Réédition d'un article initialement publié le : 28/06/2007 à 00:00
Un Conte Villageois qui nous conduit de la Saint Jean à La Saint Martin...
Lien pour aller au début de cette histoire : "La Berlotte - Présentation et scène 1"
- Conteur : Le lendemain, le ciel est gris, couvert de nuages et l’orage gronde… A tous ceux qui croisent sa route, La Berlotte raconte qu’elle a attrapé le soleil et qu’il dort dans sa maison. Personne ne la croit, bien sûr... Le soir, quand, revenant des champs, elle passe sur la place toute affairée à son tricot, chacun, à tour de rôle, tournant autour d’elle, y va de sa plaisanterie…
Alors, La Berlotte, Tu le tiens bien ce soleil, dis ! … Ah ! mais, c’est que tu fais comme moi, quand je prends des photos et que je mets votre portrait en cage… Hé ! Hé ! Hé ! Hé ! Hé !
Castagnet :
Dis donc, La Berlotte !... Et si tout à coup, il prenait froid, ton petit trésor, j’ai du sirop excellent …
Marinette :
Tu devrais le mettre dans un pot, ça te ferai une belle fleur, ma pitoute !...
Champi :
Eh, ma mignonne ! Il faut penser à le sortir ton petitou, sinon, il va perdre de ses belles couleurs et moi pour le coup, je serai obligé de lui rependre la face, vois-tu !
Homma :
Tu devrais me le prêter un peu, ton petit soleil pour chauffer mon four, au moins il servirait à quelque chose … Hi ! Hi ! Hi ! Hi ! …
Léontine :
Tu penseras à me donner ses langes à ton fiston, hé ma bonne, car il doit transpirer, le pauvre …
Praloup :
Eh fillette, c’est lui qui fait que t’es rougeaude comme ça ! tu le « cage-geole » trop ton soleil …
La Paulette :
Et si il lui vient à l’idée de darder ses rayons trop tôt, il va faire fondre les barreaux de sa cage, c’est Gueureleu que je plains, moi …
Champereau :
Un feu pareil, ça doit vous transformer le lait du biberon en pure eau de vie … Eh bien, il va être pompette ton poupon …
Toussain :
Hé dis donc, mon petit, au nom de la république, je te demande de nous libérer ce soleil … tu vois bien qu’aujourd’hui, il nous fait défaut …
Courlivent :
Et oui, nigaude ! Si il se met à pleuvoir, ce sera de ta faute eh ! …
Mémé Granny :
Allez-vous la laisser tranquille, bande de bavochards ! Vous n’avez pas honte de vous moquer ainsi de cette pauvre fille !...
Tiffaine :
Hé là, grand-mère, La Berlotte, elle sait bien que c’est pour rire qu’on lui dit tout ça ! … D’ailleurs, elle ne nous répond pas ; elle fait la fière depuis que le soleil dort chez elle …
- Conteur : En effet, La Berlotte ne répond pas à tous ces propos ironiques ; elle se contente de sourire ou bien de tourner les talons. Loin des rires, des quolibets, ou autres allusions douteuses, elle vaque à ses occupations sans se soucier de la rumeur qui court à son sujet …
Les jours passent et le mauvais temps persiste. Le soleil est toujours absent … La nuit, on ne voit même plus ni la lune ni les étoiles… Et si c’était vrai… si le soleil dormait vraiment chez La Berlotte …
Un soir le conseil municipal siège …
Chers concitoyens, l’heure est grave… mais, de grâce, restons sérieux et laissons de côté cette rumeur insensée…
Champereau (mécontent) :
Et puis quoi, Monsieur le Maire !... Avec ce mauvais temps, les hommes n’ont plus soif , ils ont déserté la terrasse de mon café et si ça continue ainsi , je vais être ruiné…
La Gazette (se montrant avisé) :
Dans mon salon, on ne parle plus que de çà : de La Berlotte et du mauvais temps …
La Paulette (indignée) :
Cette fille, elle est tellement sotte qu’elle est bien capable d’avoir dérobé le soleil au ciel ; en tous cas, il ne peut plus se lever le matin …
Bouche-Bée (s’empêchant de rire) :
Ma pauvre Paulette, tu es bien naïve… ne me dis pas qu’il faut croire à cette histoire …
Homma (perplexe) :
Vous ne trouvez pas ça étrange, vous autres, que, du jour ou plus exactement, depuis cette fin de journée où La Berlotte s’est mise à l’affût pour capturer le soleil, il ne soit point réapparu ?...
