Le capitaine De Gaulle - Churchill entre De Gaulle et le Général Sikorsky commandant des forces polonaises - De Gaulle à la BBC.
Ce militaire, en Juin 1940, récemment promu officier général, après avoir combattu sur le terrain, n'a pas accepté la défaite et surtout pas la demande d'armistice entraînant la soumission de la France à l'ennemi intraitable. C'est un NON retentissant à ce pacte innommable que le 18 Juin 1940, ce chef militaire jusqu'alors inconnu, a émis depuis Londres sur les ondes de la BBC, encourageant et appelant tous ceux qui refusaient cette défaite humiliante, à poursuivre le combat en le rejoignant en Angleterre, au nom de La France Libre qui devra alors s'appuyer sur les forces que recèle son empire colonial non encore tombé sous la botte de l'envahisseur allemand.
Et ce NON ne sera pas le seul qu'il exprimera aussi vertement à plusieurs reprises, au cours de sa carrière militaire et politique.
La force d'âme de cet homme hors du commun, est inébranlable...
En classe de rétho - A la guerre, la chance des généraux, c'est l'honneur des gouvernements, ici, avec les généraux Leclerc et Koenig. - Entre lui et la foule une immense décharge émotionnelle scelle cette grande idée de la France libre, indépendante, respectable...
Mais à quoi tenait cette force d'âme ?... On se souvient des talents d'orateurs de De Gaulle, cette formidable disponibilité de l'esprit, ce choix des mots à la fois simples et percutants pour convaincre les foules sans les hypnotiser, ce don pour rassembler les personnes d'avis parfois très différents et les faire fusionner aux plus hautes aspirations et grandes attentes du moment découlant de ses directives.. Qu'avait-il donc de plus qu'un rhéteur, qu'un phraseur, pour parvenir à ses fins ?
De Gaulle avait le sens de la scène, c'était un dramaturge hors pair, il savait jouer de sa personne déjà à partir de son physique où la belle stature de son corps en imposait avec le concours d'une gestuelle où ses grands bras s’ouvraient puis s'élevaient avec ampleur pour, à la fois livrer ses ressentis les plus enthousiastes et recevoir la ferveur populaire des foules qu'il aimait séduire et convaincre.
Cela, il l'a exercé jeune, lors des fêtes de famille où il participait de façon théâtrale, puis dans sa carrière d'officier, à travers ses illustres conférences à l'école de guerre.
Cela n'excluait pas la fermeté qui se lisait sur son visage souvent impassible. La détermination ajoutée à une foi inébranlable dans ses idées et ses intentions, il l'imposait sans vergogne à ses interlocuteurs les plus pugnaces, opposés à ses convictions, comme Churchill ou qui tentait de le snober comme Giraud ou Roosevelt…
Ouverture de la Conférence de Brazzaville en Janvier 1944 - A Bar-Le-Duc le 28 juillet 1946, De Gaule s'élève vigoureusement contre le projet de constitution proposé aux Français qu'il juge non adaptés aux réalitésdu moment - Conférence de Presse à l'Elysée en 1964.
Un homme de discours, un homme de paroles, un homme d'actes aussi, où il tente à tous prix de ne pas trahir ses engagements. Cela sera manifeste tout au cours de la guerre jusqu'à la libération. Pourtant, lors de son retour au gouvernement, à la fin des années 50, en raison du marasme occasionné par les guerres coloniales et plus particulièrement celle d'Algérie, il reviendra sur ses engagements, néanmoins convaincu par les impérieuses raisons qui lui ont fait opérer ce revirement dont bon nombre de Français lui ont tenu rigueur et même haï. Je pense que cela a été une épreuve particulièrement douloureuse pour cet homme habitué à gagner ses combats ou, pour le moins, ne jamais céder à ses ennemis ou opposants directs. De Gaulle n'a jamais été l'homme des compromis et donc, à des moments cruciaux, faire des concessions a dû énormément lui coûter ...
Les paroles ne suffisent pas et celui qui les prononce saura donner à ses décisions un caractère spectaculaire qui ne manquera pas d’impressionner ses interlocuteurs et adversaires et, au-delà, l'opinion publique mondiale qui bientôt suivra avec passion les initiatives de ce personnage vraiment pas ordinaire.
