Les Femmes au volant, dans une société patriarcale et machiste qui perdure depuis des siècles, à l'avènement de l'automobile et pendant plusieurs décennies, elles ont longtemps été considérées par les hommes, comme de piètres conductrices et inaptes à comprendre et traiter la "chose mécanique".
Ce sont là des préjugés absolument infondés et des considérations totalement inacceptables. En témoignent ce qui suit historiquement et socialement : Les femmes et les autos ce ne sont pas que des poses de façade mais surtout et avant cela, la fusion de talent de compétence et d'élégance... c'est l’alliance de la Délicatesse et de la Beauté avec le tonnerre mécanique.
Et c'est au cours de la première guerre mondiale que les "petites mains" associées au courage autant qu'à la pugnacité vont montrer ce dont elles son capables souvent dans des conditions de travail pénibles avec parfois de la suspicion et un manque de reconnaissance par leurs employeurs.
Vies d'ouvrières...
Les femmes sont entrées chez Peugeot pendant la guerre de 1914, où elles ont occupé tous les postes laissés vacants par leurs maris partis au front. Signe des temps, elles sont ensuite restées dans les ateliers.
J'étais bosseuse...
« A l'emboutissage, on travaillait le samedi toute la journée. Après en carrosserie, c'était le samedi matin. Souvent, ils nous demandaient pour nettoyer les chaînes. Comme j'étais bosseuse, aller hop, j'y allais. Travailler, ça faisait des heures supplémentaires.
On faisait neuf heures... Et puis au moment du salon, on travaillait souvent le samedi. Pas tous, mais les volontaires. On a toujours dépanné, et on en a vu de toutes les sortes. Une fois, ils avaient loupé la peinture... Elle s'écaillait tout, alors ils nous ont donné du diluant... On lavait ces voitures à grand coup de diluant, quand tout d'un coup il y en a une qui se sent mal. Moi aussi, je dis -Oh j'ai mangé des beignets ce midi, c'est ça qui ne passe pas-... Heureusement, le directeur, monsieur Maillard Sallin est venu ; il a dit -Mais faites sortir ces ouvrières, vous ne voyez pas qu'elles sont toutes malades ?-. On était asphyxié, on tombait.
Toujours...
- Eh, madame Helfer, vous pouvez venir-... Ou bien «Charlotte» quand j'étais pas mariée... Quand on manquait de pièces, mon chef d'équipe me disait - Allez faire le bureau à Ageli. Je sortais tout, je nettoyais, et quand il arrivait, il disait - Ah, il ne faut pas demander. C'est la Charlotte qui a nettoyé !
J'ai toujours aimé briquer, qu'est ce que vous voulez! J'ai beaucoup travaillé, mais vous voyez, je suis venue à 85 ans, trois opérations, j'ai perdu quinze kilos... Le travail ne fait pas mourir ! ».
Charlotte H.
Bonnes Camarades...
« Quand on a arrêté le bois, on a repris la câblerie qui venait de Sochaux. J'ai commencé la première sur une entoileuse, après, j'ai appris à celles qui venaient parce qu'on était pas assez de femmes. On était bonnes camarades.
Une qui était en retard, par exemple sur une machine, parce qu'elle avait blagué un peu, ou qu'elle avait des ennuis dans le travail, on s'aidait ! Il y avait deux, trois machines où l'on faisait le même travail... Et bien après, à Bart ils ne voulaient plus voir ça, cette fraternité entre les femmes ! Cette camaraderie ils ne voulaient plus la voir entre nous, alors ils nous avaient un peu dispersées! Du jour où ils ont changé la structure de l'usine, il y a eu de ces problèmes avec le contrôle ! Ça s'entassait. Tout ce qu'ils avaient voulu faire ne marchait pas. Pour finir, ces gars sont repartis à Sochaux, et puis on a fait comme avant ! »
Gisèle B.
« A Beaulieu, on faisait des manches en bois. Des manches de pioches, de scies, les montages de scies, les carcasses de voitures, les ridelles de camionnettes... On faisait les montages à Beaulieu...
On était derrière les raboteuses, on était sur les ponceuses, on rangeait les petites planches de bois dans des caisses... C'était pas tellement intéressant... On était derrière les scies, on ramassait le bois... Et puis après j'ai été au collage et au clouage de ces ridelles, de ces planches. On était pas mal de femmes à Beaulieu ! C'était pas tellement gros, une petite usine.
J'ai travaillé à Beaulieu jusqu'en 1956... Quand on a arrêté le bois, on a repris la câblerie qui venait de Sochaux. J'ai commencé la première sur une entoileuse, après j'ai appris à celles qui venaient parce qu'on était pas assez de femmes. Après il y a eu 5 ou 6 entoileuses ! Tout se faisait à la main ! On faisait les faisceaux à la machine, et puis il y avait les câbles qui dépassaient, et sur les tables les femmes sertissaient les cosses, mettaient les embouts, le tout à la main. Là on était près l'une de l'autre, on était bien... Bonnes camarades et tout !
En 1956 on a déménagé à Bart, avec la cablerie et je n'en suis ressortie qu'en 1976, à mes 55 ans, après quarante ans de service ! »
Gisèle B.
Aléas mécaniques et obsessions techniques...
Au niveau des roulements à billes... - Billage... - Sur la chaîne de montage des moteurs, en rangs serrés, parmi les hommmes...
