Pa-Pa-Pa-Pa-Pa-Pa-Pa-Papageno ! Pa-Pa-Pa-Pa-Pa-Pa-Pa-Papagena !
Pa-Pa-Pa-Pa-Pa-Pa-Pa-Papageno ! Pa-Pa-Pa-Pa-Pa-Pa-Pa-Papagena !
Tout en roulant vers Sanxay, nos Deux Pères-Noël, euphoriques chantent à tue-tête l'air du réjouissant duo de l'oiseleur amoureux extrait du célèbre opéra de Mozart... pas besoin de poste de radio dans le pick-up, il règne une sacrée ambiance à bord... c'est assurément Papa Gai Noël !...
Mais que s'est-il passé ? Eux si découragés quelques instants plus tôt sont maintenant remontés à bloc. C'est grâce à Noël Fadet qui, avant de reprendre la route, a expliqué dans le moindre détail son plan au Père Noël :
- Parmi tous les métiers que j'ai pu faire avec plus ou moins de réussite, j'ai aussi été vendeur animateur dans une animalerie où j’étais responsable des volières. Je dois avouer que c'est bien triste de maintenir des oiseaux en cage. Je les écoutais chanter et cela m'émouvait car je discernais dans leurs vocalises si variées autant la tristesse que d'espérance. J'ai aussi lu nombre d'ouvrages d’ornithologie et découvert ce métier ancien de l'oiseleur qui capturait les oiseaux pour leur apprendre à chanter parfois des airs mélodieux, de sublimes volatiles dont raffolaient les dames des classes riches. J'ai ainsi appris à communiquer avec les oiseaux comme le fantasque Papagueno de Mozart. Or, Père Noël tu as dit que les animaux, comme tes rennes, parlent la Nuit de Noël.
- Effectivement cela relève de la Magie de Noël, au nombre des manifestations paranormales qui font sourire tous les sceptiques, maintenant concernant les oiseaux...
- Ce doit être pareil... coupe le vieux Fadet, ils doivent disposer de la parole et donc comprendre la notre.
- C'est possible mais où veux-tu en venir, Père Fadet ?
- Eh bien il suffit de rassembler un grand nombre d'oiseaux et de leur demander de nous aider.
- Nous aider !...
- Mais oui, eux, peuvent entrer dans les maisons par tous les orifices même les plus étroits et donc passer par les cheminées.
- Ah je n'avais pas pensé à cela... mais comment va-ton les rassembler, là, en pleine nuit ? et surtout, comment leur faire comprendre ce que l'on attend d'eux ? Nous obéiront-ils ?
- Attendons d'être arrivés à ce lieu, magique, lui aussi...
Le brouillard s'est dissipé, la lune, à son dernier quartier, a encore suffisamment de brillance pour illuminer le site Gallo-romain où arrivent le pick-up des pères Noël. Ils descendent jusqu'au théâtre antique magnifiquement conservé. Dans ce décor fantasmagorique aux contrastes surréalistes entre blancheur éclatante des pierres et ombres cendrées des frondaisons surplombant le cours de la Vonne, le Père Noël et le père Fadet se sont assis en haut des gradins, en proie à l'émerveillement. Le vieux Fadet d'une grande poche de sa canadienne, a retiré une flûte dont il sort aussitôt une gamme de sons extraordinaires par le jeu d’alternance entre notes graves et aiguës .... Du temps passe sans que rien ne bouge puis, venant derrière eux, le bruissement de centaines de paires d’ailes s’intensifie. Une nuée de toutes espèces d'oiseaux les survole, certains les frôlant au passage, avant de se poser qui sur la piste en contrebas qui sur les branches des peupliers et des saules bordant la rivière. Le silence revient...
- A vous Père Noël !... L'homme en rouge et blanc émet plusieurs raclements de gorge avant de s'adresser solennellement aux hôtes ailés des lieux.
- Chers merveilleux oiseaux, Merci d'être venu à l'appel de mon étonnant nouvel ami, je cite le père Noël Fadet. En cette miraculeuse nuit de décembre, nous désespérions de finir la tournée de distribution de cadeaux suite à quelque avarie de mon grand traîneau. Ce sont les enfants de Ménigoute qui seront lésés, s'ils ne trouvent pas au matin de Noël, les jouets qu'ils ont commandés. C'est pour cette raison que nous faisons présentement appel à votre aide.
- En quoi consisterait cette aide ? croassa une vieille corneille facétieuse...
- Eh bien... - répond le Père Noël plutôt gêné - de finir la distribution des cadeaux à ma place et donc, grâce à votre taille nettement inférieure à la mienne, et à votre agilité aérienne, vous pouvez aisément entrer dans les maisons du village et poser les paquets aux pieds des sapins.
- Et pourquoi vous rendrait-on ce service ? réagit un perdreau offusqué, nous ne sommes pas amis avec vous les humains qui nous chassez 6 mois de l'année durant.
