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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Les clins d'oeil du Farfadet
Un interview de Camille Déforges fille de Régine.

Un interview de Camille Déforges fille de Régine.

"Nul n'est pro, faite en son pays..." Pardonnez moi pour ce calembour de Farfadet, mais j'ai immanquablement  l'humeur lutine ce matin, après avoir lu ce billet en page 22 de  La Nouvelle République  de ce Mardi 16 janvier...

Eh oui "l'enfant terrible" de Montmorillon fait toujours parler d'elle même 10 ans après sa mort. Pourtant c'est sous le label "Hommage" qu'est publié cet article qui revient sur le contentieux opposant l'écrivaine aux gens de Montmorillon qui ne l'apprécient guère en dépit de ce qu'elle a fait pour la renommée de cette charmante localité de l'est de la Vienne, labellisée "Cité de l'écrit".

Née en 1935, un an avant que soit publié "Autant en emporte le vent" de  Margaret Mitchell, Régine Deforges deviendra célèbre au début des années 80 quand sera édité son premier best-seller : "La bicyclette bleue"  prélude à une saga rassemblant 10 volumes, nous entraînant dans la tourmente de 20 années entre 1939 et 1960...

Des écrits polémiques partagent les avis les scindant de façon extrême entre ceux qui détestent et ceux qui adorent. L'accusation de plagia concerne surtout le premier tome qui s'inspire des scènes typiques du célèbre roman de Margaret Mitchell ... Léa  ... Scarlett sont deux héroïnes, chacune marquée d'une forte personnalité; adorables pour les uns, ou exécrables pour les autres qui, en tous cas, ne laissent pas indifférents les lecteurs. Contexte de guerre à 70 ans intervalle : celle en Amérique dite guerre de Sécession, celle en Europe appelée la drôle de guerre, suivie de l'occupation allemande en France de 1939 à 1945. Oui, il y a des similitudes de situations, de circonstances qui, contextuellement, hors l'époque, laissent cette impression désagréable du plagia.

Si Scarlett O'Hara se présente comme une jeune fille à la fois charmante, capricieuse et audacieuse, Léa  bien plus vindicative, voire rancunière, aura une conduite sans doute plus perverse et dévoyée sur le plan des mœurs, qui l’entraînera aussi à faire des choix douloureux.

Je me souviens qu'en cours de lecture de ce premier opus de la saga de Régine Déforges, je m'étais aussi fait cette réflexion : bien que transposé à une époque différente, on croirait lire les premiers chapitres de "Autant en emporte le vent"... Beaucoup de coïncidences avec les personnages principaux, leur rôles respectifs et le contexte de propriétaires de grands domaines sont autant d'ingrédients de scénario finalement similaires.

Entre cavaler et pédaler, à chaque époque sa monture ...
Entre cavaler et pédaler, à chaque époque sa monture ...

Entre cavaler et pédaler, à chaque époque sa monture ...

« Le plagiat, une impunité française »

Article de Hélène Maurel (Professeure de littérature française à l’université de Tours) publié dans "Le Monde" le 28 juillet 2021 à 18h00, modifié le 29 juillet 2021 à 15h23.

"En 1993, contre toute attente, Régine Deforges n’est pas déclarée coupable de contrefaçon d’« Autant en emporte le vent », de Margaret Mitchell, à laquelle elle a pourtant « emprunté » une grande part de son intrigue.

A l’issue d’un procès marathon entre les ayants droit de Margaret Mitchell, autrice, en 1936, du mythique Autant en emporte le vent, et Régine Deforges, assignée pour contrefaçon pour La Bicyclette bleue, parue en 1981 aux Editions Ramsay, la cour d’appel de Versailles (1993) rejette l’accusation de plagiat au bénéfice de l’œuvre française. Quelles circonstances ont-elles permis d’aboutir à un tel verdict, alors que le jugement du tribunal de grande instance de Paris du 6 décembre 1989 fondait sa condamnation pour contrefaçon littéraire sur une analyse comparative d’une centaine de pages de similitudes entre les deux œuvres ? Qui plus est, la Cour de cassation (1992) n’avait-elle pas cassé l’arrêt de la cour d’appel de Paris (1990), qui avait donné raison à l’autrice française et à son éditeur ? Comment ces retours de balancier contradictoires ont-ils pu, en dernier ressort, remettre en cause un plagiat sur lequel la doctrine semblait s’accorder ?
Une jurisprudence fluctuante

