...n'est plus... il est mort ce dimanche après-midi après une lutte de deux jours pour survivre...
Notre peine est immense mais aussi la colère car cela n'aurait jamais dû arriver...
Retour à ce vendredi après-midi 14H, ma fille m'aide pour administrer à notre brave Bruce un vermifuge car notre chat a de nouveau des vers laissant là où il s’assoit des minuscules grains blanc : des œufs de vers intestinaux. Nous l'avions déjà traité à la fin d'hiver dernier avec un vermifuge sous forme de comprimé... cela avait été une sacrée opération pour faire ingérer le comprimé à notre chat qui l'avait recraché par trois fois... alors, à la pharmacie ayant exposé les difficultés pour traiter notre brave animal, on m'a proposé un vermifuge en pipette à vider sur la peau juste à la base arrière de la tête du chat. Il s'agit du « Profender Spot-on » pour chats moyens de 2,5 kg à 5 kg. Nous avons bien suivi les prescriptions et recommandations tenant à la posologie inscrites sur la notice de ce médicament.
Aussitôt fait, notre chat s'est mis à baver puis, dans l'heure qui a suivi l'administration du vermifuge, des effets indésirables n'ont pas manqué d’apparaître, notre Bruce ne restant plus en place et allant à plusieurs reprises à sa litière sans pouvoir faire ses besoins. A ce moment nous pensions que ces effets étaient liés à l'action du vermifuge qui provoquait ces troubles gastriques compréhensibles... Nous ne nous sommes pas inquiétés tout de suite. Mais, dans la soirée, à l'heure où d'habitude notre chat va à sa gamelle, il y est bien passé, flairant les croquettes que d'ordinaire il apprécie, il les a boudé et s'est contenté de boire un peu dans sa jatte d'eau... Il est encore allé plusieurs fois à sa litière mais sans jamais vraiment uriner ni laisser d'excréments. C'est à partir de ce constat que j'ai commencé à m'inquiéter, épiant alors tous ses déplacements. Il cherchait déjà des coins pour se poser puis, au moment de nous coucher, vers minuit, il manifestait son malaise par des râles, miaulements rauques qu'il émettait toutes les dix minutes environ en même temps que sont apparus les spasmes intestinaux...
Cette nuit du vendredi au samedi nous n'avons jamais pu fermer l’œil, car Bruce, mal en point, est venu plusieurs fois dans notre chambre grimpant avec difficulté sur le fauteuil puis de là venant sur le lit entre mon épouse et moi pour en repartir un quart d'heure plus tard. Ce fut comme ça toute la nuit ; il allait de place en place en émettant ses miaulements rauques.
Lui, qui d'ordinaire était alerte et prompt pour sauter sur les meubles et tables, avait du mal à grimer sur son fauteuil. Il est allé plusieurs fois à l'étage se couchant su le palier juste en haut de l'escalier ; en fait, je sortais du lit à chaque fois que je l'entendais se plaindre...
Quand au matin je me suis levé, il était couché sur le flanc devant l'évier de la cuisine. Il s'est plaint quand je l'ai pris pour le coucher sur le fauteuil qu'il occupe souvent en matinée. Tandis que nous prenions le petit déjeuner voilà qu’il redescend du fauteuil et qu’il se place au milieu de la pièce pour vomir à plusieurs reprises sur le carrelage… Il renvoi tout le contenu de son estomac. J’avais déjà récupéré dans la cuisine une déjection de poils agglomérés. Si ses vomissements me semblent un événement salutaire correspondant à une délivrance sans doute liée à l’action du vermifuge, le fait qu’après cela, il continue ses errances en se plaignant en cours de déplacement comme à chaque fois qu’on le touchait, ne me rassura pas. Manifeste aussi est son manque d’appétit puisqu’il n’a pas touché à sa gamelle, n’a presque pas bu et ne peut faire ses besoins. Sa litière est restée propre.
