Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Romans - Nouvelles - Brèves, #Les mots choisis du Farfadet

ACTE IV

Perceval erre depuis 7 années au cours desquelles il a livré moult combats et a participé  à de nombreuses batailles, prenant parti des bons et des justes, luttant contre les félons. Il a aussi fait la connaissance de Blanchefleur, assiégée en son château de Beaurepaire par un roi tyran Clamadeu. Perceval a pris la défense de la Pucelle et combattu l'agresseur le repoussant hors des terres occupées et lui ordonnant de se livrer comme prisonnier au roi Arthur. Elle, pour le remercier lui a promis son amour. Cette immense tendresse, Perceval la dépose au fond de son cœur, ce qui lui procure une grande force et décuple son courage et sa hardiesse. Il s'est remis  en route avec la ferme intention de retrouver le roi pêcheur Amfortas.
Un matin d'hiver, alors qu'il traverse une clairière, une oie légèrement blessée par un faucon la poursuivant perd trois gouttes de sang sur la neige. Perceval les ayant aperçues entre en contemplation...

 

 

Scène 1

Non loin se tient le campement du Roi Arthur et c'est vers celui-ci que Perceval se dirigeait avant qu'il ne s'arrête et se laisse submerger pas ses rêveries. Ayant aperçu ce chevalier appuyé sur sa lance, du camp d’Arthur, on envoie un messager au devant de lui...
 

Perceval
Une oie, en passant
Trois gouttes de sang,
Sur la neige laisse…
Mais, si peu la blesse,
Qu’aussitôt, s’envole…
Trois rouges auréoles,
Telles perles vermeilles,
Me semblent Merveille :
Joues rosées, roses lèvres,
Posées comme par orfèvre,
Sur douce peau de satin,
Du blanc, rehaussent le teint …
Oh, quel heureux présage !
L’on dirait le visage
De ma tendre Blanche Fleur,
Que d’amour vrai, je pleure …

 
Sagremor
Valet, le roi te mande.
Je crains qu'il n'attende.
Bougeras-tu de cet endroit ?
De refuser, tu n'as le droit.
Au roi, je saurai te conduire...
Foi de Sagremor, il va-t’en cuire !...

Perceval plongé dans ses pensées ne l'entend pas. Sagremor s'irrite et fonce vers le chevalier immobile mais au moment d'être percuté celui-ci sort soudainement de sa rêverie et, de la lance, repousse l'assaillant qu'il jette à terre avant de retourner en contemplation. Plus loin les chevaliers d'Arthur ont assisté à cette stupéfiante scène. Le Sénéchal Keu, ulcéré parce qu'il vient de voir, se jette à son tour dans la bataille...

Keu
Valet ! ! pour te voir, le roi insiste...
A son vouloir, aucun ne résiste.
Ah … de moi, du roi, tu te moques !
Eh bien, je vais te mettre en loques !...

Perceval entendant le galop d'un cheval sort de sa méditation et fait face à celui qui vient l'assaillir et le désarçonne le blessant à la clavicule ce qui correspond à la promesse de venger  la pucelle qui avait ri et que le sénéchal avait honteusement giflée.
Au campement d'Arthur, on s'émeut de ces bousculades et s'indignent le roi et ses compagnons d'armes de voir le chevalier toujours appuyé sur sa lance alors qu'à ses pieds gisent deux valeureux seigneurs. C'est Gauvain qui se décide alors d'interpeller l'impudent. À son tour, il va au-devant de lui...

Gauvain
Seigneur... s'il vous plaît me suivre,
Montreriez votre savoir-vivre.
Le roi Arthur vus réclame.
Faut-il qu'affligée soit l'âme
De celui qui, pourtant fort habile,
Demeure, ainsi, immobile !...  

Perceval
Seigneur... je vous demande pardon
Mais de la nature, je contemplais ce don :
Ces trois gouttes de sang qu'elle mit,
Sur la neige, évoquant mon amie.  

Gauvain
Vous avez là, pensées de noble cœur.
C'est donc juste, que soyez vainqueur
De tous ceux qui, sur vous, se ruent.

Perceval
Lors, ces trois taches ont disparu...
Merveilleuse est l'aventure
Car je cherchais le roi Arthur.
Voilà qui exauce mes vœux...

Gauvain
Je suis Gauvain son neveu.

Perceval
Certes, avez nom de bon aloi !
Je suis Perceval le Gallois.
 Maintenant, de vous, je me souviens,
M'aviez aidé à serrer les liens
D'armure gagnée en tournoi
Contre un chevalier sournois...

Gauvain
C'est donc vous que tous ici regrettent...
Que pour vous, l'on commence la fête !
Tant de preux guerrier, par vous, prisonniers,
Au châtiment que leur donniez,
Ont obéi servant la Cour...
Déjà, vers nous le roi accourt.

Les groupes vont au-devant des uns des autres...
Sire, voici Perceval !
Celui que nul n'égale ...   

