Réédition d'un article initialement publié le : 25/07/2009 à 00:20
à l'époque où franchir celui de sa porte exige moult considérations et bien des précautions... un ensemble de réflexions pour se retrouver soi-même dans son rapport avec l'Univers - (Microcosme et Macrocosme)...
Voilà bien un terme intéressant.
Ainsi le définirai-je comme endroit de franchissement, un lieu de passage obligé… Il se présente alors comme une frontière visible ou invisible, ce peut être aussi, une sorte de sas plus ou moins important qui permet de passer d’un endroit à un autre, d’un territoire à un autre, d’un monde à l’autre, d’un univers à l’autre ou encore, en tant que pas de porte, la démarcation entre intérieur et extérieur, permettant d’entrer ou de sortir. Sur une voie, le seuil est aussi une issue, un début et une fin, une fin et un début.
Nous, passionnés de généalogie amateurs ou pro, sommes souvent confrontés à ce seuil, lequel marque un début d’existence ou bien la fin de celle-ci, la vie, ici bas, se déroulant entre ces deux limites extrêmes : naissance et mort …
Hors toutes conceptions religieuses, mais néanmoins plus axée spirituellement, j’aime bien cette idée que naître au monde c’est certainement « mourir » dans un autre et, réciproquement, mourir en ce monde, serait du même coup, naître ou renaître dans un autre.
Pour les quelques personnes qui ont fait un voyage éclair dans l’au-delà, à l’occasion d’une mort clinque avérée mais courte s’en suivant d’un prompt retour à la vie, elles mentionnent souvent ce moment extraordinaire du passage du seuil. Une très forte expérience qui demeure à jamais gravée dans la mémoire de ces miraculés …
Pour en revenir au seuil, à ce pas de porte ou l’on passe d’un lieu à l’autre, on peut y marquer un temps d’arrêt, hésiter à le franchir ou bien passer franchement sans y penser ou encore, parce que quelque chose de bien plus fort que notre volonté nous pousse… il y a toujours quelque chose de magique qui se produit lorsque nous franchissons un seuil, ce peut être un événement extraordinaire dont on prend conscience ou bien qui passe inaperçu et pourtant, après coup, nous nous rendons compte que nous sommes effectivement passés dans un autre lieu ou bien nous retrouvons soudain dans une situation toute nouvelle .
Par exemple, passer du sommeil à la veille et inversement de la veille au sommeil, le point de rupture où l’on lâche prise avec un de ces états de conscience, entre conscience de sommeil et conscience de veille, est pratiquement inaccessible à notre conscience diurne ordinaire … intéressant de se dire cela !... En l’occurrence, ce passage de seuil s’effectue hors de notre conscience courante…
Il est d’autres passages de seuil bien moins précis et localisables représentés par les étapes de la vie, par exemple… ainsi, le seuil entre enfance et âge adulte, qu’on nomme adolescence, nous avons bien du mal à en fixer les limites précises car cet événement se produit progressivement ou par à-coups, mais il y a toujours un lieu de bascule où l’on a quitté définitivement un état pour en investir un nouveau. De même, le passage de la pleine maturité du milieu de vie, à celui de vieillard s’étend sur plusieurs années… Où placer ce seuil, sachant que chaque situation humaine est particulière, les uns vieillissants plus vite que d’autres. Pourtant il y a un passage obligé et un franchissement qui fait qu’à partir de cet instant, les facultés régressent. De nos jours, à propos de ce 3ième âge voire, 4ième, nous parlons de personnes vieillissantes.
Il y a une particularité très intéressante qui devrait nous éclairer sur la signification de ces seuils qui caractérisent de manière bien singulière, les temples et monuments égyptiens. Cette particularité tient justement à la succession des portes à franchir. Venant du dehors et nous dirigeant vers le dedans, plus nous progressons et franchissons de seuils pour parvenir au cœur du sanctuaire, plus ces portes deviennent petites et étroites. Par exemple à Louxor nous passons d’abord entre les rangées des sphinx disposés à l’horizontal pour parvenir à l’entrée haute principale, gardée par deux statues géantes, elles, nous happant dans le sens de la verticalité. En pénétrant dans ce temple, à chaque nouveau passage permettant d’aller d’une salle à l’autre, progressant vers le fond, les linteaux de porte s’abaissent de mêmes que se rétrécissent les piédroits ou jambages … Sans doute pour le visiteur introduit là, il s’agit là, de faire l’expérience de l’intimité de son être et de se rapprocher le plus près de soi-même jusqu’à se sentir en osmose avec le monde environnant, se sentir Un et Univers en même-temps.
L’expérience est toute autre quand on fait le chemin inverse nous conduisant du dedans vers le dehors. Cette conscience de soi, en osmose et en harmonie parfaite avec le Tout, devient de plus en plus diffuse au fur et à mesure que l’on progresse vers l’extérieur, et parvenu là, au dehors, c’est le monde que je découvre autour de moi qui prime sur ma « soi-conscience » qui s’en trouve séparée : « j’existe dans ce monde aux limites infinies qui se distingue de moi, infime point dans ce vaste univers ».
En entrant dans ce temple je fais l’expérience intime qui me fait me ressentir non comme individu pourvu seulement de son égoïté, mais comme personnage en total fusion et harmonie avec l’univers. Cet environnement et moi ne faisons qu’un … (conscience de sommeil)
En sortant du temple, je fais l’expérience d’être un être unique (égo) mais aussi en dualité et donc en opposition avec l’univers avec tous ses composants êtres et choses. Le monde et moi sommes en constante confrontation (conscience de veille)
Et pendant ce voyage, entrant ou sortant, on peut parler d’une conscience de rêve toute remplie de la mouvance des images.
La méditation « point / cercle » nous introduit dans ce rapport entre le « monde » et « moi » ou « moi et le monde» en lien avec nos deux états de conscience polaires que l’on a défini ici, comme conscience de sommeil (mon égo se trouve dilué à la périphérie) et comme conscience de veille (mon égo se trouve extrêmement concentré dans ma corporéité et me permet de contempler la périphérie)
A propos de cette méditation « point / cercle » il faut se représenter l’extrême cercle en périphérie le poussant aux limites les plus extrêmes de l’infini, il implose et redevient point. A son tour, ce point (ou centre) extrêmement concentré jusqu’à l’extrême petitesse, explose et devient cercle en périphérie…tel onde de choc… ceci correspond à cette loi des retournements propre à ce qui se situe en polarité.
Enfin, il est intéressant de remarquer que les porches d’églises et de cathédrales, ceci étant plus prononcé à travers le style gothique qu’à travers le style roman, ont conservé une touche de cette conception invitant le fidèle à se concentrer avant d’entrer dans l’édifice. Cette conception, à l’instar des sanctuaires égyptiens, tient à la profondeur donnée par les voussures ou arcatures concentriques s’étageant en saillie au-dessus des seuils.
A ce titre, le seuil, n’est jamais un lieu d’écueil, chaque seuil, est un lieu de passage obligeant…