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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Les clins d'oeil du Farfadet

Réédition d'un article initialement publié le 14/10/2016 à 11:44

Dans le cadre des engagements de L’État sur la question du Handicap.

Il y a des thèmes qui ne vous lâchent pas des leitmotivs aussi... ils font partie de votre vie, vous suivent ou s'insinuent que vous le vouliez ou pas...

Me concernant, le "handicap" est le thème, la chaussette, le leitmotiv...

Lors de la journée du Patrimoine, je suis allé faire un tour au «Logis du musicien» proche de chez nous...

En plus de la visite des lieux et de l'avancé des travaux de restauration en cours, il y avait un stand bouquiniste de « l'improbable librairie » où l'on pouvait acheter quelques romans d'auteurs dont certains étaient venus pour dédicacer leurs œuvres. Ce dimanche matin il y avait peu de monde encore. J'ai donc pu visiter les lieux tranquillement, admirer ces agencements de pierres de poutres et solives et ces charpentes complexes admirablement reconstituées. Oh ! Il y a encore long de travaux à réaliser avant que cette belle demeure soit habitable mais tout semble en bonne voie. Avant de partir je suis passé au stand de la librairie et ai pris le temps de choisir un livre. : « Le théorème de la chaussette » en voilà un titre original … ah puis ça me va bien ! N'ai-je déjà pas lu cette année : « Le secret de la manufacture de chaussettes inusables » de Annie Barrows... Je suis aussi attiré par le dessin sous le titre, représentant une personne en fauteuil roulant dont le chien s'appuyant sur ses genoux lui apporte une de ses chaussettes. Lisant la quatrième de couverture je suis suffisamment édifié sur ce que sera le contenu : j’achète !...

Ce « roman » en partie autobiographique nous confronte au problème de la surdité et de ses conséquences pour celui ou celle qui en est affecté, devant se faire reconnaître comme tel pour non pas se retrouver marginalisé mais s’insérer socialement et professionnellement dans la société et tous les secteurs d'activités humaines.

C'est un véritable combat que va mener Fabrice Bertin, l'auteur de ce théorème de la chaussette. Pour nous conter son parcours, nous révéler ses embûches, ses batailles, mais aussi ses joies, il n'est pas seul... les chiens accompagnateurs qui l'on assisté participent à la rédaction, nous témoignant de leur attachement affectueux à leur maître et surtout de leur enthousiasme à exercer leur vocation révélée, développée et promue par « Handi'chiens »

Ainsi les chapitres en alternance nous présentent les témoignages de Fabrice et de Daman puis, en fin, de Hydra.

Comme à mon habitude, je ne vous décrirai pas ici, le contenu de ces chapitres ni le fil de l'histoire, sinon vous mentionnerai que l'auteur nous expose, dans le détail, la situation des personnes sourdes dans notre société, tout ce qui tient à la surdité et comment, historiquement, toutes ces personnes ont surmonté et surmontent leur "handicap" en dépit des obstacles d'une société suspicieuse à leur égard, fermée à l'idée de promotion de carrière des personnes malentendantes, notamment dans l'enseignement. Fabrice Bertin, souligne l'importance de la langue des signes à intégrer comme langue à part entière, devant nécessairement s'apprendre simultanément avec le français écrit et oral.

Une volonté d'apprendre et une pugnacité pour s'intégrer, puis enseigner, caractérisent Fabrice dont le mental, la faconde intellectuelle, la disponibilité bienveillante, la liberté du penser autrement et surtout au-delà des poncifs redondants de notre temps, l'ont conduit à résister aux mesures coercitives des administrations et aux réactions discriminatoires des institutions conservatrices puis, petit à petit, à imposer ses vues sur la façon de permettre à chaque personne "handicapée" de trouver et faire sa place en tant que citoyen(ne) engagé(e) pleinement dans la vie active et productive.

En lisant cette œuvre, vous découvrirez l'extraordinaire volonté et humanité de cet homme qui a fait avancer socialement et même politiquement la considération objective à avoir et la prise en charge adaptée et socialisante des personnes "handicapées".

Pages 283/284 je relève et fait apparaitre, ici, ce passage significatif d'une éthique renouvelée et de la liberté du « penser » de cet auteur brillant et perspicace :

«  - Et toi, tu veux faire quoi quand tu seras grand ? Pompier ou médecin ?

J'ai ma réponse ! Revenez, tous ceux qui m'ont demandé ça quand j'étais enfant et écoutez : voilà, en fait, quand je serai grand (ça commence), je veux être heureux et bien dans ma vie AVANT d'être pompier ou médecin ! Être heureux et relativement libre d'exister et de penser, sans être plus ou moins prisonnier d'un cadre de pensée tout prêt ! Comme Montaigne, je pense que l'homme libre est celui qui se conforme aux usages de son temps et de son pays... pour mieux s'en affranchir ! »

Une personne sourde et pas seulement sourde, et qui pourtant demeure tout à fait à l'écoute de la vie, de ses concitoyens et de leurs problématiques personnelles, mérite bien qu'on la découvre et s'en inspire à travers l'énoncé de son remarquable théorème... une lecture passionnante et instructive... une cause clairement entendue...