Arthur
Ami, grand est notre bonheur.
À tous, ici, faites honneur...
Perceval s'incline devant le roi et celui-ci s'agenouille...
L'éperon, je mets à votre soulier,
Car, à cet instant, je vous fais chevaler !...

Perceval
Sire ! Grande est la récompense...  
Mais je dois rapporter la lance
Dont le fer saigne
Au château du roi Méhaigne.
Pour cela, partit tôt demain...
M'indiquerez-vous le chemin ?

Arthur
Digne de vous, cette prouesse !
Mais le destin vous presse.
Sur trois lieues suivrez cette voie.
Le château de très loin, se voit...

Tous se dirigent vers la grande rotonde du Roi Arthur. Le lendemain, avant l'aurore, Perceval s'est remis en chemin. Et celui-ci sera encore ben périlleux... Le château se voit de loin a dit Arthur mais pour qui a les bons yeux... Perceval s'égare et court encore mille périls devant à chaque fois affronter les pires ennemis qui puissent exister. Des mois passent, des années... il a perdu la notion du temps. Un frais matin du mois de mars il se trouve dans une prairie entourée de bosquets.  Étant descendu de son destrier. Il s'agenouille pour prier ayant fiché en terre la lance merveilleuse devant lui... A quelques pas de là, des personnages s'agitent...

 


Scène 2

Gornemans
Bonjour, merveilleux univers !
Au revoir, bienfaisant Hiver !
Que tous les êtres, avec ferveur,
Ce matin, rendent grâce au Sauveur.
La Joie qui monte de la Nature,
N'atteint-elle toutes créatures ?
Venant par derrière ces buissons,
De plaintes, j'entends les tristes sons.  
Kindry ! Kundry ! Allons, lève-toi !
Il est l'heure d'accomplir acte de foi.
Ne reste à terre pour souffrir !

Kundry
Ah ! Sommeil, mort, quoi donc offrir ?
Les déchirures d'une manante,
Par suite du rire qui me hante
M'ont conduites, tour à tour, comme caprices,
Autant vers les bons que les mauvais offices.
Ah misérable ! J'ai ri, j'ai tant ri,
Que jamais , en moi, l'image ne périt.
De Lui, sous le fardeau des souffrances,
Je riais et raillais sa pénible avance.
Du fouet qui meurtrissait en cinglant,
Son visage tuméfié et sanglant,
A chaque coup, je riais plus fort,
Tandis que Lui, maintenant l'effort,
S'acheminait à son Calvaire.
Alors, en moi, le Regard Clair,
Pénètre quand se croisent nos yeux,
Et cessent mes rires malicieux.
Puis de moi, se détourne, l'Être lumineux,
Pour l'accomplissement d'un sort douloureux.
Contre mon gré, je l'ai suivi à Golgotha...
Depuis je trahis et sers Anfortas.
Je suis l'ombre dans la lumière.
Rien ne peut me tirer d'ornière...
Mais c'est l'heure de servir, servir, servir !...  

Gornemans
Attends ! Avant, nous faut sévir…
Ce que voyons ici, est aberrant,
Jamais chevalier, ne fut si mécréant,
Car celui-là, sous la ramure,
Ose, ce jour, se tenir en armure.
Est-ce miracle ou merveille,
J'aperçois la lance vermeille !
Et lui, qui ne la quitte des yeux,
Me paraît être le fol audacieux
Qui blessa l'oiseau sacré,
Et que je chassais à regret...
Ami... qu'attends-tu de cette lance ?...

Perceval
Seigneur, elle doit porter la clémence
A un roi pêcheur et infortuné...
A la Rédemption, elle  est destinée.

Gornemans
Chevalier, sais-tu quel est ce jour ?

Perceval
Je ne le sais tellement je cours..
.
Gornemans
C'est aujourd'hui Vendredi Saint
Tel que nul à l'occasion,ne ceint
Armes et parures de guerre.

Perceval
Là Seigneur, je les jette à terre !...
Mais, j'ignorais la tradition,
Est-ce en souvenir de la crucifixion ?

Gornemans
Certes, en ce jour, tout bon et loyal chevalier,
En prières se recueille, en quelques moutiers.
Pour apprendre la vraie charité,
Il doit faire preuve d'humilité.
Perdre tout orgueil, toute arrogance,
En quittant son habit de violence.
Ce jour, aucune arme ne sert,
Pour célébrer cet anniversaire
De la mort du Christ sur la croix,
Chargé de nos fautes par surcroît,
Auprès de Dieu en assure la rémission,
Par sang divin coulant au terme de sa mission.
Encore ces jours, peu d'humains en saisissent le sens,
Ni n'en ressentent vraiment l'importance.
Ce sang du Christ, comme aucune autre substance,
De routes vies sur Terre, revivifie l'essence.

