L'emblème de cette marque d'automobile au long passé - plus de 120 ans - est le losange. Cette figure géométrique régulière aux 4 côtés égaux, provient d'un carré que l'on aurait étiré en tirant sur un de ses angles, créant aussi un parallélogramme. C'est à partir de 1925 que Renault appose sur la proue de ses véhicules à moteurs cet emblème en forme de losange qui devient le logo type de la marque et de l'entreprise. Son aspect changera au cours des décennies...
Retenons les 4 côtés de cette figure géométrique et considérons que ce nombre va être employé pour désigner certains modèles de Renault, un chiffre leitmotiv qui fera date. Ainsi avant guerre, au cours des années "30", le "quatre" s'insère à quelques préfixe pour identifier certaines voitures de la marque :
La Monaquatre - la Celtaquatre - la Primaquatre - la Vivaquatre.
Aperçue, en 2017, lors de la rencontre des "Tacos Mirebalais cette sympathique Primaquatre Type KZ 24 de 1935 à la carrosserie aérodynamique dite "Queue de Pie" - Moteur de 2120 cm3 11CV fiscaux - Poids 1500kg - Vitesse 115 km/h...
Cette magnifique Vivaquatre Renault KZ 13 de 1933. (carrosserie 6 glaces) est reconnaissable à sa calandre inclinée. Cette livrée verte deux tons lui sied parfaitement. 11CV - 1250 Kg -110 km/hUne belle restauration !...
C'est à partir de la "Vivaquatre", qu'il crée un taxi parisien d'exception qui fera longue carrière...
Illustre, dans sa livrée rouge et noir, il a sillonné les rues de Paris pendant 27 ans … certainement un des meilleurs taxi parmi toutes les générations de véhicules de transport urbain pour particuliers au niveau du confort et des aspects pratiques.
Les parisiens qui l'avaient aperçu pour la première fois en avril 1933, lui accordaient un fort capital de sympathie et, aujourd'hui encore, les plus anciens, regrettent sa disparition remontant à l'année 1959...
Je me souviens l'avoir pris plusieurs fois avec mes parents quand nous habitions en banlieue parisienne, de m'être assis sur l'un des deux strapontins en vis-à-vis de la banquette où prenaient place père et mère, le compartiment passager était séparé de celui du chauffeur par une vitre, assurant à la fois leur sécurité commune, l’intimité des usagers et la tranquillité du chauffeur qui pouvait se concentrer sur la conduite de son véhicule dans les flots de circulation.
Ce taxi bien conçu avait la particularité de disposer d'un toit ouvrant à l'arrière, permettant, les beaux jours venus, aux touristes de profiter d'un panorama à ciel ouvert, leur faisant découvrir dans toute leur majesté, les édifices et immeubles haussmanniens des plus belles avenues de la capitale. Remonter les Champs-Élysées, bien installé à l'arrière de ce Renault G7 puis, se mettant debout nez au vent, avait ce quelque chose de "présidentiel" qui grise vos émotions et votre désir de goûter au standing des grands personnages et vous octroyait un grand moment de rêve et d'évasion dans le vacarme de la grande ville...
Le rendait aussi particulièrement pratique, cette curieuse disposition qui par, le jeu d'une charnière en biais, au bas de la portière avant droite, permettait d'en remonter le coin inférieur pour la rabattre complètement vers l'avant, entre l'aile et le capot moteur afin de rouler ainsi porte grande-ouverte. A côté du siège conducteur, se trouve un strapontin ; cet espace à l'assise amovible permettait d'y loger des bagages ainsi que des malles très encombrantes alors maintenues par une chaîne.
Caractéristiques techniques de la Vivaquatre KZ 11 taxi G7.
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Moteur à 4 cylindres de 11CV fiscaux pour 2120 cm3 ( 75 x 120 mm) développant 40 cv à 3100 tr/mn.
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Transmission classique par pont aux roues arrières – Boîte 3 vitesses dont 2ème et 3ème synchronisées.
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Direction à vis et à secteur avec volant à gauche.
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Suspensions : AV à essieu rigide avec ressorts longitudinaux à lames - AR à essieu rigide avec ressort transversal à lames.
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Freins mécaniques sur tambours, commandés par câbles.
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Dimensions : Empattement 289 cm (5 + 1 places) – voie : 145 cm – Longueur : 430 cm – Largeur : 177 cm – Poids : 1250 kg.
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Pneus 160 x 40.
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Vitesse maximum : 100 km/h.
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Prix de la version taxi : 28 000 F.
Dans les années 30, Renault est le plus important producteur d'automobiles en France devançant Citroën (son concurrent direct) et Peugeot. Si techniquement, les automobiles du constructeur de Boulogne-Billancourt sont très classiques et peu innovantes, le sérieux de leur fabrication est, lui, sans faille. La robustesse mécanique rend fiables ses voitures appréciées en ce sens, par une clientèle fidélisée. En avançant dans la décennie, Renault élargit toujours plus la gamme de ses modèles jusqu'au sommet de celles-ci où les « Reinastella » « Suprastella » et « Viva grand sport » rivalisent en standing et fière allure avec les marques de prestige de cette époque telles que Hotschkiss, Delahaye, Delage, Salmson… On retrouve aussi la marque engagée dans la production des gros utilitaires, des bus (le célèbre TN6 parisien, vert et crème, à plate-forme arrière), d'autorails (les fameuses « Michelines » des compagnies de chemin de fer) ainsi que dans la fabrication de moteurs d'avion.
Renault étant déjà entré dans l'histoire avec les célèbres taxis de la Marne en 1914, 20 ans plus tard, il entre dans la légende urbaine avec ses seyants taxis KZ11 de la compagnie G7 à laquelle il a vendu plusieurs milliers d'unités.
En 1957, sa remplaçante plus moderne mais aussi plus fragile est la Dyna Z Panhard qui, elle-même, sera remplacée, un an plus tard par des Simca "Ariane".
Il en demeure que cette Renault KZ 11 de 1933 aura fait une longue et honorable carrière comme Taxi de la Cie G7. Avec les bus TN 4 de la même marque, ils resteront longtemps encore dans la mémoire affective des plus vieux Parisiens entrant, de ce fait, dans l'histoire récente de la capitale.