Ce samedi 18 février nous sommes allés voir « le Lac des Cygnes » au palais des congrès sur site du Futuroscope.
La levée du rideau de scène est prévue à 20H30.
Tenant compte de la situation d'Annie en fauteuil roulant, nous sommes donc partis suffisamment en avance de Mirebeau, distant de 25 km, pour avoir le temps de trouver une place sur les parkings à l'entour, puis de nous installer.
Nos places réservées, ce sont nos enfants qui nous les ont offertes à Noël.
Ce fut un grand moment d’émotion, la musique sublimant le corps ; mouvements polyphoniques de la première ayant en écho la transcendance gestuelle de la seconde. La musique devient visible, elle virevolte sur la scène baignée de la féérie soutenue par la variation chromatique des éclairages.
P.I. Tchaïkovski à la sensibilité exacerbée, a écrit les plus belles pages musicales de son temps. Il maitrise parfaitement la composition orchestrale et sert à point ses thèmes portant la tension dramatique dans laquelle le spectateur auditeur entre sans peine, transporté par les sonorités claires fluides autant que par la chorégraphie et les évolutions des corps au service de la danse de haut niveau. Un ballet symphonique éblouissant grâce à l’art russe imprégnant la Danse spectacle.
Oui, dès les premières mesures, les premiers battements de pieds, nous sommes transportés sur les rives enchanteresses de ce lac brumeux, ténébreux et féérique.
Le mélomane avisé pur et dur ne manquera pas d’exprimer son vif regret qu’un tel spectacle de concert ballet ne soit pas accompagné par un orchestre véritablement présent, les danseurs interprètes évoluant sur de la musique enregistrée… un enregistrement de qualité, certes, réalisé et transmis avec les moyens les plus modernes sur le plan technique et acoustique mais nous privant de ce ressentir musical « en live » auquel ne peut se substituer, au niveau de l’émotion tirée de la sensibilité sonore, le meilleur des dispositifs de la musique « en conserve ».
Mais voilà, la tournée du Moscou Théâtre Ballet qu’effectue actuellement, de ville en ville, sur notre territoire, cette troupe talentueuse, a un coût qui ne permet sans doute pas d’y engager les frais considérables qu’occasionnerait le déplacement d’un orchestre d’accompagnement et de ses instruments, au delà des soucis logistiques dans l’accomplissement d’un tel périple.
Par ailleurs, on comprend que le bon déroulement scénique tenant à l’harmonie imposée par la corrélation musiciens/danseurs ne pourrait se satisfaire de l’improvisation hasardeuse en jouant sur chaque lieu de représentation, avec l’orchestre local ou régional. Ceci exigerait de nombreuses répétitions pour que s’accordent parfaitement musiciens et danseurs, sous les houlettes respectives du chef d’orchestre et du chorégraphe.
Ceci dit, on se contente de la situation pour suivre avec intérêt les évolutions chorégraphiques, les entrechats, pas de danse sublimes et autres merveilleuses envolées des danseurs et danseuses étoiles pour plonger dans la rêverie du drame exprimé visuellement par la grâce corporelle et la transcendance musicale des airs immortels du génial compositeur Russe.
P. I. Tchaïkovski composa cette œuvre en 1875-76. Le symphoniste qu’est Tchaïkovski, en dépit de son appréciation plutôt négative de la musique de ballets, découvre qu’elle comporte néanmoins, une grande variété de mélodies. Dans ce genre de composition musicale destinée au spectacle visuel, ces dernières peuvent alors servir de leitmotiv s’associant à des personnages, des atmosphères, des sentiments. Nous retrouvons parfaitement cette construction avec thèmes, dans « Le Lac des Cygnes » où ils présentent avec brio les introductions de personnage, clament les enchainements dramatiques, puis expriment, tout en finesse, les états d’âme entre passions et apaisements.
Ces thèmes se déclinent dans le jeu et les nuances sonores des instruments de l’orchestre symphonique. Ces mouvements d’une grande amplitude au service d’une sensibilité musicale qui donne la chair de poule et tire les larmes du spectateur, évoluent en se métamorphosant graduellement, jusqu’à l’apothéose du thème essentiel dans une polyphonie triomphante aux accents lumineux, quasi divin.
Pourtant, ce n’est pas à sa création en 1877, au Bolchoï de Moscou, que ce ballet connaitra la notoriété même avec le rajout de « la Danse Russe » et le célèbre « pas de Deux ». Il faudra attendre 18 ans pour que « Le Lac des Cygnes », en tant que ballet, passe à la postérité… C’est le grand Marius Petipa qui parachève l’œuvre au niveau chorégraphique, et cela, en hommage à Tchaïkovski décédé deux ans plus tôt. Ce maître de la danse, fondateur du ballet russe, a repris la partition originale. En 1895, il présente son spectacle au théâtre Mariinsk de Saint-Pétersbourg.
Le succès, comme la musique de son génial compositeur, est retentissant. « Le Lac des Cygnes » conte féérique né de l’imagination de Tchaïkovski, devient le premier drame musical dansé.
Cent ans plus tard, reconnu comme chef-d’œuvre du genre, il demeure le ballet romantique par excellence, suscitant sur toutes les scènes du monde, l’émerveillement de publics aussi nombreux que variés …
L’ovation faite aux interprètes et à l’œuvre, ce samedi 18 février, au Palais des Congrès du Futuroscope, en atteste une fois de plus…