Il y a 100 ans aujourd'hui ....
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Cet article a été initialement publié 15/06/2012 10:15 *
* Ce week-end va être donné, pour la 80ème fois, le départ de ce célèbre grand prix d'endurance en matière de course automobile dont la première édition eut lieu les 26 et 27 Mai 1923... 80 années d'existence à célébrer pour ces fameuses 24 heures du Mans. Une date anniversaire qui nous ramène, à un an près, quatre-vingt dix ans en arrière...
* Cette année du centenaire, l' épreuve d'endurance des 24 Heures du Mans se déroulera les 10 et 11 juin 2023*
Historique
Émile Coquille, fabriquant en France des célèbres roues fil « Rudges-Whitworth » à l’occasion du salon de 1922 a lancé l’idée d’une grande course d’endurance, sur parcours routier, pour voiture de tourisme. L’idée sera retenue par les personnalités les plus influentes du sport automobile de cette époque…
C'est donc grâce à Charles Faroux, l’incontournable ingénieur journaliste de ces années là, et au dynamique Georges Durand, infatigable animateur de l'Automobile Club de l'Ouest, association fondée en 1906, que l'on doit la création d'une telle compétition de sport automobile dont le but, au-delà du spectacle, était de mettre à l'épreuve, gage de fiabilité, les mécaniques d'automobiles de production courante qui, déjà, à cette époque, se faisaient toujours plus performantes et s’imposaient en nombre sans cesse croissant, dans nos paysages. L'auto dans ces années « 20 » a déjà bien modifié les habitudes de déplacements de ceux qui avaient le bonheur d’en posséder une et permettait à ceux, tellement plus nombreux qui n’en possédaient pas, de rêver qu'un jour, à leur tour, ils connaîtront cette merveilleuse ivresse de tenir un volant en main.
Oui, il s'agissait bel et bien de montrer que ces voitures pétaradantes, fumantes, qui cahotaient sur les routes mal carrossées et les chemins tantôt poussiéreux, tantôt boueux de ce temps là, était capable de tenir la distance dans l'espace et dans le temps, ce dernier imposant de tenir des cadences infernales sans casse majeure, pendant 24 heures consécutives...
Voilà qui soumettrait ces nouveaux bolides et surtout leurs conducteurs à l'épreuve de ce racing-car dont le challenge imposait qu'au moins 78 tours de ce circuit de 17,262 km soient effectués dans les 24 heures… Une épreuve, hors normes, sur route ordinaire pour des autos de séries du type sport et sport prototype ...
Un autre raison, à elle seule, justifiait ce challenge imposant une telle durée d’épreuve, en effet, Il devenait impératif de tester la fiabilité des éclairages électriques de ces autos, ce pourquoi une partie de la course se déroulait de nuit. A cette époque encore, les pannes d’éclairage des automobiles, sont monnaies courantes…
S’ajoute une classification des voitures concourant en fonction de leur cylindrée, de leur type de châssis et du rapport poids/puissance. Étaient tolérés deux types de carrosserie sport : découverte ou carénée-capotée, l’une ou l’autre, avec ou sans pare-brise, voire avec pare-brise rabattable…
Mais, venons-en maintenant à évoquer la marque s’étant illustrée lors de cette première édition des 24 Heures du Mans : Chenard & Walcker
Un ouvrage de référence pour les amateurs de voitures anciennes.
Edition : "Histoire & Collections"
C’est le 19 janvier 1899 que se concrétise officiellement l’association entre Ernest Chenard et Henri Walcker. Le premier ayant appris sur le tas, est fabriquant de cycles puis de quadricycles à Asnières, le second est ingénieur, fraîchement diplômé des Mines. Cette alliance va étendre la gamme de production des véhicules maison, des plus légers au bien plus lourds, de la voiturette à l’automobile de classe. En vingt ans, l’entreprise progresse sans cesse et se range parmi les constructeurs les plus prestigieux du moment. Les Chenard & Walcker acquièrent une solide réputation comme étant des voitures bien construites, fiables, performantes et confortables. Les usines établies à Gennevilliers prospéreront jusqu’au déclin de la marque, à la veille de la deuxième guerre mondiale. Ci-dessus, 2 Vues de la 3 litres Sport Tourisme d'usine : tableau de bord et moteur à double arbre en tête et latéral...
C’est à partir des années « 20 » que Chenard & Walcker s’engage dans la compétition automobile et cela va lui réussir au point de se forger un palmarès prestigieux en se hissant aux premières places parmi les grands noms des constructeurs les plus en pointe à cette époque.
