Moi, les américaines, ça me ramène aux années « 50 », quand les « Ricains » justement, séjournaient encore en France avant que notre grand Général Président les invite à effectuer un go home anticipé … Je me souviens très bien quand, dans ces années là, nous allions faire nos courses à Châtellerault, sur la grand place des allées de Blossac, il y avait, garées sous les ombrages, bien plus de voitures américaines que de françaises … J’écarquillais les yeux et baillais d’admiration devant ces longues voitures aux formes proéminentes, aux ailerons acérés surplombant d’énormes feux arrières, aux monstrueuses calandres hyper chromées, aux pare-brises larges et bombés entre leurs montants inversés. Ces délirantes et exubérantes carrosseries rendaient désuètes nos berlines françaises dont une majeure partie du parc automobile de cette époque était constitué de modèles d’avant-guerre qui faisaient vraiment vieillot à côté de ces somptueuses "ricaines"…
Lorsque l’on jetait un regard à l’intérieur de ces "paquebots de la route" alors on en prenait plein les yeux avec cette débauche de cadrans ceints de chromes, de boutons tirettes, et de sièges opulents en skaï ou en cuir … Wahoooo ! s’exclamait-on … Oui, rien à voir avec notre 2CV de l’époque et son petit compteur de mobylette …
A ce sujet, il me revient une blague que mon père se plaisait à raconter… histoire de remettre les pendules à l’heure vis-à-vis de ceux qui osaient faire la comparaison entre nos voitures et celles d’outre-atlantique :
Un brave Français vient de garer sa petite 2 CV Citroën à coté d’une superbe Cadillac Eldorado dont le colossal conducteur, cheveux ras, chemise chamarrée sur bermuda descend au même instant … Apercevant la petite voiture grise du citoyen français, il sort son énorme cigare de sa bouche en le tapotant pour en faire tomber la cendre… Il arbore alors un sourire quelque peu ironique en s’adressant au Français dans un fort accent Yankee…
- Ahow ! Vohou avvé eun stioupéfiantte woatoure, vohou francese … ce bien eune aotomovbile singoulière que cette citrouhenne … Tchennez , ma tchadillack est oune faourmidabeule aouto
- ???
- Itzi, vohou avvé eun vérritablïe peunnêl de faounctions poeur un stioupéfianet comffortt de rahoute
- ???
- Here, Le comm’and de tchapote ellecshtrick … ( appuyant sur ce bouton la capote se déploie) …
- !!!
- Lâha, l’alloumme tchigaore, puïe le comm’and d’ahèrre condickchiounné.. , là entchor, le règgladge ellecshtrick des faoutheuils …
- !!!
- Tchenéé, here voho avvé ce beutton poeur lèvv’ les vitteres diu véhitschoule , to right and to left …
- !!!
- Le radiou de board est trllès pouisshante avec l’antchenne alle aussi ellecshtrick…
- !!!
- Ehe laha mönn nammy, vohou avvé entchore le beutton poeur l’overtchoure de tchoffrer …
- Le français qui, jusqu’alors n’a rien dit, est visiblement bien agacé par ce déluge de vantardises, lui répond, narquois : Oui, Monsieur l’Américain, vous avez, sans conteste une merveilleuse voiture, mais voyez vous, toute belle et si bien équipée soit-elle, il y a une chose que je peux faire avec ma 2CV et que vous, ne pouvez pas faire avec votre Cadillac …
- Ahoww !!! what’s ????
- Voyez vous, cher monsieur, moi avec ma 2CV, quand je claque une porte… eh bien, les trois autres s’ouvrent !...
Ne craignant plus le ridicule et sans non plus faire quelque complexe d’infériorité, reconnaissons malgré tout que cette débauche métallique et mécanique des voitures américaines a fasciné bon nombre d’automobilistes, là et ailleurs … Fasciné et, fait ciné, aussi, car la voiture américaine s’inscrit en bonne place dans bon nombre de grands scénarios des production hollywoodiennes… Elle y tient souvent le premier plan et jusqu’à nos jours les road-movies connaissent un franc succès … je retiendrai la course infernale, dans les rues de San Francisco de la Plymouth Belvédère des truands poursuivie par la Mustang de l’inspecteur Bullitt ( Steve Mac Quenn) … La magnifique Ford Thunderbird décapotée de « Thelma et Louise » (Susan Sarandon, Geena Davis) et encore bien plus épique, me touchant au cœur, la formidable randonnée d’Est en Ouest, à travers les vastes USA, de « Rain Man » avec son frère Charlie Babitt ( Dustin Hoffman – Tom Cruise), au volant de la vieille Buick coupé roadmaster de 1950 …
Oui les belles américaines font vraiment leur cinéma …
Les Belles Américaines
Qui font leur cinéma,
Parcourent vastes domaines,
En ne roulant qu’au pas …
Les belles Américaines,
S’arrêtent sur la plazza,
Affichant leur dégaine
Et leur grand tralala !...
Les Belles Américaines
Ont toutes, la Baraka …
Rien ne les refreine,
Pas plus Louise, que Thelma…
Les belles Américaines,
Elles vous font un tabac :
Ouragan sur le Maine !
Rodéo à Cuba ! …
Les belles Américaines,
De San Francisco, à Baya,
Furies qui se déchaînent,
Poursuivent les parias
Les belles Américaines,
Hurlement des sirènes,
Font leur sortie de scène,
Sur l'air d’harmonicas.
Les belles Américaines,
Franchissent les Etats,
Route 66 , souveraine,
Rêvent en Arizona !…
Les belles Américaines,
De l’Argentine à L’Alaska,
Se conduisent aux rênes,
Subjuguant les soldats …
Les belles Américaines,
Chromes et Alcantara
Vous la joue, très hautaine,
Dans la poussière des sierras…
Les belles Américaines,
Ne roulent pas au Colza,
On sent à leur haleine,
Des relents de Pizza !…
Farefaraway …
A chanter sur l’air « Les belles étrangères » musique et interprétation : Jean Ferrat (1965)
Le Cinéma Français n’a pas oublié les Belles Américaines, en les mettant en scène de façon souvent cocasse. Par exemple dans : « Sur un arbre perché » avec De Funès et le « Corniaud » avec Bourvil …