PINDER qui s'affiche ...
C'est le cirque !... oui mais dans le sens noble, c'est à dire l'aire immense de spectacles où des humains, des animaux vont se produire pour réaliser des numéros exceptionnels par l'audace et le talent ; le corps en mouvement sur le plan sportif, artistique et émotionnel...
Voyez ci, quelques fac-similés d'affiches produites pour avertir le bon public de l'arrivée prochaine du grand cirque Pinder dans leur ville...
Récapitulatif historique .
La famille Pinder est d'origine anglaise. Issus d'une lignée de négociants et importateurs, les enfants s'impliquent dans le monde voyageur vers 1850, puis créent un vrai cirque qui prend la route en 1854 : le cirque "Britannia".
Son fondateur, William Pinder, est assisté de son frère Georges et de sa sœur Hannah. Confrontés à la concurrence locale mais de caractère entreprenant, ils décident de visiter le vieux continent dès 1868, et la France devient leur terre de prédilection, ce qui va changer l'appellation : le "Cirque Britannique". C'est encore un petit cirque, les débuts sont modestes et contrariés par la guerre de 1870 avec la Prusse.
Pendant un demi siècle, la famille Pinder va rester fidèle à la France, traversant régulièrement la Manche. L’établissement se fait bientôt connaître et, progressivement, établit sa réputation pour devenir célèbre sous le nom de "Cirque Pinder".
4 dynasties d'enfants de la balle, ont fait vivre et évoluer ce cirque de renommée internationnale.
- Les Pinder de 1854 à 1928
- Les Spiessert de 1928 à 1972
- Jean Richard de 1972 à 1983
- Gilbert Edelstein de 1983 à nos jours.
L'incroyable défilé dans les rues de nos villes et bourgs, une cavalcade en fanfare, un tohubohu joyeux, des chars gigantesques, des chevaux piaffants, les pavés résonnent de tout ce tintamarre réjouissant. Le cirque fait sa fête. La troupe enjouée nous invite au spectacle qui promet d'être grandiose, avec des numéros exceptionnels...
L'orchestre nous l'annonce avec des mélodies fort entrainantes, en parfaite harmonie avec toute cette parade somptueuse, il y aura des vedettes de la chanson qui nous enchanteront entre deux numéros, des animateurs de talent, entendus sur les ondes, vus à la télévision ; ils produiront leurs célèbres jeux comme celui des "Mille francs". Ceux-là, savent aussi tenir le rôle du Monsieur Loyal, magistral annonceur de chaque numéro. La soirée promet d'être fabuleuse ; c'est un spectacle inoubliable auquel les spectateurs sont conviés. Brave gens de cette cité, courez vite retenir vos places à la billetterie sise à l’accueil du grand chapiteau !...
Mais bien sûr les enfants, il y aura des clowns absolument rigolos, judicieusement maladroits, habilement gaffeurs, zinzins à souhaits, rigolards et moqueurs qui tombent, culbutent, rebondissent sans cesse et se propulsent avec entrain à grands coups de bottes dans les fesses, se tartinent de crèmes gourmandes puis s'arrosent à grands seaux d'eau. Ils jouent de toutes sortes d'instruments de musique, de la flute à bec à l'hélicon. C'est grand plaisir de les voir faire les sots et leurs excentriques sauts. Ils sont les rois de la piste.
A leur tour, et dans leurs tours si bluffants, les grands magiciens vous entraineront dans l'univers époustouflant du surnaturel, faisant apparaitre puis disparaitre tous êtres et choses, d'un claquement de doigts... Les trapézistes, toujours plus téméraires, voltigent à des hauteurs incroyables, accomplissant le triple saut périlleux avant de se rattraper aux mains de leurs partenaires suspendus par les jambes au trapèze volant, en vis à vis. C'est le grand frisson garanti car ces gymnastes et acrobates là, travaillent sans filet !... Au sortir d'un grand tremplin, des motards intrépides, à leur tour, s'envolent et pirouettent dans les airs, accomplissent d'invraisemblables loopings défiant les lois de la pesanteur. Pétarades et arabesques motorisées dans une gerbe d'étincelles. La foule est médusée !...