Avant le départ, la Chenard & Walcker de l'équipage Lagache-Léonard
Ce 26 Mai 1923 ce sont trois voitures de la marque à l’aigle, d’une cylindrée de 2978cm3 qui, après pesage où furent déclassés les Voisins N°3 et 4, prennent place sur la ligne de départ de la course qui rassemble 33 concurrents parmi lesquels des adversaires de renom comme les deux Excelsior belges de 5,3 litres, la plus grosse cylindrée admise, trois Lorraine-Dietrich, les favorites et, pour leur première apparition, les redoutables Bentley dont la N° 8 de 3 litres…
La Chenard & Walcker N°9 en course ... ses projecteurs malmenés par les secousses...
Deux Chenard &Walker, la N°9 d’André Lagache et René Léonard et la N°10 de Raoul Bachmann et Christian Dauvergne sont identiques. Ce sont des modèles du type U3 possédant un moteur de 79,5 x 150 mm dont l’arbre à cames en têtes commande des soupapes inclinées sur une seule rangée. Le double allumage est assuré par une magnéto à avance variable. La puissance est estimée à 90CV. Le châssis de cadre classique est équipé d’un pont à trompettes en lieu et place d’une solution chère à la marque du système dédoublé, constitué par essieu porteur et moteur. Le freinage est assuré par des tambours de 380mm sur les roues avant et 330mm sur la transmission. A l’occasion de cette épreuve les freins arrière sont conservés, le tout assisté d’un servo Hallot. La suspension classique comporte des amortisseurs à friction. Les réservoirs d’essence et d’huile sont en charge. Ces deux voitures sont carrossées à l’identique, c'est-à-dire, en torpédo sport ponté à quatre places, signés Lagache & Glaszmann. La roue de secours se trouve à droite sur l’aile avant. Le pare-brise est rabattable et un phare de recherche à acétylène est placé à droite du pilote.
La Chenard & Walcker N°10 en course... son phare d'appoint mis à mal par les projections...
La troisième Chenard & Walker, la N° 11, attribuée à Fernand Bachmann et Raymond Glaszmann, construite sur le même cadre de châssis est conforme à la 15 CV de tourisme sport court, distribuée par la marque. Le moteur de 3 litres qui l’anime est à soupapes en tête commandées par arbre latéral. Moins rapide que ses deux aînées, elle bénéficie néanmoins d’une expérience confirmée en compétition. La caisse est semblable aux deux autres, seule la calandre est moins haute.
La Chenard & Walcker 15CV de tourisme de l'équipage Bachmann-Glaszmann
C’est sous une pluie d’orage et de grêles que le départ est donné…
La course, en grande partie, se déroule sous la pluie qui a tôt fait de rendre la route boueuse et parsemée d’ornières… Malgré les projections de pierres, ce sont 30 sur 33 concurrents qui franchiront la ligne d’arrivée après 24 heures de rondes infernales sous les trombes d’eau… Des rivales de la marque à l’aigle, seule, la Bentley joue le rôle de challenger, elle termine cinquième, après avoir effectué le meilleur tour du circuit à la moyenne de 108 km/h !... mais, les grandes vainqueurs de l’épreuve, ce sont les Chenard & Walcker N° 9 et N°10 qui ont parcouru la plus grande distance en 24 heures avec respectivement 2209 km effectués par l’équipage Lagache-Leonard, établissant alors le record du monde à 92,604 km/h de moyenne et 2140 km effectués par l’équipage Bachmann-Dauvergne arrivé second. La troisième Chenard & Walcker la N° 11 de l’équipage Bachmann-Glaszmann n’a pas démérité en arrivant à la 7ème place.
Comme prévu, la course de nuit a joué un rôle important, les voitures ayant à souffrir de nombreuses pannes d’éclairage électrique, les projecteurs étant exposé aux projections et vibrations dévastatrices… Les Chenard & Walcker n’ont pas été épargnées avec les fixations des phares gauches, défaillantes sur les trois voitures…
Les 3 Chenard & Walcker à l'arrivée , à gauche, la N° 9 victorieuse.
Ce succès va servir de tremplin à la Marque à l’aigle qui remportera 3 années consécutives, la très convoitée Coupe Boillot…
En 1925, elle gagnera également les 24 heures de Spa en Belgique.
La Marque à l’aigle reviendra encore trois autres fois au Mans mais hélas, sans pouvoir renouveler avec la victoire de la première édition, un succès qui fera date !…
Pour en savoir plus sur l'histoire des 24Heures du Mans : link
et sur la Marque Chenard & Walcker un site intéressant : link
Découverte du circuit des 24H du Mans en 1956...