De tous les compagnons à quatre pattes que nous avons eus et hélas perdus, l'âge avancé étant souvent la cause de leurs disparitions, Bruce est celui dont la mort aussi soudaine qu'inattendue nous a le plus bouleversée.
Il faut dire que Bruce, était un amour de chat, une crème... une présence joyeuse et bienfaisante à la fois.
Nous l'avions adopté suite à la demande de notre fille Charlotte habitant la Normandie qui a eu à déménager au cours de l'hiver dernier. Ainsi, en décembre 2012, elle nous l'a laissé avec son adorable cocker Chocolat. Nous les avons eu en pension pendant presque trois mois. Au début du Printemps elle est venu récupérer son chien mais nous a laissé Bruce le chat, parce qu'elle s'est trouvée enceinte à cette époque là. En fait, nous le laissant pour une longue période il était déjà entendu que le chat serait nôtre car elle n'aurait pas le cœur à nous le reprendre tandis que nous serions habitués à lui et lui à nous ...
Bruce a eu tôt fait de s'adapter à notre maisonnée. Il était là, attentif à nos évolutions quotidiennes et nous aux siennes. Nous avions des habitudes de vie communes, ponctuées par ces petits rien de rituels et de témoignages d'affection qui nous rendent indispensables les uns aux autres.
Cela commençait dès le lever du jour quand Bruce sautait sur la table de nuit pour miauler de sa petite voix et, de la patte, doucement m'effleurer le cou ou l'épaule me faisant comprendre que c'était l'heure de sortir du lit. Parfois, voulant prolonger notre sommeil de quelques instants, je le poussais doucement à terre en lui disant : « pas maintenant bruce ! ». Il partait et revenait un quart d'heure plus tard …
Une fois debout, commençait la cavalcade le faisant me suivre partout où j'allais pour ouvrir les volets, préparer le plateau du petit déjeuner. Il sautait sur tables, buffets et tous supports hauts afin de se trouver au plus proche de moi pour se frotter en ronronnant...
Notre minet avait faim mais il savait attendre. Je lui servais ses croquettes et il s'en régalait. Tandis qu'à notre tour, nous prenions le petit déjeuner, il s'installait sur le dossier du fauteuil face à la baie vitrée où là, il jouissait de la vue maximum sur la cour et le jardin.
Quand notre fille Amélie venait prendre le petit déjeuner avec nous elle était suivie de sa chatte Vanille. Alors, pour les deux chats c'était l'heure du jeu, courses poursuites dans les escaliers, cache-cache derrière fauteuils et canapé, pugilat de chats joueurs sur le sol. Après cette séance très sportive, nos deux compères s'installaient souvent sur le même fauteuil l'un près de l'autre, un vrai bonheur ! Ces deux chats s'entendaient à merveille...
Bruce se sentait bien dans la maison dont il connaissait tous les recoins et endroits confortables pour se reposer. Mais le plus souvent, il ne se posait jamais loin de nous.
En soirée, il aimait me rejoindre à la cuisine sautant sur la table et, de là, épiait tous mes faits et gestes, non par gourmandise mais plutôt par curiosité. Rarement je l'ai vu toucher à un plat déposé sur les plans de travail. J’aimais ces moments où de ses yeux tout ronds de chat étonné, il suivaient mes manipulations de casseroles et autres évolutions pour préparer le repas du soir. Alors je lui causais : « Tu vois Bruce le père lulu il prépare l’omelette, et hop les œufs, je les casse dans le ravier ! Et hop je brasse avec le fouet... » Je ne sais s'il était admiratif mais son regard lumineux presque rieur me permettait de sentir qu'il était agréablement intéressé à ce qu'il observait ... Une complicité et une grande confiance s'est vite établi entre nous.
Avec Annie aussi, il était très doux, il venait la voir à son fauteuil et adorait qu'elle le caresse de longs moments .
Lui venait vers nous et se laissait volontiers approcher mais il appréciait moins qu'on le prenne dans nos bras ou sur nos genoux ; pour ça, il n'était pas chat à tripoter …
Une présence paisible et bienfaisante Bruce c'était le bonheur du foyer !...
Le soir, vers 22 heures c'était pour lui le moment des petites « lutineries » où il courrait en tous sens et à toute vitesse mais, avant d'aller nous coucher aux alentours de minuit, il y avait tout un rituel... D'abord, tandis que nous regardions la télé, il venait s'installer face à nous sur la table basse du salon l'air de dire, : « hé les enfants, ça va être l'heure d'aller au lit, faudrait peut-être penser à décoller de là ! » Quand m'étant levé j'éteignais le poste et qu’Annie commençait à activer son fauteuil électrique pour se mettre debout, notre Bruce commençait sa série de sauts accompagnant nos déplacements : d'abord sur le piano où il savait que j'allais le rejoindre. A cet instant, il adorait frotter sa tête contre mon menton, poils de chat contre poils de barbe, un vrai délice de tendresse pour lui et moi ! Allant plus loin, il me suivait et sautait sur la table et delà sur le buffet où il m'attirait de sa patte pour qu'on recommence cette opération de frottis-frotta d'amour. Tandis qu’Annie se dirigeait vers les toilettes, il bondissait et sautait sur la console du couloir pour, qu'à son passage, elle le caresse et lui fasse des mamours ce qu'elle ne manquait pas de lui prodiguer ; il ronronnait de bien-être. Quel gentil chat !
Une fois dans la chambre c'était fini, il savait qu'on allait dormir. Nous laissons toujours la porte ouverte, jamais il n'est venu nous importuner la nuit en sautant sur le lit (sauf son avant dernière nuit...) A la rigueur, il pouvait se reposer sur le fauteuil de la chambre à côté de la commode.
J'avais remarqué que la nuit il aimait rester assis juste devant la grande baie vitrée du séjour pour observer la cour… Un vrai gardien du seuil et angélique ajouterai-je …
Voilà, en 10 mois de partage d'existence ce qu'il nous a permis de connaître de lui et ce qu'il a pu recevoir d'affection de notre part... c'est sûrement essentiel mais vraiment trop court !...
Le animaux sont par nature, au contraire des humains, des êtres totalement innocents et quand avec eux nous établissons des liens forts, je suis enclin à penser que l'amour vrai et désintéressé que nous leur prodiguons et eux, spontanément en retour, a tous son sens et est d'une extrême importance pour nos évolutions respectives ...
Adieu Bruce et Merci à toi notre gentil chat pour tout ce bonheur que tu nous a donné le temps de ta bienheureuse présence ici sur terre.
Gardiens du Seuil ... Amitié et confiance réciproque... dure est la séparation pour sa compagne
Vanille...