ACTE III
Au château de Klingsor.
Le terrible magicien à l’immense pouvoir surnaturel sait que Perceval est le Fol Sage qui s’approche là, conduit par sa destinée céleste avec l’intention de reprendre la Sainte Lance pour guérir Anfortas.
Klingsor a tôt fait d’échafauder un plan pour faire échouer cette entreprise et de compromettre Perceval le souillant par le péché comme il l’a été, en ces lieux, Anfortas.
Le diabolique magicien fait appel à Kundry sa servante envoutée par ses forces démoniaques. Elle surgit d’un sommeil aussi log que pesant au milieu d’une fumée épaisse…
Scène 1
Klingsor
Ah Kundry ! Viens Kundry ! Viens infâme !
Toi, la plus infortunée des femmes,
Tu es à mon service,
L’ouvrière de mes vices !
Sors ! Être de malheur !
Voici venir l’heure
D’assister à ma vengeance !
Je t’en laisse la régence…
Car sur terre, ce n’est le mâle
Qui y introduisit le mal…
Vois approcher ce jouvenceau,
Aussi pur que grand sot !…
Jusqu’ici, il demeure un ange,
Mais j’œuvre déjà à ce qu’il se mélange
Au stupre, au lucre, au pêché immonde…
Vas ! Cours ! Et d’opprobre l’inonde !
Kundry
Ah Klingsor ! Fou ! Fou orgueilleux !
De tous les êtres, le plus odieux !
Ah !... Combien je te méprise !
Je refuse l’entreprise !
Entends-tu ignoble !...
Klingsor
Toi !... Une âme noble !..
Ah ! Ah ! Ah ! Ah !... Jamais, je n’ai tant ri !...
Tu ne peux te soustraire à cette tâche !...
Des liens étroits nous attachent.
File à ton ouvrage diablesse !
Pour qu’avec la Lance, je le blesse…
Kundry
Ah soit maudit !... mille fois maudits !
Toi qui défie le ciel, Dieu, son paradis !...
Klingsor
Tais-toi ! Sorcière ! Renégate !...
Vaines parole te gâtent…
Revêt tes plus beaux atours,
Moi, je monte en la tour
Me repaitre du spectacle
De mes soldats mis en débâcle
Par ce jeune guerrier innocent
Dont je vais bientôt souiller le sang…
Scène 2
Perceval vient d’entrer dans une salle du Château de Klingsor où est réunie une merveilleuse assemblée de jeunes filles. Au centre à demi étendue sur un grand lit Kundry est la plus resplendissante.
Kundry
Viens ! Approche doux enfant…
Allons ! Nul, ici, ne le défend…
Perceval
Je n’ose tant vous êtes belle…
Kundry
Àla beauté serais-tu rebelle ?
Perceval
Qui êtes-vous ? Vous aussi jolie !...
Kundry
Je suis celle qui à l’amour s’allie…
Perceval, viens t’asseoir auprès de moi.
Perceval
Comment ?... Perceval ! Oh !... Doux émoi !
Je ne connais mon nom… mais vous … oui !
Ainsi m’appelle, j’en suis ébloui…
Kundry
Je sais tout de TOI et de ta mère.
Sache que sa mort fut amère,
Au départ d’un fils qui s’entête
De chevalerie aller en quête…
De déchirement, rien ne la console…
Insouciant !.. Tu ne l’as pas vu, pâmée sur le sol…
Perceval
Assez !... Assez !... Je vous en supplie !...
Oh ! Taisez-vous !... Cessez vos folies !...
Vous mentez ! Je ne saurai vous croire !...
Kundry
Calmez-vous !… N’y faut de désespoir…
Perceval, ce que je dis est vrai.
N’était-ce Dame de la Gaste forêt,
Votre mère qui vous a tant chéri ?
Et que vous quittiez par étourderie.
Mais, tel sort cruel, nul ne devine…
Maintenant, elle repose en terre divine.
Perceval
Oh souffrance jusqu’en ma chair !
Par ma faute, l’être qui m’est cher,
Le monde a quitté sans joie.
Que l’on donne mon corps en proie
À toutes causes périlleuses !...
Aucune chose délicieuse
Ne convoiterai pour mon plaisir.
Rien d’autre que labeur, ne désire,
Pour, ma vie entière, purger ce crime.
Kundry
Vous offrir… nouvelle victime !...
De la raison, perdez l’usage…
Votre mère était bien plus sage,
En sou souhait de savoir heureux,
Perceval, son fils valeureux.
Vous êtes si jeune encore !...
De la toute-puissance du corps,
Tirez profit de votre sublime force,
Contenue en votre large torse…
(Elle l’attire contre elle doucement caresse sa poitrine et prend son visage entre ses mains avec tendresse)
Perceval… si beau… si tendre…
Longtemps j’ai su vous attendre…
N’avez-vous désir de chaude étreinte ?
A l’amour, cédez sans crainte…
La vertu, encore trop, vous embarrasse,
Approchez, Perceval que je vous embrasse !...
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Long baiser torride, les corps s’enlacent encore plus intimement. Soudain Perceval repousse vigoureusement Kundry…
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Perceval
Roi pêcheur ! Oh mal ! Anfortas !
Du péché, je découvre l’indécente trace :
Baisers aussi doux que violents,
Rendent l’homme si indolent,
Qu’à toi, femme, il se livre
Quand l’âme, d’amour, s’enivre
Tant, que l’esprit fuit à tire-d’aile…
Ecarte-toi de moi, infidèle !
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Surgit Klingsor avec la Sainte Lance…
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Klingsor
Elle n’a su te convaincre,
Mais je saurais te vaincre !
Si ton âme n’a de tumeurs,
Ton corps n’y échappera. Tiens meurs !...
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Il jette la lance en direction de Perceval qui la saisit au vol et avec, face au magicien, fait un signe de croix… Tous les artifices mis en place par Klingsor s’effondrent dans un bruit de tonnerre.
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Perceval
C’est perdu… disparaît dément !...
Je romps tes enchantements…
(à Kundry)
Quant à Toi, tu seras sauvée,
Le jour où tu sauras me retrouver.
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Il sort portant haut et droit, la Sainte Lance.
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Le " Perceval " du Farfadet... - Acte 4 - - Le Mirebalais Indépendant
Retour vers l'Acte I pour les internautes désirant lire l'ensemble du livret. ACTE IV Perceval erre depuis 7 années au cours desquelles il a livré moult combats et a participé à de nombreuses ...
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