Les épreuves, les vexations, les revers ne lui furent épargnés : pendant la guerre le drame de Mers-El-Kébir, l'échec de Dakar, la lutte fratricide de la Syrie et du Liban, le débarquement Américain en Afrique du Nord française, l'intronisation de l'amiral Darlan, puis du Général Giraud, son éviction des grandes conférences qui décidaient de la conduite des opérations, l’attitude des Anglais au Levant, l'opposition à ce que les troupes françaises délivrent Paris, les Alliés ayant décidé de contourner la capitale pour refouler les unités allemandes aux frontières Nord et Est du pays. Ne craignant point de s'imposer en force, il obtiendra néanmoins d'Eisenhower, l'autorisation accordée à la division Leclerc d'entrer dans Paris pour libérer la ville le 25 août 1944.
Le Colonel De Gaulle, commandant par intérim des chars de la Ve armée, présente ses engins au Président de la République Albert Lebrun (23 octobre 1939) - Village délivré au côté des libérateurs sans uniformes - Le jour de gloire est arrivé : défilé sur les Champs-Elysées le 26 août 1944
Derrière ces drames, ces tragédies, il y a cette volonté inflexible de redonner à la France la place respectable qu'elle doit occuper au sein des nations libres dans le monde moderne, en conformité avec la longue et riche histoire de son peuple issu d'épisodiques périodes migratoires.
Tout se construit et se reconstruit dans la souffrance, De Gaulle n'a jamais eu des tâches faciles. Ses missions, quoi qu'en pensent certains qui en faisaient un « planqué », ont été périlleuses et, si le maréchal Pétain, en Juin 40, avait fait don de sa personne à la France, lui, le Général De Gaule, n'avait pas peur de prendre des risques y compris pour les siens proches et d'entreprendre des voyages dangereux, d’affronter les adversaires les plus redoutables et, sans relâche, mettre en œuvre de l'extérieur et à l’intérieur, la libération et l'indépendance de la France.
En communion avec la foule - Dans le landau royal au côté de la Reine Elisabeth II en Avril 1960 - Réception àl'Elysée - La rencontre avec l'Enfant - En conversation avec André Malraux - Moment intime avec son épouse Yvonne pendant le séjour en Angleterrre - Le repos du combattant sur le sol Irlandais ...
Dès que Paris fut libéré, il annonce le retour de la République, prend les rênes du pays comme chef du gouvernement de la France Libre. Une fois la victoire acquise, l'attitude des partis, des gouvernements de la IVe République, la loi sur les apparentements puis après son retour, l'indiscipline de certains militaires, l'opposition puis la colère des pieds-noirs, l'hostilité des classes dirigeantes, des milieux financiers, du Sénat... et bien d'autres tracasseries, furent autant de coups qui l'atteignirent au cours de ces trente années de tourmente géopolitique puis d'agitations sociales, en dépit desquels il parvint, par ses postures, ses prestations, ses déplacements à préserver l'image de dignité, de résolution, d'indépendance, qui fut sienne et qu'il vouait en même temps à la France, jusqu'au dernier jour.
Contrairement à ce que pourrait penser ses détracteurs qui voyaient dans sa personne un « intraitable dictateur », De Gaulle ne s'imposa jamais au-delà de ce qu’exprimait la volonté du peuple français dont il respecta scrupuleusement les votes. Après le coup de semonce de Mai 1968, désavoué lors du référendum constitutionnel d'Avril 1969, il donna aussitôt sa démission de chef de l’État.
Quand il a dû intervenir dans le destin de la France, il n'a jamais failli... quand cette même nation lui a manifesté d'assumer son destin hors sa présence, il a respecté cette volonté, ayant appris combien l'autodétermination des peuples et la Liberté sont des vertus indéfectibles de l'esprit républicain et des démocraties modernes.
De Gaulle fut incontestablement l'un des plus grands serviteurs que la France eut à sa disposition, au cours de ce tumultueux XXe siècle.