Perceval
Maître, c'est le plus grand des saints sacrifices,
Que Dieu, pour nous, fait réaliser par son Fils.
Combien nos plus hautes entreprises semblent futiles,
Ridicules, nos richesses et nos royaumes, fragiles.
Honte à nos convoitises et mesquines conquêtes !
Qu'enfin l'humanité, du Graal, aille en quête.
Mais … quelles est cette merveille ?
Soudain, le monde s'éveille !...

Gornemans
C'est le miracle de ce Saint Jour
Qui œuvre au triomphe de l'Amour.
Le retour du Printemps en apothéose,
Où l'âme des êtres, à la lumière, éclose,
Se révèle au cœur de la Nature ardente,
En fait bourgeons et fleurs abondantes,
Aux sublimes formes et couleurs tendres ;
Telle parure, sur le monde, voyez s'étendre...

Perceval
Ô Splendeurs ! Ô œuvre rédemptrice !
Du ciel et du sol, jaillissent les forces créatrices
Qui donnent à la Vie sa beauté
Et à Tous les Êtres, l'espoir de la Liberté.
De l'Esprit, au Corps, en édifiant le Temple,
L’Âme, par nos yeux, contemple
Les merveilles de cet enchantement.
Elle y découvre, au-delà de l'entendement,
La Sagesse et les Vertus Sacrés
Qui rendent présent, Dieu, dans tout ce qu'il a créé.

Gornemans
Chevalier de noble cœur
Tu as atteint la vraie demeure…
Longtemps, ici, dans notre monde en débâcle
Nous attendons et espérions ce miracle.
Avec la lance qu’aujourd’hui tu ramènes,
Un sang nouveau coule déjà dans nos veines.  

Perceval
Oh !... Pardonnez mon émotion.
Je veux serrer avec dévotion
Tous les Êtres du Monde.
Que la Joie nous inonde !
C’est bien pour guérir la plaie  
De celui qui aspire à tant de paix
Que j’ai cherché, jour après jour le sanctuaire
Où souffrait Anfortas avec ses frères.
Me voilà donc parmi vous,
Rendons-en grâce à genoux.  

Gornemans
Depuis ta dernière venue,
Bien des maux sont survenus.
Et pire, fut la mort de Titurel,
Succombant non aux lois naturelles,
Mais privé des bienfaits du Saint Office
Qu’accomplissait trop rarement son fils.
Sur la communauté, cruel fut le deuil,
La conduisant vers de fatals écueils…
Mais, tout à l’heure, en ce Saint vendredi,
Au courage d’Anfortas, portons crédit,
Pour qu’à l’occasion, il élève le Saint Graal,
Afin qu’avec lui, tous surmontent le mal.

Perceval
Messire, s’il vous plaît, me conduire
Là où Merveille doit se produire ;
Ne perdons plus ici notre temps…  

Gornemans
Monseigneur, nul là-bas ne s’attend
A recevoir un nouveau Maître.
Mais avant, il vous faut connaître
De ces lieux tous les us et coutumes
Et aussi changer de costume.
Veuillez me suivre en ma demeure,
Je vous y enseignerai nos mœurs.
Lors, de ces lieux, vous prions, d’en devenir le roi.

Perceval
Sur l’heure, s’il m’est permis d’user de ce droit,
Au nom du Celui que tous les êtres aiment,
J’accomplirai, en premier, l’acte du Baptême.

Baptême de Kundry…


Scène 3

Dans la grande salle de Montsalvat, Anfortas s’apprête à conduire le Saint Rituel.

Anfortas
Oh terrible est le supplice
Quand j’élève ce Calice !…
Mon corps n’est que douleur,
Mon sang n’a plus de couleur…
Il n’est que vie artificielle !…
Titurel qui êtes au ciel !
J’implore votre clémence
Pour ne céder à la démence !…

Chœur
Découvre le calice
Er présente le Graal
Accomplis le Service
Roi Prêtre du Graal !

Anfortas
Non !... Non !... pour toujours je refuse
Lumière que le Très-Haut diffuse.
Elle réveille un mal si cruel,
Si bien qu’en moi la raison chancelle.
Ah douleurs lancinantes,
Qui, mes entrailles, hante !...

(Déchirant sa chemise, en proie à une crise délirante, il présente à tous son torse meurtri)

Voyez ! Voyez l’immonde plaie…
Chevaliers, s’il vous plait !
Ici, enfin je veux que l’on me tue !.

- Entre Perceval portant la lance -

Chœur
La Lance aux divines Vertus !...

Perceval

Appliquant la pointe de la lance sur la blessure du roi…

Anfortas, qu’elle te donne la paix
Et chasse de tes veines le flot épais
Du jus purulent et infecte…
Maintenant, ton cœur se délecte
Du Sang de la Rédemption…

Chœur
Pour tous, c’est la Résurrection
Car guéri est le roi pêcheur.
Par charité de son successeur,
Que Perceval
Soit Prêtre-Roi du Graal !

 


**********
*******
****
*

 

Commenter cet article

Profil


FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

Archives

langues

 

Hébergé par Overblog