Courlivent ( soudain inspiré …) :
Homma a raison, c’est de la magie…
Toussain (quelque peu agacé coupe le propos du garde champêtre…)
Allons, mes amis, présentement, il ne s’agit, en fait, que de pures coïncidences. Je vous en prie, ne nous laissons pas aller à de telles élucubrations…
Champi (qui a envie de donner son avis) :
Eculubration ou pas …
Toussain (excédé…) :
ELUCUBRATION Champi ! ELUCUBRATION !...
Champi :
C’est bien ce que je disais : élubrucatioon ou pas, il faut remédier à cela …
Gueureleu ( agacé…) :
Et que proposes-tu, toi, gros malin ?...
Didou (fataliste …) :
On ne peut rien contre le temps ni contre le mauvais sort …
Mémé Granny (sentencieuse…) :
Vous parlez tous sans réfléchir, tiens !... Sachez qu’il existe toujours une solution, même pour venir à bout des pires choses… seulement, il faut le vouloir vraiment et s’y prendre de la bonne manière …
Tiffaine (vexé puis intrigué) :
De la bonne matière ! Et qu’est-ce que c’est pour toi, Mémé, la bonne manière ?
Lomaizé (diplomate et docte fait sa leçon de morale) :
Eh bien, c’est la manière polie : Mémé Granny a tout à fait raison … Ainsi, il n’y a qu’à demander à La Berlotte de nous rendre le soleil sur le ton de la courtoisie et de la déférence. Vous savez, en classe, c’est ce que j’apprends en premier à mes élèves : si vous voulez obtenir quoi que ce soit de quelqu’un, il vous faut lui demander poliment avec le respect dû à la personne …
Praloup (mécontent puis ironisant…) :
Avec le respect Monsieur l’instituteur ! Avec le respect ! Et pourquoi pas avec des fleurs tant qu’on y est !...
Marinette (malicieuse…) :
Surtout qu’avec le temps qu’il fait en ce moment, les fleurs se fanent tout de suite !...
Eclats de rire général
Toussain ( sentant que les échanges dégénèrent …) :
Nous allons arrêter là le débat pour ce soir… Je retiens la proposition de M Lomaizé qui, suite aux recommandations de Mémé Granny, suggère que de la façon la plus correcte et la plus aimable, nous demandions à La Berlotte de libérer le soleil, si il est vrai que ce dernier soit en sa possession… Maintenant, chers amis et concitoyens, vous pouvez rentrer chez vous et n’oubliez surtout pas de reprendre vos parapluie dans l’entrée …
Chant de tous les villageois :
La Pluie
La pluie qui tombe sur les champs,
Ruisselle dans les sillons et les fossés,
Et courent les nuages méchants,
Sur un fond de ciel couleur argenté…
Il n’y a plus de soleil
Plus de bleu au ciel,
Ni d’étoile qui veille ;
Il y a seulement,
Au gris firmament,
Que la face sombre du mauvais temps !…
L’eau qui parcourt toute la campagne,
Grossit le flot des plus humbles ruisseaux ;
Le sourd grondement qui l’accompagne
Des premiers orages, ordonne l’assaut …
Il n’y a plus de sommeil,
Plus de bleu aux rêves,
Ni songe, ni merveille ;
Il y a seulement,
Au noir firmament,
Que la trace zébrée, d’éclairs fulgurants !…
Avec le vent, l’averse cinglante,
Gifle vigoureusement, chaque pan de toit,
Pour rebondir, fureur écumantes,
Sur les pavés, suivre une autre voie…
Il n’y a plus dans les rues,
Ni chat, ni personne
Que l’eau qui s’y rue ;
Il y a seulement,
Au brun firmament,
Qu’une cascade cendrée comme parement !…
Quand les nuages en traînées de suie,
S’enfuient vers les mornes horizons,
Une main géante, promptement essuie,
Le ciel parcouru, d’infini frissons …
Il n’y a plus dans le ciel,
De nuées en querelles,
Ni le moindre duel,
Il y a maintenant,
Sur le firmament,
Que les Sept couleurs d’un grand arc-en-ciel !...
A suivre ...
La Berlotte - Scènes 7 - 8 et 9 - Le Mirebalais Indépendant
Réédition d'un article initialement publié le : 29/06/2007 à 12:04 Un Conte Villageois qui nous conduit de la Saint Jean à La Saint Martin... Lien pour aller au début de cette histoire : " La...