Le festival de la BD à Angoulême est clos depuis dimanche soir. Notre fille Amélie, son compagnon Samy et sa fille aînée Rafaële, ont passé la journée sur place, profitant des nombreuses animations. Bien sûr, ils ont fait des achats. Quelques jours plus tôt, Amélie, en prévision, avait trouvé une BD susceptible de m'intéresser et me l'a offerte. Elle devrait rencontrer prochainement son auteur.
J'avoue que j'en ai vivement apprécié la lecture et ce pour des raisons diverses car, si le sujet de l'histoire que nous conte cet album, repose sur des souvenirs d'enfance, cela en a fait remonter d'autres à peu près similaires chez moi.
Entre nostalgie et envolée de souvenirs, suivre la voie de son être d'aujourd'hui à hier...
Entre la couverture et la quatrième de couverture, entrer dans cet album nimbé de poésie et de souvenirs nous fait découvrir moult "chemins de faire"... son parcours de vie***
Rencontre de son alter-ego enfant surgi des lieux bénis de son enfance.
Remarquable : les illustrations du présent sont teintes de nuances de bleus s'étalant sur fond blanc et toutes les formes sont cernées de traits noirs... Les illustration du passé sont, elles, teintées de toutes les couleurs de la palette chromatique ; elles s'accordent avec la vitalité et la vivacité de l'enfance montrant ainsi qu'elle n'est pas une ombre d'elle-même. mais toujours présente et ardente dans l'âme de l'adulte. Leur juxtaposition, au début surprenante, nous est vite familière.
Tout au cours de l'ouvrage un dialogue s'installe entre ces deux visages distincts du présent et du passé et cela ne manque pas de sel entre altercations et mots d'humour...
Entre enfants et parents, l'adolescent devient adulescent, ni naïf, ni innocent // Entre rivalité et complicité, 40 ans plus tard, sur les mêmes sentiers, l'adulte rencontre l'enfant qu'il était, à la recherche du temps passé et perdu de vue...
Entre les voies sur le ballaste du temps passé, la fuite à rebours emprunte aussi des chemins de traverses chargés de souvenirs et d'émotions.
Tronçon de la Ligne Poitiers-Saumur via Arçay où se déroule une grande partie de cette évocation poétiquement illustrée // La gare d'Arçay* est située au point kilométrique (PK) 169.900 de la ligne des Sables-d'Olonne à Tours, entre les gares ouvertes de Chinon et de Thouars. Elle est séparée de Chinon par la gare aujourd'hui fermée au trafic voyageur de Loudun, et de Thouars par la Gare de Pas-de-Jeu, fermée également. Elle est également la gare origine de la ligne de Poitiers à Arçay. *Photo Spendeau - Wikipédia.
Dans d'épais fourrés la végétation volubile dissimule les vestiges du passé, une barrière à franchir pour découvrir la maisonnette de la garde barrière...
Être à son poste au bon moment pour donner priorité à la voie ferré sur la voie goudronnée, il convenait de baisser la barrière et tourner avec ardeur la manivelle. C'était le métier de la maman de l'auteur... Parfois, le train remplissait une toute autre mission que celle du transport de personnes ou de marchandises, il fallait traiter les abords de la voie ferrée, envahis par les mauvaises herbes. La locomotrice tirait alors de funestes wagons citernes et les plantations du petit jardin de la garde-barrière en subissaient, hélas, les ravageuses conséquences.
A la fin des années 70, il y avait encore ces charmants petits bals de campagne. Dans ce monde rural, Le yéyé avait, comme dans les villes, pris le pas sur le musette... mais demeuraient encore des traditions à respecter. Les mères accompagnaient et surveillaient leurs progénitures en jupons, même à l'époque de la mini-jupe... Elles avaient l’œil sur chaque gars qui invitait leur fille à danser. C'est à l'un de ces petits bals que se sont connus la mère et le père de l'auteur. 9 ans plus tard, on le retrouve en bicyclette revendiquant, qu'à cet âge, on est déjà un grand...
A cette époque, avec ses parents, ils habitent la commune de Arçay, un agréable village non loin de la ville de Loudun, bourg du Nord-Vienne chargé d’histoires et que l'auteur célèbre à travers son graphisme soigné et fidèle dans la reproduction des lieux, la place Sainte-Croix, sur cette double page, où virevolte le petit garçon à la gouaille féconde.
Entre les heures passées en classe et les temps de récrée, grandir se fait aussi à l'école. Apprendre en jouant, jouant en apprenant sont les deux voies du savoir et savoir être... Il y a déjà une part de l'adulte dans l'enfant mais aussi, et nécessairement une part d'enfant dans l'adulte. Il faut savoir les concilier, voire les réconcilier...
Regardez bien l'image de droite en classe, cet instituteur que l'auteur nomme M. Wagon*, ne trouvez-vous pas qu'il ressemble au grand Jacques Brel ?... Il a aussi tenu ce rôle de maître d'école dans "Les risques du métier" L'auteur de la BD n'a certainement pas fait figurer ce personnage sur cette planche par hasard . C'est là aussi un sacré clin d’œil à cette époque où il était lui, enfant et le célèbre chanteur Belge entrain de mettre fin à sa carrière de chanteur.
NB * Entre Wagon et Wallon, l'auteur qui aime jouer avec les mots, a sans doute choisi celui qui était proche de cet univers du rail... (Bien que Flamand par son père, Jacques Brel, selon ses propres mots se définissait lui-même comme Bruxellois flamand d'expression française).
Onirique également ...
Une puissante aspiration dans les couloirs du temps... les rails, en se tordant, forment alors la double hélice d'un ADN des souvenirs qui réunissent l'homme et l'enfant, des souvenirs à ne pas mettre au clou... et que l'on tire au fond de son âme...
Entre deux stations de l'existence, voilà qui a constitué un merveilleux sujet d'inspiration pour créer cet album au graphisme dynamique, réaliste et élégant.
Entre Fiction et Réalité, qui transcende l'autre ? - Le Mirebalais Indépendant
Extraite de l'avant-dernière page de la BD *Entre deux gares*, cette bande de 3 images est non dépourvue d'Humour... Et, dans celle de droite, l'auteur se pose la question de l'opportunité de cette
https://www.mirebalais.net/2024/02/entre-fiction-et-realite-qui-transcende-l-autre.html