Le terme de plagiat n’appartient pas au vocabulaire juridique : le code de la propriété intellectuelle reconnaît uniquement le délit de contrefaçon, à savoir « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ». La frontière entre les deux est mouvante et soumise, en cas de contentieux, à l’appréciation du juge. Or, la jurisprudence est plutôt fluctuante en matière de contrefaçon littéraire. Le plagiat, tout répréhensible qu’il puisse paraître d’un point de vue déontologique, ne tombe pas sous le coup de la loi s’il ne comporte pas un caractère de gravité suffisant. Gardons bien à l’esprit que la gravité de la faute, s’il en est, ne peut porter que sur l’expression – la forme – et la composition de l’œuvre, à savoir l’enchaînement des idées. Les idées elles-mêmes, aussi géniales soient-elles, sont de libre parcours. La législation, en effet, vise un équilibre subtil entre, d’une part, la protection du travail des auteurs et, d’autre part, la liberté, pour la société civile, de l’utiliser, dans un but de partage des connaissances et d’enrichissement du patrimoine intellectuel".

"Non, les braves gens n'aiment pas que l'on prenne d'autres routes qu'eux" ...

Toutefois dans les opus suivant, on s'éloigne nettement de l'univers de Margaret Mitchell et l’œuvre de Régine Déforges se singularise en nous faisant parcourir le temps après guerre, en phase avec les grands événements qui agitent la planète. On reproche alors à l'autrice le ton léger et les aventures libertines contenus dans ses œuvres... pour les âmes bien pensantes, on frise la censure en conformité avec un puritanisme larvé qui se fait jour dans nos sociétés au début des années 90, à contre-courant des années 60-70 si libertaires.

En fait, je n'ai lu que les trois premiers tomes de cette saga, et il y a longtemps... je prévois de remédier à cela en relisant le tout, pour me faire une idée plus juste de sa valeur littéraire.

Régine Déforges a aussi défrayé la chronique en révélant dans "Carnet volé" (1978), qu'à l'âge de 15 ans, elle était amoureuse de Manon une de ses camarades à Montmorillon. Voilà qui scandalisa les habitants du cru qui la mirent au ban de la ville...

Eh oui... on en était pas au mariage pour tous, dans ces années là, il y avait de seuils à ne pas franchir et l'homosexualité était considérée comme de la perversion voire comme une forme étrange de pathologie mentale dont on devait pouvoir guérir ...

Régine Déforges est une femme libre, une très belle femme également qui, en outre, a du talent dont celui de l'écriture, une femme de caractère servie par l’honnêteté qui lui fait dire ce qu'elle pense sur bien des sujets sociétaux de son temps... un panel de dons et de dispositions qui peuvent faire des jaloux d'autant que les succès récompensent ses productions.

Au-delà des rumeurs, s'investissant toujours plus dans la ville de son enfance, celle-ci, lui doit la création du "Salon du livre" une manifestation estivale qui en fait La cité de l'écrit. En 2020 La municipalité réélue l'a transformée en formule bien moins ouverte sous l’appellation  "Les rencontres de Montmorillon". Sera-ce une initiative qui fera perdurer cette manifestation culturelle ,10 ans après la disparition, de l'autrice ?....

Camille Déforges sa fille, a été contactée pour participer à la prochaine édition des "Rencontres de Montmorillon" L'association des brodeuses de Montmorillon, a prévu de lancer un concours autour de "La bicyclette bleue". Camille viendra peut-être. En attendant, en hommage à sa mère, elle a précisé que le 3 Avril prochain, date anniversaire du décès de Régine Déforges, elle organisera un soirée dédiée à sa mémoire et à son œuvre,  en présence de tous ses amis, à la Maison de la Poésie à Paris.

Il serait honorable et juste que les gens et la municipalité de Montmorillon n'oublient pas cette enfant du pays qui, elle,  les a bien aimés et dotés d'un événement hautement culturel à ne pas laisser fuir avec le temps.

