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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Les clins d'oeil du Farfadet

 

Bien que soutenant l'écologie, la biodiversité, la lutte contre toutes formes de pollutions et la nécessité de changer nos comportements, je ne fais pas partie de ces extrémistes purs et durs qui, si on les écoutait, prenant leurs propos à la lettre, nous ramènerait vite fait dans la préhistoire, où selon les principes végan, on devrait, en outre, s’abstenir d'être chasseur pour survivre. Quand les uns parlent de transition et de développement durable, d'autres, tels que les antispécistes, parlent d'éradications totales de certaines pratiques de vie nuisibles aux multiples espèces du monde vivant.

 

 

Pages 150-152

Chévi me permet de comprendre la mentalité des chevreuils et je parviens très vite à imiter leur langage. Ces codes complexes aux intervalles sonores précis ne sont pas à prendre à la légère. Je n'appelle jamais un ami chevreuil tous les jours de la même façon car il faut prendre en considération l'influence du climat, la température, la météo et, plus difficile encore à ressentir, la pression atmosphérique … … En même temps, il est difficile de trouver des chevreuils chafouins, car ils sont toujours contents. Il n'est pas question non plus de donner un ordre à Chévi, car je ne veux pas le rabaisser au rang d'animal domestique … … Dans cet histoire, finalement, c'est moi l’animal de compagnie et c'est moi qui marche derrière les animaux sauvages, pas l'inverse.

Page 153

Nous conviendrons ensemble que le plus beau dans la liberté et la vie sauvage, c'est de ne jamais avoir de contrainte ni d'ordres à recevoir même si le danger est omniprésent.

Chevi.

Geoffroy Delorme, l'homme chevreuil, pousse, bien plus loin encore, l'expérience de la relation au Vivant du niveau animal et végétal. Plus qu'un homme des bois qui vit en forêt et vit de la forêt, il devient La forêt... Pendant 7 ans, en toutes saisons, il séjourne 24 heures sur 24, dans la forêt domaniale de Louviers en Normandie. Plus qu'une immersion dans cette Nature grandiose, c'est bien au-delà du mimétisme, la volonté ferme de comprendre et ressentir ce que vivent tous les habitants des bois et particulièrement ceux portant bois... les chevreuils auxquels il va se lier en toute confiance et amitié. Pour nous, quidams lambda, citoyens des villes et bourgs d'un monde dit civilisé, ce que nous conte l'auteur de ce livre, dépasse l'entendement sans pour autant qu'on puisse penser qu'il ait perdu toute saine raison d'être et d'agir ainsi, en-deçà de toute notion de confort et de conformité aux standards de notre vie moderne. On en déduirait tôt que c'est un retour à la vie sauvage... il n'en n'est rien... au défilé des pages, on commence à comprendre qu'à l'inverse, « vie sauvage » pourrait tout aussi bien qualifier les pratiques et les comportements impliqués par la vie tumultueuse des humains de notre temps, soumis à tous les aléas de notre monde hyper technique et hyper connecté, broyeur de toutes possibilités de saines contemplations. Ces humains sont aussi, depuis la nuit des temps, d'inconditionnels chasseurs, prédateurs d'espèces, particulièrement de celles vivant en forêt, zone de chasse où abonde le gibier.

Page 177

Je peux vivre avec les chevreuils et les autres animaux sauvages non pas parce que j'applique une science mais parce que j'ai pénétré leurs secrets en comprenant l'une des œuvres les plus magnifiques de la nature : la forêt. On apprend une langue grâce à la subtilité de son langage, au mode de vie des habitants du pays qui la parlent , sans rien comparer à ce que l'on connaît de sa propre langue. J'ai la chance de vivre avec les animaux sauvages, car je ne traduis pas la nature, je la parle.

Dans la brume automnale...

Déjà enfant, Geoffroy Delorme était un grand amoureux de la nature et passait beaucoup de son temps libre à parcourir les bois et les champs de son voisinage. A vingt ans, sa rencontre avec un chevreuil curieux et joueur que, d'emblée, il baptise du nom de Daguet, va bouleverser le cours de son existence. Ces deux là ont tôt fait de s'apprivoiser...