- Et qui détruisez notre environnement forestier, puis arrachez sans vergogne les haies du bocage pour étendre vos cultures, renchérit une pie narquoise
- Vous les humains êtes notre plus terrifiant prédateur conclue une caille outrée par cette demande...
- En l’occurrence, bredouille le père Noël embarrassé par la tournure que prend la conversation, c'est pour les enfants des humains, eux ils aiment bien les animaux, la plus part admirent vos splendides évolutions dans le ciel.
- Ce qui ne les empêche pas d’utiliser leurs lance-pierres pour nous atteindre ou de dénicher nos couvées au début du Printemps, contrecarre un geai prétentieux.
Un grand duc au regard perçant vient alors se poser entre des deux Pères Noël. Face à toute la gente ailée rassemblée en ce lieu si mystérieux, il prend solennellement la parole.
Chers confrères et consoeurs de tous plumages, d’empennages et de becs tant variés, en cette magnifique nuit de Noël, je vous demande de faire taire vos colères et vous prie également de répondre favorablement à cette demande d'aide du Père Noël. Ces deux hommes à mes côtés sont pétris de bonnes intentions, leurs cœurs sont généreux leurs âmes touchées par la charité et la compassion. Les enfants qu'ils veulent rendre heureux au proche matin sont encore animés par la pureté, ils sont ouverts au monde pour y découvrir la sagesse. A cet instant, c'est à nous d'être sages et de donner l'exemple, accomplissons cette mission, le ciel nous en sera gré !
Un concert de battement d'ailes ponctue ce discours... Tous les oiseaux sont prêts à distribuer les cadeaux dans les maisons de Ménigoute.
- J'ai encore une question - émet timidement une douce mésange - parmi les paquets, il en est de très volumineux, bien trop lourds pour nous et leur taille ne passera pas forcément par les orifices que nous allons emprunter ?
- C'est une excellente remarque fait le Père Noël. Pour transporter les colis trop lourds, il faudra nécessairement vous mettre à plusieurs. Quant à leur taille trop importante, je vous demande à Tous d'apprendre cette formule magique que je ne manque pas d'utiliser quand je dispose de mon traîneau tiré par des rennes qui volent comme vous. C'est une grâce qui est accordée à tous les êtres volants au cours de cette nuit magique :
"Tout ce qui est grand peut redevenir petit... tout ce qui est petit doit devenir grand..." S'il vous plaît, chers oiseaux, répétez tous cette formule qu'il faut prononcer avant d'entrer dans chaque maison pour tout rapetisser, puis avant d'en repartir afin que chaque paquet retrouve sa taille initiale. A vous ! Tous les oiseaux entonnent en en chœur :
- "Tout ce qui est grand peut redevenir petit... tout ce qui est petit doit devenir grand..."
- Parfait ! Je vais aller chercher mon grand sac dans la camionnette de mon ami Noël Fadet. Puis, on se retrouve tous sur la piste du théâtre antique où nous ferons la répartition des colis de Noël. Ah, j'allais oublier cette consigne importante : Sur chaque paquet ayant séjourné dans mon traîneau volant, l'adresse a aussi un pouvoir magique, celui qui vous conduira automatiquement au bon endroit, vous n'aurez qu'à vous laisser guider.
Flap ! flap ! flap ! flap ! applaudissent les oiseaux enthousiastes, ajoutant : " Vive Noël ! Paix dans le Monde et dans le Cœur de chacun !...
Cette nuit du 24 au 25 décembre 1975, le ciel du Bocage Parthenaisien fut témoin du plus sublime ballet aérien qu'on puisse imaginer : des centaines d’oiseaux de toutes espèces et tailles diverses, survolèrent les toits de Ménigoute, entrant dans les maisons par tous les orifices, conduits, interstices dont elles disposaient naturellement, déposant aux pieds des sapins les précieux paquets cadeaux que les enfants du village déballeront avec frénésie le matin de Noël.
A l'aube de ce même jour, au retour de tous les missionnaires ailés sur le site de Sanxay, le Père Fadet et le Père Noël ont chaleureusement remercié tous ces merveilleux et courageux oiseaux qui avaient parfaitement accompli cette mission audacieuse. Rassurés sur l’heureuse issue de cette belle aventure dont les enfants de Ménigoute peuvent, à cet instant, se réjouir, ils ont repris la route vers Saint-Martin-du-Fouilloux, lieu de leur rencontre... mais Ô Stupeur !... dans le bosquet où ils devaient l'attendre, les rennes et le traîneau du Père Noël ont disparu...
à suivre :
La Voiture du Père Noël à Saint-Jouin-de-Marnes... - Le Mirebalais Indépendant
Ce conte en 4 parties commence ICI suivi du chapitre 2 puis 3 précédant ce quatrième-ci. - Alors là !... c'est bien ce que je craignais, s'esclaffe le père Fadet, tes rennes ont pris la poudre...
https://www.mirebalais.net/2023/12/la-voiture-du-pere-noel-a-saint-jouin-de-marnes.html