Extraite de l'avant-dernière page de la BD *Entre deux gares*, cette bande de 3 images est non dépourvue d'Humour...
Et, dans celle de droite, l'auteur se pose la question de l'opportunité de cette BD ferroviaire...
Eh bien moi, je valide son initiative qui lui a fait produire cette BD de qualité et dont le contenu historique met en exergue la vie d'un petit village du haut Poitou et celle de son enfance s'articulant autour d'une maisonnette de garde-barrière, poste tenu par sa mère.
Que de curiosité cette bande dessinée a suscité chez moi me poussant à chercher tout ce qui concernait cette voie ferrée, la vie des cheminots et de toutes les personnes travaillant au bord de cette ligne dont j'ai aussi retrouvé le reportage vidéo que vous trouverez à la fin de cet article.
Bien sûr je ne suis pas resté insensible à ce témoignage sur des personnes simples s'étant attachées à leur fonction et la vie sociale de leur village, à une époque nous ramenant un peu plus de 40 ans en arrière.
Ainsi ai-je retrouvé trois interviews de l'auteur Sébastien Samson parus dans dans La Nouvelle République au cours de l'année 2023-24.
Nous en apprenons ainsi beaucoup sur les origines de cette BD *Entre deux gares*, sur les motivations de l'auteur et sur la vie de sa mère dernière garde-barrière sur cette ligne de chemin de fer, aujourd'hui désaffectée.
Sébastien Samson illustre en BD ses souvenirs d’enfance du passage à niveau gardé par sa mère Marylène. *Photo NR*
Article de la NR publié le 17/03/2023.
Loudun : les souvenirs du rail illustrés en BD
Sébastien Samson a passé une partie de son enfance sur les rails quand sa mère Marylène était gardienne du passage à niveau 185 à Arçay. Devenu auteur et illustrateur de BD, il met en scène ses souvenirs et ses recherches historiques dans un album.
Les premières illustrations de la voie ferrée de son enfance, Sébastien Samson les dessine dans sa BD *Le marathon de New York à la petite semelle*, réalisée en 2016. Ce sont ses premières de l’endroit d’où il vient et de son enfance près de la barrière d’un passage à niveau sur la ligne Chinon-Saint-Jean-de-Sauves - Thouars. « J’avais oublié, comme occulté, cet épisode de ma vie, confie-t-il. Il y avait quelque chose à creuser, j’ai demandé à ma mère de raconter ses souvenirs. »
Il a fallu six années de gestation et de travail. C’est aussi le temps pendant lequel sa mère a occupé les fonctions de gardienne du passage à niveau (PN) 185 à Arçay, de 1978 à 1984.
Souvenirs mais aussi enquête historique
Cet ouvrage, qui sortira aux éditions tourangelles La Boîte à Bulles en octobre 2023, raconte ses souvenirs et les confronte avec l’histoire du village. Pour le réaliser, Sébastien Samson a mené une véritable enquête historique. Registres paroissiaux du 17e siècle, cartes postales anciennes de la gare qu’il reproduit au dessin dans sa BD, photographies de son adolescence et ses propres dessins d’Arçay, chansons de l’époque, recherches sur les actions de René Monory…, il replace ses souvenirs dans leur contexte.
En 2023, le PN 185, désaffecté, fête sans grande pompe ses 150 ans et Sébastien fête ses 50 ans. Lié au PN 185, il tient à rester fidèle à son enfance et à transmettre de façon très documentée une forme de mémoire et un hommage à cet épisode de la vie de ses parents. Sébastien se souvient bien de la sonnerie, celle qui annonce le passage d’un train avant que la barrière ne s’abaisse. Il se souvient aussi du grondement de ces trains de marchandises qui venaient des coopératives de céréales, les wagons que l’on pouvait compter, leur odeur de blé.
À l’époque, un seul train passait dans la journée. Une fois qu’il était passé, « c’était alors notre terrain de jeux, j’allais voir mes copains au PN 184 par les rails ».
Par l’aboutissement de ce projet, l’auteur de BD se déleste d’une obsession. C’est aussi un travail de mémoire.
À Arçay, le trafic du fret a pris fin. Il est dorénavant dans les souvenirs.
Sébastien Samson illustre en BD ses souvenirs d’enfance du passage à niveau gardé par sa mère Marylène. *Photo NR*
Article de la NR publié le 25/03/2023
Près de Loudun, elle était la dernière garde-barrière à Arçay
De 1978 à 1984, Marylène Samson gardait la barrière du passage à niveau n° 185 à Arçay, avant son automatisation par la SNCF.
Elle est la dernière garde-barrière du passage à niveau (PN 185) à Arçay, près de Loudun. Marylène Samson se souvient de ses anciennes fonctions avec le sourire.
Une expérience qu’elle a vécue en famille et qu’elle partage avec force anecdotes.
Ces souvenirs apparaissent dans une BD dont son fils Sébastien est l’auteur et l’illustrateur, à paraître en octobre 2023 aux éditions tourangelles La Boîte à bulles.
Des tours de manivelle pour abaisser la barrière
En 1977, quand une voisine à Loudun prend le poste de garde-barrière du PN 184, le PN 185 se libère. Il se situe sur la ligne Chinon-Saint-Jean-de-Sauves-Thouars.
Marylène postule en envoyant un courrier à Châtellerault. Elle devient sans difficulté « gérante contractuelle de passage à niveau ».
Elle prend son poste à Arçay début 1978 et habite dans le logement du PN 185 avec sa famille après avoir quitté les immeubles HLM de Loudun.