 

l'écriture est simple, sans artifice, découlant d'un langage rigoureusement descriptif, suffisamment imagé pour plonger dans l'ambiance sylvestre en partageant avec délectation toutes les sensations et émotions de l'auteur. Du sol moussu à la canopée, des clairières mi ombragées à l'orée frangée de brume, en passant par les halliers, et autres fourrés hérissés de ronces, on pénètre les 3 dimensions de la forêt, pour en capter tous ses parfums et fumets, mélange d'humus et de plantes odorantes du sous-bois, un délice originel d'un monde qu'on a délibérément oublié, un paradis perdu et, ici, miraculeusement retrouvé.

 

Silence plein d'échos, la forêt murmure, nous chante le vent, les arbres racontent les âges, la faune danse la vie qui défie l'espace et le temps, nous vivons avec les chevreuils aux « personnalités » bien différentes d'un sujet à l'autre... mieux encore : nous sommes chevreuil !

Page 228

Une petite pensée pour la forêt :
Homme,
Je suis la flamme de ton foyer dans la nuit hivernale
Et, au plus fort de l'été, l'ombre fraîche sur ton toit
Je suis le lit de tes sommeils, la charpente de ta maison
La table où poser ton pain, le mât de ton navire
Je suis le bois de ton berceau et celui de ton cercueil
Le matériau de tes œuvres et la parure de ton univers
Écoute ma prière : ne me détruis pas...

L'humanité est sortie de la nuit des temps où la forêt partageait le ciel avec les océans...

Les pierres, les plantes, les animaux, les humains appartiennent au même univers... des chevreuils pour amis, quelle grâce du ciel ! Merci Monsieur Geoffroy Delorme, de nous avoir ouvert les yeux et montrer la voie !...

