Et voilà que Charroux, bordé par la Charente, dans le sud du département de la Vienne, revient, en page 18, faire parler d'elle, dans La Nouvelle République de ce mercredi 28 avril... un billet qui nous conte l'histoire de cette cité à travers les âges. Après "Les clameurs de Charroux autrefois", voici que ses murs nous révèlent à mots "murmurés" les petits secrets de son long passé... En son centre, trône la tour Charlemagne, unique vestige architectural de l'immense église abbatiale Saint Sauveur qui tout au cours du Moyen-Âge, rayonnait cultuellement et culturellement sur la Marche.
Si Pise est renommée pour sa tour penchée, Paris connu dans le monde entier grâce à sa tour Eiffel, Charroux, ex capitale de la Basse Marche, pour le touriste averti, est indissociable de sa tour Charlemagne …
L’origine du nom Charroux tient à plusieurs sources : la première voudrait qu’il provienne du bas latin quadrifurcus se traduisant par carrefour, la seconde, comme son homonyme dans l’Allier, tiendrait au terme celtique car (à traduire par pierre) donnant l’adjectif carro (pierreux), la troisième, sous l’appellation de carlo rubra (relique sanglante) se rapporterait au fait qu’en sa basilique originelle furent conservés quelques morceaux de la Sainte Croix, la quatrième du latin carrus évoquerait un char romain voir le nom même de Charlemagne …
Quoi qu’il en soit, Celtes, Pictes, Lémovices, Romains et Gallo-Romains ont, tour à tour, (sans jeu de mots …) occupé cette région. En 789, avec le consentement de Charlemagne, Roger, Comte de Limoges et son épouse Euphrasie fondent l’abbaye Carolingienne sur les lieux mêmes où un pèlerin revenant de Jérusalem aurait fait don d’un morceau de la Vraie Croix au puissant Empereur …
La raison politique de cet acte n’est pas à exclure, un litige à propos des limites territoriales, à cette époque, oppose le Comte de la Marche au Comte du Poitou …
Charroux devient une étape importante sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Grâce à ses 70 reliques, L’abbaye Saint-Sauveur, lieu de pèlerinage très prisé, a tôt fait de devenir un foyer de vie culturel et artistique qui va rayonner non seulement sur la région mais sur l’Europe entière puisque s’y dérouleront quatre conciles dont celui instaurant la Paix de Dieu (1er Juin 989) qui fut la première prescription de l’Église pour protéger les populations civiles au cours des guerres médiévales.
En 1096, Le pape Urbain lors de son voyage en France, s’arrête à Charroux. La ville qui depuis le Xe siècle appartient au Comte de la Marche devient capitale de la Basse Marche jusqu’à la fin du XVIe siècle.
La prospérité de Charroux tient à l’immense chantier de son abbaye qui s’étend tout au long du XIe siècle, aux us et coutumes rédigés de concert par les abbés, les contes et les bourgeois de la cité afin d’attirer et retenir les populations. A la fin du XIIe siècle, l’abbaye compte jusqu’à 215 établissements en filiale.
Vient alors le temps des premiers grands conflits entre seigneurs, suivi par la guerre de Cent Ans ; ils vont amorcer le déclin de la cité et de sa prépondérante abbaye.
En 1481 Louis XI confie le pouvoir aux abbés au détriment des comtes. Ces abbés commendataires sont plus soucieux des revenus inhérents aux possessions de l’abbaye que de son rayonnement spirituel.
En 1561 Charroux perd son titre de capitale de la Basse Marche pour devenir simple Châtellenie. (Dans sa période de prépondérance cultuelle et culturelle on dénombrait plus de 25 000 habitants à Charroux)
Les guerres de Religion, dans la foulée, précipitent le déclin de l’abbaye qui sera supprimée en 1780 puis vendue comme bien national en 1790…
L’un des 5 lots, vestiges de la rotonde et du cloître sera racheté par Charles Loyzeau de Grandmaison, curé de Surin. Hélas les quatre autres seront exploités comme carrière de pierres. La Famille Loizeau aura à se confronter à plusieurs reprises aux élus communaux qui veulent mettre à bas la Tour. La société des antiquaires de l’Ouest, Charles de Cherge et Prosper Mérimée, interviennent à temps pour conserver ce monument, le classant en Bien National…
En 1856, la découverte de reliquaires entraine la reprise des Ostensions qui, depuis, ont lieu tous les 7ans à la Fête Dieu.