Elle découvre les trains de marchandises, lourds et massifs. « Un train passait trois fois par semaine, on pouvait compter jusqu’à 23 wagons. Il passait à 12 h à l’aller et à 14 h au retour. Je devais aussi m’occuper d’un autre treuil, celui qui permet de fermer le PN 186 plus loin dans les bois », explique-t-elle.
Après un tour de manivelle, la sonnerie retentissait pour les voitures, une lumière s’allumait, un autre tour, puis les barrières avec les tabliers rouge et blanc s’abaissaient.
Un registre des trafics
En 1981, le travail change. « J’ai signé un nouveau contrat. Les trains ne passaient plus à heure fixe, et seulement une à deux fois par semaine. Si un train était annoncé, il fallait rester toute la journée, j’étais d’astreinte. Un téléphone me reliait à Loudun, on m’appelait pour me prévenir. »
Garante de la sécurité au passage des trains, Marylène tenait un registre du trafic et des incidents à relater. Il fallait connaître les mesures de sécurité, les drapeaux à agiter, les pétards en quinconce à poser sur les voies, la torche à dégoupiller.
Pour les visites médicales à Tours, Marylène devait prendre le train, ce qu’elle… détestait !
Licenciée en 1984
La barrière devient automatique en 1984, Marylène est licenciée, avec deux ans de chômage.
Elle n’a gardé que sa chaise, avant que la guérite ne soit entièrement démontée. C’était il y a quarante ans.
Son histoire, son fils Sébastien a voulu la connaître. Dans une BD, il met en scène ses souvenirs de cette époque où sa maman était garde-barrière de passage à niveau.
« L’entre-deux gares », BD à paraître en octobre 2023. Auteur et illustrateur : Sébastien Samson. Éditions La boîte à bulles.
« Entre deux gares », la BD de Sébastien Samson entre les mains de tous dès le 3 janvier 2024. *Photo NR* // Dédicace de l'auteur à Poitiers le 10.02.2024 // Clou souvenir année 37....
Article d la NR publié le 02/01/2024
J’avais une dette envers les rails » : Sébastien Samson raconte Arçay dans une BD
La BD « Entre deux gares » de Sébastien Samson, auteur et illustrateur originaire d’Arçay, paraît ce mercredi 3 janvier 2024. À partir de ses souvenirs d’enfance, il livre sa vision de son passé à Arçay et l’histoire d’une commune et de ses habitants.
Dans sa nouvelle bande dessinée autobiographique qui paraît mercredi 3 janvier 2024 aux éditions tourangelles La boîte à bulles, Sébastien Samson se met en scène et raconte ses souvenirs d’enfance, passée près du passage à niveau PN185 d’Arçay. Sa mère, Marylène Samson, en était la dernière garde-barrière jusqu’en 1984.
Ce nouveau projet d’édition aboutit après six ans de gestation et de travail, de la mise en mots jusqu’à la mise en dessin, dont trois années dévolues à l’illustration des seules planches.
« Je n’ai travaillé que sur du souvenir »
Dans un récit truffé de jeux de mots et non dénué de traits d’humour, le lecteur est invité à parcourir un puzzle qui mêle les voix de l’adulte et de l’enfant qu’il était. Ses parents, mis en scène à travers ses dessins, lui ont fait confiance et ont répondu à ses questions pour compléter ses souvenirs et ajouter leurs voix. Depuis le début du projet, Sébastien Samson a le soutien de son éditeur, qui n’est intervenu que pour le réalisme des dessins de trains.
La mise en scène choisie révèle les allers-retours de l’auteur dans sa mémoire. Il tâtonne dans sa quête, marquée d’une légère nostalgie, et montre ses découvertes. « J’ai bâti ce livre à trois voix, sans personne d’autre, je n’ai travaillé que sur du souvenir », explique-t-il sur sa démarche.
« C’est la vie qu’on avait » à Arçay
La BD est aussi un récit sur l’histoire d’Arçay, que peu connaissent. « Aujourd’hui, ce livre me semble rendre le village plus vivant et plus actuel. » Il dessine avec précision ses trouvailles jusque dans la reproduction des cartes postales. « J’avais une dette envers les rails. J’ai les cartes postales originales, je les ai donc dessinées. »
Témoins d’une partie de cette enfance, Christophe et Romain apparaissent aussi dans la BD de leur frère aîné. « Il nous emmène avec lui dans son univers, dans sa façon de penser. On apprend comment Sébastien en est arrivé là. Il rend notamment hommage à son instituteur M. Wagon », commente Romain, le plus jeune. « J’ai découvert des choses personnelles sur Sébastien, des choses que j’étais trop petit pour connaître. Sur Arçay, je n’ai rien appris : la BD montre bien le village. C’est la réalité. C’est la vie qu’on avait il y a une quarantaine d’années. Et, pour moi, c’était normal le chemin de fer », ajoute Christophe.
Sur les rails, Sébastien Samson et sa BD Entre deux gares feront halte au festival de la BD d’Angoulême fin janvier. Il la dédicacera ensuite à la bibliothèque d’Arçay le 24 février 2024.
* Entre deux gares *, scénario et dessin de Sébastien Samson, aux éditions La boîte à bulles. Parution le 3 janvier 2024.
La fiction pour transcender la réalité c'est magnifier les choses simples de la vie, celles qui ont pétri, jusqu’au fond du cœur, les souvenirs heureux de l'enfance
Un reportage sur l'histoire d'hier à aujourd'hui de cette ligne qui passait à Arçay dans le Nord de la Vienne point de ramification à d'autres lignes.