceci constitue l’expérience profonde à laquelle participe toute l’humanité de notre temps …
Comme développer un tel sujet prendrait bien trop de temps, contentons-nous, ici, de faire mention d’une observation singulière :
En matière d’étude ethnologique sérieuse, il serait absolument incongru de supposer qu’il y ait des degrés de civilisation qui, au-delà de la différenciation des peuples inscrits dans une culture particulière, voudrait hiérarchiser ces types de civilisation comportant des sujets plus ou moins évolués, comme étant inférieurs ou supérieurs sur le plan de l’évolution…
Ceci mérite d’être rigoureusement, observé, étudié et médité si l’on ne veut pas tomber dans les écueils du racisme, de la xénophobie et de l’intolérance la plus obtuse…
Maintenant, reprenant cette notion des 3 formes de pouvoir s’étant révélé au cours de la longue histoire de l’humanité, ajoutons ceci :
La théocratie remonte aux origines de l’humanité quand l’homme, ultime maillon de la Création, s’identifiait à elle, au point de la vénérer et de percevoir, dans la vibrante et phénoménale Nature, l’omniprésence des dieux créateurs, son destin dépendant uniquement de ces dieux …
La monarchie se fait jour, quand les ex guides de l’humanité primitive et antique, sont occultés par des personnalités plus fortes, s’imposant aux autres hommes qui, alors, vénèrent ce roi, cette reine comme, autrefois, ils vénéraient leurs dieux.. A noter que dans bon nombre de sociétés et dans des nations diverses, le roi ou la reine, le sont, de droit divin …
Le démocratie vient à ce moment de notre histoire où les individualités se font de plus en plus fortes et font le constat qu’elle peuvent s’affranchir du joug de rois ou reines despotes. Un nouvel éveil de la conscience humaine se fait où l’autorité se manifestant avant de l’extérieur, il est dès lors, possible de se l’imposer librement à soi-même. Ainsi apparaît l’ère de l’autodétermination où les différents groupes humains prennent en charge leur propre destin … Aujourd’hui, se référant aux droits des hommes nous ne manquons pas de citer celui-ci : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes…
Poussant plus loin cette étude, nous rapportant à l’échelle d’un vie d’homme, nous ne manquerons pas de constater que la Théocratie correspond à la petite enfance où tout repose sur la confiance et la foi, que la Monarchie peut être mise en parallèle avec la puberté et l’adolescence où se fait pressant, le besoin d’autorité et d’exemplarité, et que la Démocratie a son pendant dans la maturité acquise lorsque l’homme, nanti des connaissances et des pratiques de vie essentielles, peut librement les parfaire en prolonger l’étendue et prendre en charge, de façon autonome, son propre destin …
La Civilisation, rapportée au cours d’une existence, associe les croyances les plus ataviques aux connaissances les plus pointues… entre, se situe l’espace de liberté tissé des convictions qu’intimement l’on se forge en toute lucidité …
Si Dieu existe, je ne dois pas seulement le chercher en moi mais dans tout l’Univers qui m’entoure et dont chacun se trouve être un extrême concentré du rayonnement …