Pendant plus de 5 années j'ai roulé en 4L, ça laisse des souvenirs surtout heureux, parfois cocasses en dépit de début plutôt difficile...
Dans la Drôme en 1973 en arrière plan le Glandass - A Recoubeau dans le Diois - 1971, en panne en Allemagne ... - 1972, sur l'autoroute A6... la planche à dessin... - 1975, Poitiers descente d'escalier de rue.
Cette sympathique petite auto dont le look, de prime abord, n'a rien d'enchanteur et dont le CX tient plutôt de celui d'une armoire normande, a débuté sa carrière le 4 Octobre 1961, date à laquelle elle fut présentée lors d'un gala d'honneur au Palais de Chaillot, l'avant-veille de l'ouverture du salon internationale de Paris, ce qui marqua son début de carrière.
C'est en Mai 1971 que j'ai acheté d'occase une R4 Export de couleur verte, un modèle de 1967, à la concession Renault des Andelys (Eure). Cela faisait un peu plus de 8 mois que je circulais en Solex Flash, un cyclomoteur qui m'a permis d'effectuer mes petits déplacements depuis l'époque où j'avais laissé ma Ford Anglia au moteur nase sur le plateau du Morvan.(Adieu Anglia).
La R4 est avant tout une voiture pratique et agréable à vivre au quotidien. Véritable petit break avec sa cinquième porte et sa banquette arrière repliable dégageant un bon volume de chargement. De gabarit, la voiture est peu encombrante et se faufile bien dans la circulation grâce aux bonnes performances de son petit moteur peu gourmand en essence. Économique à la pompe et à l’entretien, c’est exactement le type de véhicule qui me convient.
Pour les voyages, cette petite auto offre une bonne habitabilité qu’agrémente le confort des suspensions relayées par le bon maintien des sièges, des performances honnêtes et une grande facilité de conduite soutenue par une excellente tenue de route. Sur le plan de la sécurité, le freinage, bien que non assisté, est suffisant ayant toutefois une tendance à l’échauffement lors des longues descentes en lacets sur les routes de montagne …
C’est l’anti 2CV par excellence … Concurrente directe de la petite et très populaire Citroën, la R4 qui, en 1961, a pris le relais de la non moins populaire 4CV, reprend les solutions techniques du concurrent du Quai de Javel en adoptant la traction avant et un type de suspension à grand débattement (bien plus modéré sur la R4). La philosophie des deux modèles n’a, en commun, que les points liés à leur aspect extérieur spartiate, leur côté berline utilitaire, leur prix de bas de gamme et l’économie à l’usage.
D’un point de vue esthétique ni l’une ni l’autre ne font rêver, la Citroën étant même plus originale que la petite Renault, celle-ci, plus proche encore de ce que l’on désigne, à l’époque, comme "caisse à savon"...
Par contre, à l’intérieur on a bien plus l’impression d’être à bord d’une automobile digne de ce nom que dans une 2CV. Sans être pléthorique au niveau équipement, l’habillage des contre-portes et des sièges avant séparés, la présentation du tableau de bord, sont nettement plus cossus, plus finis et aboutis que ceux de la sommaire 2CV… Seul, le levier de vitesse coulissant au tableau de bord est comparable à celui de la petite Citroën… Nous rappelant que nous sommes dans une voiture de bas de gamme, les vitres avant et arrière ne s’abaissent pas mais, par la moitié, coulissent d’arrière en avant.
Sur la route : la prise en main de la R4 ne présente aucune difficulté, nanti d’une boite trois vitesses la conduite est simple. Les trois rapports sont bien étagés conférant à la mécanique une souplesse de fonctionnement sans réel trou dans les intermédiaires … Dans le contexte des années 60-70, cette petite auto s’inscrivait bien dans le trafic du moment et, en cela, était nettement plus véloce que sa concurrente directe la 2CV. Sur route, on pouvait allègrement rouler régulièrement à 90-100 même lorsque le profil était accidenté. En montagne, la seconde que l’on pouvait pousser jusqu’à 75km/h, permettait de gravir allègrement les fortes pentes ; ceci, allié à une bonne tenue de cap dans les trajectoires et un bon maintien lors des épingles, en faisait une grimpeuse efficace. Sur autoroute (A cette époque, l’hexagone n’en comptait que 1500 Kms), on pouvait rouler pied dedans, en maintenant un bon « 120 » compteur, ce qu’une 2CV de la même époque ne pouvait absolument pas réaliser.
Jusqu’à la vitesses de 90 Km/h, les bruits mécaniques et de roulement retentissant dans l’habitacle étaient relativement supportables, au-delà, le moteur, accrochant les hauts régimes, se faisait très présent, accompagnant les bruits aérodynamiques de cette petite voiture au Cx d’armoire normande …
La R4 était aussi une auto passe partout pouvant rouler sans gène sur des chemins de campagnes nantis d’ornières et de nids de poules grâce à son seuil élevé. Incontestablement, aux vues de toutes ces dispositions, complétant ses aptitudes aux voyages aux longs cours, la R4 plaît aux jeunes, au moins jeunes et aux vieux également... Polyvalente, multi services, il n’est pas étonnant que cette auto ait accompli une carrière de plus de 30 ans ; plus de 8 500 000 exemplaires ayant été vendus dans le monde entier…
Pour mon compte, en dépit des grosses déconvenues connues au cours des tous premiers milliers de kilomètres parcourus à son bord (La 4L en Autriche), c’est presque 6 années que j’ai gardé cette pétulante petite voiture, parcourant plus de 150000 kilomètres, effectuant d’innombrables randonnées en grande partie sur le territoire français qu’elle a sillonné en tous sens …
Et puis, un jour de Printemps 1975, elle m’a aussi permis de connaître Annie, celle qui est devenue ma tendre épouse …
Que dire de plus sinon que La R4 fut pour moi, un amour de voiture …