Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Les lectures du Farfadet.

Après lecture je me demande encore quel est le rapport entre le titre et le contenu de ce roman, néanmoins très prenant...

Au centre, l'ours(e) omniprésent(e) est perçu(e) puis raconté(e) à partir des points de vue très différents de trois personnages clef : Jules, Alma et Gaspard.

L'histoire tient au fait de la réintroduction d'ours dans la montagne pyrénéenne ce qui n'est nullement apprécié par les éleveurs de moutons et autres ruminants et surtout par les bergers qui, chaque année de Mai à Octobre, gagnent les estives avec leurs troupeaux et leurs chiens, devant partager le haut territoire herbu avec l'imprévisible et discret prédateur.

A partir de ma liseuse, pages de référence : Jules P 11 - Alma P 107 - Gaspard P 38.A partir de ma liseuse, pages de référence : Jules P 11 - Alma P 107 - Gaspard P 38.A partir de ma liseuse, pages de référence : Jules P 11 - Alma P 107 - Gaspard P 38.

A partir de ma liseuse, pages de référence : Jules P 11 - Alma P 107 - Gaspard P 38.

Jules, son histoire se déroule un siècle plus tôt à l'époque où les ours habitent "légitimement" la montagne, des lieux qu'ils occupent depuis des siècles, cohabitant, bon an mal an, avec les humains et leurs animaux domestiques. L'ursidé, à la fois, présence inquiétante et mythe, fait peur mais fascine aussi. L'homme ce grand fou qui, au-delà de ses craintes, se sent tellement supérieur à l'animal fut-il sauvage et ravageur, va surmonter ses peurs les plus viscérale pour dompter l'animal, ce qui est réalisable quand il est petit encore allaité par sa mère, bénéficiant de sa protection. Jules, au mépris de tous les dangers, pénètre dans la tanière d'une ourse juste sortie de l’hibernation pour capturer un de ses oursons...  il va l'élever, le dresser en faire une bête de foire. Au tournant des XIXe et XXe siècle il sera montreur d'ours et parcourra le monde jusqu'aux Amériques, soulevant à chaque étape d'un périple accompli au cours d'une quinzaine d’années, l'émerveillement des foules fascinées par les danses et autres acrobaties de son ourse... 

Alma, jeune éthologue engagée dans cette entreprise de réintroduction a rejoint l'équipe de chercheurs naturalistes  pour étudier les comportements des ours afin de mieux faire connaître aux habitants des lieux, les habitudes de vie de ces plantigrades prédateurs en milieu naturel, en même temps que de réguler leur impact sur les populations ovines, dont quelques individus leur servent de proie par excellence. Alma adulée par les uns est exécrée par les autres. Elle est "la salope à l'ours" qui parcourt la montagne pour, à l'appui de ses observations et études, maintenir contre leur gré la présence de cette bête indésirable, jugée nuisible par tous les éleveurs et bergers de la région. Au mépris de cette détestation, Alma séjourne régulièrement dans les estives à l’affût des plantigrades et plus particulièrement d'une femelle et de ses deux oursons...  Magnificence de la vie sauvage dans un cadre grandiose, un hymne à la biodiversité, un chant aux monts et sommets pyrénéens où, les soirs d'été, du ciel, ruissellent des lumières d'étoiles... Alma, personnage attachant, pugnace et fragile à la fois, nous entraîne dans ses courses et affûts en quête du vivant exprimé par les règnes en paliers passant de l'étage minéral à celui du végétal puis celui de l'animal, ces trois là, bases du quatrième que l'on déclare être celui de l'humain. 

Gaspard à 18 ans, BAC en poche, est parti vers la capitale faire ses études pour devenir architecte paysagiste. C'est là qu'il a connu  Lucie la mère de leurs deux filles Maëlle et Alice. Dix ans plus tard, il s'ennuie fermement dans son cabinet parisien... C'est alors qu'Il prend la décision de retourner au pays, dans les Pyrénées centrales - ses filles s'épanouiraient bien mieux en montagne - C'est un retour aux sources qu'il entame en famille en s'installant au hameau d'Arpiet. Gaspard devient berger, d'abord sous la houlette de Jean le vétéran qui l'a pris sous sa coupe et l'a formé. Aujourd'hui, Gaspard prépare sa troisième transhumance. Bien qu'aguerri par cette vie rustique, rompu à toutes les intempéries, dans ce cadre grandiose, une vie qu'il affectionne, il appréhende cette fois, le retour à l'estive, encore imprégné par les images de la tragédie* de l'année précédente. Toutefois il ne cède pas à ses frayeurs et participe de plein gré à cette ascension festive, gardien infaillible, fermant la marche en queue de troupeau.  Là-haut, pendant presque une demi année,  l'attend une vie rude mais si pleine de poésie, des nuits à ne pas fermer l’œil mais tellement silencieuses, des heures angoissantes quand quelques brebis imprudentes longent les abîmes pour quérir une herbe plus moussue et salée dans la fissure des roches ; mais n'est-ce pas là son rôle aidé par ses chiennes dévouées à la tâche ? Il faut aussi compter avec l'ours, cet habile quêteur de chair fraîche qui prélève son écot sans autre forme de procès que son habileté à investir discrètement le cœur du troupeau au moment le plus sombre de la nuit. 

L'estive Page 83...