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M
Merci Patrice pour cet extrait d'article qui explique bien la complication à décrire le mot "plagiat" pour les auteurs qui en sont accusés. A notre époque ce sont les mots que "l'on juge" offensants dans une oeuvre, un roman, que l'on supprime dans un texte sans tenir compte de ce que l'auteur a voulu dire, jusqu'où ira cette vindicte ? Bon dimanche à toute la famille Farfadets.
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M
Je n'ai lu la série que jusqu'à "Noir tango" et j'avais aimé...J'étais jeune et j'avais découvert cette histoire de plagiat bien entendu qui a été vérifiée par la suite (et les faits ont même été avoués par l'autrice) mais si on cherche bien beaucoup d'auteurs s'inspirent de la vie réelle mais aussi de leurs lectures...Dans les années 80 j'étais bibliothécaire et ses romans avaient un franc succès qui échappait aux critiques puisque les gens avaient du plaisir à la lire...cela suffisait. Bonne journée à tous les deux
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F
Bonjour Manou.<br /> Tout à fait d'accord, l'inspiration d'un romancier(ère) provient souvent de faits ou événements de la vie réelle , voire personnelle et; bien sûr, des lectures accumulées <br /> Aujourd'hui via les canaux médiatiques, la Télé en tête, nous sommes submergés de fictions. et à bien observer, nombre d'entre elles se ressemblent par l'intrigue et le développement des scénarios... Il y a toujours quelque chose qui fait dire que c'est du déjà vu... <br /> En fait, contes et légendes sont faits pour être racontés plusieurs fois ... les enfants adorent qu'on leur ressasse les mêmes histoires, les mêmes situations les mêmes intrigues <br /> L'art consiste alors à produire cette même histoire sous un éclairage nouveau, la forme prenant alors le pas sur le fond...<br /> Amitiés.
M
Ce livre m'a bien plu, Régine Desforges a beaucoup fait parler d'elle en effet à cette époque. Mais, je n'ai pas vu la polémique car elle me faisait un peu voyager un peu avec l'histoire de France d'après guerre et de la résistance. Je n'avais pas la tête à la critique ou à la polémique, l'écriture de cette écrivaine me plaisait cela me suffisait (jeunesse sans soucis, peut-être sans "penser" dirait-on maintenant !) Bon W.E. ensoleillé sous la brillance des cristaux de neige.
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F
Bonjour Marie-Rose.<br /> En fait, 40 ans plus tard, on ne peut pas dire que les mentalités et la hargne de ceux et celles qui critiquent aient vraiment changé... pas plus que les contenus "dérangeant"... le trash est très en vogue, aujourd'hui, que ce soit en littérature ou dans les films... Il faut cesser d'être hypocrite en jouant les effarouchés ... quand on entend la verdeur des propos dans certaines émissions télés ou quand on voit certaines scènes de sexe très équivoque dans certaines séries, cessons d'être prude et de crier au scandale sans pour autant nous en gargariser. <br /> Oui, nous sommes de cette génération qui a bousculé les bonnes mœurs, Soixante-huitards avides de liberté et du profiter toujours plus... de ceux qui lisaient en cachette "La jument verte"... Dans les "boîtes à curés" c'était un motif de renvoi.. Une jeunesse pure et innocente ... ben voyons !... <br /> Régine Déforges appartient bien à cette génération où l'on bousculait les principes "castrateurs" de la société bourgeoise, clamant tout haut ce qu'elle n'osait pas exprimer, masquant ainsi les écarts qui se faisaient bien à l'abri des regards...<br /> Il n'empêche que toutes générations confondues, la jeunesse vit ce moment avec intensité sans pour autant, chaque fois tomber dans les excès. Une poussée de fièvre, certes, mais aussi un grand moment d'enthousiasme, et puis, cette découverte de l'amour, puis de l'AMOUR, passe aussi par le plaisir...<br /> Un bel hymne à la Joie !<br /> Bisous des Farfadets du Poitou.
C
je me suis arrêtée de la lire après son premier volume ... on parlait "trop" de cette "bicyclette bleue" lue et comparée ... non vraiment je ne l'ai plus suivie par la suite ... <br /> amitié .
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F
Bonjour Marie-Claude. <br /> La notoriété parfois, se fonde sur des propos ou mœurs qui dérangent, ne figurant pas dans le carcan de l'éthique et l'esthétisme des codes moraux en vigueur dans la "bonne société". <br /> Régine Déforges a pratiqué la "provoc" tout au cours de sa vie.. "La bicyclette bleue" fut une sorte de retour de bâton contre des sanctions consécutives à ce qui était jugé scandaleux du contenu de ses carnets intimes qu'elle fut obligée de brûler à l'âge de 15 ans.. <br /> Un esprit rebelle, une femme de son temps qui a soutenu la cause féministe au feu ardent de ses écrits. Montmorillon devenue "Cité de l’Écrit" lui doit bien le maintien de son festival littéraire annuel à toujours mieux promouvoir.<br /> Amitiés

Profil


FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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