Les Femmes ne redoutent pas de mettre les mains dans le cambouis et, si besoin, au détriment de leurs vêtements, se coucher sur la chaussée pour se glisser sous la caisse d'une automobile afin d'y effectuer une réparation dans l'urgence.
Le Billage : Il s'agit de vérifier la résistance ou dureté du métal. Les ouvrières font tomber une petite boule en acier très dur sur un échantillon de métal et mesurent par son enfoncement la qualité de l'acier. Un travail bien répétitif et usant mentalement.
Sur les lignes de montage de moteurs, aux coude-à-coude avec les hommes, répéter inlassablement les deux à trois gestes inhérents à son poste. Un travail, à la longue, rebutant que dénonce Charlie Chaplin dans "Les temps modernes" ...
Pendant l'occupation et les bombardements.
Yvonne B sur les décombres lors du bombardement des infrastructures du site de Sochaux en Juillet 1943
«On a passé tous les deux, sous le bombardement de Sochaux... La nuit du 15 au 16 juillet, pendant 22 minutes. On habitait au croisement de la rue de Belfort et d'Audincourt, dans une boulangerie.
On a tout perdu, tout a été brûlé. Le nez dans la terre. Une bombe de 60 kg est tombée près de nous... On était recouvert de terre. C'était horrible.
La maison a été brûlée, alors on allait voir de temps en temps dans les gravas si on trouvait quelque chose. J'ai trouvé une «<cocotte»> que j'ai toujours, dont je me sers encore, que j'ai ramassée. Il y a un monsieur qui m'a prise en photo, tenant cette cocotte. Je l'ai encore, elle a quarante six ans...
On avait plus rien du tout... Tout perdu. On est revenu ici à Berche parce qu'il y avait mes parents. Je pleurais ! Ça m'a fait oublier l'époque de mes vingt ans, c'était affreux«On a passé tous les deux, sous le bombar- dement de Sochaux... La nuit du 15 au 16 juillet, pendant 22 minutes. On habitait au croisement de la rue de Belfort et d'Audincourt, dans une boulangerie.
On a tout perdu, tout a été brûlé. Le nez dans la terre. Une bombe de 60 kg est tombée près de nous... On était recouvert de terre. C'était horrible.
La maison a été brûlée, alors on allait voir de temps en temps dans les gravas si on trouvait quelque chose. J'ai trouvé une «<cocotte»> que j'ai toujours, dont je me sers encore, que j'ai ramassée. Il y a un monsieur qui m'a prise en photo, tenant cette cocotte. Je l'ai encore, elle a quarante six ans...
On avait plus rien du tout... Tout perdu. On est revenu ici à Berche parce qu'il y avait mes parents. Je pleurais ! Ca m'a fait oublier l'époque de mes vingt ans, c'était affreux.»
Yvonne B.
A bicyclette !
L'eEmbauche pour la plupart des uvriers et ouvrières cela se faisait à bicyclette - Hymne au vélo en pays de Montbéliard.
"A vélo dans la neige.
Quand j'étais à l'emboutissage, on habitait Sochaux. Autrement on habitait ici, à Sainte Suzanne. La maison plus bas.
Ils n'ont jamais voulu nous prendre en camion, pour les transports, les Sainte Suzanne. Encore maintenant ! On y allait donc à vélo. Alors l'hiver, quand il y avait de la neige, 50 centimètres, on n'avait pas les routes de faites... On prenait notre mal en patience, il fallait travailler ! On en a piqué des bûches vous pouvez être sûr ! Des fois j'étais au bout du village, quand il y avait de la neige, je prenais un tournevis pour l'enlever des garde-boue. Après, il y avait la pointeuse, carton, pof ! allez !»
Charlotte H.
Formation et promotion.
Yvette G. suit un stage de dessin industriel à Sochaux - Bureau d'études industrielles -Yvette G à 63 ans.
« J'ai fait en octobre 1946 un stage de dessin industriel, qui a duré six mois. J'avais 17 ans, j'avais fait l'école Pigier, et à la fin de la guerre je n'arrivais pas à trouver un travail de suite. J'avais fait un remplacement comme sténo dactylo au bureau des autobus «Mont Jura» mais uniquement en remplacement pendant que les ouvriers étaient en congé. A la fin de mon remplacement, le patron m'a dit qu'il y avait un stage de dessin chez Peugeot. J'en ai parlé à la maison, mon oncle s'est renseigné, et je suis allée passer un examen d'entrée. J'ai été retenue, et j'ai fait ce stage pendant les six mois.
On a ensuite été placées dans les différents secteurs de l'usine, les unes en fonderie, les autres en mécanique, à l'emboutissage. Moi j'étais au bureau d'études de l'OFEC... En rapport avec la forge, l'emboutissage et la carrosserie. On était avec des dessinateurs, qui faisaient des outillages pour les presses. Et nous on faisait, soit les petits outillages, soit on sortait certaines pièces des dessins d'ensemble, qu'on faisait en détail... On appelait ça «être détaillante». C'était au début de la 203, les grands dessinateurs travaillaient sur les grosses pièces, et nous sur les petites choses... Moi j'étais pas dans les plus calées.
J'ai arrêté de travailler en 1954, quand j'ai eu ma première fille... J'ai voulu l'élever moi même. Vers le 14 juillet, je ne suis pas revenue au travail... Au lieu de deux paies, il a fallu se serrer la ceinture... Une paie, un enfant, et on avait commencé à bâtir ici, près de chez mon père. La vie a changé...».
Yvette G.
Et, récompense au cours d'une vie de labeur, pouvoir enfin conduire sa propre voiture.