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C
Il y a tout à construire autour du handicap, à commencer par ce droit fondamental qui est l'accès à l'instruction, on est encore très très loin de la justice sociale sur ce point la, mais rien n'est plus simple pour les adultes et chaque jour on découvre un domaine auquel on ne peut accéder, et chacun vient avec son blabla pour dire ce qu'il fait par rapport à un type de handicap bien précis, mais personnes ne parle des milliers d'oublié qui portent un handicap peu connu donc ne monopolisant aucune recherche jugée pas assez rentable, la société ne cherche pas à venir en aide aux handicapés, elle veut tirer profil de la masse qu'ils représentent.<br /> Amicalement<br /> Claude
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F
Bonjour Claude,<br /> On ne peut pas dire que la société ne fait rien pour les personnes handicapés car il y a de plus en plus de dispositifs et structures et de traitements mis en place pour leur faciliter la vie et les accueillir, mais, bien sûr, c'est toujours insuffisant et perfectible.<br /> Il faut dire que monde moderne, hyper technique évolue toujours et de plus en plus rapidement. Faut suivre... et ça, c'est bien plus difficile pour les personnes handicapées. <br /> Que doit-on faire ? Adapter le handicapé à son environnement ou, au contraire, adapter l'environnement aux handicapés ?...<br /> J'aurai tendance à dire que les deux volets de ce questionnement doivent être pris en compte.<br /> Depuis l'après guerre, la prise en charge des personnes handicapées a nettement évoluée grâce aux associations qui se sont créées et aux progrès de la médecine et de la chirurgie.<br /> Maintenant demeure certaines maladies invalidantes créant de grosse difficulté de vie pour les familles, maladies que l'on peine à cerner et à traiter et pour lesquelles, le recherche exige de l'engagement de la part des spécialistes et des fonds... <br /> On en arrive, là aussi, à la question redondante de l'argent qui fait défaut autant que les bonnes volontés ....<br /> Le profit toujours responsable des ratés et de la spoliation des problèmes humains ...<br /> Comment changer les mentalités ? Quel regard doit-on avoir sur l'argent ? (éternel nerf de la guerre ...) <br /> Et puis, il faut bien le dire, beaucoup, n'étant pas touché par le handicap, en ont rien à foutre jusqu'au jour où eux-mêmes sont touchés par une quelconque invalidité....<br /> http://www.mirebalais.net/2016/11/handicap.html<br /> Amitiés.
M
J'ai lu le livre de Véronique Poulain et je l'ai d'ailleurs présenté sur mon blog...Je te mets le lien si tu as encie de lire ma chronique mais sans obligation bien entendu (http://www.bulledemanou.com/2014/10/les-mots-qu-on-ne-me-dit-pas-veronique-poulain.html) mais je ne connais pas celui dont tu parles et je n'en ai jamais entendu parler d'ailleurs. <br /> Je suis très sensibiliser au monde des sourds et j'ai appris des rudiments de LSF. Belle journée et merci pour cette (re)publication
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F
Bonjour Manou,<br /> Merci pour ce commentaire. <br /> Je suis allé lire votre article donnant votre avis sur le livre de Véronique Poulain et n'ai pas manqué d'y laissé un commentaire.<br /> Bien amicalement.
M
Oui la surdité totale (non appareillable) est un gros handicap et j'admire ceux qui arrivent à le surmonter!
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F
Bonjour et merci de ce bel article !<br /> Je voudrais insister sur deux points :<br /> - Il est fondamental de parler de "langue des signes", et non de "langage des signes", comme on le voit trop souvent encore ! Je vous remercie de l'avoir fait : c'est un point important pour les Sourds (la majuscule n'est ni une erreur de frappe ni un jugement de valeur ; elle indique que l'on parle là de locuteurs de la LSF, d'une identité linguistique et culturelle non d'une déficience), qui ont longtemps milité (et militent encore) pour faire reconnaitre le caractère linguistique de leur langue... Et "langage", cela évoque un code (langage informatique, langage des abeilles...), un idiome infantile, fini ; ce qui nie la richesse et la créativité ddd la langue des signes.<br /> - Ma seconde remarque concerne le terme "handicapé"... Je ne suis peut-être pas assez explicite dans le livre mais je suis totalement opposé au concept de "handicap" tel qu'il est utilisé (non au concept lui-même). C'est une aberration à mon sens et un asservissement de la personne de confondre une situation et une identité ! La personne qui signe n'est pas plus handicapée que la personne qui reçoit le message ; la situation peut créer un "handicap" qui n'a rien à voir avec les locuteurs en présence. Je refuse cette dichotomie valides/handicapés et même normal/différent. Il n'y a qu'un seul monde, et la/les singularités de chacun s'inscrit dans l'universalité ! Sans stigmatisation...
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F
Merci Fabrice pour votre commentaire éclairé et pour ces précisions importantes. S’agissant du terme "Handicap" certainement galvaudé à travers les propos et les écrits de tous genres, j'ai à cœur de faire un "billet" sur ce sujet que je pense très important car on ne peut nier que des situations handicapantes existent résultant de déficits, de "tares" et de difficultés d'adaptation existentielles physiques psychologiques, mentales ou même sociales. Je partirai de ce postulat : Ne sommes-nous pas tous et chacun à "sa manière », dans le cadre d'une existence citoyenne, quelque part et à un moment, une personne "handicapée" ? Il faut savoir aussi relativiser avec une telle notion qui bien sûr, à tôt fait d'être "stigmatisante". D'aborder un tel thème exige bien sûr toute une réflexion approfondie avec beaucoup de nuances à entrer dans ses considérations et appréciations.
M
ce midi un reportage dans le JT nous disait les efforts fournis par cette jeune fille sourde pour suivre les cours d'enseignante ... où elle est admise avec toute l'aide requise ... mais au sortit de ses études quid de trouver un emploi ? Elle suit donc en cours du soir une formation spécialisée pour enseigner aux malentendants ... J'espère pour elle le meilleur !<br /> amitié .
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FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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