Et maintenant, roulement de tambours et sonnerie de trompettes ! c'est le grand moment équestre de la soirée : Sur l'air de "Sur un marché persan" de Ketelbey, les éléphants sont les premiers à défiler, mastodontes tenus par leurs imperturbables cornacs et que montent de virevoltantes amazones en maillots échancrés et justaucorps chamarrés. Ils font plusieurs tours de piste au son des cuivres qui font vibrer les drisses d'acier des quatre grands mâts du chapiteau.
Sur des airs circassiens, au petit galop, arrive la cavalerie. Dans un ensemble rigoureux, cavaliers et cavalières accomplissent les figures complexes de leur formidable ballet équestre. A pas mesurés, avec grand sens du pivotements, les chevaux se croisent dans une ordre parfait sur le quadrille des lanciers. Toujours souriantes, les gracieuses écuyères voltigent d'une monture à l'autre et retombent en douceur sur la croupe de leurs pétillants palefrois. On reste médusé par autant d'agilité équestre. Monsieur Luis Mariano, en chevalier "Pardaillan" poussera la chansonnette sur son noir destrier piaffant...
Que serait le cirque sans ses grands fauves rugissants !... Entrent dans la cage une dizaine de lions et lionnes. Le roi des animaux n'obéit pas comme ça sans rechigner au dompteur, il le fait savoir, d'une volée de coups de pattes, griffes déployées comme poignards, qu'il faut éviter avec agilité, la chambrière claquant sec sur le sol. Le contestataire a pris place sur son grand tabouret rond, entouré de ses valeureux congénères. Le numéro de dressage peut commencer. Il faut de la hardiesse, de la patience et beaucoup de détermination au dompteur pour maitriser ces grands fauves qui redoutent cet homme qui les intimide, cet homme, à la fois fort et fragile, qu'ils pourraient mettre en charpie, en quelques coups de griffes et de dents. Mais il ne s"agit nullement d'une lutte, c'est d'abord de l'amour que doit manifester le dresseur, car, en dépit des conditions de vie carcérale de ces merveilleux animaux, l'homme doit les aimer et les bien traiter pour obtenir d'eux, l'exécution de ces bonds et sauts époustouflants de précision. Une vie en cage pour fasciner le public exige beaucoup en compensations... Ce sort des animaux de cirque et de zoo fait débat, aujourd'hui et, hors passions, exige beaucoup de profondes réflexions.
Encore plus audacieux... d'autres exercices de dressage opposent l'homme mais aussi des femmes énergiques, et à poigne, à des ours colossaux mais aussi aux des reptiles à la mâchoire d'acier, garnie de dents luisantes et acérées. Dompter ces natures sauvages tient de la prouesse, le péril est omniprésent... Les spectateurs retiennent leur souffle quand La vaillante Koringa enserre la gueule du puissant alligator dans son bras... Le spectacle pour éprouver vivement la peur, l'humain, en sa nature, est aussi terriblement complexe...
Finis les grands frissons, pour vous étonner encore, suscitant cette fois l'admiration et d'autres belles émotions, entrent en fanfare, les lilliputiens dynamiques acrobates et jongleurs, puis les équilibristes contorsionnistes qui précèdent les as en jupette, de la "petite reine" danseuses sur monocycle... la prestation se termine par l'arrivée des funambules qui nous entrainent dans une audacieuse rêverie, vers les étoiles bien au-dessus de la piste .
Historique de l'affiche et de l’affichage...
C'est avec la génération des Spiessert, au cours des années 30, que la campagne publicitaire du cirque Pinder a pris son essor. L'affichage présentant le spectacle sous tous ses aspects, s'avéra indispensable pour attirer les foules sous son grand chapiteau. C'était toute une organisation, de la création et impression d'images réalistes et même surréalistes, au placardage sur les panneaux publicitaires, et sur les murs des cités, 15 jours avant l'arrivée du grand barnum... Il y fallait toute une logistique importante et méticuleuse, car pendant longtemps, l'image placardée a attiré l’œil. Bien sûr, le sensationnel devait figurer en exergue sur ces grandes pages de papier, formes et couleurs à l'appui. Le cirque, c'est de la distraction mais aussi de l'évasion. De la piste aux étoiles, chacun attend merveilles et prodiges, alors, cela commence, en tout premier lieu, sur l'affiche, comme vous avez pu le constater en contemplant ces magnifiques images qui illustrent cet article. Ces affiches, en prélude, s'inscrivent avec bonheur dans le grand registre de tous ces arts du cirque...