Ce 28 mai est la journée mondiale du jeu… une célébration tout à fait en phase avec l’actualité puisque le jeu est à l’affiche de nombreux événements festifs de ce joli mois. Entre finales des grandes rencontres sportives, finale de la ligue des clubs champions du football, de champions cup du Rugby, Tournoi de tennis de Roland Garros et festival de Cannes, le jeu se décline sous toutes ses formes faisant les Unes de nos quotidiens papiers, journaux télévisés et réseaux sociaux du web.
Jeux de terrains, Jeux olympiques, jeux d’acteurs, mais aussi jeux sur tables dits jeux de société, jeux d’esprits, jeux musicaux et d’instruments de musique, jeux de la vie, de l’amour et du hasard, le jeu fait l’oie et loi…
Le jeu plus qu’une notion est avant tout une activité alors qualifiée de ludique… le jeu serait-il à l’origine de l’existence ? Si la question peut déranger les esprits bien ordonnés n’envisageant que les impératifs sérieux de la vie, il s’avère que le jeu commence très tôt chez l’enfant.
La rencontre avec le monde commence par le jeu c'est-à-dire par une activité qui place l'enfant dans une situation de cause à effet… Le jeu est essentiellement mouvement et, chaque geste qu’il entraîne, porte à conséquence…
Le jeu n'a vraiment de sens et d'intérêt qu si l'on s'y adonne de son plein gré pour n'y prendre que du plaisir
Genèse du jeu.
En fait, le jeu a déjà commencé avant que l’enfant marche mais de manière très confuse… le regard, les sourires, les petites grimaces, les gazouillis, les cris, les pleurs sont déjà imprégnés par le jeu. Vient ensuite la préhension des objets, que le bébé porte à sa bouche, qu’il suce, qu’il agite puis qu’il fait tomber d’abord maladroitement puis intentionnellement. Arrive alors, le temps des premières expériences.
C’est en jouant que le petit enfant investi les lois physiques de son nouvel environnement, pesanteur, équilibre, consistance, chaleur, sonorités, dimensions, distances, etc. De cette manière, il s’inscrit manifestement dans l’espace… Il vit d’abord tout cela à l’état de véritable bougillon encore très brouillon dans sa gestuelle…
Dès le berceau le jeu revêt déjà son aspect socialisant, humanisant parce que l’enfant joue avec ce qui constitue son entourage immédiat. C’est d’abord par le toucher qu’il va entrer en contact avec les objets et les êtres. Ceci s’établit à partir de la relation en symbiose avec sa mère. Par le sein, le nourrisson est à la fois en contact avec l’objet charnel et aussi avec l’être humain. Êtres et choses entrent ainsi simultanément dans le champ de perception du tout petit. Par leurs présences, il développera, avec les premiers, sa sensibilité affective et, avec les seconds, les rudiments propres à forger son intelligence. Ces deux conquêtes prémisses du jeu instinctuel et relationnel, ne peuvent s’effectuer séparément.
A propos de ce contact avec les choses Édouard Seguin* nous dit :
Les petits enfants ont une horreur instinctive de l’isolement. Lorsqu’ils s’éveillent, ils regardent non pas avec leurs yeux tout grands ouverts mais avec leurs mains recherchant le contact. Cet amour du contact d’où résulte la première éducation au sens le plus général, le toucher est souvent mal satisfait, (la conformité des objets mis à disposition des enfants en est souvent la cause) Il doit avoir la possibilité de s’amuser pendant des heures en jouant avec des objets doux, rugueux, mous, résistants, chauds ou froids, en touchant tout ce qui l’entoure
Il y aurait donc un instinct du jeu que l’on retrouve par ailleurs dans le monde animal. Pour être précis, dès le plus jeune âge, on ne parlera pas de jeu réfléchi mais d’un réflexe du jeu où l’activité ludique est déclenchée par ce qui compose l’environnement immédiat de l’enfant. La préhension, l’envie d’étreindre constituent alors les premières formes du jeu. Ainsi, amené à jouer avec tout ce qui se trouve à sa portée, l’enfant est conduit à découvrir son corps. Il jouera aussi avec (mains et pieds sont attrapés et examinés attentivement) C’est de cette façon qu’il stimule sa motricité et c’est parallèlement à une éducation sensorielle, particulièrement celle du toucher que l’enfant évolue sur le plan de sa motricité. Le mouvement intérieur se manifestant en agitations gestuelles progressivement maitrisées.
Plus l’enfant va se mouvoir, plus le jeu va devenir une activité structurée qui le confronte au monde dans le cercle familial, puis scolaire, puis social.
Il faut voir également dans le jeu une activité constructrice par laquelle l’enfant fait de nombreuses expériences qui, dans un premier temps lui permettent de « digérer » les contenus de son environnement et qui, dans un deuxième temps, lui font acquérir la faculté de s’y mouvoir puis de s’y repérer. C’est ainsi qu’il fait la conquête de l’espace tri-dimensionnel.
Cette première éducation (auto-éducation) « instructive », privilégie l’objet plutôt que la personne. (Par extension, j’entends par là tous les émetteurs d’un savoir abstrait et codifié tels que peuvent être les parents qui « élèvent » le maître d’école qui instruit et tout ceux qui s’adressent à l’enfant pour le « former » le préparant à sa vie d’adulte)…
L’activité incessante de l’enfant allant d’un objet à l’autre alors prise pour de l’instabilité ou de la dispersion, par l’adulte, va permettre de favoriser le développement des facultés individuelles. Il suffit de regarder agir le jeune enfant pour découvrir que son attention est tout entière orientée vers des activités nécessaires à son développement
On peut maintenant saisir que ce qui est jeu et désuet du point de vue de notre considération d’adulte est, pour l’enfant, un besoin impérieux qui lui fait vivre tous ses jeux avec le même sérieux engagement que nous, nous mettons, par exemple, dans l’exercice de notre profession.
Du fait qu’il est bien engagé dans son activité ludique l’enfant qui dit : « je joue » ne considère pas qu’il joue de la manière dont le juge l’adulte. J’attache beaucoup d’importance à cette observation car, c’est nous adultes, qui, de notre « hauteur », en disant : « l’enfant joue », reléguons le fait de jouer au rang d’activité subalterne comme une occupation jugée par nous oiseuse alors que pour l’enfant, le jeu est activité sérieuse.
Il arrive que pour les adultes, au-delà du simple divertissement, elle l’est aussi …
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