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M
Je viens de terminer "L'homme chevreuil". C'est fabuleux, nous sommes vraiment dans un autre monde. Nous verrons la forêt, sa biodiversité, ses animaux d'un autre oeil, avec le ressenti de l'âme tel que tu le décrit Patrice. A ce propos j'ai vu, à la télé, un documentaire sur les petits faons qui se nichent dans le foin pour ne pas être aperçus se croyant protégés. Cela se passe en Allemagne, au moment de la moisson des centaines de faons sont broyés par ces immenses machines (autres animaux aussi chiens, chats, etc...) Les cultivateurs, pour remédier à cela, se servent d'un drome pour déceler le faon dans les blés. Dès qu'ils aperçoivent une présence ils font appel aux chasseurs qui déplacent le faon, avec beaucoup de précautions car il ne doit pas sentir l'humain pour ne pas être abandonné par sa maman. (gants, vêtements, et prennent dans chaque main des touffes d'herbes pour se saisir du petit). Ces chasseurs le mettent dans la forêt proche pour que sa maman le retrouve. Ce sont vraiment de beaux gestes qui font chauds au coeur. Merci Patrice pour m'avoir présenté ce livre. Gros bisous<br /> à toute la famille Farfadet.
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B
Je note !<br /> C'est très bien présenté.<br /> Merci Farfadet et bonne semaine
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M
Merci Patrice pour la belle présentation que tu fais de ce livre, je ne l'ai pas lu mais je pense l'acheter. Tel que tu le décris cette lecture nous amène, loin du remue ménage et de toujours plus vite, de notre époque. Je sens que je me plongerai avec délice dans l'histoire de cet homme des bois, j'en éprouve un besoin intense. Je me souviens du chevreuil qui était venu manger tous les boutons de roses à St-Martin ... quel scandale ! ????Auparavant "laisser passer ces gentils chevreuils dans le parc, ils ne demandent rien à personne"????Après le désastre "Mais il faut le chasser ... il n'était pas aussi gentil????Il était venu jusqu'à la Lande Vinet, il était passé sous la clôture électrique pour les chevaux et avait mangé aussi mes boutons de roses, je n'en avais pas beaucoup, puis il est allé chez la voisine , changement de repas, après le dessert le plat de résistance "les beaux choux bien pommelés". En constatant les faits, mon mari, moi et la voisine, sommes partis d'un éclat de rire mémorable ????Nous avons revu ce chevreuil, il n'était pas farouche, peut-être croyait-il que c'était pour lui que nous avions cultivé ces belles roses et les délicieux choux ... Tu vois la situation avec les animaux : tant qu'ils ne dérangent pas toutes les délicatesses leur sont acquises, mais, dès qu'ils dérangent ils sont voués à tous les enfers. L'humain est-il fait ainsi ? Nous en avons eu des histoires, d'animaux à St-Martin, des rigolottes, des tristes aussi, ils étaient bien venus et aimés par tous les pensionnaires. S'il fallait tout narrer nous y serions encore au moins pour toute une semaine. Grosses bises à vous chers Farfadets.
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F
Eh oui, Marie-Rose, je me souviens très bien de ce chevreuil gourmand et pas sauvage, que l'on pouvait approcher. Il a aussi mangé les roses des parterres fleuris du pavillon Saint-François... et le bougre, il est aussi allé festoyer à la Lande Vinet !...<br /> L'homme dans son rapport avec les animaux devrait se dire que cette nature animale, il en est aussi porteur comme de celle du règne végétal et de son support à la base représenté par le minéral. Retour au quatre constituants fondamentaux de la Nature Humaine se retrouvant dans les quatre corps : Physique (minéral) - Éthérique (végétal) - Astral (Animal) - Moi ou "Je" (Humain)... du plus dense et solide au plus éthéré. L'homme se retrouve dans tous les composants de la nature et de l'Univers ... Ce qui est au dehors, se retrouve au-dedans métamorphosé et, en lui, sublimé... Je suis à peu près sûr que Geoffroy Delorme a intensément vécu cette expérience de ce "retournement" spirituel avec ses amis chevreuils ... <br /> Bises des farfadets du Poitou.
M
C'est assez surprenant. Je ne me vois pas agir de cette façon mais je respecte celles des autres.<br /> Bonne journée,<br /> Mo
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F
Bonjour Mo,<br /> Geoffroy Delorme a poussé l'expérience très loin en choisissant de vivre au milieu des bois, partageant jours et nuits avec ses hôtes naturels... Son lien avec les animaux est très fort,si fort qu'aucun n'en a peur et s'éloigne de lui quand il s'approche d'eux . Stupéfiant et adorable!<br /> Amitiés des farfadets du Poitou....
M
J'ai lu plusieurs critiques autour de ce livre certaines enthousiastes, d'autres plus mitigées et pour l'instant je ne sais pas encore si je le lirai...tes réflexions sont fort intéressantes en tous les cas et n'est pas sauvage qui on croit :) je suis bien d'accord ! Merci pour ta présentation et tes extraits choisis qui me donne une idée plus précise du style de l'auteur
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F
Bonjour Manou,<br /> Ce livre témoignage d'une expérience de vie hors norme est bluffant par les descriptions que nous fait son auteur quand il parle des liens qu'il entretien avec ces chevreuils , une réelle amitié et de l'affection manifeste... C'est très émouvant. et nous fait nous interroger sur notre condition humaine dans ses rapports avec les règnes du monde animal et du monde végétal...<br /> Une véritable immersion dans la Nature...<br /> Amitiés.
C
il y en a derrière chez moi, j'ai beau suivre leurs traces, ils filent dès qu'ils me sentent ... et j'en suis bien aise, ils doivent conserver leurs distances ...<br /> nous vivons les uns à côté des autres ... mais chacun à sa place ... sans se nuire ...<br /> amitié
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F
Bonjour Marie-Claude, <br /> nous en avions aussi qui passaient assez régulièrement dans le parc du Centre Saint-Martin à Etrépagny. Je me souviens d'un chevreuil qui venait brouter nos rosiers... ivre de cette dégustation, il ne se sauvait même pas quand nous l'approchions...
D
le sujet est en tous cas attachant !
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F
Bonjour Dominique, <br /> ou des liens vraiment extraordinaires entre l'animal et l'homme, une autre intelligence bien au-delà des raisonnements terre-à-terre sinon ceux correspondant au sublime langage de la forêt.<br /> Amitiés.

Profil


FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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