*La lumière des collines* de Christian Signol

Une lecture bien en phase avec ce tournant de la saison entre Eté et Automne, signant le temps des vendanges.

1930, en terres languedociennes, au Solail grand domaine viticole, voisin de Sainte-Colombe, Charlotte Barthélémie, en assure la tenue avec fermeté et compétence. Elle se confronte autant aux idées conservatrices de son neveu Arthémon qu’à la vindicte de Justin Barthès progressiste social-démocrate devenu indépendant après avoir travaillé sous sa férule au Solail. 

Les blessures de la grande guerre ont marqué autant les corps que les esprits de ceux qui en sont revenus, scellant une dureté implacable aux âmes de ces hommes autrefois plus avenants.  

Grands propriétaires contre journaliers exploités et petits exploitants. Le Front Populaire renforce l’engagement de Justin et les siens dans sa lutte sociale tandis que Charlotte doit se débattre avec les rebellions de certains ouvriers, les désaccords de ses proches en matière de gestion, le désistement de sa nièce Blanche et les aléas météorologiques qui peuvent ruiner, en une nuit, la récolte d’une année.

Pourtant les vendanges sont toujours des moments de fêtes et de rencontres où des sentiments amoureux forts font se rapprocher et parfois s’unir des êtres de condition sociale opposée. Ils franchissent alors le pas d’un seuil où l’incompréhension, la douleur, le bannissement, sont extrêmes et les prises de positions indéfectibles.

La haine se mélange à la crainte mais aussi au respect de l’antagoniste… Justin et Charlotte sont des personnages forts qui ont de l’admiration l’un pour l’autre, jamais formulée mais latente et étouffée par le jeu des conditions sociales antagonistes.   

Survient la deuxième grande guerre qui ne va rien arranger mais au contraire cristalliser les rancœurs quand les uns « fraternisent » avec les occupants tandis que les autres entrent en résistance …

Une nouvelle génération se met en place et cette démarcation entre les deux clans n’est pas manifestée par une ligne continue qui, pendant les deux premières années de l’occupation, sépare la France en deux. Cette démarcation-là, entre les amis de Justin devenu Maire de Sainte-Colombe, et les maîtres du Solail où résident des officiers et militaires allemands, est plus en pointillé…

Après avoir passé quelques années à Toulouse, Blanche mariée puis jeune veuve est de retour au Solail se retrouvant alors au cœur d’une tourmente où passions et déchirements affectent les deux familles Barthès et Barthélémie.

Qui résistera le mieux à ces combats partisans ? La vigne en sortira-t-elle plus agrandie ou anoblie par le travail acharné de ses ardents vignerons ? Après-guerre, une nouvelle génération reprendra-telle le mordant de ses rivalités ou déposera-t-elle les armes dune vindicte remontant à plus d’un demi-siècle ?

Pour le savoir, il faut lire cet ouvrage magnifiquement écrit de Christian Signol qui a le don d’illuminer les collines languedociennes avec les flots d’images surgissant de ses savoureuses descriptions. Celles-ci mettent en relief des personnages authentiques et poignants bien au-delà de la fiction.