Dans ce roman à l'écriture agréable, au suspens en phase avec le tempo qu'impose une vie montagnarde entourée d'animaux domestiques et sauvages, la transhumance, une épopée en soi, devient spectacle merveilleux, c'est un chant à la vie en même temps qu'un hommage à la montagne. 

On lit ce roman pour les paysages qu'il révèle, pour les êtres qui se confrontent à propos de causes partisanes que l'on peut comprendre, d'un bord et de l'autre, et pour l'ours mystérieux et imprévisible animal, imposant par sa taille, sa force, et son habileté à se fondre dans le paysage... A partir de lui (ou elle), il y a bien quelques agitations, comme un vent fou qui a pris furtivement possession des troupeaux et de leurs gardiens...

Note : *Tragédie : à découvrir en cours de lecture.

Merci à Manou dont l'article en lien ci-après, m'a incité à lire ce roman : 

 

Commenter cet article
M
Merci pour ta belle chronique ! C'est un livre qui m'a été conseillé par une amie qui en avait fait un coup de coeur l'année de sa parution...Ce vent m'avait emporté :) Merci pour le clin d'oeil je suis contente de savoir que tu n'as pas été déçu par ta lecture. Très bel après midi et amitiés à tous les deux
Répondre
F
Bonjour Manou,<br /> Il serait difficile d'être déçu par ce roman qui s'inspire de la réalité, vibrant témoignage de ce que vivent les bergers dans les estives, et réalité de ces réintroduction de prédateurs pas forcément maîtrisée au niveau de la régulation. L'ours, par exemple, il faut compter avec la reproduction même si les oursons, dans le sillage de leur mère, au cours de cette période de dépendance, restent des animaux vulnérables pouvant être attaqués par des mâles. <br /> Et bien sûr, la description de ce cadre grandiose des montagnes pyrénéennes demeure un enchantement au fil des pages.<br /> Une lecture passionnante et instructive.<br /> Amitiés.
C
pas partisane du retour de ces prédateurs chassés jadis pour protéger les hommes et leurs cheptels, ni loups, ni ours ... eux aussi quoi qu'on en dise, deviennent nombreux et par là même envahissent le décor à l'instar des humains juste pour survivre, l'homme aura toujours ma priorité !<br /> amitié
Répondre
F
Bonjour Marie-Claude.<br /> <br /> Voilà qui est bien affirmé : l'Humain en priorité... <br /> Je conçois, mais entre démobiliser à outrance les animaux leur soustrayant leurs territoires pour les faire nôtres en raison de nos besoins de construire liés à notre niveau de civilisation et, prenant conscience de cette situation, les réintroduire dans des espaces naturels mais jamais assez éloignés des lieux de vie et des activités humaines, il y a, dans un cas comme dans l'autre, des comportements s'étendant dans le passé excessifs irraisonnés, compensés, aujourd'hui, par des mesures prises exagérément programmés.<br /> Voulant réparer ses erreurs, l'homme ne pense jamais assez, et jusqu’au bout, aux conséquences de ses actions, fussent-elles conduites par de bonnes intentions. <br /> Le sujet est complexe, écologique, ethnologique, philosophique et moral à la fois.<br /> - En vertu de quelle impérieuse nécessité, l'homme s'octroie le droit de muter les espèces vivantes, comme les animaux, modifiant leur milieu de vie et les replaçant dans d'autres lieux à l'écart, ou les réintroduisant dans ceux dont ils ont été délogés autrefois ?... <br /> <br /> Je pense que notre sort et avenir dépend aussi du maintien des espèces des règnes inférieurs là où ils sont naturellement répartis depuis des siècles; Il faut compter avec l'évolution, les métamorphoses, les disparitions et apparitions de nouvelles...<br /> <br /> Il y a aussi ces règnes : https://www.mirebalais.net/article-25504564.html<br /> <br /> Amitiés.
F
Très intéressant ce résumé qui inciterait volontiers le lecteur à lire tout le livre, mais en ce qui me concerne, hélas, mon temps est limité. Merci pour ce partage que j'ai apprécié et lu avec intérêt
Répondre
F
Bonjour Francis.<br /> Ce roman, effectivement, mérite d'être lu et, à ce que j'ai pu constater sur "Babelio", il a enthousiasmé nombre de lecteurs.<br /> La réintroduction de l'ours, comme celle du loup, si elle satisfait les écologistes et les défenseurs de la cause animale, est aussi controversée par les éleveurs et les bergers. <br /> Dans ce roman, riche en belles descriptions, on plonge dans cette confrontation ardue s'effectuant dans un cadre à la beauté sauvage mais serein, propice à la méditation. Qui sont les nuisibles ? La réponse n'est pas si simple qu'il y parait . On ne saurait trancher sans avoir observé ce que la Nature propose généreusement à l'homme et compris ce que l'homme a retenu des leçons qu'elle dispense. <br /> Amitiés
D
attachant
Répondre
F
Bonjour Dominique <br /> Attachant sont les trois personnages clés qui s'entrecroisent dans cette histoire, pour l'un d'entre eux, à des époques différentes. Le quatrième, omniprésent, c'est l'ours qui, si il est domestique, doit être, lui, attaché ... Mais c'est préférablement en liberté que les ursidés doivent vivre . Cela ne fait bien sûr pas l'unanimité dans ces régions pyrénéennes où on l'a réintroduit.<br /> Amitiés.

Profil


FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

Archives

langues

 

Hébergé par Overblog