Avant hier, mon bon patron m'a conduit chez L. S.A. agent Peugeot à Etrépagny ( 27150 ) pour qu'il réalise les opérations de maintenance et entretien consécutif à la révision des 30 000 kilomètres ( vous voyez je suis encore jeune ! ) D'ailleurs il ne se passe pas 6000 kilomètres sans visite accompagnée de vidange pour moi... On est aux petits soins pour ma santé, je puis vous l’assurer !...
Ainsi, mes rouages baignant dans une huile toute propre, mes organes vitaux et de sécurité ayant subit la révision mentionnée, je feule de plaisir à voir le granulé de l'asphalte se fondre en un tapis cendré défilant allègrement sous mes soubassements.
Après 160 kms de route parcourue à une allure de sénateur, j'ai la satisfaction d'aborder la partie autoroutière constituant la grande part du voyage. A 10 puis A 71 à partir d’Orléans, c'est vraiment un jeu de se laisser rouler sur ce type d'infrastructure routière. L'aiguille maintenue entre 3000 et 3200 tours minutes c'est à 140 /150 compteur, que mes occupants voient défiler les charmants paysages de la Sologne.
Sur le coup de 11 H. nous avons le désagrément de traverser une zone orageuse qui déverse des trombes d'eau sur la chaussée devenue luisante et glissante. Le train change et c'est à distance que je me tiens des congénères me précédant sur la file de droite. Il y en a bien quelques uns qui me dépassent dans un jaillissement de gouttelettes vaporisées qui font se démener mes essuie-glaces dans un va et vient frénétique. Dans ces conditions pluvieuses, la prudence s'impose et je m'en félicite tout en étant reconnaissant pour celui qui tient mes rênes.
Parvenu à quelques 20 kilomètres sous Bourges, nous nous arrêtons à l'aire du " Centre de la France " ce qui me vaut un peu de répit - mais ai-je vraiment peiné ?... – et, pour mes passagers, l'occasion de déjeuner tranquillement. Nous sommes en vacances et nous ne courons pas après le temps.
Il est 13 H. 15 quand nous repartons, toujours cap au Sud. Nous traversons un deuxième orage puis Clermont-Ferrand s'étale au bas de cette longue descente entre les monts d'Auvergne.
Surgissent alors une série de virages où il me faut m'agripper franchement à l’asphalte. Dans ce joyeux tourbillon, je suis à la fête grâce à ma tenue exemplaire et à la vigilance de mon conducteur qui dose à point accélérations et décélérations… Grâce à mes reprises vigoureuses, j'ai le droit de suivre ces méandres sur la file de gauche, affichant sans vergogne, ni fausse modestie, mon indéniable supériorité en matière de tenue de route sur mes autres congénères que je distance allègrement, en toute sérénité disposant encore d’une réserve de puissance considérable. Ce galop dans les défilés d'Auvergne est un vrai régal pour ma personne et pour celles dont j'ai le souci constant de les amener confortablement au lieu du séjour de leurs vacances à Argelès qu'il me tarde de découvrir moi aussi. Toutefois, ne sombrons pas dans la griserie et ne laissons pas l'euphorie du moment prendre trop de place dans ce voyage qui se doit être une vraie fête pour tous.
Ma montre affiche 15 heures et nous abordons maintenant les grandes rampes enlaçant les monts du Cantal. J’affectionne particulièrement ces grimpées mais mon cher maître ne veut pas débrider toute ma cavalerie ménageant ainsi sa "monture"… Avec 2900 tours, j'ai bien assez de vigueur pour franchir tous types de col et, dans les descentes, la retenue s'effectue à pas plus de 3000. Je crois saisir qu'il vaut mieux me ménager maintenant car la portion de route qui suivra l'A 75, présente une belle série d'ascensions vertigineuses bien truffées de virages serrés où s'imposera l'effort moteur ; mon indéfectible énergie se jouera allègrement de ces entrelacs pentus…
Tiens !... Que se passe-t-il ?... Je me sens fiévreuse tout à coup... Ce n'est pas le vertige, je ne crains pas ce phénomène... mais… au secours ! Alerte ! Je chauffe, vite allumons les voyants de détresse ! Il y a quelque chose qui ne va plus chez moi … j'étouffe, je sens mon cœur se serrer et je perd mes forces… cette descente qui se présente là, devrait me soulager, mais non, en vain je suis bouillante de fièvre et cette longue côte qui s'amorce là sous mes flancs, je sais que je n'en viendrai plus à bout… Ah, c’est terrible, je perçois comme la fin d'une existence, tout se trouble… je bous, je tremble !... Sont-ce là les frémissements qui précèdent la mort ?.. Tout s'achève donc là, au deux tiers d’un parcours qui se devait être ma plus belle randonnée ... j'arrête ici, range-moi mon cher maître, là, sur la bande d'arrêt d'urgence, d'abord pour votre sécurité à vous chers passagers et pour libérer la voie aux usagers surpris par mon brusque ralentissement...
Ainsi stoppée, je perçois encore un douloureux cliquetis dans mes entrailles surchauffées... Adieu amis, adieu belles routes de France, je m'éteins maintenant ..."
L'aventure "605" / 4ième ... - Le Mirebalais Indépendant
Parole est maintenant donnée au chauffeur : Il est 15 H 10 quand je m'aperçois que l'aiguille du thermomètre d'eau frise avec les 110 degrés, je profite de la descente qui se présente pour, re...
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