Ma décision était prise, après le petit déjeuner j'appelais le vétérinaire de notre localité. Sa secrétaire m'a répondu qu'il était absent en stage jusqu'à lundi. Elle me conseilla de consulter un confrère. C'est ainsi que je pris rendez-vous à la clinique vétérinaire de Loudun où j’arrivais à 11 heures. Le jeune vétérinaire de service auquel j'ai expliqué la situation et les origines du mal de notre chat, après examen, a conclu qu'il était sans doute allergique au produit que nous lui avions administré et que selon lui, il s'était léché et donc infecté. Je répondais qu’ayant placé le produit en pipette, comme prescrit, sur le haut de son échine juste derrière sa tête, il n’avait morphologiquement pu accéder à cet endroit. Le vétérinaire me rétorqua qu’il avait bien pu se gratter avec la patte arrière et ensuite lécher cette dernière… Possible, mais je ne l’ai pas vu faire cela, toutefois au cours de la première heure suivant la prise du vermifuge je ne l’ai pas constamment eu à l’œil… Quoi qu’il en soit, le véto lui fait deux piqûres, une pour l’hydrater et une, antiallergique puis me prescrit et livre un sirop (Emeprid) pour déclencher de façon neurologique, les spasmes destinés à lui faire faire ses besoins afin qu’il se « nettoie » au niveau intestinal et urinaire. Il m’explique qu’à l’aide de la seringue sans aiguille qu’il me fournit en sus, je devrai lui faire absorber 5ml de ce sirop par voie buccale ceci, le matin et le soir pendant quatre jours… Normalement notre Bruce devrait s’en sortir. Bien sûr il me recommande qu’à l’avenir, pour le vermifuger, et ça pas avant deux mois, je n’utilise plus jamais ce produit en pipette mais ceux présentés sous forme de comprimé…
Sur la route retour je suis joyeux, d’autant que les quelques miaulements émis par Bruce dans sa cage posé à ma droite dans le fond de la voiture, sont bien plus doux et n’ont plus rien à voir avec les râles rauques provoqués par la souffrance. A la maison j’explique la situation à mon épouse et nous croisons les doigts pour que notre Bruce retrouve vite son énergie et sa santé… Je fais donc ingérer non sans rebuffade à notre chat la dose de solution buvable comme indiqué. Cela aura pour effet quelques minutes plus tard de la faire aller uriner mais peu… Il ira boire un peu aussi. Une heure après, le voila qui recommence à vomir, seulement des glaires car il n’a pratiquement plus rien dans l’estomac. L’après-midi se passe sans trop d’incident sinon qu’il ne se maintient jamais à la même place et se couche sur le flanc aux endroits les plus frais du carrelage. A partir de 18h, le voilà qui se remet à émettre des miaulements rauques et cette fois il cherche les endroits sombres dans les coins au fond du couloir ou sous la table de la cuisine entre les pieds de chaises ; il se pose là, sur le ventre, prostré. Lors d’un de ses déplacements, je remarque qu’il ne lève plus son arrière train et avance à ras le sol… il devient de plus en plus atone et se plaint dès qu’on l’attrape… je vais chercher le panier du chien que nous avons en réserve y place des couvertures et le dépose dessus. Il se remet sur le flanc, cherchant à dormir… Il faut croire que la douleur ne le quitte pas car je le retrouve un quart d’heur plus tard prostré devant l’évier de la cuisine. A 22h je lui administre sa deuxième dose d’Emeprid. Cela le fait abondamment écumer…
Au cours de la nuit de Samedi à Dimanche, nous ne dormirons guère plus que la nuit précédente car, si cette fois il ne vient plus nous déranger - il a de moins en moins de force pour se déplacer et monter sur les sièges - c’est moi qui me lève toutes les heures pour aller le voir. Le plus souvent je le retrouve hors de son panier vautré sur le carrelage mais non loin. Vers quatre heures et demie du matin, je parviens à m’endormir un peu. A mon réveil, vers six heures, je retrouve Bruce couché sous la fenêtre de notre chambre. Je vais chercher son panier pour l’installer dedans… me recouche pour somnoler jusqu’à 7H30 où, au réveil, je constate que Bruce, une fois de plus, a quitté son panier. Parcourant tout l’appartement je ne le trouve pas… de retour dans la chambre regardant sous le lit, je le trouve prostré juste sous la place d’Annie… Il râle quand je le retire de cet endroit pour l’installer de nouveau dans son panier que j’amène dans le séjour.
Au cours de la matinée du dimanche, Bruce bien que de plus en plus faible, se déplace encore plusieurs fois pour s’étaler quelques mètres plus loin sur le carrelage … la tête dans le prolongement du corps de plus en plus amorphe…
Comme chaque dimanche, nous déjeunons en famille, avant le repas ma fille Amélie m’aide pour lui administrer sa dose de sirop … Il réagit encore assez vivement à cette action qu’il n’apprécie guère … nous le replaçons dans son panier. Nous constatons bien qu’il est au plus mal mais nous nous disons que les chats peuvent être ainsi, comme à l’agonie puis, après une période de léthargie qui peut durer plusieurs jours, recouvrer toute leur vitalité… Le chat a 7 vies dit-on !…
Eh bien Bruce, lui, n’aura pas cette chance… A 16 heures je le retrouve définitivement inerte l’œil droit révulsé, le gauche à jamais fixe et vitreux … il n’a plus bougé de sa caisse et pour cause !…
Je pleure comme un enfant, Amélie prenant le chat mort dans ses bras hurle : " Bruce ! … Non Bruce pas ça, pas toi ! Bruce notre Bruce, pourquoi tu nous fais ça, hein Bruce !…" Annie plus loin, a les yeux remplis de larmes et prend une aussi soudaine que vive quinte de toux qui la secoue encore maintenant …
Nous sommes tous sous le choc… comment, en à peine 48 heures, un chat adulte de seulement deux ans et demi, en parfaite santé, vif, hyper tonique et aussi si gentil, a pu passer ainsi de vie à trépas ?...
Tristesse profonde, chagrin mais colère aussi m’agitent car il est indéniable que le vermifuge a entrainé sa mort. Comment ne me sentirai-je pas aussi coupable…. sans cette administration, Bruce nous illuminerait encore de sa joyeuse présence…
Aujourd’hui Bruce repose au fond du jardin sous les hibiscus, non loin de l’endroit ou a été inhumé Noé il y a un an et demi…