La maquette de l’ancienne abbaye Saint-Sauveur de Charroux a été créée au début des années 1990. Née à l’initiative de Marie-Louise Clément, qui sut rassembler autour de ce projet les énergies et les compétences des amoureux et connaisseurs du site, sa conception et sa réalisation furent confiées à Dominique Vidal, maquettiste professionnel demeurant à Charroux et passionné par les vestiges de l’ancien monastère. Marie-Thérèse Camus, professeure d’histoire de l’Art Médiéval à l’Université de Poitiers, spécialiste de l’Art Roman en fut la référente scientifique, entourée de Michel Dollfus, architecte des Bâtiments de France.
L’abbaye Saint-Sauveur.
De l’église abbatiale, ne subsiste que la tour lanterne qui domine la cité. Elle faisait partie de l’ensemble rotonde à l’Est de l’abbatiale dont la partie nef s’arrêtait place du Parvis avec un porche à triple entrée de style gothique. A son apogée cet édifice faisait une longueur totale de 114 mètres ce qui le place parmi les plus importants de son époque.
La particularité architecturale, échappant au conventionnel plan-croix, tenait à ce curieux assemblage des styles tant Roman que Gothique mais surtout, à son aspect mausolée, apposant au plan circulaire de son triple déambulatoire cernant la tour lanterne, la disposition linéaire de la nef longue (+ de 50 m.) et large qui se devait d’accueillir le nombre important des pèlerins de passage. La partie sanctuaire à l’Est, de style roman et oriental (préroman : archives mérovingiennes) s’oppose à la partie réservée aux fidèles, elle, fortement influencée par l’architecture gothique …
Les fouilles menées entre 1949 et 1951, puis, celles de 1993 ont permis de mettre à jour le plan central de la rotonde et la complexité de cette église, d’une conception tout à fait singulière se rapportant au style Roman et dont cette tour carolingienne, parvenue jusqu’à nous, est un parfait exemple.
De plan octogonal, ajourée par des arcades de proportions variables, réparties, sous la coupole sur les deux niveaux apparents, la base étant encore enfouie, les huit piliers porteurs flanqués de 4 fûts de colonnes juxtaposées comportent 16 chapiteaux aux motifs inspirés par des thèmes végétaux ou animaux. Au dessus de la coupole, dans le prolongement du plan octogonale, la partie haute reprend le thème des arcades en plein cintre avec remplage de la partie supérieure et petites fenêtres centrées, dans la partie basse, donnant passage à la lumière. Il faut savoir que l’autel disposé à 3 m. au-dessus du sol et 30 m. sous la coupole baignait dans la lumière provenant des hautes baies de la tour.
S’agissant des bâtiments conventuels, quelques rares arcades témoignent de l’existence de l’ancien cloître. La salle capitulaire fut restaurée en 1949 : y sont rassemblés les sculptures provenant des voussures des porches de la façade occidentale datant du XIIIème siècle. Elles regroupent, entre autres, 14 figures d’abbés de Charroux et 13 figures juvéniles de rois. Dans la première salle conventuelle on découvre le remarquable ensemble des vierges folles et sages, des bas reliefs présentant les prophètes, ayant pour attributs, les rouleaux comportant des saintes écritures. Dans la salle suivante, nous pouvons apercevoir les têtes de Charlemagne et du Comte Roger fondateurs de l’abbaye ; enfin, dans une troisième salle, un relief présentant deux colombes de part et d’autre d’un arbre. Il f
A Charroux, ce sont 12 siècles de notre histoire qui remontent jusqu’à nous. Au cœur de ce charmant village, la tour octogonale demeure la digne et vénérable gardienne de ce temps qui passe et nous dépasse, ici, en splendeurs…
Photos prises le 10 Août 2010 : Remerciements à mes deux filles Amélie et Charlotte.
"La Paix de Dieu" - Concile de l'An 989 à Charroux ... - Le Mirebalais Indépendant
Réédition d'un article initialement publié le 28/12/2010 à 00:23. Cette fin du Xème siècle est marquée par les œuvres guerrières des seigneurs belligérants, des envahisseurs Normands et H...
https://www.mirebalais.net/article-la-paix-de-dieu-concile-de-l-an-989-a-charroux-63826017.html
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