Non, je ne suis pas un exilé qui t'écris hors territoire,
Mais un de tes citoyens pétri de ta fabuleuse histoire,
Un passager, aujourd'hui malmené, sur le chemin tortueux,
Que tu empruntes au gré d'événements non vertueux ...
Te voilà donc, belle France, reconquise par tes démons,
Abjurant les trois hauts principes gravés sur tes frontons,
Renonçant à ce que tu as prôné au prix de tant de sacrifices,
Noyant dans des flots d'amertumes, tes généreux édifices !...
N'y eut-il pas assez de sang versé pour, maintenant renier,
Ces âpres combats d'antan, ces résistances de pionniers,
Ces moments de conquête pour donner Droits aux Hommes :
Préceptes moraux et sociaux, qu’à cet instant, tu gommes !
Quelle route suis-tu, insolente fille, arrogante guerrière ?
Quel spectre guide tes pas et sous quelle vile bannière,
Rassembles-tu tes fils et tes filles pour porter leur fureur,
Sur de noirs champs de bataille, broyant vie et honneur ?...
As-tu déjà oublié les heures sombres, les humiliations,
Les conduites indignes, les lâches dénonciations,
Quand, rompue, à genoux, bafouée, muette et sans gloire,
France, ton doux nom, n'honorait plus nos mémoires !...
Veux-tu, à ces heures difficiles, après tant de progrès,
Rebrousser chemin, n’en éprouvant nul regret,
T’isoler, repliée sur toi, reprendre ton bagage,
Et vivre honteusement, en refusant les partages.
Voilà donc ce qui t’attire, délaissant ta mission,
Perdant de vue ce bel idéal pacifiant les nations :
Une folle aventure ravivant la fibre nationaliste
Qu’attisent des visionnaires ultra alarmistes…
France déçue par la communauté européenne,
Te laisse alors aller, sous le poids de tes peines,
Succombant au racisme éhonté, à la xénophobie,
Te voilà donc en proie à d’immondes lubies !…
N’as-tu, par le passé, connu des désenchantements ?
Essuyé des revers cuisants, vécu pires tourments ?
En relevant le front, face aux regards chargés de haine,
Toi, France, savait te libérer des plus infâmes chaines !
Alors, Toi, notre chère Patrie, Toi notre Mère courage,
Rassemble tes forces vives et laisse tomber ta rage,
Oublie ces mornes passions, ces vœux d’hégémonie,
Pour suivre, confiante et solidaire, tes bienveillants génies !
Farfadet